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Galing kay Severine75

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Thierry, bibliothécaire, vient de fêter son cinquante-cinquième anniversaire et fait un triste constat sur so... Higit pa

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Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Interlude
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Épilogue
Fin du défi

Chapitre 8

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Galing kay Severine75

Lorsque j'arrive devant le restaurant, Stéphane est déjà là et m'attend, assis sur un banc de la place, à deux pas de l'établissement. Tout en m'approchant de lui, je remarque qu'il s'est fait beau. Un pantalon à pinces sombre a remplacé les jeans qu'il porte habituellement et une chemisette aux tons clairs vient égayer le tout. Quand il tourne la tête vers moi, son sourire est resplendissant. Il me détaille un instant puis se lève et se dirige vers moi, sa veste à la main.

— Bonsoir, dit-il en se postant devant moi. Comment vas-tu ?

— Très bien, et toi ?

— Eh bien, j'ai faim, sinon je me porte à merveille.

— Ça tombe très bien, nous sommes là pour manger. On y va ?

Il hoche la tête et nous nous dirigeons vers la porte d'entrée de La table tourangelle. Lorsque nous la franchissons, l'ambiance rétro qu'il y règne me séduit instantanément. Face à nous, un vieux comptoir, sans doute chiné chez un brocanteur, nous accueille. Derrière celui-ci des étagères en pin massif se dressent et exposent des objets et photos de toutes sortes. Un cadre immense présentant une version quelque peu différente du restaurant culmine au sommet. Plus bas, je discerne un cliché de deux hommes dans un camion orange, un papier rempli de gribouillis, des polaroïds, une fiole pleine de sable, des bouteilles de vins régionaux et enfin un dessin, sans aucun doute réalisé par un enfant, montrant deux personnes qui tiennent un drapeau aux couleurs de l'arc-en-ciel.

Il ne faut pas être un génie pour comprendre que ce restaurant est friendly et le bien-être que j'avais ressenti en pénétrant dans les lieux se charge d'un sentiment de sécurité absolu qu'il est rare de trouver partout.

Cet endroit plairait à Philippe. À tous mes amis d'ailleurs.

Je secoue la tête pour chasser mon ex de mon esprit et braque le regard sur la jeune femme qui vient de sortir d'une pièce par une porte battante.

— Bonsoir, Messieurs, chantonne-t-elle. Vous désirez une table ?

— Oui, j'ai réservé au nom de Thierry Roussel.

Elle sourit et consulte l'agenda posé à côté de la caisse, puis relève les yeux vers moi.

— En effet, pour deux personnes. Je vous accompagne.

Laura, comme son badge l'indique, nous conduit alors sur notre gauche, dans une salle au charme bohème évident. Les tables parées de nappes brodées sont presque toutes occupées, la couleur vert d'eau des murs apporte de la douceur et met en valeur les cadres noirs renfermant des photos en noir et blanc de notre ville, prises il y a quelques décennies. Tout ici a été pensé et effectué avec goût. Si la nourriture est aussi délicieuse que le décor, je vais faire de cet endroit ma cantine.

Nous nous installons à une petite table au fond de la salle. Laura nous abandonne et je reporte mon attention sur mon invité.

— Séverine, ma collègue, m'a conseillé ce restaurant, expliqué-je. Je ne m'attendais pas ce qu'il soit si...

— Apaisant ?

— C'est ça. Je crois que je suis amoureux.

Ses iris vairons me sondent et je rougis en réalisant les mots que je viens de prononcer. Nous savons l'un et l'autre qu'ils sont adressés à ce lieu, mais je ne peux m'empêcher d'imaginer que peut-être un jour ils seront destinés à cet homme qui me terrasse d'un seul regard. Je suis certain que les mêmes pensées traversent son esprit à cet instant précis.

Je saisis l'une des cartes que Laura a déposées sur la table et me cache derrière. Stéphane pouffe de rire et prend la sienne afin de consulter le menu. Tout me tente, mais je crois que je vais jeter mon dévolu sur la salade Tourangelle version entrée puis sur le sandre à la poire tapée. Pour le dessert, on verra après.

— Tout a l'air succulent, déclare Stéphane, les sourcils froncés. J'ai du mal à choisir. Tu vas prendre quoi ?

