Il y avait eu une seule ambulance pour toute la famille, mais d'après Lilibeth, elle n'en aurait pas eu besoin si on l'avait écoutée. Elle avait pourtant heurté le lavabo avec assez de violence pour que sa pupille droite soit complètement dilatée, preuve d'une commotion. Raphael avait hurlé jusqu'à ce que Lilibeth ouvre ses yeux quelques minutes après le choc.
Entre tenir Yona qui faisait une crise et regarder mon frère péter un plomb parce que Lilibeth ne bougeait plus du tout, je croyais bien avoir ma dose de traumatisme pour ce soir, mais nous n'avions pas prévu que quelqu'un d'autre nous la mettrait à l'envers.
Maryse avait été mise au courant de ce qu'il s'était passé. Et forcément, elle avait débarqué avec ses grands sabots. Elle hurlait sur Raphael dans le couloir, donc je pouvais très bien entendre. Lilibeth était en train de passer un scanner pour son crâne. Raphael était sur les nerfs et j'avais peur que cela ne déclenche un mal être chez lui dû à sa maladie. Est-ce que tout ce stress était dangereux pour lui ?
Je détournai mon regard de Maryse et de mon frère pour le poser sur la jeune femme qui était allongée sur un lit d'hôpital, les poignets attachés dans ces espèces de menottes rembourrées. Je déglutis, ne sachant pas si je devais aller aider Raphael ou pas. Je ne voulais pas quitter Yona. Lilibeth était dans une colère noire contre elle-même. Raphael était en panique à cause de sa condition. Yona était endormie à cause de tous les médicaments qu'ils lui avaient injectés pour la calmer.
Je pris une profonde inspiration et mon lycan me poussa à rester calme, ce qui était une étape cruciale dans mon contrôle. Il ne voulait pas avoir peur, mais l'état de Yona l'avait déjà mis sur la touche. Savoir que Lilibeth avait sûrement une commotion cérébrale n'était pas folichon. Le plus perturbant ? C'est qu'un simple coup de genou d'un humain lambda n'aurait pas pu provoquer ce genre de blessure. Peut-être que la panique avait développé la force de Yona malgré elle. Comme les légendes urbaines qui disaient que la peur de perdre un être cher vous donnait la force de soulever des voitures.
Je tirai sur mes cheveux et jetai un coup d'œil à mes vêtements. Le sang de Yona les tâchait. Le t-shirt de Raphael lui portait le sang de Lilibeth.
Cette soirée était partie en couille à une vitesse !
_ Elle ne restera pas plus de temps avec vous ! s'écria brutalement Maryse. Vous la mettez en danger ! Je ne peux pas accepter ça. Je n'aurais jamais dû l'accepter !
Je me figeai en entendant ça et contournai le lit. J'ouvris la porte qui alla rebondir contre le mur dans un bruit fracassant.
_ Vous ne pouvez pas nous la prendre ! hurlai-je.
_ Ce n'est pas toi qui décide, Joshua, cracha Maryse.
Elle sortit son portable et en un clin d'œil je le lui piquais avant de le jeter contre le mur. Elle écarquilla ses yeux, quant à Raphael il me fusillait du regard.
_ Tu peux pas être plus discret, gronda-t-il.
_ Comment pouvez-vous lui dire ça ? s'écria Maryse. Vous n'êtes clairement pas fait pour élever des enfants !
Raphael devint brusquement sombre et fit un pas vers Maryse qui prit peur à cause de l'énergie du Freiherr en face d'elle. Elle fit un pas pour reculer.
_ Joshua est un gamin équilibré qui a vécu des traumatismes. Tout comme Yona. Mon enfant sera équilibré et heureux lui aussi ! Ne m'insultez pas !
Sa voix avait résonné dans tout le couloir, comme emplie d'un pouvoir obscur et mordant. Maryse pivota et s'en alla. Elle s'arrêta à la station des infirmières et demanda un téléphone. Je l'entendis parler avec le juge qui donnait les affectations pour les gamins sans foyer.
Yona n'allait pas débarquer là où j'avais atterris.
Hors de question.
_ Ne la laisse pas faire, murmurai-je. Yona sera mise dans des endroits tous aussi funestes que ceux que j'ai vu. Je...
