N.A.

9. Noa : "Oui" sans hésiter

Je me recoiffe dans le miroir de l'ascenseur et ne quitte plus ma montre jusqu'à ce que j'arrive dans le hall. Bon sang, Jason m'avait dit ne pas pouvoir venir, mais finalement il a trouvé un arrangement. Je m'en veux de laisser Angel en plan, mais mon petit ami passera toujours avant lui.

J'époussette ma robe avant que les portes s'ouvrent. Puis, je reprends les escaliers pour atteindre mon aile du bâtiment. Il faut que je sois un minimum présentable pour accueillir Jason. De plus, il faut que je trouve un moyen de me débarrasser du parfum d'Angel ; cette odeur subtile de cannelle qui me colle à la peau. Si Jason sent ça, il se posera sans doute des questions.

Je déverrouille la porte de chez moi en tremblant comme une feuille, des images de la veille polluant mon esprit. J'ai passé une excellente soirée avec mon voisin, mais cette proximité que nous avions me perturbe. Et ses yeux... Bon sang, ses yeux ! Ils sont encore plus beaux de près !

Arrête de penser à lui, tu es déjà casée, Noa.

Par chance, l'appartement est vide. Je me précipite dans ma chambre pour enfiler un short et un crop top de rigueur en ces températures estivales. Je passe un coup de brosse dans mes cheveux blonds afin de ressembler à quelque chose. Une rapide toilette et un brossage de dents me permettent de me sentir à nouveau fraîche. Niveau maquillage, une légère touche de fard à paupières pailleté suffit à mes yeux vert foncé pour les faire ressortir. Je saisis mon portable et reçois au même moment un message de Jason, m'indiquant qu'il est en bas.

Je referme la porte, fourre mon téléphone dans la poche arrière de mon short en jean et me rue dans les escaliers pour retrouver mon copain pile à l'heure. Il sort de sa voiture quand je quitte l'immeuble et je lui saute immédiatement dessus, le sourire aux lèvres.

— Tu m'as manqué, susurre-t-il en glissant sa main dans mes cheveux.

— Toi aussi.

Je pose mes paumes sur ses joues et nos lèvres se retrouvent enfin. J'ai le sentiment que ça fait une éternité que je ne l'ai pas embrassé. Ce baiser est différent de celui que j'ai partagé avec Angel. Ceux de Jason sont doux et patients, il se laisse faire, or celui d'Angel était brut et sauvage, comme s'il voulait prouver qu'il contrôlait la situation.

— J'étais K.-O. hier, j'ai vu ton avalanche de messages il y a vingt minutes, dis-je en ébouriffant sa tignasse des blés.

— Bon sang, Noa, dit-il amusé en se recoiffant.

— Ça m'avait manqué, ça.

Je lui tire la langue et il pince ma hanche. Vêtu de son polo blanc, dont les manches sont liserées de fines bandes rouges, et de son jean foncé, ses larges lunettes sur son nez, il dégage l'image d'un homme overbooké.

— Tu sais, j'avais pensé qu'on pourrait aller visiter la ville et manger un bout dans un snack, mais ma colocataire, Zooey, ne rentre pas avant 17 h, alors il n'y a personne là-haut, à part son chien, Azul. Il est très gentil. Tu veux...

Joignant le geste à la parole, je désigne le balcon de l'appartement de la main et distingue nettement la silhouette d'Angel qui nous scrute depuis celui d'à côté. En fait si, c'est toujours un psychopathe.

Mais un psychopathe qui prépare la kefta comme personne !

— Je vois que tu n'as pas perdu ta langue, me rappelle Jason en touchant mon visage avant de m'embrasser. Tiens, on en parle depuis si longtemps...

Il glisse un anneau à mon annulaire avant de sceller nos lèvres et je hoche la tête. Un sourire gagne son visage, je mords sa lèvre en restant contre lui.

— Sois mienne, Noa.

— Oui, chuchoté-je.

Je le serre longtemps contre moi, il embrasse mon épaule et saisit ma main.