OUR ANCHOR T1 Broken [Terminé...

By Shirayukitaki

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La fille d'un des plus puissants Krig d'Australie disparaît. Dans son sillage, elle emporte bien plus que son... More

I - Broken
Avant-propos
Informations générales
Casting #1
Soundtrack Our Anchor
Première partie
1 | Warren
2 | Ashika
3 | Maze
4 | Warren
5 | Ashika
6 | Maze
7 | Warren
8 | Joshua
9 | Raphaël
10 | Warren
11 | Lilibeth
12 | Ashika
13 | Maze
14 | Joshua
15 | Lilibeth
16 | Warren
17 | Ashika
18 | Raphaël
19 | Maze
20 | Lilibeth
21 | Warren
22 | Joshua
23 | Raphaël
24 | Maze
25 | Joshua
26 | Lilibeth
27 | Warren
28 | Ashika
29 | Maze
30 | Raphaël
31 | Lilibeth
32 | Joshua
33 | Warren
34 | Raphaël
35 | Maze
36 | Ashika ⚠️
37 | Warren ⚠️
38 | Maze
39 | Ashika
Debrief première partie
Casting #2
Deuxième partie
40 ||
41 || Joshua ⚠️
42 || Lilibeth
43 || Abel
44 || Raphaël
45 || Maze
46 ||
47 || Joshua
48 || Lilibeth
49 || Abel
50 || Warren
51 || Raphaël
52 || Yona
53 || Maze
54 || Abel
55 || Warren
56 || Joshua
57 || Lilibeth
58 || Yona
59 || Raphaël
60 || Achilles
61 || Joshua
62 || Lilibeth
63 || Warren
64 || Raphaël
65 || Yona
67 || Warren
68 || Abel
69 || Lilibeth
70 || Joshua
71 || Raphaël
72 || Lilibeth
73 || Joshua
74 || Yona
75 || Warren
76 || Maze
77 || Raphaël
78 || Evy
79 || Abel
80 || Ashika
81 || Warren
82 || Raphaël
83 || Lilibeth
84 || Joshua
Fin || Remerciements
Our Anchor || Tome 2

66 || Maze

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By Shirayukitaki

Je cherchai mes clopes. Je refermai le tiroir un peu trop fort et je m'arrêtai, histoire de reprendre mon souffle. J'étais épuisée. Pas seulement physiquement – ce qu'on était en droit d'attendre après un accident pareil –, mais aussi moralement.

Est-ce que j'étais au bout du rouleau ? C'était donc ça, cette impression qui me collait à la peau et qui me compressait jusque mes organes ? Probablement. J'avais envie de rester allongée, toute la journée, voir la lumière de jour décroître progressivement et fermer les yeux au moment où la nuit était la plus profonde.

Mais pour l'heure, j'avais juste envie d'une cigarette et d'un grand verre d'alcool. Le plus fort que j'avais sous la main.

Anesthésié mon cerveau.

Endiguer le flot de souvenirs et la voix d'Ashika.

J'étais comme une merde. Je n'étais plus... moi et ça me bouffait. Ça me grignotait. Ce n'était pas lent ; c'était mortel.

Est-ce qu'on pouvait mourir de malheur ? Est-ce qu'on pouvait finir écraser par le poids de son passé ? De ses regrets ?

— Vous comptez revenir par ici, Mazakeen ?

La voix du Docteur Pratt me fit grincer des dents. Avoir son psy chez soi n'avait rien d'un putain de plaisir. Au contraire. Pourtant, il l'était bel et bien, assis dans mon canapé, avec son flegme habituel et sa patience exacerbée.

J'avais envie de le frapper. Je serrai les poings.

— Pourquoi faire ? grommelai-je, d'une mauvaise foi légendaire.

Son rire emplit l'appartement et j'eus envie de me boucher les oreilles. Je n'avais plus envie de côtoyer le bonheur de près ou de loin. Je voulais ériger une porte entre lui et moi ; une montagne. Je ne voulais plus jamais l'effleurer.

J'étais trop cassée.

Pourquoi les gens avaient-ils une telle emprise ? Un tel pouvoir ? POURQUOI ?!

— Nous savons tous les deux que vous êtes une femme de parole.