_ Joshua, soupira Raphael. Maryse a les cartes en mains. Et même si je ne suis pas d'accord avec sa façon de faire, elle a peut-être raison. Je ne suis pas son père. Et nous devons....
_ Elle n'a pas blessé Lilibeth volontairement ! m'écriai-je. Et elle a besoin de nous ! Elle a besoin de moi ! Elle ne survivra pas là-bas toute seule !
La panique enfla si vite en moi qu'elle me laissa à bout de souffle. Mon dos heurta le mur. Mon lycan poussa sur mes muscles et ma tête tourna.
La main de Raphael s'abattit sur mon épaule et il avala ma puissance pour la générer dans son propre corps. Ses yeux s'illuminèrent et devinrent animaux pendant un bref instant, puis lentement ils redevinrent humains.
Mon lycan se calma en sentant la présence de son supérieur. Je n'aimais pas quand Raphael faisait ça, mais ça m'aidait à ne pas prendre ma forme animale sans le vouloir. C'était une petite astuce. Mais ça mettait un coup à mon égo.
_ Reste calme, Joshua, ordonna sa voix rauque.
_ Nous sommes sa famille, Raphael, murmurai-je. Nous sommes tout ce qu'elle a. Elle a des souvenirs avec nous. Elle a découvert des tas de trucs. Elle s'est appuyée sur nous. On ne peut pas l'abandonner. Elle ne...
_ Elle a besoin de toi, répéta mon frère.
Il s'écarta lentement et m'observa un instant en silence, puis il me demanda, sérieux :
_ Ou as-tu besoin d'elle ?
J'ouvris la bouche pour répondre, mais l'odeur de Lilibeth nous fit pivoter en même temps vers le bout du couloir. Un infirmier qu'elle connaissait la poussait sur un fauteuil roulant. C'était obligatoire, pour qu'elle ne se blesse pas dans l'enceinte de l'hôpital.
Raphael poussa une exclamation de soulagement et courut vers elle. Lilibeth se leva avant que son collègue ne s'arrête, lui arrachant une grimace. Elle récupéra Raphael dans ses bras et il lui murmura des paroles de réconfort. Elle lui caressa le crâne en le rassurant à son tour, puis le poussa à s'écarter doucement. Ils s'embrassèrent puis Lili le tira vers moi.
_ Comment va-t-elle ? s'enquit ma belle-sœur.
_ Elle dort profondément, répondis-je en grimaçant.
Lilibeth m'observa un instant puis se tourna vers Raphael.
_ Que se passe-t-il ?
Elle avait un gros bleu sur la tempe droite et son œil était un peu injecté de sang. Rien de grave d'après elle, mais ça lui donnait une tête de zombie. C'était bizarre.
_ Maryse a appelé le juge, soupira Raphael. Yona ne restera pas avec nous.
Je n'en écoutai pas plus et retournai dans la chambre. Je tirai une chaise et m'installai à côté de Yona. J'allumai mon MP3 et lançai une musique que je savais qu'elle appréciait. Je lui mis un écouteur et gardai l'autre pour moi. Je me mis à chantonner doucement, observant son visage paisible à ce moment-là.
Elle avait eu plusieurs points de sutures sur les jambes dans les entailles les plus profondes, sinon de simples pansements. Elle s'était blessé assez gravement pour que son état soit considéré comme dangereux. Si Maryse avait voulu, elle aurait pu la faire interner. Je le sentais. Mais c'était une crise. Yona n'avait pas eu conscience de tout ça. Elle avait simplement été mue par l'instinct le plus vieux du monde. Celui de la survie. Peut-être que sa jambe lui avait paru étrangère. Peut-être que ça avait pu la soulager de se faire du mal. Sentir qu'elle était là et que cette jambe était la sienne. Qu'elle lui appartenait encore et qu'elle n'était plus aux mains de ses agresseurs. Qu'est-ce que j'en savais ?
Dom et deux autres Ritters nous rejoignirent durant la nuit. Les collègues de Lili nous installèrent deux lits de camps dans la chambre de Yona pour qu'on puisse dormir avec elle. Lilibeth fut réveillée toutes les deux heures par un Raphael effrayé qu'elle n'ouvre plus jamais les yeux. C'était la procédure standard quand une personne avait une commotion. Malheureusement, cela acheva l'humeur de Lili qui fut grognon au réveil.
