Chapitre 12

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L'eau de la douche coule sur mon corps fatigué. Mon sommeil a été interrompu plusieurs fois cette nuit. Mon cerveau m'envoyant des rêves que je préfèrerais oublier. Dans l'un d'eux, je me faisais courser par Séverine, carnet et stylo en main. Tout en me poursuivant, elle hurlait des questions gênantes sur ma soirée avec Stéphane et la taille de ses attributs masculins. Mais cela n'est rien en comparaison de l'autre songe. Philippe m'y faisait l'amour avec passion et me murmurait des mots que j'ai tant espérés de lui à une époque que j'en suis encore bouleversé.

Quel con !

J'ai enfin trouvé l'homme qui peut me donner ce que je cherche depuis des années, mais mon cerveau n'a pas l'air de comprendre. Je lui botterais bien les fesses à celui-là.

Bien que rester un peu plus longtemps sous l'eau chaude soit tentant, je finis par sortir de la cabine et me sécher en vitesse. Stéphane m'attend pour le petit déjeuner et il ne faut pas que j'oublie que je travaille ce matin. Arriver en retard serait l'occasion pour Séverine de me harceler de questions et de sous-entendus.

Une dizaine de minutes plus tard je suis frais comme un gardon et je peux rejoindre mon hôte dans le salon. La table est mise et des sachets de viennoiseries sont posés en son centre.

— Tu es allé à la boulangerie ? demandé-je en m'approchant de Stéphane qui prépare les cafés.

— Oui, pendant que tu étais sous la douche. On est à cinq minutes.

Il se tourne vers moi et m'embrasse en souriant.

— Il ne fallait pas te donner tant de peine.

— Ça me fait plaisir, et j'avoue que j'avais envie d'un croissant. Tu veux ton café noir ou au lait ?

— Noir, merci, avec un sucre.

— Il est sur la table. Va t'asseoir, j'arrive.

J'obéis, profitant du bonheur d'être dorloté. Je m'installe sur une chaise et jette un œil aux viennoiseries. Aux croissants, s'ajoutent des chouquettes dorées qui me font saliver. Stéphane me rejoint bien vite avec son café et une bouteille de jus de fruits. J'en accepte un verre avec plaisir et nous commençons à manger. Je ne me souviens pas du dernier petit déjeuner que j'ai partagé avec un homme, mais celui-ci est fabuleux et Stéphane est d'une si bonne compagnie que je pourrais y prendre goût.

— Tu as bien dormi ? demande Stéphane en découpant un morceau de son croissant.

— Oui, ton matelas est confortable et le quartier est plus silencieux que le mien.

— J'en suis ravi, tu reviens quand tu veux, tu le sais.

Son sourire est tendre.

— Oui, je le sais, et ce sera avec plaisir.

Nous continuons notre repas en bavardant de nos journées respectives. La conversation est douce et fluide, il n'y a aucune ombre au tableau. Tout est parfait. Stéphane est parfait. Peut-être trop.

Une fois notre déjeuner terminé, nous débarrassons et rangeons ensemble. Stéphane place les verres et tasses dans le lave-vaisselle tandis que je passe un coup d'éponge sur la table. On dirait un vieux couple, un matin comme les autres. C'est plaisant et déstabilisant.

Je crois que je suis un éternel insatisfait, car je n'arrive pas à profiter à cent pour cent de cette situation.

— Tu dois y aller ? s'inquiète Stéphane en regardant l'horloge accrochée au mur du salon.

— Oui, sinon je vais être à la bourre et ma collègue ne va pas me louper.

— Tu pourrais aussi dire que tu es malade et rester avec moi. Passer la journée ensemble serait agréable.

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