OUR ANCHOR T1 Broken [Terminé...

By Shirayukitaki

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La fille d'un des plus puissants Krig d'Australie disparaît. Dans son sillage, elle emporte bien plus que son... More

I - Broken
Avant-propos
Informations générales
Casting #1
Soundtrack Our Anchor
Première partie
1 | Warren
2 | Ashika
3 | Maze
4 | Warren
5 | Ashika
6 | Maze
7 | Warren
8 | Joshua
9 | Raphaël
10 | Warren
11 | Lilibeth
12 | Ashika
13 | Maze
14 | Joshua
15 | Lilibeth
16 | Warren
17 | Ashika
18 | Raphaël
19 | Maze
20 | Lilibeth
21 | Warren
22 | Joshua
23 | Raphaël
24 | Maze
25 | Joshua
26 | Lilibeth
27 | Warren
28 | Ashika
29 | Maze
30 | Raphaël
31 | Lilibeth
32 | Joshua
33 | Warren
34 | Raphaël
35 | Maze
36 | Ashika ⚠️
37 | Warren ⚠️
38 | Maze
39 | Ashika
Debrief première partie
Casting #2
Deuxième partie
40 ||
41 || Joshua ⚠️
42 || Lilibeth
43 || Abel
44 || Raphaël
45 || Maze
46 ||
47 || Joshua
48 || Lilibeth
49 || Abel
50 || Warren
52 || Yona
53 || Maze
54 || Abel
55 || Warren
56 || Joshua
57 || Lilibeth
58 || Yona
59 || Raphaël
60 || Achilles
61 || Joshua
62 || Lilibeth
63 || Warren
64 || Raphaël
65 || Yona
66 || Maze
67 || Warren
68 || Abel
69 || Lilibeth
70 || Joshua
71 || Raphaël
72 || Lilibeth
73 || Joshua
74 || Yona
75 || Warren
76 || Maze
77 || Raphaël
78 || Evy
79 || Abel
80 || Ashika
81 || Warren
82 || Raphaël
83 || Lilibeth
84 || Joshua
Fin || Remerciements
Our Anchor || Tome 2

51 || Raphaël

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By Shirayukitaki

— La maison a été ratissée. Chaque pièce minutieusement fouillée. On n'a rien loupé, Raph.

J'étais accroupi au niveau du plancher, un bras entre mes jambes, pendant dans le vide, mes sens en ébullition, mon lycan fatigué.

Tarik avait raison. Des policiers avaient fait leur job et comme si ça n'avait pas suffi, des lycans y avaient fourré leur nez. Pour trouver une trace, un indice. Mais rien.

Tout était là sous nos yeux, mais ça ne semblait pas suffire. Parce qu'il y avait forcément un truc laissé de côté. Une gamine ne pouvait pas être séquestrée pendant des semaines sans nous offrir quoi que ce soit.

Je ne pouvais pas me contenter de ça. J'en étais incapable.

Entre les cauchemars de Joshua et cette détresse dans les yeux de Yona...

Je me passai une main dans les cheveux.

— On est des putains de traqueurs nés et on est incapable de retrouver un enfoiré d'humain ? hurlai-je presque.

J'étais en colère. Contre la terre entière, peu importe. C'était là, bouillonnant au fond de moi. J'ignorai qui j'essayai d'apaiser ; Yona ou moi-même ?

— Ça n'a aucun sens, lâchai-je en me redressant.

J'avais envie de rendre justice. J'avais envie de tuer ceux qui avaient fait ça de mes propres mains, quitte à devenir un meurtrier.

Où était la justice dans cette histoire ?

Entendre mon frère hurler toutes les nuits était un calvaire. Voir Yona s'agripper à lui était une épreuve.

Je devais les protéger. Des autres, d'eux-mêmes. Mais avec le temps qu'il me restait, j'avais peur de...