J'aime cette proximité qu'il y a entre nous. J'ai à ce moment précis, l'impression de me trouver avec Philippe quand il met des plombes à se décider sur ce qu'il va manger et qu'il doit absolument savoir ce que moi je vais prendre. Parfois je le laisse mariner, lui faisant croire que mon choix n'est pas fait, juste pour le voir se creuser la tête. Sélectionner deux plats sur une carte n'est pourtant pas compliqué, mais Phil est comme ça. Il a besoin de...

— La salade et le sandre, bredouillé-je en me rendant compte du regard étonné que Stéphane pose sur moi.

— Tu étais où ? demande-t-il, amusé.

— Je suis désolé, j'étais un peu ailleurs.

— J'ai remarqué. Tout va bien ?

— Oui, tout est parfait. L'endroit, la compagnie, tout me convient.

— J'en suis ravi. Donc je vais te suivre sur la salade, mais pas sur le sandre, le poisson n'est pas vraiment mon copain. Je vais prendre l'andouillette.

Je grimace devant son choix.

— Tu n'aimes pas ça ?

— Non, ni l'odeur, ni le goût, ni la texture. Mais fais-toi plaisir, nous sommes là pour ça.

— Si l'odeur t'incommode, je ne sais pas si...

— C'est surtout pendant la cuisson, alors tout va bien.

Il me sourit et hoche la tête avant de refermer son menu.

— Je suis content de te revoir, annonce-t-il de but en blanc. J'ai beaucoup apprécié notre verre l'autre jour.

— Moi aussi, je dois avouer que j'attendais cette soirée avec impatience.

— Super ! Nous sommes sur la même longueur d'onde. J'ai voulu venir te rendre visite à la bibliothèque ce matin, mais je ne désirais pas paraître collant alors je me suis abstenu. Néanmoins, sache que le cœur y était.

Eh bien, lui, au moins, sait me parler. Je suis on ne peut plus touché par l'attention qu'il me porte. Mon palpitant frétille, mon ventre s'enflamme et j'ai très envie de glisser ma main sur la nappe blanche pour saisir la sienne. Pourtant, quelque chose me retient, et ça m'agace.

La serveuse revient vers nous pour prendre nos commandes et en profite pour déposer sur la table une carafe d'eau et quelques amuse-bouche offerts par la maison. Nous demandons donc nos entrées et nos plats et y ajoutons une bouteille de rouge que nous partagerons. Les petits fours sont excellents et nous les grignotons avec plaisir tout en discutant. Quand nos doigts se rencontrent dans la petite assiette, je cesse de parler et fixe l'index de Stéphane posé sur l'une de mes phalanges. Sa main saisit alors la mienne et il la serre en douceur.

— Je peux ? murmure-t-il.

La lueur inconnue que j'ai vue dans le regard de Phil tout à l'heure me revient comme uen bombe. Je la discerne un peu mieux, la comprends presque. Je l'ai sur le bout de la langue, comme on dit. De la tristesse ? Non. De la lassitude ? Toujours pas. Je repousse ce souvenir loin dans mon esprit et relève les yeux vers Stéphane, qui tient encore ma main et qui attend ma réponse.

— Bien sûr.

Son sourire et resplendissant. Il apporte alors ma main à sa bouche et en embrasse le dos. Ce geste, si tendre et respectueux, déverse sur moi un torrent d'émotions que je suis incapable de contrôler. Mon corps entier répond à ce baiser par une chair de poule qui serait évidente si je n'avais pas mis un pull qui recouvre mes bras. Mon cœur bat la chamade et je ne sais plus si mon estomac se retourne à cause de mon vis-à-vis ou de la faim.

— Tu peux prendre le dernier, si tu veux, dit alors Stéphane en désignant l'assiette.

Je ne me fais pas prier et termine le toast de rillettes tout en profitant du contact de la peau de Stéphane contre la mienne.

Le reste de la soirée se passe dans un doux brouillard. L'atmosphère entre nous est feutrée et romantique. Les mets sont aussi bons que je l'imaginais. Tout est parfait. Entre l'entrée et le plat de résistance, les doigts de Stéphane caressent avec tendresse les miens. Je flotte dans un bonheur sans ombre, tous mes sens sont en éveil que ce soit le goût, l'odorat ou le toucher, la musique honore mon ouïe et l'homme qui se tient face à moi ravit ma vue.

Plus le repas avance et plus je me prends à espérer qu'il me propose de terminer la soirée chez lui. Je ne me reconnais plus tant il me chamboule. J'ai même une grande difficulté à suivre le fil de la conversation.