Vraiment ? J'avais un sacré doute. Je finis par retourner dans le salon et m'affalai dans mon fauteuil, juste en face de Nate.

Nate.

Mon psy n'avait définitivement pas une tronche à porter ce prénom. Comme quoi. Les Nate faisaient du surf. Les Nate brisaient des cœurs.

Les Nate étaient des tombeurs aux yeux doux. Mon psy ? C'était un dragon sous des airs d'homme parfait.

Nate Pratt. Vraiment ?

— Rappelez-moi ce que fait votre frère, doc, dis-je.

— Pourquoi ce soudain intérêt pour lui ?

Je fis la moue et ramenai une jambe contre moi. Je fis tourner mon bracelet autour de mon poignet, perdu dans sa contemplation quelques secondes.

— Je me demandais comment il s'appelait. Qu'est-ce qui pourrait bien aller avec Nate, vous voyez ? Gideon ? Arthur ? Oh ! Christian ? Non, non. Peut-être Greg ? C'est tendance, juste Greg.

Ça le fit sourire et il posa son stylo à côté de sa cuisse. Comme toujours, il était très bien habillé. Une chemise claire avec un gilet sans manche. Ça faisait très Mentalist. Nate avait un petit air de Patrick Jane c'était sans dire.

— James Pratt, répondit-il. Mon petit frère de quelques années. Il est notaire à Adélaïde, à quelques heures d'ici.

Je hochai la tête parce que je savais où c'était ; Achilles y avait passé un certain temps.

— Notaire et psy ? Et vos parents dans tout ça ? Docteurs ? PDG ?

— Vous n'y êtes pas. Ma mère est une auteure célèbre et mon père était un honnête artisan.

— Il est donc décédé ?

— Je venais d'avoir quinze ans. Tué d'une balle dans la tête.

Oh.

— C'est pour ça que vous avez voulu faire psy ? Pour comprendre les gens ? Même les tueurs ?

Il se rencogna dans le canapé et croisa ses jambes. Il n'y avait aucune trace de tristesse ou de regret sur son visage. Il avait fait son deuil.

Mais était-il passé à autre chose pour autant ?

— J'ai l'impression que cet échange ne va que dans un sens, Mazakeen.

— Ça me va.

— Votre famille est-elle au courant de ce qui vous ait arrivé ?

Je haussai les épaules :

— J'ai omis des détails. Ils savent ce que j'ai jugé nécessaire.

Inutile d'inquiéter tout le monde et de rameuter toute la famille Fairfax pour des broutilles. Même si j'avais bien failli y rester.

— Bon.

Le doc referma son carnet avec un soupir et me fixa. Ses yeux me sondèrent et je me fis violence pour ne pas me tortiller sous son regard scrutateur.

— J'ai accepté que vous quittiez l'hôpital plus tôt à une seule condition, Maze ; que parlions. Et il n'est pas question de parler de la pluie ou du beau temps. Vous avez eu un accident. Si un lycan n'avait pas été là, vous seriez sûrement morte dans votre voiture.

Dit comme ça. Je me frottai la nuque.

— Vous voulez que je vous dise quoi au juste ?

— Vous préférez commencer par quoi ? Abel Kickett ou Warren Archeon ?

J'aurais voulu sceller ma bouche pour toujours. J'aurais voulu anesthésier mon cœur. Stupide organe.

— Et quoi que vous fassiez, nous en viendrons à Ashika aussi.

Un couteau qu'on enfonçait. Encore.

— Pourquoi ? soufflai-je. Parler apaise-t-il ?

— Et l'alcool ? Le déni ? répliqua mon psy, dur.

— Ça aide, avouai-je. Sur un court terme.

Je laissai mon regard glisser vers la baie que j'avais ouverte, histoire de faire entrer un peu d'air. J'inspirai.

— J'ai connu Abel en même temps que le Krig et que tous les loups composant le Fief.

Je fronçai les sourcils.

— En fait, non. Je l'ai rencontré la veille de ma présentation officielle. J'étais dans un bar et lui aussi. Sa technique de drague était un peu lourde, mais on a fini par cuver tous les deux ; parfaits étrangers que nous étions.

Ouais, je m'en souvenais. Et le lendemain, il m'avait copieusement ignorée. Petit con.