Une quinte de toux me gagna. D'une main tremblante, je tirai un mouchoir de ma poche et essayai de limiter les dégâts devant Tarik. Mais il n'était pas idiot. Petit à petit, certains dans la meute comprenaient.

Ils savaient.

— On devrait rentrer, souffla mon Ritter. Ça va bientôt faire un mois, Raph.

Je le savais.

Tous les indices dignes d'intérêt avaient été emportés ; les mégots de cigarettes, les quelques fringues ; tout ce qui était susceptible d'offrir un peu d'ADN.

Où étaient les résultats ?

Qui savait qui était Yona ?

Elle avait été une Jane Doe. Maintenant, elle avait un prénom, mais et son identité dans tout ça ? Il ne suffisait pas qu'on lui donne un prénom pour qu'elle s'en sorte.

Il ne suffisait pas de lui donner une quelconque forme d'amour pour la reconstruire.

Ce n'était pas aussi facile.

— Je sais, dis-je, vaincu. Je sais.

Je détestai cette fatalité.

Je détestai rentrer chaque jour et croiser le regard de cette pauvre gamine.

Nous étions devenus sa bouée de sauvetage, l'empêchant de couler quand tout l'appelait vers le fond.

Que se passerait-il lorsque je ne serais plus là ?

La main de Tarik sur mon épaule.

— Nous sommes là. La meute sera toujours là.

Comme s'il avait lu dans mes pensées. Comme s'il avait compris la peur qui m'étreignait doucement, mais sûrement.

Je ne pouvais pas me laisser aller.

Il n'était plus seulement question de Joshua dorénavant. Ni même de moi.

Les escaliers grincèrent sous nos pas. C'était par ici que Yona s'était enfuie. Avait-elle couru ? Ou avait-elle fait le moins de bruit possible. La porte d'entrée. Qui émit un drôle de bruit lorsqu'on la repoussa.

Je pouvais la voir. Inscrite sur ma rétine. Jetant un dernier coup d'œil derrière elle avant de s'élancer.

Avant de chercher la liberté.

Ça va aller ? demandai-je à mon lycan.

Il le faut, répondit-il d'une voix hachée.


Mon corps changea et je retombai sur quatre pattes. Ma bête s'ébroua et appuya son museau contre la jambe de Tarik qui comprit le message.

Nous nous élançâmes, mon lycan et moi, à travers les arbres, suivant les traces d'une jeune fille.

Je l'imaginai devant moi, pieds nus, faible, mais pas assez pour abandonner sans se battre. Je pouvais voir ses cheveux fouetter l'air derrière son passage. Je pouvais entendre la mesure de sa respiration et les battements effrénés de son cœur.

À quoi avait-elle pensé ?

Le hurlement des chiens la talonnant alors. Ses bourreaux avaient été rapides à se rendre compte de sa fuite.

Un sanglot coincé dans sa gorge.

C'était ça qui était arrivé, n'est-ce pas ? Sa peur. Sa panique. Un cri au bord des lèvres.

Elle tomba. Se releva en tremblant. Elle tourna son visage et je la vis. C'était comme lorsque nous étions arrivés avec Dom.

La pâleur de son visage.

La mort dans son regard.

Les ravages sur son âme.

Ce fut comme si elle plongeait dans mes yeux. Comme si dans son instant présent, elle m'avait vue. Aurait-elle tendu la main vers moi ?

Aurait-elle demandé de l'aide ?

Que lui était-il arrivé ?

Avait-elle fugué ?

Avait-elle été kidnappée ?

Avait-elle suppliée ?

Avait-elle hurlé, encore et encore ?

Nous suivions un fantôme.

Une empreinte laissée là un mois plus tôt.

Son odeur était pourtant encore là. Preuve de son passage. Elle s'accrochait aux arbres, elle glissait dans la terre.

Elle nous enveloppait.

Je n'avais pas la force de l'abandonner.

Je vis le chien l'attaquer.

J'entendis presque la voix des hommes et le coup de feu.