Elle réussit je ne sais comment à nous mettre tous dans la voiture avant la fin de l'après-midi. Yona s'était réveillée sans aucun souvenir de la journée précédente et nous avions dû lui expliquer. Lilibeth avait employé des mots simples pour que Yona comprenne.
Malgré la patience et la gentillesse de Lili, la jeune fille avait craqué plusieurs fois, s'excusant encore et encore. J'avais caché les traces de griffures qu'elle m'avait laissé en se débattant pour ne pas qu'elle se sente plus mal.
Maryse avait encore hurlé et hurlé, mais Raphael avait tout de même déposé Yona à l'arrière de la voiture avec moi. Il avait dit et je cite « Si vous comptez nous l'enlever, nous comptons nous occuper d'elle jusqu'au bout. ». Ce qui avait fermé le caquet sonore de la maudite sorcière.
Nous étions donc en train de rentrer à la maison, sachant que cette période-là était comptée. Lilibeth avait expliqué à Yona ce qui allait se passer et cela n'avait pas plus à la jeune femme. C'était normal après tout, nous étions sa famille.
Cependant, nous n'avions plus le choix.
_ Et si je demande à rester avec vous ? souffla Yona, sa tête contre mon épaule.
Je passai mon bras autour de ses épaules et poussai sa joue vers ma bouche. Je claquai un baiser sur sa peau et elle ne put retenir un sourire.
_ On est une famille, murmurai-je.
_ Tu ne peux pas faire de demande ma puce, soupira Lilibeth en se tournant.
Yona la regarda et des larmes perlèrent sur ses joues. Lilibeth tendit sa main et Yona se jeta dessus comme si c'était la dernière bouée dans cette mer sauvage.
Ouais, c'était n'importe quoi.
Je ne dormis pas cette nuit-là. Je surveillai le sommeil de Yona qui était pressé contre mon flanc, sous la couette, bien au chaud. J'étais sous ma forme de lycan et comme ça ne dérangeait pas Yona, je restai ainsi. Mon animal voulait veiller sa famille. Ce que je pouvais totalement comprendre. A cause des médicaments, Yona eut un sommeil sans rêve et profond. C'était sûrement une bonne chose.
Au matin, il fallut faire avaler de la nourriture à Yona et ce fut compliqué. Je dus même lui faire du chantage, ce qui ne plut pas du tout à Lilibeth qui ronchonna pendant le repas.
Yona parla avec elle pendant deux bonnes heures sur la terrasse, sans que je n'écoute. Je savais que Yona et Lilibeth avaient une relation particulière et je voulais leur laisser du temps. Je réussis à aller courir un peu dans le quartier, sans m'éloigner de la maison. Je sentis même Dom me suivre en courant, mais lui repartit pour une heure de plus quand je rentrais enfin à la maison.
Au moment où je poussai la porte d'entrée, j'entendis les sanglots de Yona et les douces paroles de Lilibeth qui tentait de la rassurer.
Pourquoi Maryse ne comprenait-elle pas que ce qu'elle faisait était bien pire ? Elle allait détruire la seule constante de la vie de Yona. Nous.
Nous étions cette constante.
J'allais me doucher et quand je descendis, un silence me parvenait de la terrasse. Je rejoignis les filles et les découvris avec une tendresse et une tristesse qui me serra le cœur et eus presque raison de moi. Yona était lovée contre le flanc de Lilibeth qui la berçait doucement.
_ Viens, Joshy, murmura Beth.
Je m'approchai, reniflant bruyamment. Je me pressai contre le dos de Yona qui se remit à sangloter doucement. Je ne montrai pas mes larmes, les laissai simplement glisser sur mes joues.
Qu'est-ce que j'allais faire sans elle ?
* * *
Yona me regardait, un peu suspicieux. Elle n'avait pas beaucoup sourit depuis l'appel du juge qui s'occupait de son dossier. Cela faisait une semaine que sa crise avait eue lieu. Le téléphone avait sonné ce matin pour lui annoncer que dans cinq jours, une assistante sociale viendrait accompagnée de Maryse pour pouvoir la déplacer dans un autre endroit.
