"Alors c'est toi Charlotte ? s'exclama Niall quelques minutes plus tard alors que la jeune fille s'était rassise sur un des lits, son frère à côté d'elle, un bras autour de ses frêles épaules. Louis nous a beaucoup parlé de toi.
_C'est vrai ? sourit-elle timidement. D'ailleurs, appelez-moi Lottie, je préfère.
_Notre mère avait la fâcheuse manie de nous donner des prénoms français, expliqua Louis. Ce n'était pas la meilleure idée qu'elle ait eue.
_Moi j'aime bien.", dit Zayn en faisant un clin d'œil à sa sœur.
Elle grimaça légèrement avant de lui sourire sans rien ajouter.
Elle portait un jean troué et sale. Elle avait un pull très large qui mettait en avant sa nouvelle maigreur. Ses joues étaient couvertes de poussière et ses cheveux filasses. Louis se demanda depuis combien de temps elle ne s'était pas douchée. Depuis combien de temps elle n'avait pas mangé un repas digne de ce nom. Elle avait le teint pâle, presque verdâtre et ses lèvres étaient un peu violettes. Louis fronça les sourcils lorsqu'elle se mit à tousser violemment, d'une toux sèche et persistante :
"Tu es malade ?
_Oui.", lui répondit-elle simplement.
"C'est à cause de ça que ces connards nous ont laissées !", braya une fille sur le lit d'à côté.
Elle était noire, petite. Elle ne devait pas être plus âgée que Lottie. Peut-être quinze ans, grand maximum.
"Comment ça ? Qui ça ?", s'inquiéta Louis en resserrant son emprise sur l'épaule de la jeune fille.
Judith, qui était occupée à bander le bras d'une des filles, s'exclama :
"Quand on est arrivés sur les lieux, il ne restait qu'elles cinq. Tous ceux de leur groupe avait déserté pendant la nuit. Il ne restait que leur tente à elles.
_La semaine dernière, un homme de notre groupe est mort d'une pneumonie parce qu'on n'avait pas de quoi le soigner, expliqua une blonde allongée sur un autre lit, une perfusion sur la main. Du coup quand nous sommes toutes les cinq tombées malades, ils ont décidé de partir pendant qu'on dormait.
_Ils ont dû se dire qu'on risquerait de contaminer le reste du groupe inutilement.", marmonna Lottie d'une voix remplie d'amertume.
"Mais c'est ignoble !", protesta Liam.
"Mais c'est la loi des nomades, argua une rousse. Marche ou crève."
Louis serra les dents. Il n'osait même pas imaginer par quoi était passée sa sœur. Alors que lui, il avait été dans cette base depuis le début, confortablement installé dans son cocon.
"Toujours est-il que justement, c'est parce que ta sœur est anémiée que j'essayais de la perfuser quand tu es arrivé Louis, déclara Lou, occupée à prendre la température d'une des filles. Donc si tu pouvais lui expliquer que je ne lui veux pas de mal pour que je puisse...
_Ce truc ne touchera pas ma main.", contra aussitôt Lottie en se recroquevillant un peu plus dans la chaleur de son frère.
Louis sourit doucement. Son franc-parler lui avait tellement manqué.
"Elle a une peur bleue des aiguilles, lui expliqua le jeune homme. Tu ne pourrais pas trouver une alternative ?"
Lou secoua la tête d'un air catégorique :
"Elle fera un malaise autrement."
Louis regarda sa sœur, un sourcil levé. Lottie leva les yeux au ciel, inspira longuement, et leva son bras, un air ronchon sur le visage. Lou sourit et apporta le matériel dont elle avait besoin. Lottie enfouit sa tête dans le torse de Louis, les yeux fermés, une expression de douleur sur le visage. Quand Lou finit, la jeune fille regarda sa main, presque plus pâle qu'elle ne l'était auparavant.
"On devra rester ici combien de temps ?", demanda la rousse, faisant référence à l'infirmerie.
"Dès que vous vous sentirez mieux et que vous ne serez plus considérées comme contagieuses. Avec des antibiotiques, votre fièvre devrait baisser dans quelques jours.