Ça pulsait en moi. Ça montait.

Quelqu'un l'avait-il cherché ? Des parents ? Des frères et sœurs ? Une famille ?

Qui était-elle ?

Elle heurta mon frère.

Et tout s'estompa à partir de là. La suite, je n'avais pas besoin de l'imaginer. Je savais. Je la connaissais.

Ma bête s'arrêta, à bout de souffle et tremblante sur ses pattes. J'y étais peut-être allé un peu trop fort et maintenant, j'en ressentais tout le contre coup.

Nous nous laissâmes glisser au sol. Et il ferma ses paupières.




... aël.

Il faisait froid. J'étais frigorifié, même.

Raphaël.

Lorsque j'ouvris les paupières, il faisait nuit. Tout autour de moi, c'était l'obscurité. J'étais nu, sur le sentier, le corps endolori et l'esprit embrumé.

Soudain, la douleur explosa dans mon corps et je toussai du sang. Ça éclaboussa mes mains. Ça plut sur le sol.

— Raphaël !

Une main s'abattit sur mon épaule et me força à me retourner. Dom observa minutieusement mon visage pendant qu'Azélys déposait une couverture sur moi. Son petit ventre rond ressortait, preuve de l'heureuse nouvelle. C'était une jolie femme, douce avec un caractère de feu.

Je repoussai les mains de Dom et me penchai en avant, essayant de retrouver mon souffle et de me concentrer sur autre chose que la douleur.

Mais elle me transperçait de part en part.

Elle me volait ma raison et annihilait tout.

Mon lycan était replié sur lui-même, souffrant autant que moi.

Je crois que je fus soulevé.

Bientôt, j'eus plus chaud.

Les lumières éclairaient mon visage par intermittence. Je voyais la ville, qui défilait. C'était des étoiles qui dansaient sous mes yeux.

Elles virevoltaient.

Je crois qu'Azélys pleurait. Mais je n'en étais pas sûr.

Tout pulsait en moi.

Douloureusement prégnant. Ma conscience rejoignit mon loup et nous restâmes coller l'un à l'autre cherchant un peu de chaleur.

Cherchant la présence de l'autre.

Nous savions que nous ne mourrions pas seuls.

Nous savions qu'à la toute fin, nous serions ensemble lui et moi.

Le bruit du moteur me berçait. Je fermai les yeux. Et me laissai aller. Complètement.

La douleur explosa.

Et le monde s'effrita.

Nous étions chez Dom.

Le salon était rempli de tous mes lycans, jusque notre Soumis, dernier arrivé parmi nous. Wayne était un chic type, pas très expressif et avec son historique derrière lui, mais il nous faisait du bien.

J'aurais aimé que Beth soit là, qu'elle me tienne la main ou qu'elle soit simplement à mes côtés. Je devrais m'en sortir seul.

Alors, je me lançai ; parce que si mes loups me devaient allégeance, je leur devais la vérité.

— Je suis malade, dis-je.

Était-ce comme ça que j'allais finir par l'annoncer à Joshua ? C'était... une forme d'entraînement ?

Azélys détourna la tête et Jalil, son compagnon, la pressa contre lui. Savait-il seulement pourquoi elle était ainsi ? Lui avait-elle parlé ?

— Malade ? souffla Ugo. Comment ça malade ?

Il s'était penché en avant, les sourcils froncés.

J'aurais aimé pouvoir tempérer. Leur dire que ce n'était rien. Qu'avec une opération, je pourrais vivre. J'aurais aimé.

— J'ai un cancer.

La surprise pour certains, la résignation pour le reste.

— Un... cancer ?

Je n'avais jamais vu une telle fragilité chez mon Ritter. Comme s'il ne comprenait pas. Ou ne voulait pas entendre.

Les larmes coulèrent sur les joues d'Ayasha, la compagne d'Ugo.

— Combien de temps ?

Je fermai les yeux et inspirai.

