7. Angel : Vers le Kentucky

945 91 4
                                    

Cameron, mon meilleur ami, me flanque un poing dans les côtes et je halète en m'accrochant au poteau du ring sur lequel je sue et jure.

— Tu m'expliques ? enchaîne Cam déterminé à me faire parler.

— Je vais te buter, menacé-je en me relevant. Espèce de connard fini...

— Tu ne risques pas d'y arriver si tu ne pares pas mes coups et que...

Il n'a pas le temps de terminer sa phrase que je suis déjà sur lui, à le pousser sur les bords du ring d'entraînement. Il me donne des coups sur l'épaule pour déclarer forfait et je le lâche, fair-play. Ce pourri charge alors sur moi pour me coller au tapis. Je gémis de douleur lorsque mon corps, et surtout ma rotule, rencontrent le sol.

Ça fait un mal de chien, putain !

Je dois reconnaître que la douleur est salutaire. Comme chaque fois que je viens m'entraîner à la salle de boxe. J'arrive à canaliser mes craintes, mes colères, mes doutes. Je laisse libre cours à mes émotions en passant par mes poings. C'est un sport qui me sauve. Tout comme mon meilleur pote sur qui je peux toujours compter.

— Hé... C'est violent, les gars, commente Steven depuis le sol, avant que je n'essaie de faire basculer Cam sur le côté.

Ce dernier répond, essoufflé par l'effort.

— Je gère, mec, je lui fous la...

— Enfoiré ! tonné-je.

— Argh... La raclée de sa vie !

Je m'essuie le visage à l'aide de mon bracelet éponge, et pousse Cam d'un coup de genou, me dégageant de sa prise en bougonnant. Il se relève, se remettant rapidement en position de défense. Ses cheveux sont aussi mouillés que les miens ; il faut dire que je me déchaîne bien sur lui vu le courroux qui m'habite aujourd'hui.

Mon échec avec Noa lors du gala il y a presque deux jours me retourne l'estomac. Elle m'a rejeté. Je l'ai en travers de la gorge et ça me fait mal d'admettre qu'elle avait probablement raison. C'est comme si j'avais joué avec le feu depuis toujours et que pour la première fois, je m'étais fait salement incendier.

— Alors, N.O.A, épelle Cameron en esquivant un de mes coups. Noooooooooa. Elle te fait sacrément perdre la boule, mon vieux ! Et pourquoi ça n'a pas fonctionné au gala ?

Cam n'hésite pas à en rajouter une couche, ce qui me rend encore plus furax.

— Tu l'as pas vu passer celui-là, hein ? dévié-je en lui assenant un coup dans les côtes.

— Joli ! halète-t-il en retournant à un angle du ring pour essuyer son front avec une serviette. De toute façon, je sais que tu pleures comme une gonzesse sous la douche. Je te connais, ma caille. Est-ce que t'en es au moins conscient ?

Il revient vers moi et tente un direct que j'esquive avec succès. Je profite du fait qu'il soit déstabilisé, emporté vers l'avant par le poids de son corps, pour lui mettre un coup dans les mollets, ce qui le fait tomber, mais il m'embarque dans sa chute et je gémis de douleur au sol. Je reconnais que ce coup n'était pas conventionnel et que je le mérite.

— Elle déménage, vraiment ?

— Ouais, grincé-je en reprenant ma respiration. Elle quitte les lieux. Super, hein ? J'ai foiré, Cam. Elle se barre.

Il hausse les sourcils, surpris, et de suite après plisse les yeux, soupçonneux.

— Pour quelle raison ?

— Angie ! m'interpelle Steven en passant encore à côté du ring.

Il ne me faut pas plus d'une seconde pour comprendre qu'il fait diversion afin que Cameron puisse réussir à me maîtriser sur le tapis. Cet enfoiré frappe fort mes côtes et manque de peu de m'écraser les bijoux de famille avec son genou. Je pousse un grognement pour m'en défaire et me relève prestement.

N.A.Where stories live. Discover now