_Bien, décréta Rick en se redressant. Les attaquants, vous venez ? On va réunir les autres pour leur annoncer l'arrivée de nos cinq nouveaux membres."
Harry fronça les sourcils, interdit, lançant un coup d'œil à Louis. Il n'avait pipé mot depuis plusieurs minutes, mais il s'était placé automatiquement à côté du plus jeune.
Louis n'avait pas envie qu'il parte. Il voulait qu'il reste là, auprès de lui. Il voulait lui faire voir à quel point sa sœur était fantastique, et montrer à Lottie qui il était. Bon, peut-être pas lui dire qu'il avait couché avec lui la veille, mais le présenter comme étant son ami. Il voulait qu'elle l'apprécie.
Malgré tout, il le regarda, lui faisant comprendre à travers ses yeux qu'il pouvait y aller, que tout irait bien. Et comme cela faisait un moment qu'ils n'avaient plus vraiment besoin de mots pour se comprendre, le bouclé quitta la pièce, non sans effleurer au passage le genou de Louis.
~
Louis avait passé le reste de l'après-midi avec sa sœur. L'avantage était que l'infirmerie était assez grande pour ne pas qu'ils soient tous les uns sur les autres. Les quatre autres filles avaient fini par s'endormir. Quant à Lou, elle passait au chevet de chacune toutes les heures, vérifiant leurs constantes. Le jeune homme avait fini par se coucher sur le lit, sa sœur collée contre son torse, dos à lui. Il l'entourait de ses bras, jouait avec ses cheveux, n'arrivant toujours pas à réaliser qu'elle était là, bien vivante contre lui.
Après que les garçons soient tous partis pour les laisser seuls, ils n'avaient pas beaucoup parlé. L'heure des explications arriverait bientôt, mais ils avaient besoin de profiter l'un de l'autre en silence pour le moment.
Lottie avait passé l'après-midi à lutter contre le sommeil. Vers dix-neuf heures, elle finit tout de même par lâcher prise et s'endormir. Louis passa un très long moment à côté d'elle, à la sentir respirer plus doucement, à l'écouter marmonner dans son sommeil comme elle l'avait toujours fait. C'était marrant comme on ne faisait jamais vraiment attention à toutes ces choses. Quand on aime une personne, surtout quelqu'un de sa famille, on oublie de le leur dire. Parce que quel en serait l'intérêt puisque nous sommes convaincus qu'ils seront toujours là pour nous ?
C'est vrai : quand on a l'habitude de voir quelqu'un, on pense que tout est acquis, que cela ne changera jamais. Alors on ne fait plus attention, on ne remarque même plus les petites manies de l'autre, on ne se rend même plus compte qu'on peut être parfois agressifs avec eux, ou ingrats. On ne leur fait plus de compliments, on ne les remercie jamais pour ce qu'ils font, pour ce qu'ils sont, pour ce qu'ils apportent à notre vie chaque jour. Mais Louis comprit en tenant sa sœur dans ses bras à quel point on devrait le faire. Parce que le jour où on les perd, on se rend compte qu'on perd une partie de nous dans le processus. Parce qu'ils faisaient tellement partie de notre vie, qu'elle n'a plus de sens, cette vie, s'ils ne sont plus là. Louis voulait remercier Jésus, Marie, Joseph et tous les saints pour le lui avoir rendu. Pour l'avoir remise sur sa route.
Parce que c'est en l'entendant marmonner un léger « Lou » qu'il se rendit compte à quel point sa sœur lui avait manqué.
~
C'est pour cette raison qu'il ne la quitta qu'à vingt heure pour aller au réfectoire prendre de la nourriture pour elle et les quatre autres filles présentes dans la salle ainsi qu'à Lou.
Il venait de dépasser l'armurerie lorsqu'il vit Harry s'engouffrer dans le couloir où il se trouvait. Il poussait une sorte de chariot où reposaient plusieurs plateaux. Des cloches recouvraient les plats présents mais vu l'odeur, c'était du sanglier. Louis ne put s'empêcher de sourire niaisement.
Lorsqu'Harry remarqua sa présence, il sourit également :
"Hey, bon timing, dis donc.