— Sept ou huit mois. Dans le meilleur des cas.

Le choc. La stupeur.

La colère.

Ugo se redressa, poings serrés.

— Tu le sais depuis quand ? cracha-t-il.

— Des années, avouai-je. Je sais que je vais mourir depuis des années.

— Et tu ne nous as rien dit. Et qu'espères-tu maintenant ? Qu'on soit désolés? Qu'on...

Il tremblait. Il se contenait.

Sa rage se déversait de lui en volutes, me heurtant au passage ; heurtant tout le monde autour de lui.

— Va te faire foutre, Raphaël.

Il envoya valser le vase qui se trouvait là et quitta la maison en claquant la porte derrière lui.

Je l'avais mérité.

Je l'avais... cherché après tout.

D'autres se levèrent et partirent, sans un mot, sans un regard.

— Je suis désolé.

Je leur tournai le dos et montai dans la chambre.

J'avais failli à ma tâche de Freiherr.

J'avais lamentablement échoué et je ne pouvais pas leur en vouloir.

À aucun d'entre eux.


* * *


Beth interrogeait Joshua dans la voiture. Nous allions faire retirer le plâtre de Yona.

Au départ, j'aurais dû y aller seul avec la jeune fille, mais faire entendre raison à mon frère était aussi vain que de parler à un mur.

Voilà donc pourquoi nous étions tous les quatre.

— Alors ?

Sur les cuisses de Beth, les fiches de Joshua.

Elle prenait son rôle très à cœur et ça ne semblait pas déplaire à mon frère. Tant qu'il avait un pied dans les études, je ne pouvais pas trop grogner, même si ce n'était que par correspondance. Il fallait savoir faire des concessions. Et avec lui, le choix n'en était pas un. Avec tout ce qui était arrivé, je ne pouvais pas me permettre d'être trop dur. J'avais lâché l'affaire sur ça, mais pas sur son entraînement de Krig-an. Là-dessus, j'étais intraitable et même Beth avait du mal à comprendre.

C'était la seule façon que j'avais de savoir mon frère vraiment en sécurité.

La seule qui me ferait me sentir... mieux ?

Joshua sembla sécher. Je jetai un coup d'œil dans le rétro et le vit regarder Yona. Aucun mot ne fut échangé ; elle lui tenait la main et semblait tendue, sans être trop inquiète. Elle avait l'habitude de ce trajet.

Cet échange suffit à donner la réponse à Josh, comme si la jeune fille le lui avait soufflé.

Lilibeth me disait que je ne devais pas être inquiet de leur lien, mais je l'étais. Qu'il s'agisse de transfert ou pas, je me devais de faire attention. Il y avait une limite ; la psy avait été claire et je n'étais pas sûr que la dynamique de la relation entre mon frère et Yona lui plaise beaucoup. Mais qu'est-ce qu'on pouvait bien y faire pour le moment ? Moi-même j'étais sur la réserve, attendant, observant. À défaut de pouvoir agir.

Il n'y avait rien de toxique. Rien de malsain. Juste deux gosses se cramponnant l'un à l'autre. S'il devait en être ainsi pour qu'ils aillent mieux, alors pourquoi pas ?

Le plâtre fut retiré sans soucis. Joshua aida Yona à marcher dans la pièce avec attention, lui tenant le bras.

J'avais vu les nombreuses cicatrices sur ses jambes. D'après Beth, aucune ne partirait. Elle devrait faire avec toute sa vie. Un moindre mal après tout ce qui était arrivé. Elle aurait peut-être des faiblesses lorsqu'elle courrait au début, des douleurs, mais rien qui ne la handicaperait sur le long terme.

Si Joshua babilla tel un enfant lors d'une sortie au parc d'attractions, je vis Yona se terrer au fond d'elle-même.

À aucun moment elle ne regarda sa jambe, ni ne la toucha.