— Abel est sûrement la plus grande tête de mule que je connaisse, mais il pensera toujours aux autres avant lui-même. Hachi... Hachi était comme sa gamine. C'était le cas pour tout le monde. Abel est un trou du cul, mais ici, c'est ce qui se rapproche le plus de mon meilleur ami.

Même si ces derniers temps, nous avions été incapables de nous comprendre lui et moi. Pour autant, je savais ce que je lui devais.

Je savais que lui et moi, on pouvait compter l'un sur l'autre.

— C'est mon petit frère casse-cou, même s'il est plus vieux que moi de quelques siècles, hein. Je sais pas quelle merde il a vécu dans sa vie, mais parfois, j'ai l'impression qu'il a eu la même vie pourrie que moi. Avant le Fief. Avant...

Warren.

Je fermai les yeux, chassant ma peine. Ma douleur.

— Quand je regarde ces derniers mois, j'ai l'impression qu'il ne reste que nous deux. On est un peu bancales. Un peu cassés.

Mais nous étions toujours là.

On était la béquille de l'un. Parfois, on se cassait la gueule et ça faisait mal, mais on pouvait tendre la main.

— Mais Hachi... en partant, elle... elle nous a tous pris un petit bout de nous-mêmes, nous faisant paraître des étrangers les uns pour les autres. On n'est plus que l'ombre de nous-mêmes.

Comme si elle avait emporté avec elle tout le bonheur du monde.

Comme si elle avait aspiré tout l'amour du Fief.

— Je crois qu'il y a des personnes sur Terre qui sont là juste pour apporter la joie. Juste pour être aimé. Les autres ne sont là que pour ces personnes.

— Vous n'étiez là que pour Ashika, Maze ?

Je reniflai. Je n'avais pas la force de le regarder. Je n'avais pas le courage de faire face à mon propre chagrin.

— Quand on est adultes, on doit veiller sur les plus jeunes.

— Ashika n'était pas votre fille.

— Ouais. Je sais. Mais pour moi, c'était tout comme.

Et quoi qu'on en dise ou qu'on en pense, j'avais perdu ma fille. Et mon cœur avait été emporté avec elle. Où que soit son corps aujourd'hui.

Le silence. Qui me fit du bien. Qui s'attarda. J'avais envie de poser ma tête et de fermer les yeux.

De dormir.

— Parlez-moi de Warren.

Pour dire quoi ? Et comment le faire ?

— Ça n'a pas été une évidence. Ça n'a pas été un coup de foudre du style jambes flageolantes, cœur battant la chamade et souffle court. Non. C'est venu avec le temps.

Et c'était peut-être pour ça qu'aujourd'hui, ça me paraissait impossible de continuer à respirer s'il n'était pas dans le coin. Si je ne pouvais pas juste aller au Fief pour le voir.

— J'aurais pensé que vous seriez pudique.

J'eus un rire jaune.

— Je suis une adulte et une femme qui s'assume. Je n'ai pas à être pudique sur mes sentiments. Quand je l'ai connu, il était encore avec son ex-femme ; l'abominable garce ; et non, ça ne vient pas de Docteur House, même si Ainsley a un petit air d'Amber. Avec un prénom pareil en même temps, dur de ne pas porter le poids entier de clichés ambulants.

Mais elle aussi, tout s'était envolé. Elle se terrait dans une chambre d'hôtel minable, espérant je ne sais quoi. Le poids de ses regrets l'engloutissait. Moi, je luttai. À bras le corps.

— Tout a été une question de temps. On a commencé à bosser ensemble. À vraiment se connaître. Il a été un ami pendant quelques années, même si entre nous, il y avait un truc. Une petite étincèle qui crépitait de temps à autre. Elle laissait des traces. Elle a commencé à marquer mon corps. Je pense que l'amour n'arrive pas tout de suite. Il faut connaître la personne. La connaître vraiment. Ses bons comme ses mauvais côtés. Il faut percevoir les ombres, les démons.

Warren avait été rapide à comprendre ce qui me hantait. Pour ma part, je savais très bien que j'ignorai encore bien des pans de sa vie, mais ça ne m'avait jamais posé problèmes.

— J'ai vu en Warren... non pas une seconde chance, mais simplement l'opportunité de vivre. À travers lui, j'ai compris qui j'étais, qui je pouvais être. Je me suis dépassée. Et ça, c'est de l'amour.

