N.A.

17. Angel : Fêtes de fin d'année

Cathy hurle de surprise quand Noa se dévêtit. Elle émerge dans le salon et les yeux de sa mère sont écarquillés sur son ventre durant une bonne dizaine de secondes. Je m'empêche de ricaner et la rejoins, un brin anxieux.

— Bon Dieu... Noa... Je...

Cathy en perd même ses mots. Et qu'est-ce que tu dis de ça, belle-maman ? Greg me serre la main avec un sourire aux lèvres et me demande comment je vais. Mon père reste derrière moi, en retrait face à une famille qui lui est complètement inconnue, mais je me décale pour le présenter.

— Je m'étais promis de ne pas pleurer ce soir...

Cathy essuie ses yeux humides et serre sa fille dans ses bras. Depuis que Noa lui a appris pour sa grossesse, elle n'arrête pas de lui envoyer des messages et des colis de nourriture. Comme si Noa allait se laisser mourir de faim ! C'est une future grand-mère poule et je trouve ça particulièrement amusant.

Au début, je voulais passer Noël avec mon père, mais Noa m'a annoncé qu'elle avait promis au sien de venir pour l'occasion. Youssef était ravi de nous accompagner et j'espère qu'il va passer de bonnes fêtes ici. Je n'ose même pas imaginer les précédents, où personne n'était là pour lui.

Nous débarquons tous les deux dans le salon en laissant Cathy et Noa se câliner et je rejoins Greg dans la cuisine avec mon père sur les talons.

— J'aurais bien voulu faire du lièvre fraîchement chassé dans les bois, mais Cathy n'était pas du tout d'accord, plaisante mon beau-père.

— Vous chassez ? intervient Youssef.

— Tout seul depuis que j'ai 15 ans, affirme-t-il. Mon grand-père m'a initié à la chasse lorsque j'avais 10 ans.

Greg repose le couvercle et je sens des petites mains se poser sur ma taille, ce qui me fait sursauter. Je passe un bras autour du cou de Noa qui se love contre moi en souriant. Je caresse son bras avant d'atteindre son ventre rond. Elle est enceinte de cinq mois et nous sommes tous les deux impatients de devenir parents. Je la touche instinctivement dès qu'elle se trouve dans les parages, ça me tranquillise quand je le fais et je crois bien qu'elle aussi. J'ai eu beaucoup de mal à accepter d'être père je n'arrêtais pas d'imaginer le pire...

« ...

Je me réveille, en sueur dans le lit alors que Noa est profondément endormie à côté de moi. Je fixe son ventre gros de trois mois. Ce n'est rien, trois mois, mais ça veut dire qu'il ne m'en reste que six pour me préparer à l'évènement. Je sors du lit et m'enferme dans mon bureau jusqu'à ce qu'elle descende à son tour.

— Tu es déjà debout ? Angel, il est 4 h, viens dormir.

— J'ai peur qu'il devienne aussi sombre que moi, Noa ! m'énervé-je en pointant son ventre. Je ne veux pas qu'il devienne comme moi, je ne pourrais pas supporter que mon enfant soit aussi tordu que son putain de père ! Et si Nadia... Si Nadia nous retrouvait ?

Je suis au bord de la crise de nerfs, elle s'énerve et s'en va dans la chambre en attendant mon retour accompagné d'excuses. On en discute plus d'une heure et elle aussi s'excuse.

... »

Cette nuit m'a remis les idées en place. Je me plantais sur toute la ligne, j'étais juste confronté à la peur à laquelle je fais encore face.

Parce que oui, ma mère ne s'est toujours pas faite attraper par les services secrets et ça me pèse sur la conscience en voyant le ventre de Noa s'arrondir de jour en jour. Je suis sûr qu'elle sait pour sa grossesse et que nous vivons ensemble à Fargo. Tout ça ne m'aide pas.