OUR ANCHOR T1 Broken [Terminée]

34 | Raphaël

Ce n'était pas ma façon de faire.

Ce n'était pas ce que j'étais.

Mais il y avait toujours cette dualité.

Le comportement. La loi. Ce n'était pas bien plus compliqué que ça. Surtout lorsque mon frère était dans la balance.

Surtout lorsque Beth était impliquée.

J'étais un Freiherr. Je protégeai les miens. Je ne détournai pas les yeux sous prétexte qu'il aurait fallu le faire.

Qui décidait de ça ? J'avais un respect énorme pour mon Kaizer, bien plus encore pour mon Krig. Mais parfois, parfois, il fallait laisser la raison de côté.

Et effacer la distance entre justice et vengeance.

Ce n'était pas ma façon de faire.

Vraiment ?

Pourtant, ce n'était pas non plus contre mes principes. Sinon, je n'aurais pas été là.

Sinon, je n'aurais pas choisi d'agir comme ma conscience me le soufflait.

J'étais un Freiherr. Et le bon sens aurait dû être avec moi.

Quelle blague.

Tout le monde savait qu'il y avait des problèmes avec certains extrémistes. Des adorateurs de notre ancien Kaizer ; Aran le Fou.

Il était intéressant de voir ce qu'on retenait des gens au final ; le mauvais prenait toujours le pas sur le bon. On n'y dérogeait jamais. Peut-être parce que l'histoire se bâtissait bien plus sur ça que sur tout le reste. Comment le savoir ?

Le problème avec ces connards, c'est qu'ils étaient partout et nulle part à la fois. Ce qui laissait pas mal de place à l'effet de surprise. En général, je ne faisais pas plus attention que ça, mais là, ça me touchait de près et ça, je ne pouvais pas laisser passer.

J'aurais dû.

Putain, c'était même évident, surtout avec Richard en ville. Mais tant pis.

J'avais l'audace du condamné.

Dom n'était pas d'accord avec moi. Voilà pourquoi c'était Tarik qui m'accompagnait. Lui, il était impulsif, un peu rentre dedans. Ce qui n'était pas toujours une très bonne chose. Hormis maintenant.

J'avais su m'entourer de lycans qui n'avaient pas beaucoup en commun. Ce n'était pas facile tous les jours, mais ça avait le mérite d'être stimulant. Un peu épuisant parfois, mais je l'avais voulu. Je l'avais choisi.

— Selvi est vexée, lâcha mon Ritter.

J'arquai un sourcil dans sa direction. Selvi était sa compagne depuis bon nombre d'années. Ensemble, ils avaient eu des jumelles. L'une, Razane, était partie faire ses études ailleurs.

Selvi était un brin de femme un peu excentrique, avec un bon gros grain de folie comme j'adorais. Elle envoyait des vibrations intéressantes.

— Ah ?

Tarik leva les yeux au ciel et s'écarta pour laisser passer des gosses qui se couraient après.

— Tu es un excellent meneur, Raph, mais putain, qu'est-ce que tu es un piètre cachottier.

Hum. Au moins, ça avait le mérite d'être clair. Est-ce que je pouvais encore feindre de ne pas comprendre ou c'était de trop ?

— Tu pourrais me ménager un peu, tu ne crois pas ?

Mon Ritter éclata de rire et me donna une vigoureuse tape dans le dos.

— Je ne suis pas vraiment là pour ça. Et puis tu ne donnes pas envie qu'on te serre dans nos bras.