Chapitre 4

445 81 54
                                    

Message important à la fin du chapitre

***

La tête penchée sur le côté, les iris rivés sur un immense cadre doré, j'écoute Isabelle m'énumérer les qualités de la merde vintage qui se situe devant moi et qu'elle pense être le cadeau idéal pour l'anniversaire de Philippe. Je fronce les sourcils en remarquant un petit accro en bas de l'objet et le pointe du doigt pour attirer l'attention de mon amie dessus.

— C'est normal Thierry, on est chez un brocanteur, déclare-t-elle en levant les yeux au ciel. Tout ce qui se trouve ici est ancien.

— Mouais, ça aurait pu être réparé tout de même.

— De toute façon, tu es ronchon depuis qu'on a mis les pieds dans cette boutique. Tu ne l'aimes pas ?

— Si, répliqué-je en haussant les épaules. Mais ce cadre est moche et n'ira pas avec l'intérieur de Phil, c'est tout.

Philippe fêtera ses cinquante-neuf ans dans moins d'un mois. Une nouvelle étape – dont je n'avais pas besoin – dans ma prise de conscience que le temps passe beaucoup trop vite. Je grogne et redresse le dos. J'ai décidé de ne pas me laisser abattre, il faut que je tienne bon.

— Tout ira avec la déco immonde de Phil, rétorque isabelle en gloussant. Non, mais il n'y a aucune unité dans ce... je ne trouve même pas de mot... Bazar ?

— Capharnaüm, la corrigé-je. J'aime bien ce mot.

— Et tu aimes aussi la déco de Phil.

Je souffle et lui fais signe de me suivre vers une étagère pleine d'objets en tout genre. Tandis que je retourne un gros sablier, Isabelle continue sur sa lancée.

— Tu sais qu'Olivier n'est qu'une passade, chuchote-t-elle.

— Oui, et ?

— Eh bien, j'avoue ne jamais avoir compris votre relation à tous les deux. Quand je vous ai rencontré, j'étais persuadée que vous étiez en couple.

Nous ne l'étions plus depuis peu.

— Non, c'était déjà fini.

— Pourtant...

Je fais semblant d'observer une boîte à musique pour ne pas montrer mon trouble à Isa qui s'est soudain tu.

— En fait, reprend-elle. Vous êtes encore amoureux l'un de l'autre, mais quelque chose vous empêche d'être ensemble.

Mes paupières se ferment. Un long soupir s'échappe d'entre mes lèvres.

— Pourquoi est-ce que vous faites ça ? Vous êtes malheureux.

— Phil n'est pas malheureux, répliqué-je en me tournant enfin vers elle. Il se porte même très bien.

— Et toi ?

— J'ai toujours pensé que Philippe était mon âme sœur, réponds-je une boule désagréable coincée dans la gorge. Mais je ne suis pas la sienne.

— Qu'en sais-tu ?

— Je le sais parce qu'il m'a repoussé, il n'avait pas les mêmes attentes que moi. Il voulait sa liberté, son indépendance, changer de copain comme de chemise. Je suis à peu près certain que le prochain sera encore plus jeune qu'Olivier.

— Perso, je pense que vous êtes faits l'un pour l'autre, les regards ne trompent pas.

— C'est à lui qu'il faut dire ça, grogné-je. Moi, j'ai jeté l'éponge depuis bien longtemps.

Tourner la pageOn viuen les histories. Descobreix ara