— Je crois que tu ne m'écoutes plus, déclare soudain Stéphane.

Il pose ses coudes sur la table et lie ses phalanges pour y appuyer son menton, un sourire taquin aux lèvres.

— Pardon, j'ai du mal à me concentrer.

— Je vais prendre ça comme un compliment. Ton sandre est bon ?

— Délicieux, tu veux goûter ?

Ses yeux pétillent.

— Pourquoi pas ? C'est en goûtant qu'on apprend à apprécier.

Je déglutis et coupe un morceau de mon poisson avant de lui tendre ma fourchette. Au lieu de la saisir, il se penche et mange directement à mon couvert. Ce simple geste donne un nouvel angle à notre relation. L'intimité qu'il sous-entend me perturbe et me rend presque fou de désir, ce qui est loin de me ressembler. La dernière fois que j'ai ressenti cela... Non ! Je ne veux plus penser à lui pour le moment.

— Pas mal, dit Stéphane en se léchant les lèvres. Je crois que je vais commencer à aimer le poisson.

— Et tu as bien raison, c'est bon pour la santé.

J'ai envie de me taper le front. Je devrais lui dire qu'il est vieux et qu'il devrait manger plus sainement aussi, ce serait une parfaite manière de terminer cette soirée.

— J'ai la chance d'avoir un bon métabolisme, répond Stéphane en riant.

Sur ces mots, il pique le dernier bout d'andouillette qui gisait dans son assiette et l'enfourne dans sa bouche avec appétit.

— Je sais que le repas n'est pas fini, m'exclamé-je. Mais je passe une très bonne soirée, merci.

— Merci à toi, c'est toi qui m'as proposé ce restaurant. J'espère qu'on pourra se revoir rapidement.

— Bien sûr. J'en ai très envie.

— C'est incroyable les belles rencontres qu'on peut faire au détour d'une boulangerie.

— Ou d'une bibliothèque, oui.

Il me sourit et termine son plat. Je l'imite et repousse mon assiette, le ventre bien plein.

— Tu voudras un dessert ? me demande-t-il.

— Je ne pense pas. Un café par contre.

— Pareil. La prochaine fois je ne prendrai pas d'entrée, comme ça il restera de la place pour le fondant au chocolat.

— Ou la Tatin.

— Exact.

Il se tourne et adresse un signe de main à la serveuse afin de commander nos expressos. Laura nous demande si nous avons apprécié le repas et nous ne tarissons pas d'éloge sur le travail du chef.

— Je passerai le message en cuisine, répond-elle, ravie. Je vous apporte vos cafés tout de suite.

Stéphane termine son verre de rouge et recouvre une nouvelle fois ma main de la sienne.

— Je suis heureux de t'avoir parlé l'autre jour, souffle-t-il. J'hésitais depuis un moment et le fait de te voir arriver dans la boutique m'a convaincu. J'espère que tu ne me trouves pas trop direct.

— Je n'ai pas l'habitude qu'on me dise ce genre de chose, mais ça me touche et j'en suis heureux aussi.

— Tu sais, ajoute-t-il. Pendant tout le repas, j'ai voulu te proposer de terminer la soirée chez moi, mais je crois qu'il vaut mieux remettre ça à plus tard. Je risque de ne pas me comporter comme un gentleman.

— À vrai dire, j'ai espéré que tu me le demandes.

Stéphane éclate de rire et embrasse ma main une fois de plus.

— Je vais te raccompagner et je t'inviterai un autre jour, chuchote-t-il.

— D'accord. Et sache que j'apprécie de me faire courtiser de la sorte.

Il rit de nouveau. Je crois que je pourrais tomber amoureux de lui, comme ça, d'une seconde à l'autre. J'adore sa franchise, sa manière de dire les choses comme elles lui viennent, de ne rien me cacher sur ses intentions. Et j'ai hâte de savoir s'il m'embrassera une fois qu'on sera devant chez moi.

***

Et voilà pour second rendez-vous. J'espère qu'il est à la hauteur de vos attentes. La suite samedi prochain 😉

N'oubliez pas de venir me soutenir sur Fyctia, encore 48 jours avant le verdict final! (Ensuite je vous lâcherai avec ça, promis)

Des bisous

Séverine

🧡🧡🧡

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