Le doc m'écoutait. Il n'avait rien écrit dans son carnet. Absolument rien.

— Je ne fais pas le deuil d'Ashika Archeon. Je fais le deuil de Warren, de tout ce que nous avons été l'un pour l'autre. Un lien indéfectible. Vraiment ?

— Il vous aime, Maze. Au moins aussi fort que vous.

— Mais ça ne suffit pas, Nate. L'amour n'est pas un remède. Il ne soignera jamais tous les maux du monde. Il vous donne des ailes. Et il vous les tranche. L'amour est une garce. C'est une putain de connerie philosophique qu'on a réussi à faire gober à tout le monde. Je suis tombée dans le piège.

— Comme tous les bons idiots que nous sommes, alors. Est-ce un mal ?

— Je... je n'ai plus la force d'en parler. Je... je suis fatiguée, dis-je soudain.

Le contrecoup de tout ça. Je sortais à peine de l'hôpital. J'avais besoin de repos. Besoin de recul. Et de boire. Même si ça n'effaçait rien.

— Désolé. Je ne voulais pas vous éprouver.

Warren me manquait tout autant qu'Hachi. Ces quelques moments à l'hôpital tenaient plus du rêve que de la réalité pour moi.

— Avant de partir, il faut que je vous remette quelque chose.

Je finis par le regarder. Il tenait une pochette en kraft. D'où sortait-elle ? Il la déposa sur la table basse, entre lui et moi.

— Prenez le temps de jeter un coup d'œil à ces documents, voulez-vous ?

Je fronçai les sourcils. Le doc se leva et attrapa sa veste.

— Pas la peine de me raccompagner. À demain, Mazakeen.

La porte se referma derrière lui. Je dépliai ma jambe et me penchai pour attraper la pochette. J'en vidai le contenu et des photos épinglées à des feuilles attirèrent mon regard. Il y en avait une dizaine.

Isobel Nordev. Tobias Callaghan.

Joaquim Weaver. Nevena Weaver.

Un sigle sur une feuille.

BFIS.

Bureau Fédéral d'Investigation Surnaturelle. Une branche du FBI.

Qu'est-ce que...

Pourquoi ce dossier ? Qu'est-ce que j'étais censée comprendre ? Il y avait plusieurs documents administratifs. Un ordre de mission.

Et... une demande de mutation. Mes coordonnées avaient déjà toutes été écrites. Il ne manquait plus que ma... signature ?

Retourner aux États-Unis ? Diriger une nouvelle équipe ?

Je reposai le tout et me levai.

Je... il fallait que je...

Bon sang.

Mes repères chancelèrent et mon corps suivit. Je me rattrapai in extremis. J'agrippai la croix autour de mon cou et la serrai très fort entre mes doigts.

Jusqu'à en faire blanchir mes phalanges.


*  *  *


Il faisait froid. La chair de poule recouvrit tout mon corps et je frissonnai, à peine recouverte par mon drap. Il avait dû glisser dans la nuit. Je ne portais qu'une culotte et une brassière. Un verre d'eau avec une aspirine reposait sur ma table basse et mon téléphone s'allumait par intermittence, preuve que quelqu'un essayait de me joindre, mais que je n'en avais rien à foutre.

La fenêtre était ouverte. Je l'avais fermée hier soir.

Ma main, lentement, glissa sous mon oreiller. Le mythe du flic qui dormait avec son arme à portée de mains n'en était pas un. Mes doigts se refermèrent sur la crosse.

Il y avait quelqu'un. Juste dans mon dos.

Tout se confondit. Je me retrouvai à genoux, le canon de mon arme reposant contre le front de Warren.

Pas son lycan. Lui. Juste... lui. Son visage était sombre et marqué.

— Bonjour.

Cette fois, le goût de la réalité était bien là. Dans l'air. À quand remontait la dernière fois où Warren avait été dans mon lit ?

À quand remontait notre dernier fou rire ? Notre dernière vraie étreinte ?

— Putain ! jurai-je.

Il fallait... il me fallait mes menottes. Je devais revêtir ma peau de flic, pas celle de femme. Je devais redevenir qui j'étais.

