Une fois devant les tapis roulants j'attends de voir ma valise arriver. Ma valise rouge customisée avec des autocollants de tous les endroits que j'ai visités: Belgique, Espagne, Portugal, Italie, Corse, Sardaigne, Crête, Réunion et Guadeloupe. Il y a encore tellement d'endroits que j'aimerai visiter... Mon rêve serait de faire le tour du monde, mais je doute d'y arriver donc faire les pays que j'ai le plus envie de voir me parait être une bien meilleure solution.
Je sentis soudain une main s'enrouler autour de mon poignet et quelqu'un dans mon dos se pencher pour me souffler à l'oreille :
- Tu comptais vraiment partir sans me dire au revoir, chérie ?
Je me retournai vivement et découvris Matt encore penché sur moi, son visage à quelques centimètres du mien affichant toujours le même sourire en coin. Il s'écarta mais ne lâcha pas mon poignet, son contact sur ma peau était absolument grisant ! Je tiquai cependant sur le surnom par lequel il m'avait appelée. Je dois avouer que dans sa bouche cela ne me dérangea absolument pas mais pour la forme je me sentis obligée de répliquer:
- Chérie ? Sérieusement ? dis-je en haussant un sourcil et avec un sourire en coin.
Il haussa simplement les épaules tout sourire.
- Je t'ai appelée tu n'as pas entendu ?
- Si, mais je n'étais pas sûre d'avoir bien entendu et comme j'étais pressée je ne me suis pas retournée. mentis-je enfin, c'était un demi-mensonge, je n'était pas du tout pressée de retrouver mon père mais je n'étais pas sûre d'avoir bien entendu.
- Tu me vexes chérie, je pensai que tu me dirai au moins merci. La façon dont il avait appuyer sur le mot "chérie" exprès pour m'embêter me fit sourire malgré moi.
- Eh bien, il n'est jamais trop tard alors... Merci.
- Au plaisir !
- Tu comptes me laisser récupérer ma valise ou tu vas me garder prisonnière ?
- C'est vrai que tu es pressée me dit-il avec un clin d'œil et en lâchant mon poignet a contrecœur.
Il se plaça à côté de moi en attendant lui aussi sa valise. Je me raidis aussitôt en apercevant mon père de l'autre côté du tapis roulant. En 6ans il n'avait pas changé il paraissait certes plus vieux que la dernière fois où je l'avais vu mais il faisait jeune pour son âge. Il n'était pas non plus très âgé seulement 39 ans, j'en profitai alors pour le détailler de haut en bas. Il avait pris du muscle, il portait une chemise blanche, un pantalon gris clair et ses cheveux bruns étaient comme toujours bien ordonnés, il était très classe en même temps c'est sa d'être le patron de sa propre boîte. Lui bien sûr ne m'avait pas encore vue ou alors il ne m'avait même pas reconnue, je ne sais pas et honnêtement je préférai ne pas le savoir. Je sentis d'abord la colère m'envahir puis la tristesse en me disant qu'il n'avait jamais cherché à me recontacter ces 6 dernières années. Il faut dire aussi que je n'ai pas essayée de l'appeler non plus, mais j'avais tellement mal que je n'en avais pas la force.
- Tout va bien ? Tu pleures ?
Matt me dévisageait je ne m'étais même pas rendue compte qu'une larme avait coulée le long de ma joue, trop perdue dans mes pensés que j'avais même oublié où j'étais et avec qui. Je la balayai rageusement du revers de ma main.
- Oui, tout va bien.
Je me forçai à sourire, ce même sourire qui me servait de façade depuis maintenant plusieurs années. J'espérai sincèrement qu'il n'y verrait que du feu mais il ne parut pas du tout convaincu par ma mascarade.
- Je sais qu'on ne se connait pas depuis longtemps, Jade mais je sais que tu me mens.
Je fis comme si je n'avais rien entendu. C'était plus facile pour moi de faire semblant et de cacher mes sentiments plutôt que de les montrer. Surtout à un "presque inconnu". Je reportai alors mon attention sur le tapis roulant et j'aperçus ma valise, soulagée d'échapper à cette situation je me dirigeai alors vers elle. Une fois ma valise récupérée je retournai vers Matt.
- Je dois vraiment y aller, au revoir Matt et encore merci.
- Au revoir chérie, qui sait ? On se reverra peut être...
