3. Noa : Journée shopping !

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— C'est vrai ? m'étonné-je.

— Oui, je vous assure. Le poste est à vous. Vous avez toutes les qualités requises pour cet emploi. Votre CV est impressionnant et vous avez en plus de l'expérience dans le textile, conclut l'homme qui sera bientôt mon patron. Vous m'avez convaincu et vous me semblez très motivée. Sans compter que... je me doute que ça ne doit pas vraiment être facile d'arriver dans une ville inconnue et de trouver de quoi payer le loyer à la fin du mois.

Assise devant monsieur Richardson, je croise les doigts et lui souris, retenant mon envie de sauter de joie.

Un peu de retenue, voyons !

Je ne pensais pas décrocher un job aussi rapidement, je me souviens avoir postulé à quatre annonces de responsable de rayon avant d'emménager et c'est la première boutique qui me contacte au bout d'une semaine sur Minneapolis !

Mon patron doit avoir la quarantaine, peut-être un peu plus. Il a un nez légèrement épaté et des yeux marron noisette, les rides du sourire marquées, un crâne dégarni brillant à la lumière et un visage rond. Son air intrigué me fait sourire. Il se lève en ajustant son costume noir et prend un dossier dans l'armoire derrière lui. Je passe nerveusement une main dans mes cheveux et reste assise devant le bureau en l'écoutant m'expliquer les commodités spécifiques à la boutique. Nous faisons le tour des locaux et il me détaille précisément les tâches à effectuer. Au cours de ce brief, j'apprends notamment que le magasin compte beaucoup de clients réguliers qui connaissent les vendeurs ainsi que monsieur Richardson. Ce dernier me rappelle d'être sociable, de faire preuve de professionnalisme et, surtout, d'inciter les clients à acheter les articles à la caisse. Je l'entends encore dire : « Les achats compulsifs, les dépenses imprévues, c'est un quart de notre chiffre d'affaires annuel. Quand le client se rend en boutique, il attend un conseil, il veut qu'on s'occupe de lui et qu'au moins l'espace d'un instant, il se sente mis en valeur, sachons en tirer le meilleur profit ! ».

— Vous commencerez votre formation lundi, je vous laisse le week-end, cela vous convient-il ? interroge-t-il en tendant sa main vers moi.

— C'est parfait, merci beaucoup, le remercié-je en lui rendant sa poigne.

— À lundi, mademoiselle Hogan.

Je hoche la tête, quitte le bureau sans me départir de ce sourire que je ne parviens pas à effacer. J'ai tellement envie d'appeler Jason pour lui raconter comment s'est déroulé mon entretien d'embauche ! J'ai cartonné !

Je sors une cigarette et flambe l'extrémité. Mon portable vibre dans ma poche arrière, c'est ma mère qui me souhaite par texto de profiter de la ville alors que cela fait déjà près d'une semaine que j'y ai débarqué.

Pas trop tôt.

Je me promène dans les rues, les buildings abritant des bureaux d'agences et des cabinets d'expertise me captivent toujours autant. Le quartier est bondé d'hommes d'affaires. Je suppose que c'est l'heure de pointe, car une quantité exorbitante d'individus en tenue de travail, pantalon de costume ou tailleur et chemise, se glisse entre les portes, afflue à tous les coins de rue, se presse le long des trottoirs, se déplaçant par vagues synchronisées d'un feu rouge à un autre.

Je passe mes journées à gambader le long de ces grandes artères bouchées par le trafic pour mieux la connaître, et je ne m'en lasse pas ! Je m'arrête dans un restaurant pour déjeuner et un serveur arrive rapidement en souriant. Je commande une salade de crudités ainsi qu'un steak saignant. Rester toute seule ne m'ennuie pas vraiment, je suis plutôt occupée à regarder la localisation des autres magasins sur mon portable puisque je suppose qu'il y en a pas mal à proximité (j'ai brièvement fait le tour dans ma Jeep).

N.A.Where stories live. Discover now