OUR ANCHOR T1 Broken [Terminée]

63 || Warren

J'avais appris très jeune à disparaître de la vue des autres. J'avais toujours été très doué à ce jeu-là. Ça avait rendu fou Abel et Yuri pendant plusieurs années jusqu'à ce qu'ils comprennent comment je fonctionnais.

Sauf que je ne fonctionnais pas normalement en ce moment même. Je n'allais pas utiliser les cachettes habituelles. J'avais bien compris que le fait qu'Achilles me libère de cette façon n'allait pas arranger nos relations avec la police locale. Pardon, avec la Brigade Noire. Est-ce que je voulais seulement me soucier de ça ?

Je me posai dans un dinner et m'installai au bar. Je n'avais pas d'argent sur moi, mais l'humain qui me vit me reconnut aisément. J'avais mes indics un peu partout.

_ Tu ne devrais pas rester, souffla-t-il en s'approchant.

Il jeta un coup d'œil à la télévision. L'information n'avait pas encore filtré, mais je savais que bientôt tout le monde parlerait de l'évasion du Krig. Je déglutis. De l'ancien Krig surtout. Je n'avais plus l'étoffe de mon ancien rang et qu'Aslander pense seulement à m'aider me donnait la nausée. Je ne voulais pas de son aide.

Je ne voulais l'aide de personne.

J'avais des gens à voir. À qui parler.

J'avais des problèmes à régler et j'allais les faire dans l'ordre.

_ Tu as un téléphone ? m'enquis-je.

_ Viens avec moi, dit-il en soulevant une partie du comptoir pour me laisser passer.

En sortant du restaurant, j'avais un pull à capuche, une casquette, des lunettes de soleil et j'avais changé de fringues. J'avais un téléphone qui n'était pas traçable et un peu de frics. Je me mis en marche, direction l'hôpital.

J'allumai le portable et tapai un rapide numéro que je connaissais par cœur.

_ Qui est-ce ? s'enquit la voix au bout du fil.

_ C'est moi, grondai-je.

_ Attends une seconde, m'enjoignit Arzhel.

Il se mit à courir et j'entendis plusieurs portes. Puis, le nom de notre Empereur.

De notre Sire.

Je fermai un instant les yeux avant de me cacher dans une ruelle. Mon lycan voulait changer pour se déplacer plus vite, pour être plus rapide à la rejoindre, elle.

Il n'y avait plus qu'elle dans cette vie.

Il n'y avait plus qu'elle.

Bien sûr qu'il ne voulait pas l'abandonner à un autre.

Bien sûr qu'il ne supporterait pas l'idée qu'un autre homme la touche.

Bien sûr qu'il voulait vivre pour la dernière pièce de sa vie qui résistait. Mais résistait-elle vraiment ? Abel avait dit qu'elle avait cessé de se battre. Elle aurait pu mourir.

Elle aurait pu disparaître. Comme Ashika.

Elle aurait pu simplement ne plus être dans ma vie.

Succomber une fois pour toutes et ne plus jamais me parler.

Me toucher.

Me rassurer.

Me permettre de respirer.

_ Warren.

La voix tendue d'Aslander résonna dans l'appareil et un nouveau poids comprima ma poitrine.

_ Achilles est à toi ? crachai-je. Comment tu as pu oublier de me préciser ce détail ?

_ C'est donc bien toi, comprit Aslander.