_ La dernière fois qu'on a fait ça, il s'est passé un truc moche, remarqua-t-elle, judicieusement.
_ Oh aller, grognai-je. C'est la dernière balade qu'on va faire ensemble. Et en plus, Lilibeth a besoin de sucre et de farine pour faire sa fameuse tarte. C'est une occasion.
_ C'est un prétexte, me rétorqua ma Yona.
Je souris et fis quelques pas de danse pour m'approcher d'elle avant de lui tendre ma main. Elle croisa ses bras sur sa poitrine. J'observai son legging. Nous l'avions reçu hier et il était encore mieux en vrai que sur la photo. Les licornes se détachaient blanches et dorés, et en fond des étoiles ignobles avec des arcs-en-ciel fluo. Elle avait un de mes pulls ce qui cachaient le haut de son legging, mais pas la magnificence de ce tableau qui avait fait loucher Raphael et éclater de rire Lilibeth.
_ Cesse d'observer mes licornes, Josh, maugréa-t-elle.
_ Elles sont trop belles. Je ne peux en détourner mon...
J'esquivai sa main pour mieux l'attraper. Elle soupira quand je la tirai vers moi. Son regard fut légèrement effrayé quand elle le posa sur le petit portillon du jardin.
_ J'ai réussi à te faire enfiler des baskets, remarquai-je. Et j'ai réussi à te faire cette natte immonde qui ne rend pas justice à tes licornes. Tu es prête pour sortir un peu. Ça fait quatre jours qu'on est dans cette maison. Si Lili ne nous a pas tué, c'est juste parce que tu fais la cuisine et que tu l'aides pour la maison.
_ Au contraire de toi, minauda Yona.
Je ris et hochai la tête.
_ Vrai, admis-je.
_ Tu l'aideras quand je ne serais plus là, hein ?
Mon cœur tomba au fond de mon estomac et je sentis mon sourire s'éteindre. Yona me regarda et son humeur changea malgré mes efforts.
_ On a les portables et Skype. On pourra parler autant qu'on veut jusqu'à ce que Raphael réussisse à te récupérer. Il l'a fait avec moi, on y arrivera avec toi.
Sa main serra la mienne. Je l'enlaçai, la gardant quelques minutes dans notre câlin habituel. Sa tête dans mon cou, son nez contre ma peau, se rassurant.
_ Je ne veux pas partir, murmura Yona. Je ne saurais pas quoi faire sans toi... je crois.
_ Bien sûr que si. Tu m'écriras, tu chercheras des nouvelles musiques et je te filerai mes fiches comme ça tu m'interrogeras sur Skype.
Elle sourit, un peu.
_ Allons-y, craqua-t-elle. Plus vite on ira, plus vite on reviendra.
_ Pas faux ça ! m'écriai-je en prenant la perche qu'elle m'avait tendue.
On parlait beaucoup le soir et ça me remuait assez comme ça. On cherchait des occupations. Des moyens de se voir. Des moyens pour qu'elle reste tout simplement.
L'épicerie du quartier était à vingt minutes à pieds. Cela nous permettait de faire un simple détour pour aller voir le parc, puis aller acheter ce qu'il fallait pour Lilibeth. Yona prenait quelques photos avec mon portable. Elle tentait de garder des souvenirs, alors je la laissai faire.
Quand nous sortîmes de l'épicerie, je vis le ciel s'assombrir. Mince.
_ Il va pleuvoir, maugréa Yona.
_ Ouais, vaut mieux qu'on se dépêche, admis-je. Sinon on risque de tomber malade.
Je restai un instant silencieux.
_ Ou on pourrait se faire tremper exprès, remarquai-je.
Yona leva les yeux au ciel et se pressa contre mon flanc pour qu'on se remette en marche.
Ce ne fut qu'au dernier moment que mon lycan s'alarma. Je levai mon visage sur notre gauche, vers la petite ruelle qui menait derrière l'épicerie quand soudain deux mains agrippèrent Yona. Elle se mit à hurler, mais déjà, on me ceinturait moi aussi.
En quelques secondes, on finit plaquer au sol, l'un en face de l'autre. Le regard de Yona était écarquillé, ses pupilles dilatées. Elle sembla presque tourner de l'œil quand on nous mit un bâillon, nous empêchant de crier.