— Bouge pas, crachai-je en reculant, mes pieds touchant bientôt le parquet.

Je ne le quittai pas des yeux. À aucun moment. Je le visai. Et lorsque je revins avec les menottes, il me laissa l'attacher au montant du lit.

— C'est pour un jeu ?

J'eus envie de le frapper. Pourquoi souriait-il ? Pourquoi ?!

— Tu es complètement inconscient de venir ici !

Abruti. Idiot. Un mandat pesait sur ses épaules. Et lui, il se trimballait comme si de rien n'était.

— Où voulais-tu que j'aille ? s'enquit-il.

J'avais mon téléphone dans la main.

— N'importe où. Au Fief. Avec les tiens. Chez toi, putain !

Je me retins de balancer mon téléphone. Je n'arrivais pas à savoir ce qu'il fallait que je fasse.

Je n'arrivais pas à prendre la bonne décision.

— C'est ici chez moi, souffla-t-il, si bas que je crus avoir rêvé.

Je me retournai. Il me regardait. Il était le même, sans l'être vraiment. J'étais face à Warren et à un étranger.

Comment savoir ?

— C'est toi mon chez-moi.

Tout se brisa.

Mon cœur s'effrita et se désintégra.

Mon âme

S'effilocha et mon souffle

S'envola.

Les larmes dévalèrent mes joues et menacèrent de me noyer. Mon chagrin était un océan. Ma douleur, une montagne que je ne parviendrais jamais à gravir.

— Non... non... tu ne peux pas... TU NE PEUX PAS DIRE ÇA ! hurlai-je, perdant pieds.

Perdant la raison. Mon téléphone se brisa contre le mur en même temps que ma colère se fracassait contre ma souffrance.

— Tu n'as pas... le droit.

Je glissai par terre. Brisée, moi aussi. Mais il n'y avait aucun réparateur pour moi. Il n'y avait aucun moyen de simplement me remplacer.

Un bruit.

Et les bras de Warren autour de moi.

Les sanglots éclatèrent dans ma gorge. Mais je les ravalai. Impitoyablement.

Je ne me reconnaissais plus.

Je ne savais plus qui j'étais. Parce que je n'étais plus la même qu'avant. Et ne le serait certainement plus jamais.

Je devais faire le deuil de moi-même.

— Lâche-moi ! Lâche-moi ! Lâche-moi !

Je ruai, lui donnai des coups, hurlai. Rien n'y fit. Il se cramponnait. Je me cramponnai.

Nous étions attachés l'un à l'autre.

Le remède et le poison.

— Tu es un meurtrier, chuchotai-je, le cœur en morceaux.

Est-ce que j'en avais encore un ?

— C'était... pour elle, Maze. C'était pour mon... bébé.

Oui. Oui. Je le savais. Je le savais. Mais... il m'avait fallu une excuse. Pour... pour le détester.

Pour le haïr de toutes les fibres de mon corps.

Il était parti.

Il m'avait abandonnée. Il m'avait piétinée.

Mise en morceaux.

Mise en lambeaux.

Il m'avait charcutée à coup de mots. Laissant des cicatrices.

— Tu dois... partir.

— Je ne peux pas. Je ne peux pas l'avoir perdu elle et... te perdre toi. Je ne peux pas. Je t'aime.

Je t'aime.

Je t'aime.

Je t'aime.

Je t'aime.

Je t'aime.

Je t'aime.

Je t'aime.

Je t'aime.

Je t'aime.

Oh moi aussi je l'aimais. Je n'avais pas mis des années à m'en rendre compte. C'était venu. Pour ne plus jamais repartir.

Plus jamais.

— Tu es parti. Tu es... parti.

On ne reviendrait pas sur ça. Sa peine, jamais je ne pourrais la comprendre. Jamais je ne pourrais en éprouver la moitié, mais j'avais cru... j'avais espéré que lui et moi, on surmonterait ça.

Ensemble.

On n'aurait jamais pu remplacer Ashika.

On n'aurait jamais pu oublier, mais on aurait continué à vivre.

Lui et moi. Peut-être que ça n'aurait pas marché, mais on aurait essayés.

Lui et moi.

Moi et lui.

Ça n'aurait peut-être pas marché, mais au moins... au moins...

