OUR ANCHOR T1 Broken [Terminée]

48 || Lilibeth

Je regardai de loin les collègues parler à voix basse. Cela faisait trois semaines que l'un d'entre eux avait disparu. Mickael Simons. Il avait à peine prévenu la hiérarchie. Trois semaines après sa disparition, on en parlait encore dans le service. Sa femme et son bébé n'avaient pas été retrouvés non plus. À croire qu'il les avait embarqués après l'épisode que nous avions vécu. Je ne voulais pas vraiment le savoir. Je retirai mes fringues. Il était un peu plus de six heures du soir. J'avais réussi à récupérer des journées, même si j'avais encore des gardes de nuit.

Le fait que nous soyons devenus temporairement famille d'accueil pour Yona était en partie responsable de ce changement d'horaires. Rien de grave, mais il fallait une petite organisation. Raphael était sur les nerfs depuis trois semaines et je crois que cela ne jouait pas en sa faveur. Je le savais. Je tentai de le libérer de certaines responsabilités, mais tout ne fonctionnait pas encore comme on le désirait. Il y avait encore quelques soucis. Je remis mes fringues et tirai mon sac du vestiaire, n'écoutant pas plus la conversation.

La police nous avait dit de garder le silence sur nos témoignages. L'enquête était toujours ouverte. Quand nous avions récupéré Yona, le soir où elle était littéralement tombée sur Joshua, Dom avait remonté une piste très facilement. Elle avait mené directement chez Mickael Simons. Je déglutis et fonçai vers ma voiture. Je sortis mes clés de ma poche bien avant de l'ouvrir rapidement. Je démarrai et rentrai à la maison. J'avais encore deux jours de travail avant d'avoir un peu de vacances. Avec tout ce qu'il s'était passé, j'en avais grandement besoin. Cela éviterait à Raphael de tout faire à la maison, en plus de gérer sa meute, de rendre des comptes à Lothar, mais aussi de s'occuper de deux adolescents traumatisés.

Je sursautai dans le lit en entendant des cris. Raphael était déjà debout, courant dans le couloir. Je le rejoignis précipitamment et me rendis compte qu'il n'était pas dans la chambre de Yona. Cela faisait deux jours que nous l'avions récupérée. Sa porte était à moitié ouverte et son regard me suivit par l'entrebâillement. Je rentrai dans la chambre de Joshua.

Il était assis en plein milieu de son lit, des larmes sur les joues, un cri s'éteignant lentement au bout des lèvres. Les mains de Raphael étaient sur son visage, le rassurant.

Je m'approchai lentement et contournai le lit. Je m'assis sur le matelas et pris Joshua contre moi, sa joue contre ma poitrine. Il sanglota contre moi, sa respiration laborieuse.

Le regard inquiet de Raphael croisa le mien.

— Tout va bien, Joshy, murmurai-je.

Mon murmure dura pendant une bonne heure, jusqu'à ce que Joshua se soit endormi sur mes cuisses, ma main sur sa nuque, l'autre entre ses doigts. Raphael s'était endormi sur le canapé qui se trouvait dans la chambre de Joshua. Il ne pouvait pas se permettre de perdre encore plus de sommeil que ça. Sa santé en pâtirait bien trop. Elle le faisait déjà.

Le corps de Joshua trembla un peu et je me remis à lui murmurer des mots rassurants. Le cauchemar sembla passer.

Il en faisait quatre ou cinq par nuit au début. Maintenant, ce n'était que deux ou trois. Une amélioration ? Peut-être. Pas assez à mon goût. Il continuerait d'aller voir Maryse pendant encore quelques mois. Ils s'appréciaient tous les deux pour une raison que je ne comprenais pas forcément.

À un moment, Raphael se réveilla et me demanda si je désirais quelque chose. Je secouai la tête. Il m'embrassa doucement la tempe et s'éclipsa.

Quelques secondes plus tard, Yona entrait dans la chambre. Elle se glissa sur le lit, lentement. Tout en positionnant correctement son plâtre comme je lui avais montré, elle réussit à se presser contre le dos de Joshua, sa tête entre ses omoplates. Dans une pulsion de tendresse, je passai mes doigts dans ses cheveux courts. Elle se pressa contre ma main un instant avant de fermer ses yeux et de respirer l'odeur de Joshua.