PUTAIN !
Pourquoi m'étais-je fait avoir de cette façon franchement ? Je fermai les yeux un instant et lançai un appel au secours sur le réseau de la meute. Raphael réagit immédiatement, mais je n'étais pas sûr qu'il arrive à temps.
Le béton froid sous ma joue me faisait mal, mais mon lycan était calme. Il voulait prendre le dessus et régler le compte des trois mecs. Nous nous entraînions dans cette optique. Nous pouvions le faire.
Le souffle de Yona se fit erratique à la sortie de sa bouche.
_ On en a mis du temps à vous chopper.
_ Qu'est-ce qu'on fait de lui ? Le job c'était elle.
_ On le bute ? releva le troisième.
Yona cria à travers son bâillon. Je secouai la tête.
_ On peut lui donner une leçon. Il a tué Gregor. Il le mérite.
Les larmes de Yona redoublèrent quand elle comprit que c'était ceux qui l'avait kidnappé qui nous tenait.
NON !
NON ce n'était pas POSSIBLE !
Nous avions fait tout ça pour rien ?
Soudain, les mains du premier m'agrippèrent et me plaquèrent contre le mur. Il sortit un couteau et le fit tourner entre ses doigts.
_ Alors gamin ? Ça t'a fait quoi de tuer un homme ?
Je le fusillai du regard et laissai mon lycan couler dans mes membres. Il lança notre tête le plus fort possible et assomma l'homme en face de lui. J'entendis le cri de Yona, mais trop tard.
Le second homme avait sorti sa batte et l'écrasa contre mon flanc. Je hurlai et tombai sur le côté. La douleur explosa, aussi forte que lorsque j'avais tué pour la première fois.
Je réussis à rouler, mais la souffrance me désorienta et un nouveau coup s'écrasa sur mon bras qui craqua.
Le choc.
La peur.
Mon os était brisé en deux, mon bras ne bougeait plus.
Mon cerveau était saturé par la douleur. Je ne savais plus quoi faire pour arrêter tout ça.
NON !
NON !
PAS ELLE !
PAS CA !
NON !
Je hurlai à travers mon bâillon mais cela ne servait à rien !
La bouche de Yona était ouverte sur un cri quand un nouveau coup atterrit sur mon épaule.
Encore un fois.
Ce choc.
Ce bruit.
Cette douleur immense avant qu'un léger froid ne parcourt mon corps.
Le prochain coup était pour ma gueule.
Merde.
Les autres n'étaient pas là.
Je ne pouvais pas... mourir maintenant.
Pas devant elle.
Pas comme ça.
Je devais...
Je devais me battre.
Je devais... la sauver.
Je devais...
_ Attends ! s'écria le troisième. Brise-lui les deux bras. Fais le souffrir un peu.
_ Et si quelqu'un arrive ?
_ Il a trop peur, il a pas pu contacter sa meute.
Un autre coup sur mon bras me fit tourner de l'œil.
On me fit rouler sur le dos.
Je ne comprenais même plus ce que j'avais devant moi.
Je clignai des yeux, aussi vite que possible pour voir la batte se lever au-dessus de mon crâne.
Yona.
Yona.
Quelqu'un devait la sauver.
Je n'étais pas assez fort pour le faire.
Raphael.
Raphael.
Pitié. Que quelqu'un nous aide.
Que quelqu'un....
Soudain, un rugissement retentit et des cris résonnèrent tout autour de moi.
Je penchai ma tête sur le côté et regardai à l'endroit où Yona aurait dû se trouver.
Le legging licorne était en morceau.
Lentement, je sentis un corps chaud se poster au-dessus de moi.
Une longue langue râpeuse me lécha toute la joue. Ça sentait le sang.
Je regardai la lycan au-dessus de moi.
Son énergie était vibrante.
Chaude.
Magnifique.
_ Yo...Yona, soufflai-je.
Mais la douleur était encore là et mon corps ne tint pas le coup.
Je sombrai avant d'avoir pu voir la beauté de son animal.
Yona.
Yona était...
Yona était une lycan.
Yona était comme moi.
Yona.
Yona.
Yona.
*
* *
*
Nous y sommes ENFIN ! Alors, contentes ?