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La chaleur émanant du soleil vient vivifier toutes les cellules de mon corps. Allongée au milieu d'un champ de coquelicot arborant les couleurs de celui qui fait vivre notre planète, j'observe l'environnement qui m'entoure et souris face au ciel, heureuse et enfin apaisée. L'odeur de l'herbe et de la terre viennent chatouiller mes narines et réchauffer mon âme, qu'est-ce que j'aime la nature ! Je pourrais rester ici pendant des heures à regarder la vie s'activer autour de moi. Les nuages qui se forment et passent en rafale au-dessus de ma tête, le chant des feuilles quand le vent les frôle, les coquelicots qui dansent au rythme de la brise, ceci est la définition pure et simple de ma vision du bonheur. Rien, n'y personne ne pourrait m'enlever la sensation de bien être qui envahit mon corps peu à peu.
Au loin, au milieu de ce champ de verdure et de multiples fleurs se trouve une cabane en bois un peu délabré. Personne ne semble y habiter depuis un certain au temps au vu des planches de la bâtisse qui jonchent le sol. Une si jolie maison au milieu de la nature n'a pas pu être abandonnée sans raison. L'émotion de savoir que cette maison est sans vie remplit mon cœur de chagrin. Je décide de ne pas y prêter plus attention et reporter mon regard vers le ciel.
À quoi peut bien ressembler Malurn, la planète dont j'entends souvent parler dans mes rêves ? Simple fantaisie de la part d'Amaël ou réalité, je me demande si la Terre est sa réplique parfaite. En fin de compte, qu'est-ce que nous savons sur ce qu'il se passe dans l'espace ? Est-ce que je suis née sur une autre planète comme le dit l'odieux jeune homme aux regards si envoutant ?
Une brise caresse ma peau me créant presque instantanément des frissons sur les avant-bras. Je sens comme du mouvement à mes côtés, mais bizarrement cela ne m'angoisse pas. Je reste parfaitement zen et ferme délicatement les yeux attendant sagement une parole de la personne venue me déranger. Il n'y a que lui qui peut venir m'embêter dans cet endroit de ma tête.
— Malurn est une planète qui ressemble fortement à celle que tu as devant les yeux, murmure-t-il tout en s'allongeant en douceur sur l'herbe.
— Elle est exactement comme la Terre du coup ?
— Elle est beaucoup plus petite, moins peuplée et beaucoup plus verte que la Terre, cela est certain.
Je me penche vers Amaël qui m'observait durant cet échange et lui demande sans prononcer le moindre mot si c'est de là que je viens. Comprenant instantanément ma question muette comme s'il était dans ma tête, il va alors reprendre la parole.
— C'est bien ça. Toi et moi, nous sommes de Malurn.
Bizarrement, savoir que je viens d'une autre planète ne me fait pas paniquer comme il y a quelques jours dans mon rêve éveillé au bowling. L'endroit doit modifier profondément mon jugement ou alors, la zénitude a fini par envahir toutes les parcelles de mon corps, car j'accepte sa révélation, même si en mon for intérieur je devine que quelque chose ne va pas dans mon attitude.
Amaël m'observe avec son regard pétillant que je ne sais pas où me mettre. Habituellement, un malaise se serait déclenché entre nous deux, mais bizarrement rien ne se produit. On continue de se contempler dans le blanc des yeux sans aucune gêne. Seul le vent altère le calme ambiant en soufflant faiblement sur l'herbe et les fleurs dont certains pétales nous effleurent de temps à autre.
— Dis-moi, qu'est-ce que les Sanjar et Mangup ? demandé-je rompant ainsi le silence.
Amaël, surpris et étonné de ma soudaine question, se retourne rapidement pour admirer le ciel comme s'il était à la quête d'une réponse. Le temps se fait long avant qu'il ne se décide à prendre la parole.
— Je ne sais pas par où commencer.
— Par le début, ce serait déjà bien, rétorqué-je en lui souriant fière de ma petite blague qui détend immédiatement l'atmosphère.
Amaël réfléchit à la meilleure façon d'exprimer ce qu'il a à m'avouer. Ses bras viennent rejoindre son torse qui se soulève à cause de sa respiration irrégulière. Ses doigts fins jouent avec le col de son tee-shirt. Son stress me laisse penser que ce qu'il va me dire lui tient tout particulièrement à cœur. Après de longues minutes, il se retourne enfin vers moi sans un sourire et entame ce qu'il semble être sa délivrance.
— Les Sanjar et Mangup sont ce que l'on appellera factions pour que tu comprennes mieux. Chaque personne vivant sur Malurn se voit un jour dans l'obligation de choisir l'un des deux.
— Obligé carrément ? l'interrogé-je pour en savoir plus.
— Kaelia, si tu commences à me couper la parole, je ne vais pas aller très loin. S'il te plaît, c'est déjà assez dur de t'expliquer ce qui me semble normal, alors, tes questions ce sera pour une autre fois.
— Désolée, murmuré-je, honteuse de me faire réprimander.