Je ne voulais pas qu'il disparaisse encore.

Je ne voulais pas qu'il parte sans se retourner, comme si je n'étais rien.

Comme

Si

Je

Ne

Comptais

PAS !

— Warren...

Au moins, on aurait essayé.

Tous les deux. Alors pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il...

Le bruit d'une vitre qui explose et du verre qui vole dans les airs. Je fus debout en un rien de temps, arme en main.

Dans le salon, ma fenêtre éventrée et des débris partout. Des papiers volèrent.

Une femme se redressa.

Il y avait du sang sur ses vêtements et elle avait une vilaine entaille à la joue. Son regard étincelait. C'est comme si elle me vit à peine. Ses yeux glissèrent sur moi, invisible, et se posèrent sur Warren.

Elle fit un pas :

— Ne bouge pas ! criai-je, prête à tirer.

Tous les poils de ma nuque étaient dressés. Elle était dangereuse. Elle me foutait les jetons, putain !

La main de Warren sur moi me fit sursauter et il s'avança vers elle. La femme le laissa venir. Il se pencha et elle frotta son nez contre sa joue, sa mâchoire, son visage tout entier. À la façon d'un... animal.

— Tu es blessée, gronda Warren.

Elle crocheta ses bras à sa nuque et un bruit étrange jaillit de sa gorge. Qui... qui était-elle ? La familiarité de leur étreinte me fit... mal.

Me rendit bizarre.

— Louveteau, souffla-t-elle. Louveteau tout seul.

Le silence. Ce bruit dans sa gorge.

— Tu as laissé le louveteau tout seul, Ren.

De... quoi... Hachi ? Est-ce qu'elle parlait de ce rocher qui servait de...

— Tu ne peux pas. Tu ne peux pas.

Elle gémit. Couina.

— On ne laisse pas le louveteau tout seul. Besoin de toi. Besoin de nous. Famille. Famille. Ren.

Les épaules de Warren s'affaissèrent. Totalement. Et irrémédiablement.

— Le louveteau est perdu. Tout seul. Tout seul.

Qu'est-ce qu'elle était en train de faire ?

— Tu n'as pas le droit de le laisser tout seul. Pas le louveteau.

J'ouvris la bouche, prête à lui dire de la fermer, mais son regard me cloua sur place. La peur obstrua ma gorge.

Elle...

Il n'y avait aucune lueur dans ses yeux. Vides.

Effrayants.

— Famille. Pas elle. Pas elle. Nous. Louveteau. Moi. Toi. Famille. Retourner vers le louveteau. Ren. Ren.

— Rentrer.

Où ? Rentrer où ? Dans les bois ? Vers un rocher ?

— Ça suffit, grognai-je, faisant fi de la terreur sourde qui m'habitait face à cette... à ce monstre.

— Tu as abandonné le louveteau.

— FERME-LÀ ! hurlai-je.

Quel monstre était-elle pour dire ça à un père qui avait perdu son unique enfant ?

Je vibrai sous la colère.

— Warren, tu n'as rien abandonné, dis-je. Ne l'écoute pas. Hachi n'est pas là-bas. Hachi n'est pas...

Il se tourna.

Et je vis. Je compris.

Leurs yeux étaient les mêmes.

Leurs regards, aussi noirs et sombres.

— Warren, s'il te plaît. S'il. Te. Plais.

Ne l'écoute pas.

Reste avec moi.

Pitié. Je t'en supplie.

— Tu as dit... tu as dit que j'étais ton chez... ton chez-toi.

Mais ça ne servit à rien. 


*              *

*


Pas mal de détails dans ce chapitre concernant Maze ! Nous apprenons donc que le frangin du doc est notaire et si vous êtes malignes, vous avez fait le rapprochement avec le fameux Pratt que Raphael est allé voir ! Que de liens...

Et Warren qui débarque, tranquille, comme ça et qui balance ça à une Maze complètement retournée. Entre temps on voit apparaître le prénom de NOTRE Joaquim, et portant le même nom que lui, une certaine Nevena ? Hummmmmm ? 

Et là !  Apothéose ! Qui est cette femme plus lycan que femme d'ailleurs qui débarque en plein milieu du salon de Maze et qui en quelques mots arrivent à retourner la tête de notre Krig ?! 


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