- Peut être... prise d'un élan de spontanéité, je lui plante un bisou sur la joue et je tourne les talons sourire aux lèvres. Je voulais me retourner une dernière fois vers lui mais je sentais son regard sur moi alors je résistai à la tentation et me dirigeai vers mon père. Me voyant arriver vers lui, un éclat passa dans ses yeux et il couru vers moi.
- Jade ! il couru vers moi et me pris dans ses bras je m'immobilisai sous le choc, il agissait comme si... Non justement il n'agissait pas du tout comme quelqu'un qui avait disparu pendant 6 ans ! Je le pris également dans mes bras, avec beaucoup plus de retenue car je ne voulais pas craquer devant lui. Tu m'as tellement manqué Jade, tu ne sais même pas à quel point ! dit-il d'une voix tremblante qui trahissait son émotion.
Je voulais tellement lui répondre que c'est de sa faute si je lui manquai, c'est lui qui était partit du jour au lendemain, c'est de sa faute si nous avions été séparés si longtemps ! J'étais tellement en colère contre lui, je lui en veux aussi tellement de m'avoir laissée dans le flou et dans l'incompréhension toute ces années. J'attendais des explications, beaucoup même mais ce n'est ni le lieu, ni le moment nous venons à peine de nous retrouver, je ne voudrai pas gâcher ce moment. Alors je répondis simplement:
- Toi aussi tu m'as manqué papa.
Ce n'était pas un mensonge, il m'avait aussi énormément manqué.
Il s'écarta de moi pour me regarder de haut en bas et me dit:
- Tu as tellement grandi ! Tu es encore plus belle que dans mes souvenirs. Tu veux que je porte ta valise ? La voiture est garée devant mais elle a l'air lourde. D'ailleurs le reste de tes affaires sont arrivées avant-hier.
Je le suivis en silence jusqu'à l'entrée de l'aéroport puis sur le parking qui était juste devant. Il s'arrêta devant une Lamborghini... Une aventador s roadster, rouge passion ! La voiture de mes rêves... Que je n'aurai jamais parce qu'elle coûte beaucoup trop chère. Mon père évidemment avait le salaire pour s'en payer une puisque c'était lui le patron. Je stoppai net devant la voiture et ouvris de grands yeux ronds. Mon père me regarda en souriant.
- Tu aimes ? me dit-il.
- Une aventador papa ? Bien sûr que je l'aime, je l'adore même et surtout dans cette couleur !
- Je ne savais pas que tu t'intéressais aux voitures.
Je failli lui répondre qu'il ignorait presque tout de moi puisqu'il avait tout raté : anniversaire, noël, nouvel an, rentrée scolaire... Mais je préfère me concentrer sur la voiture, je passe le bout de mes doigts sur le flanc de la voiture en imaginant son moteur V12 de 740 chevaux vrombir et s'élancer à 350 km/h sur la route que j'en serai clouée à mon siège. Passer de 0 à 100 km/h en seulement 3 secondes doit être grisant ! Je peux même imaginer l'adrénaline qui monte petit à petit dans mes veines jusqu'à m'envahir. Je me rappelai soudain où j'étais et avec qui alors je répondis simplement à mon père:
- Oui j'aime beaucoup les voitures de sport. J'adore la vitesse !
- Toi tu es bien ma fille ! plaisanta t-il mais il avait l'air légèrement gêné. Lesquelles préfères-tu ? me demanda t'il en mettant ma valise dans le coffre et en s'installant derrière le volant.
- L'aventador, bien sûr et j'aime aussi beaucoup la Porsche 911 turbo mais en jaune pas en rouge.
- Lamborghini et Porsche, très bon choix !
- Il y a aussi l'Audi R8 mais en blanc cette fois.
- Je vois que tu es une experte, dis donc ! Je valide tout tes choix. dit-il tout sourire.
Nous restâmes quelques minutes dans le silence ne sachant trop quoi se dire ou plutôt comment s'y prendre... Il fût le premier à le rompre:
- Comment va Meghan ?
- Bien, elle te passe le bonjour d'ailleurs.
C'était totalement faux mais l'atmosphère s'était tellement chargée d'électricité quand il avait prononcé le prénom de ma mère qu'il fallu que je détende l'atmosphère.
- Hum... Elle travaille toujours au cabinet ?
- Non, elle est toujours avocate bien sûr mais elle a changée de cabinet pour un plus prestigieux et plus reconnu pour pouvoir avoir une augmentation. Et ta boîte marche bien ?
