3. Angel : Une dernière chance

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Je circule dans les allées de l'open-space à l'étage marketing où mes collaborateurs travaillent comme des dingues. En ce moment, les chiffres sont bons – très bons ! – et c'est prometteur pour O'CP. En annonçant la date de la sortie numérique de Demoniac Thomas, il y a six jours sur les réseaux sociaux et grâce à nos partenaires et à nos lecteurs, nous avons eu une hausse de nos followers. Les précommandes sont déjà nombreuses, autant dire que c'est un véritable succès. Or qui dit succès, dit davantage de travail, que ce soit pour mes employés ou pour moi. Et comme nous nous efforçons d'accorder des promotions dignes de ce nom à chacun de nos auteurs et de leurs ouvrages, le travail à fournir n'est pas négligeable.

J'ai du mal à jongler entre ma société et Noa. Les deux sont très importants pour moi, et je perds pied quand je ne maîtrise pas les sujets qui me tiennent à cœur. En maniaque du self-control, je veux avoir la main mise sur tout ce qui m'entoure. Mais voilà, si j'y arrive aisément avec O'CP, ce n'est pas forcément le cas avec ma petite amie. Je sens bien qu'entre nous il y a des tensions, qu'elle voudrait que je sois disponible plus souvent, mais je ne laisserai rien ni personne m'enlever l'héritage de mon mentor et ancien patron. Il faut qu'elle se mette ça dans la tête.

Je tiens à ce que cette maison d'édition assure dans tous les domaines, je veux dépasser nos concurrents et maximiser nos ventes dans tout le pays. C'est également une façon de me prouver que je suis capable de gérer une entreprise aussi grande à l'âge de 23 ans et qu'elle peut rester debout après le décès de son ancien propriétaire. Cela avait fait la une des journaux à l'époque, aussi le challenge est de taille : « Sean O'Connor, fondateur d'O'Connor Publishing, décédé ». Mon modèle. Un véritable père pour moi.

Sean m'a élevé comme son propre fils dès l'âge de 9 ans, m'apprenant toutes les ficelles du métier à peine le lycée terminé. Je m'étais démené pour le rendre fier de moi, et je suis déterminé à continuer, même s'il n'est plus là pour le voir.

— Monsieur Saunders !

Je me retourne pour répondre à l'interpellation de l'une de mes employés ; son calepin serré contre sa poitrine, elle a l'air de vouloir faire corps avec le papier.

— Les graphs, il faut absolument qu'on revoie les graphs ! s'affole-t-elle en agitant le calepin.

— Pas d'affolement, Myriam, la réunion n'est qu'à 18 h 30. Je toucherai deux mots à Jared afin qu'ils soient traités en priorité, et ils seront prêts à temps.

Elle me rend un sourire apaisé et je reprends mon chemin vers l'ascenseur, appuyant sur le bouton de l'étage où se trouve mon bureau. Les portes de la cage métallique s'ouvrent sur le 12e étage de l'immeuble et je déambule dans les couloirs, supervisant rapidement le travail de chacun dans l'open space en passant de l'un à l'autre.

— Tout va pour le mieux ? m'assuré-je.

Je croise le regard de la responsable éditoriale. Elle m'a l'air exténuée, elle devrait faire une pause.

— J'ai un retour positif du comité de lecture pour un des manuscrits que nous avions en attente. Est-ce que je le planifie à la réunion de demain pour que nous puissions en discuter ?

Je réfléchis quelques secondes en m'appuyant sur le mur de son bureau et elle détourne le regard en faisant défiler la page des manuscrits en attente.

— Oui nous pouvons le mettre à l'ordre du jour et ainsi le débloquer en production. D'ailleurs, je devais recevoir un mail d'un de nos auteurs ; Tom Eagle. J'ignore s'il a été réceptionné ou non. Il a fait une réclamation pour nous réévaluions son écrit et je le ferai personnellement. Est-il possible de déposer son manuscrit sur mon bureau quand vous l'aurez ?

N.A.Where stories live. Discover now