_En effet, fit Louis en mettant ses mains dans les poches de son sweatshirt rouge, la tête légèrement penchée sur le côté. C'est pour les filles ?"
Harry s'arrêta à un mètre de lui, son chariot les séparant.
"Ouais. Et il y en a un pour toi aussi. C'est du sanglier avec des haricots mais comme je sais que t'aimes pas ça j'ai demandé à Mindy de te mettre des pommes de terre à la place."
C'était tout bête, mais cette petite attention réchauffa Louis tout entier. Il était véritablement à deux doigts de se rouler par terre de contentement. Pathétique, vraiment.
"Elle a pu se reposer ?", l'interrogea Harry, changeant de sujet.
"Oui. Elle dort pour le moment. D'après Lou elle devrait déjà aller mieux dans quelques heures."
Harry hocha la tête, fixant le jeune homme de ses yeux verts :
"Je suis vraiment content pour toi Lou.
_J- C'est fou. Je crois que je n'arrive pas à réaliser qu'elle est vraiment là, admit le jeune homme en se passant une main dans les cheveux. J'ai l'impression que je suis en train de rêver. Je ne sais pas, ce n'est pas dans les films qu'on voit ça normalement ?
_Les films s'inspirent souvent d'histoires vraies, lui sourit doucement le plus vieux. Tu lui as demandé si elle savait si le reste de ta famille avait...
_Survécu ? Non, pas encore, avoua Louis en soupirant. Mais je crois savoir la réponse. Sinon elle m'en aurait déjà parlé. Soit elle ne sait pas, soit elles sont toutes... mortes. Et je ne suis pas sûr de vouloir entendre ça."
Harry le regarda, une lueur compatissante dans le regard. Il était appuyé contre le chariot, les mains croisées devant lui. Louis avait envie que ses mêmes mains l'enlacent. Il avait envie de se fondre dans sa chaleur. Alors, après quelques secondes de silence, il se lança :
"Je sais que ça ne nous est jamais arrivé, et qu'on n'est pas dans le registre guimauve d'habitude, mais... Est-ce que tu peux me prendre dans tes bras ?
_Je-... Malgré ta sœur ?", s'étonna le bouclé.
"Comment ça ?
_Je ne sais pas... Je m'étais dit que tu prendrais tes distances avec moi vu que t'as déjà mis du temps à accepter ton homosexualité, alors si en plus ta sœur est là... Par rapport à ce que ta mère vous a rabâché, l'homophobie, tout ça."
Louis haussa les sourcils. En réalité, il n'y avait même pas pensé. Pour autant, Harry n'avait pas tort : Louis se serait sûrement enfui à des kilomètres d'Harry si Lottie était arrivée quelques semaines plus tôt.
Mais le problème était que même si Louis avait voulu, il était maintenant tombé trop bas pour pouvoir s'éloigner de lui.
Le bouclé lui manquait déjà lorsqu'il ne le voyait pas de la matinée, comment aurait-il pu consciemment l'éviter ?
"Je ne te dis pas que je compte t'embrasser devant elle, nuança Louis. Mais je ne vois pas pourquoi sa présence me ferait changer d'avis sur... ce qu'on fait."
Il vit les épaules d'Harry se détendre aussitôt. Cela avait dû le travailler vu sa réaction.
Ce constat toucha Louis au plus profond de son cœur.
"Alors viens.", murmura le bouclé en se redressant, les bras ouverts.
Louis n'hésita pas une seconde. Il contourna le chariot et s'immisça aussitôt dans sa chaleur, son visage niché dans son cou. Il noua ses bras autour de sa taille alors que ceux d'Harry étaient autour de ses épaules.
C'était la première fois qu'ils s'enlaçaient, du moins, alors qu'ils étaient debout. D'habitude ils ne se rapprochaient ainsi que lorsqu'ils étaient dans un lit - ou sur un canapé si on comptait leur nuit dans la salle au billard.
Mais aujourd'hui c'était différent. Parce que Louis venait de retrouver sa sœur et que c'était à la fois aussi merveilleux qu'effrayant.