- Oui, sa change d'être le patron plutôt qu'un employé, c'est mieux payé évidemment mais sa permet de toucher à tout.
- Tu bosse dans quoi ?
- Les nouvelles technologies. En ce moment on essaye de développer des nouveaux ordinateurs plus rapides que les autres, avec de nouveaux processeurs...
C'est le moment où je décrochai de ce qu'il me racontait. Je fixai le pare-brise regardant défiler le paysage et je hochais la tête de temps à autres pour ne pas qu'il se vexe, il continua ses récits sans me prêter une grande attention. Mes pensées se dirigèrent alors vers Matt, nous savions tous les deux en nous disant au revoir que nous ne nous reverrions jamais mais laisser planer le doute était plus facile et nous avons quand même passé un agréable moment ensemble. Mon père interrompit soudain le fil de mes pensés.
- Jade ! Tu m'écoutes ? Tu es ailleurs...
- Désolé papa je me suis égarée mais continue, je t'en prie.
- Non, je vois bien que je t'ennuie à parler boulot donc parle moi plutôt de toi.
- Hum... D'accord. Que veux-tu savoir ?
- Ça va les cours ?
- Oui, je fais ce que je peux mais je m'en sors assez bien.
- Tu as un petit ami ?
- Avais ! le corrigeai-je.
- Pourquoi, que c'est il passer ?
- C'est assez compliqué, mentis-je.
En vérité pas tant que ça mais c'était encore récent j'avais du mal a en parler pour l'instant ça me faisait encore trop mal.
- D'accord. Vous êtes restés longtemps ensemble ?
- Plusieurs mois...
Plus précisément 7 mois, 7 mois à gâcher ma vie avec lui, alors que je suis sûre qu'il existe tellement mieux.
- Ah oui, quand même je suis désolée que ça n'ai pas marché. Il s'appelait comment ?
- C'est pas de ta faute ne t'inquiète pas on n'était juste pas faits pour être ensemble il faut croire. Diego, il s'appelle Diego.
J'eus du mal a prononcer son prénom sans l'écorcher. Rien que le fait de prononcer son prénom après tout ce qu'il m'a fait ça me fait mal.
- En tout cas, Alyssa a vraiment hâte de te rencontrer. Depuis le temps que je l'embête en lui parlant de toi, elle a envie de vérifier que je ne lui ai pas raconté d'histoire.
- Moi aussi.
C'était vrai j'avais très envie de voir par qui mon père avait pu remplacer ma mère. Cependant je tiquai sur le fait qu'il ait pu parler de moi à Alyssa, ça me surprit. J'avais toujours pensé qu'après être parti il préférerait m'oublier et ne plus jamais prononcer mon prénom ou l'entendre.
Mon père se gara dans une petite allée où il n'y avait que des maisons toutes plus imposantes les unes que les autres avec de grands portails tous décorés de fleurs ou de lierre.
Il se dirigea alors vers un grand portail noir aux allures de châteaux et l'ouvris grâce à son boitier électronique.
Le portail s'ouvrit sur une grande allée entourée par de nombreux rosiers, on pouvait déjà apercevoir la maison du portail. C'était une immense villa blanche et très moderne avec de nombreuse baies-vitrées, je me demandais alors quel été l'intérêt d'acheter une aussi grande maison lorsque l'on n'étaient que deux à y vivre. Une pensée horrible me traversa alors l'esprit mais mon père m'interrompit et je perdis le fil.
- Elle te plaît ?
- Oui, elle est magnifique !
- Il y a une grande piscine derrière, tu vas adorer, il y a aussi une grande salle de jeux à côté de ta chambre avec un immense billard. Je me souviens encore des soirées que l'on passait tous les deux au bar à jouer au billard, ça me manque parfois quand je joue avec Alyssa je repense à toutes ces soirées. dit-il avec un sourire triste et un éclat passa dans ses prunelles couleur argent que je tenais d'ailleurs de lui.
Cette couleur unique, un bleu si claire qu'il tirait vers le gris ou l'argent, du coup j'avais hérité des cheveux de ma mère: de long cheveux ondulés et châtain. Mais ma mère avait décidée de se couper les cheveux et de se les teindre en blond alors je ne lui ressemblait plus autant. Mon père avait une fois de plus les larmes aux yeux et je repensais moi aussi à toutes nos soirées billard au bar du coin de la rue, j'avais tant de bons souvenirs là bas avec lui. Je ne m'étais même pas rendue compte que nous étions déjà arrivés sur le perron.
