5. Angel : Gala de charité

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Ilène est assise en face de moi, en train de boire son café dans une tasse décorée d'arabesques dorées. Ses lèvres pulpeuses laissent une trace rouge sur la faïence blanche de la vaisselle et je reste silencieux en l'observant. Ses cheveux bruns sont plus longs que la dernière fois et elle a dû faire des mèches claires entre temps. Ça lui va bien. C'est une très belle femme. Mais Noa... Noa c'est autre chose.

Eh merde ! Voilà que je repense à elle.

Ilène repose sa tasse sur la table et croise les jambes. Je lui ai donné rendez-vous dans un café car j'ai besoin de son aide, mon message hier soir était clair et concis :

*Avant d'aller bosser demain, rapplique au café où nous nous sommes vus la dernière fois. C'est urgent.

Après maintes recherches, je ne sais toujours pas où vit Noa depuis qu'elle a quitté mon appartement. J'ai pris sur moi et je me suis même rendu chez Castillo, ma chère voisine et ancienne colocataire de Noa, mais elle n'était pas là. Je sais également qu'elle n'est pas chez Jonathan, pour avoir suivi ce dernier un soir.

Ma détermination peut faire flipper, mais je suis désespéré. En journée, je ne peux pas m'absenter d'O'CP, alors filer Noa jusque chez elle est impossible, elle finit trop tôt pour que cela coïncide avec mon emploi du temps chargé. J'ai aussi pensé à me pointer à For4Seasons pour m'expliquer avec elle tout simplement, mais encore une fois, il faudrait que je trouve le temps. Elle n'aurait pas bien réagi, aussi, je l'insupporte sûrement et elle doit ressasser tellement de mauvaises choses sur moi que je n'ose pas aller directement la voir. Surtout en terrain miné, avec Jonathan qui rôderait à côté. Ilène est ma dernière chance.

— Tu as un visage fatigué. Tu as beaucoup de travail en ce moment ? Ou bien dois-je croire la presse à scandales et t'imaginer crevé par trop de conquêtes ?

Si Ilène a lu l'article, Noa aussi.

— Entre autres, réponds-je sans relever sa remarque.

— Nuits courtes interrompues par des cauchemars ? insiste-t-elle.

Je hoche la tête en silence et elle retrousse ses lèvres dans une petite grimace. C'est un sujet tabou entre nous. J'ai quand même vécu un an avec elle et elle sait que je suis hanté par de mauvais rêves. Lorsque nous en parlions quand elle insistait, je lui disais que je me revoyais âgé de 9 ans devant un orphelinat, abandonné par mes parents. Ce mensonge semblait lui convenir et elle me fichait la paix, ne demandant pas de détails. De toute façon, je ne lui en aurais pas donné. Je ne veux pas expliquer mes cauchemars et je me rends compte avec le recul que je n'avais pas suffisamment confiance en elle pour le faire. En quelques semaines, je me suis beaucoup plus ouvert à Noa qu'en plus d'un an avec Ilène.

— Pourquoi la presse t'en veut, au juste ? dévie-t-elle. Rassure-moi, ce qui y est relaté, ce n'est pas vrai ?

— Non. Bien sûr que non ! C'est arrivé une seule fois que je déborde et tu es bien placée pour savoir que je l'ai vite regretté.

Je suis une peu agacé par sa curiosité, mais je me dis qu'elle a bien le droit de savoir.

— C'est bien ce que je pensais.

— Pour rien au monde, je ne recommencerais. Et puis, j'étais avec quelqu'un peu avant que l'article ne sorte.

Et voilà. Je viens d'amorcer doucement le cœur du sujet. Mon appât est posé et j'attends qu'elle morde à l'hameçon.

Elle me regarde, étonnée.

— Ça n'a pas fonctionné ? demande-t-elle, une pointe de surprise dans la voix.

N.A.Where stories live. Discover now