Effrayant parce que cela signifiait qu'il saurait prochainement ce qu'était devenu le reste de leur famille. Effrayant parce qu'il s'en voulait affreusement de voir dans quelles conditions avait vécu sa sœur alors que lui était dans un endroit protégé où les gens étaient solidaires. Effrayant parce qu'il avait peur que sa sœur ne lui en veuille pour ce fameux soir, pour cette lâcheté dont il était convaincu d'avoir fait preuve en s'enfuyant.
Alors Louis respira l'odeur d'Harry quelques instants pour se rassurer. Normalement il aurait dû se mettre sur la pointe des pieds pour atteindre cet endroit, mais le bouclé s'était penché pour pallier cette différence de taille. Louis lui en fut reconnaissant.
Harry embrassa son front avant de murmurer au bout de quelques secondes :
"Veux-tu que j'ailles te chercher un jogging et un haut pour cette nuit ?"
Une bouffée d'affection envahit le plus jeune. Harry avait deviné que Louis comptait passer la nuit avec sa sœur. Et non seulement il le comprenait, mais en plus il faisait tout pour lui faciliter la tâche : il leur apportait à manger, lui proposait de lui prendre des vêtements de rechange...
Il décala sa tête pour pouvoir déposer ses lèvres sur les siennes.
"Je veux bien s'il-te-plait, lui répondit-il en se détachant de lui quelques secondes plus tard. Comment ont réagi les autres lors de la réunion ?
_Certains ont peur. Cinq personnes, c'est beaucoup d'un coup, et il est vrai qu'en soi, on ne connait pas les autres filles. Elles peuvent très bien avoir de mauvaises intentions. Mais d'autres trouvent que c'est une bonne chose : c'est toujours du monde en plus. Et la plupart ont été rassurés de savoir que Lottie était ta sœur. Comme tout le monde te connait, ils savent qu'ils n'ont par conséquent pas à douter d'elle. Tu sais que t'es vachement apprécié ? Beaucoup sont venus nous voir Niall et moi pour savoir comment tu allais depuis l'arrivée de ta sœur."
Louis sourit d'un air goguenard en enfouissant son visage dans son torse. Il se sentait plus chez lui qu'il ne l'avait jamais été pendant ses dix-neuf ans passés dans son village. Il était heureux de savoir que ceux qu'il considérait maintenant comme sa famille pensaient la même chose le concernant.
"Arrête de sourire niaisement.", devina Harry en pouffant.
"Je ne souris pas niaisement !", se défendit l'intéressé.
"A d'autres."
Ils restèrent encore une minute comme ça dans les bras l'un de l'autre avant qu'Harry ne s'exclame :
"Il faudrait peut-être que t'ailles donner les plateaux aux filles avant que ça ne refroidisse. Moi je vais chercher tes affaires.
_Oui, ok."
Le bouclé lui fit un rapide baiser avant de s'éloigner. Louis poussa le chariot en direction de l'infirmerie, un immense sourire plaqué sur le visage.
~
Louis se trouva réveillé par une main lui secouant l'épaule. Pendant une seconde il fut déstabilisé en ouvrant les yeux en se rendant compte que ce n'était pas Harry mais bien sa sœur qui était allongée face à lui.
Cela faisait tellement de jours que lui et le bouclé dormaient une bonne partie de la nuit ensemble que Louis avait perdu l'habitude de se réveiller sans voir son visage près de lui.
"Qu'est-ce qu'il y a ma puce ?", lui demanda-t-il en clignant des yeux.
"Rien, murmura-t-elle dans l'obscurité. C'est juste... Je voulais vérifier si je n'avais pas rêvé et que t'étais bien vivant."
La poitrine de Louis se serra. Il caressa la joue de sa sœur.
"Je suis bien vivant. Et toi aussi, souffla-t-il. Si tu savais à quel point tu m'as manqué.
_J'étais toute seule Lou, chuchota-t-elle brusquement. T'étais plus là et j'étais toute seule. J'ai vu maman et Felicite se faire... se faire..."
Elle retint un sanglot. Ses yeux brillaient à cause de ses larmes dans le noir. Louis la prit aussitôt dans ses bras. Son cœur saignait dans sa poitrine mais il n'avait pas le droit de craquer. Il se devait d'être fort pour eux deux.