- Entre, je t'en prie.
J'entrais et y découvris un magnifique hall d'entrée soutenu par de grandes colonnes. Au milieu de ce hall trônait un magnifique escalier en marbre qui se divisait en deux sur le haut pour partir chacun de son côté. Au plafond je découvris un magnifique lustre en cristal et je ne pus m'empêcher de demander à mon père:
- Papa ? D' où vient tout cet argent ?
- Je comprends que tu puisses t'interroger là dessus. Alyssa vient d'une grande famille et a obtenu plusieurs héritages.
- Enfin, vous voilà ! Je ne tenais plus en place !
Mon père leva la tête et un immense sourire se plaqua sur son visage, je suivi son regard et y découvris un grande brune aux yeux noisette. Elle descendit les marches quatre à quatre, elle avait l'allure et la démarche des mannequins victoria secret, elle se planta devant mon père pour lui planter un bisou sur la joue.
- Jade, je te présente Alyssa. Alyssa voici Jade.
Alyssa se tourna vers moi, son regard s'illumina et elle se jeta dans mes bras.
- J'avais tellement hâte de te rencontrer Jade ! Depuis le temps que ton père me parle de toi, j'ai l'impression de te connaître depuis des années.
- Je suis sûr que vous allez très bien vous entendre. dit mon père avec entrain.
- J'en suis sûr, papa ! dis-je en lui lançant en immense sourire.
Il parût aux anges face à mon enthousiasme.
- Allez suis moi Jade, je vais te faire visiter ! Tu dois être épuisée par ton voyage.
- Oui c'est vrai, je rêve d'une douche !
Mon père et Alyssa me font faire le tour de la villa en terminant par l'étage. Je suivis mon père dans les escaliers et Alyssa nous informa qu'elle se rendait dans la cuisine pour préparer le dîner.
- Tu as toute l'aile de droite. C'est l'aile pour les chambres d'amis, moi et Alyssa sommes dans l'aile de gauche si tu as besoin de quoi que ce soit n'hésite pas. Tu as la plus grande chambre des deux chambres d'amis avec la plus belle vue. Ta chambre est la première à gauche, la deuxième est la salle de jeu et juste en face de ta chambre la salle de bain avec baignoire et douche à l'italienne. La deuxième porte à droite est la seconde chambre d'amis et au bout du couloir les toilettes.
Il ouvra la porte de ma chambre et je découvris une grande chambre avec un parquet beige, un lit king size juste à côté d'une grande baie-vitrée qui donnait sur un balcon. En face du lit un grand bureau en bois avec au dessus un énorme écran plat et de l'autre côté un grand fauteuil, une lampe et une table basse parfait pour un moment lecture. Je remarquais alors une porte, je l'ouvris et tombai sur un grand dressing avec tout au bout une coiffeuse.
- Je te laisse t'installer, te rafraichir... me dit mon père en sortant de ma chambre et en fermant la porte derrière lui. Je m'assis sur le lit encore stupéfaite de cette maison et de cette immense chambre qu'allait être la mienne pour toute une année. Je pris une douche, me brossai les cheveux, me mis en pyjama et descendis à la cuisine 30 minutes plus tard. J'y retrouvai Alyssa hyper concentrée sur la cuisson de son poulet.
- Oh Jade! Ton père est dans son bureau si tu le cherches. Le poulet sera prêt dans 5 minutes. Oh, je suis nulle j'ai complétement oublié de te demander... Tu n'es pas végétarienne j'espère ?
- Non, non du poulet c'est parfait ! Merci !
Son attention me va droit au cœur. Elle à l'air vraiment gentille. J'espère vraiment bien m'entendre avec elle.
- Tu peux aller chercher ton père s'il te plaît ?
- Oui, bien sûr !
Le dîner se passa encore mieux que j'aurai pu l'imaginer nous avons échangé des banalités, commenté l'actualité et nous sommes rappelé de bon souvenirs. J'étais aux anges lorsqu'à la fin du repas mon père proposa une partie de billard. Mon père et Alyssa se mirent ensemble contre moi ce qui ne m'empêcha pas de les battre à plate couture. C'est donc légère que je passai ma première nuit chez mon père.