Pour la première fois qu'Amaël est sérieux, je l'interromps. Si ce n'est pas lui, c'est moi qui m'y mets. On n'y arrivera jamais, il faut croire.
— Je reprends donc, rigole-t-il pour adoucir l'ambiance environnante. Bref, les deux factions ont deux, ce qu'on appellera, métiers distincts cependant l'un ne va pas sans l'autre.
— D'accord et c'est quoi ces métiers distincts ?
— Kaelia ! gronde-t-il en me regardant avec son air mécontent.
Un faible désolé essaye de se faufiler entre mes lèvres. Ce n'est pas ma faute si je suis curieuse, de plus j'ai comme l'impression d'en savoir plus que les autres sur la vie des extraterrestres. Ceci est très jouissif, même si je doute de ce qu'il me dit.
— Il est peut-être un peu trop tôt pour tout t'expliquer de toute manière, me répond-il en levant les yeux pour admirer le ciel.
Il se fout de ma gueule ce mec, ce n'est pas possible ! Je me relève avec une telle énergie que de nombreuses étoiles se mettent à danser dans mon champ de vision et entourent la tête d'Amaël. Celui-ci m'observe attentivement, attendant mon prochain geste brusque qui ne tarde pas à arriver. Il n'a pas le temps de réagir que ma main rencontre violemment son visage avec toute la haine que mon corps et mon esprit encaissent depuis des semaines voire des mois.
— Ce n'est pas quand je vais enfin avoir des réponses sur tout ce qu'il se passe qu'il faut que tu taises ! Alors, maintenant parle ! m'empressé-je d'ajouter tout en me massant ma main douloureuse à croire que j'ai eu plus mal que lui de mon acte, car il ne réagit pas du tout.
Encore un peu sonné de s'être mangé une claque dans la figure, Amaël met du temps à reprendre ses esprits et à continuer son récit sur son monde. Je l'encourage à poursuivre en lui tapant amicalement, et surtout timidement, le haut de l'épaule ce qui le fait sourire étrangement, provoquant en moi des sensations de chaleur. Pourquoi est-ce que je multiplie les tentatives pour le toucher ? Qu'est-ce qu'il ne va pas dans ma tête ?
— Tu aurais pu le demander autrement que par la violence, j'espère que tu le sais, Kaelia ! s'exprime-t-il avec un sourire diabolique qui apparaît pour la première fois depuis le début de notre discussion. Cela fait si longtemps que j'attends de te le dire.
— Abrège, Amaël !
— Doucement la lionne, ne sois pas impatiente, je vais tout te dire ! Les Sanjar et les Mangup agissent sur Terre depuis que les humains y vivent. Nous créons ce que vous appelez les rêves et les cauchemars.
— Quoi ? Comment ça ? crié-je en lui coupant la parole. C'est à cause de vous que je fais ces cauchemars affreux sur l'accident de ma mère ?
Prise d'un excès de colère, je m'empresse de le taper encore et encore sur le torse pour y déverser toute ma haine sans qu'il y dise rien. Tous ses chagrins, toutes ses nuits sans pouvoir fermer l'œil viennent de ceux qui sont censés être de la même espèce que moi. Non, mais c'est une blague, j'espère !
— C'est immoral de me faire supporter un tel supplice tous les jours depuis des mois ! Immoral, tu comprends ce mot ? Vous n'êtes que des monstres !
— Kaelia, laisse-moi au moins t'expliquer, s'il te plaît, me supplie-t-il en ne bougeant pas d'un pouce me permettant de continuer à lui taper dessus.
— Non et tout simplement non, je ne veux rien savoir. Tu n'es qu'un monstre !
Sans que je m'y attende, Amaël arrête mes poings avec ses chaudes mains et me prend contre son torse que j'ai boxé avec grâce quelques instants plus tôt. Contre la chaleur de son corps, je me laisse aller. De nombreuses larmes se déversent sur mon visage allant jusqu'à inonder son vieux tee-shirt.
— Je n'y suis pour rien, je te le promets. Je suis justement ici pour éviter que cela se produise chez les humains, me chuchote-t-il à l'oreille tout en prenant soin de me caresser le haut de ma tête pour m'apaiser.
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Je me réveille allongée sur mon lit sentant encore le contact de sa peau contre la mienne qui me rassurait et me réconfortait contre toute attente. L'instant d'après, mon regard semble chercher quelque chose vers la porte de ma chambre. L'obscurité laisse place à la lumière et j'entrevois la silhouette d'Amaël qui attend un signe de ma part.
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Coucou !
J'espère que vous allez bien et que cette semaine s'est bien passée.
Est-ce que vous vous attendez à une telle révélation de sa part ou pas du tout ? Je serais curieuse d'avoir votre avis.
En tout cas, tout va bien s'accélérer dans les prochains chapitres, j'espère que cela vous plaira !
Comme d'habitude n'hésitez pas à commenter ainsi qu'à voter cela me ferait extrêmement plaisir !
Bisous :)