"Maman et Fizzy sont mortes Lou. Maman était en train de sortir une arme de sous une planche du salon quand un type est rentré et leur a tiré dessus. Alors j'ai couru avant qu'il me voie et je me suis cachée sous mon lit, tu sais, comme quand on était petits et qu'on voulait pas aller se doucher ? Il ne m'a pas vue. Alors je suis sortie au bout d'un moment et j'ai pris l'arme dans la main de maman. J'ai essayé de les sauver mais elles étaient déjà... Elles étaient plus là. Alors je me suis enfuie par la fenêtre, puis j'ai rampé par le trou que tu avais creusé sous le grillage derrière la maison.
_Comment tu sais que... ?", s'étonna Louis.
"Oh, je t'en prie, si tu savais le nombre de fois où je t'ai couvert... ! dit-elle en s'essuyant les yeux du revers de la main, de la nostalgie présente dans la voix. J'ai passé plusieurs jours seule dans la forêt après ça. En fait, je serais sûrement morte sans l'arme de maman. C'est grâce à elle que j'ai pu me nourrir en chassant. Comme je ne suis pas douée pour le tir, j'ai dû faire plusieurs essais avant, mais j'ai fini par réussir en tirant sur un marcassin. C'est au bout du quatrième jour que j'ai rencontré le groupe.
_Les nomades ? Ceux qui vous ont abandonnées.", grogna-t-il, ses mâchoires crispées.
_Oui. Mais tu sais ils n'étaient pas mauvais, certains étaient même gentils avec moi. C'est simplement... qu'ils font tout ce qui est en leurs moyens pour survivre. Tu sais, les filles qui sont avec moi sont sympas. Ce sont elles qui m'ont aidée au début, on s'entend bien. Je suis même amie avec la rousse, Jenna. Elle a un an de moins que toi, alors elle m'a traitée comme sa petite sœur."
Louis avait le cœur au bord des lèvres. Ça aurait dû être à Louis de la protéger.
"Je suis désolé chérie, déclara-t-il en la serrant un peu plus fort. Je n'ai pas été à la hauteur. Quand j'ai donné cette arme à maman, je pensais que ça aiderait, mais j'aurais dû faire plus. J'aurais dû vous préparer à tout ça, au fait qu'on se ferait sûrement attaquer comme on l'a été. J'aurais dû voir avec vous quoi faire en cas de danger. J'aurais dû rester avec vous au lieu d'éloigner ce type de la maison... Si tu savais à quel point je regrette.
_Tais-toi, souffla-t-elle en fermant les yeux. Personne n'était préparé à ça parce que c'était aux adultes, au maire de nous préparer. T'as fait ce que tu as pu. Et si c'est bien toi qui a donné cette arme à maman, sache que c'est grâce à elle que j'ai pu survivre sans mourir de faim. Et tu t'es enfui dans le but de détourner l'attention de ce connard. Alors dans un sens, tu m'as sauvé la vie."
Cela avait toujours été cela entre eux. Ils s'étaient toujours protégés mutuellement, s'étaient toujours serrés les coudes. Eux contre le monde entier.
Si l'un n'allait pas bien l'autre le rassurait. Aujourd'hui ne faisait pas exception.
Une larme solitaire coula sur la joue de Louis. Il avait certes retrouvé Lottie aujourd'hui, mais il avait également perdu tout espoir de revoir le reste de sa famille.
"Si tu savais à quel point je les hais, Louis. Je les hais de tout mon coeur, avec chaque fibre de mon être. Je veux qu'ils meurent tous."
Il ne savait pas si elle parlait de l'armée ou des nomades. Peut-être des deux au fond. Peu importe ce que disait Lottie, il savait qu'il ne se le pardonnerait jamais vraiment. Mais il avait retrouvé sa sœur, alors il savait que quoi qu'il puisse arriver, ils iraient bien, même si cela prenait des années.
Ce soir-là, il se promit qu'il ne la laisserait plus jamais seule.
"Tu ne sais pas si les jumelles sont encore vivantes ?", reprit Lottie.
"Non, admit Louis. Mais Stan est mort."
