Chapitre 18

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Séverine m'attend en bas de l'immeuble de Philippe, un énorme bouquet de fleurs dans les bras.

— Eh bien, tu ne fais pas semblant toi, m'exclamé-je en la rejoignant.

— Je me rends à la soirée d'anniversaire d'un homme que je ne connais pas, je ressemblerais à quoi si j'arrivais les mains vide. Prends la bouteille qui est dans la voiture s'il te plaît.

Je ris tout en me saisissant du Chinon abandonné sur le siège passager. Rien qu'avec ce vin, Philippe sera conquis.

— Tu vas bien depuis ce matin ? me demande alors ma collègue tandis que nous avançons vers l'appartement de Phil.

Maintenant, oui. La retrouver m'a presque ôté la boule d'angoisse qui avait grossi dans mon ventre tout au long de l'après-midi.

— Je vais bien, et toi ?

— Figure-toi que mon fils est amoureux, encore. Un vrai cœur d'artichaut. Cette fois c'est d'un garçon, ça change tu me diras. On a entendu parler de ce Arthur toute la journée. Et Arthur pas ci, et Arthur par là.

— Tu as pris des notes j'espère.

Séverine se tourne vers moi, choquée.

— Hey ! C'est de mon fils qu'il est question !

J'éclate de rire et appuie sur le bouton de l'interphone. La voix de Philippe s'élève du boîtier suivi de près du bruit du déverrouillage de la porte. Je laisse passer Séverine et la guide vers les escaliers.

— Monsieur X a une voix vraiment sexy, souffle-t-elle en gravissant les marches. Je comprends ton amour éternel pour lui. Je crois que je vais l'enregistrer.

Je soupire sans répondre. Elle est dans son mode écrivaine relou, je ne peux plus rien faire. Elle m'adresse un sourire tandis que nous arrivons à l'étage et se penche vers moi.

— Ne t'en fais pas, je sais me tenir.

Je ris tout en toquant deux fois à la porte que j'ouvre dans la foulée. De la musique jazzy nous parvient alors et un Philippe avenant et beau comme un Dieu apparaît soudain devant nous. Au frémissement que je sens à mes côtés, je devine que la chemise bleu ciel qui met en valeur le teint bronzé de son propriétaire sera bientôt décrite en long en large et en travers sur un carnet.

— Vous voilà, s'écrie-t-il. Vous êtes les derniers.

Il nous fait entrer et se présente à Séverine qui minaude comme une adolescente. Il va falloir la recadrer très vite en lui rappelant que Phil est gay, et à moi. Carole choisit ce moment pour surgir du salon, et après quelques mots échangés elle entraîne Séverine, plus sociable que jamais, vers les autres qui attendent dans la pièce voisine.

— Je suis heureux de te voir, souffle Philippe en se rapprochant de moi.

OK, c'est à mon tour de ressembler à un ado boutonneux. Je ne sais même pas quoi lui répondre. Je croasse un moi aussi incertain et accueille l'étreinte de mon ami peut-être un jour compagnon en déglutissant péniblement.

— Tout va bien ? demande-t-il en fronçant les sourcils. Tu as l'air bizarre.

— Bon anniversaire, rétorqué-je en lui tendant la bouteille que j'ai toujours en main. C'est Séverine qui l'a apportée.

Nous nous fixons. Il me sourit et je crève d'envie de l'embrasser, de virer toutes les personnes présentes dans cet appartement et de m'enfermer avec lui pour une durée indéterminée. Ne plus ouvrir la porte, fuir l'extérieur et vivre en autarcie, juste lui et moi. Il paraît que l'amour et l'eau fraîche c'est pas mal.

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