Lottie accusa le coup en silence. Après tout, Stan avait également été son ami.
"Parle-moi de cette base dans laquelle on se trouve.", lui demanda-t-elle au bout de quelques minutes.
Louis la regarda un instant. Il y avait tellement de choses à en dire...
"C'est Niall, le blond, et Harry, celui aux cheveux bouclés, qui m'ont trouvé il y a trois mois maintenant. Je m'étais évanoui à la suite d'une commotion cérébrale. Lou, le médecin, m'a soigné. Ensuite j'ai rencontré Rick-
_Le vieux à l'air ronchon ?
_Ouais, celui-là, rit Louis. Il est un peu froid mais il est vraiment gentil quand on apprend à le connaitre. C'est l'oncle d'Harry et Liam, son frère. Il m'a posé plusieurs questions.
_A nous aussi, avoua Lottie. C'est Sam, la blonde, qui a répondu."
Louis acquiesça puis poursuivit :
"Vous serez toutes les cinq en période d'essai pendant un mois, comme moi."
Il passa sous silence le fait qu'il avait failli se faire expulser après s'être battu avec Aiden. Lottie eut une quinte de toux puis lui fit signe de continuer.
"Ici, les gens sont vraiment supers. C'est pas comme au village : personne ne te juge vraiment, tu peux être ce que tu veux. Le vendredi il y a des jeux collectifs qui sont organisés. Tu vas adorer, il y a de tout. On peut sortir aussi de la base quand on le veut, mais en règle générale seuls les attaquants sortent parce que c'est plus prudent. Les attaquants, ce sont ceux qui protègent la base, qui chassent pour le groupe, qui partent en mission ravitaillement, qui se battent contre l'armée. Ceux qui vous ont trouvées en sont."
Il ne dit pas qu'il était lui-même devenu l'un d'entre eux.
"Une fois que vous irez mieux vous devrez aider aux tâches ménagères. On a un tableau que Rick organise chaque matin dans le réfectoire. C'est équitable.
_On va devoir faire le ménage ?", grimaça faussement Lottie.
Louis rit. D'eux deux, ce n'était pas Lottie qui détestait le plus cela d'ordinaire.
"Quand vous sortirez de l'infirmerie on vous donnera un lit chacune dans l'un des deux dortoirs prévus pour les filles.
_Toi tu es où ?
_Dans l'un de ceux pour garçons. Il est à quelques mètres des vôtres. Pour manger, on n'a officiellement pas d'horaires précis, mais tout le monde se retrouve spontanément au réfectoire à 12h et à 19 h. Les gens sont accueillants, tu peux parler avec tout le monde. Par exemple, même le premier jour je n'étais pas seul pour manger. Les quatre garçons que tu as vus tout à l'heure, Niall, Zayn, Liam et Harry, sont mes amis.
_Niall et Harry ce sont ceux qui t'ont trouvé ?", bailla-t-elle.
"Ouais. Ils sont souvent dehors puisqu'ils sont attaquants, mais ils sont aussi très présents dans la vie quotidienne à la base. Liam est informaticien, il travaille dans la salle informatique une bonne partie de la journée, je te la montrerai. Ils sont géniaux, je suis sûr que tu vas les adorer. Surtout Niall, il a un humour aussi tordu que le tien. Zayn et Liam sont plus calmes mais ils sont toujours là pour les autres lorsqu'il y a besoin. Quant à Harry-"
Louis s'interrompit lorsqu'il sentit la respiration de sa sœur ralentir. Il sourit en réalisant qu'elle s'était endormie. Il lui caressa les cheveux pendant un instant, jusqu'à ce qu'il s'endorme à son tour, la jeune fille toujours blottie dans ses bras.
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Bonjour mes chats!
Alors, que pensez-vous de ce nouveau chapitre? D'après vous, comment va réagir Lottie lorsqu'elle apprendra qu'il est attaquant? Comment la percevez-vous?
Au fait, nous avons dépassé les 2000 vues! Vous ne pouvez pas savoir à quel point j'en suis heureuse! La team s'aggrandit! Encore merci pour tout!
La suite arrive au plus tard vendredi!
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