Qu'est-ce que ça lui faisait d'avoir enlevé le plâtre ? Mon lycan l'observa avec beaucoup d'attention. Une étrange odeur émanait d'elle. Ce n'était pas dangereux, un peu inquiétant peut-être.

— On va rentrer, dit Beth. Tu accompagnes Yona aujourd'hui ?

Je hochai la tête. Il y avait une séance avec Maryse. Je me penchai sur ma femme :

— Amène le voir la meute un peu, tu veux ? Ça lui fera du bien.

Elle savait ce qui s'était passé avec les autres. Elle n'avait pas été là sur le moment, mais son soutien n'en avait été que plus fort. Beth hocha la tête pendant que Joshua racontait des bêtises à Yona. Lui aussi avait perçu son étrange tension.

J'ébouriffai les cheveux de mon frère et ils disparurent au détour d'un couloir.

— On est en avance alors on va prendre notre temps, d'accord ?

Je ne voulais pas qu'elle se fatigue inutilement. Yona hocha la tête et se mit à marcher, ne se tenant pas très loin du mur au cas où elle vacillerait.

Je me plaçai à ses côtés, surtout pour empêcher qu'elle soit heurtée ou un peu trop bousculée. Cette aile de l'hôpital n'était pas des plus vivante, mais mieux valait être attentif.

Je ne quittai pas son visage des yeux, essayant de capter ce qu'elle pensait, ce qu'elle éprouvait. Ça restait un exercice compliqué.

Yona ne souffrait d'aucune incapacité physique ou physiologique à parler ; c'était un blocage de sa part. Parfois, elle soufflait quelques mots, parfois, je l'entendais rire avec Joshua. Mais c'était tellement rare que ça aurait pu tenir d'une vision de mon esprit.

Que ressentait-elle lorsqu'elle était à la maison ?

Ses lèvres tremblèrent alors. Elle s'arrêta et de son épaule, s'appuya contre le mur.

Je vis son corps tressaillirent et les larmes déborder de ses yeux. Je vis ses poings se serrer. Son corps lutter.

Sa détresse et sa peine étaient palpables.

Ça flottait dans l'air.

Qu'avait-elle ressenti une fois le plâtre retiré ? Parce qu'étrangement, c'était ça. Je ne comprenais pas. Beth aurait pu, peut-être, mais moi, en cet instant, je me sentais démuni face à la détresse d'une gamine qui n'aurait jamais dû atterrir chez nous ; surtout pas dans ces circonstances.

Ma main glissa sur sa nuque et la pressa.

Elle tremblait. Frêle et fragile, elle tenait à peine sur ses jambes.

C'était dur à regarder.

Compliqué à supporter.

Pourtant, c'était un poids que je devais porter maintenant. Hormis nous, qui avait-elle ?

Beth était dans la cuisine et une bonne odeur provenait de ce qu'elle nous concoctait. J'avais faim. Un appétit tout particulier.

— Ça s'est bien passé ? demanda-t-elle.

J'ouvris le frigo pour me servir une bière. J'en bus une grande lampée, histoire de me détendre un peu, mais ça ne fonctionna pas vraiment.

— Pas vraiment, répondis-je. Il s'est passé un truc.

Beth pinça ses lèvres. Nous n'étions pas psys elle et moi, alors il était dur de trouver des réponses, de tenter de trouver des solutions. Heureusement que Maryse était là, même si tout était relatif.

— Et vous ?

Elle me raconta. Je m'avançai dans son dos et passai mes bras autour de son ventre pour venir enfouir mon visage contre la peau tendre de son cou.

Elle sentait bon.

— Ça va, toi ? souffla-t-elle.

— J'ai envie de toi.

Elle gloussa. Et me donna un coup de coude pour calmer mes ardeurs. Je crois.

— Encore heureux ! Mais tu devras attendre ; le repas est bientôt prêt.

— Retardons-le. Personne ne saura...

Elle se retourna dans mes bras et frotta son nez au mien.

— Vous n'avez aucune retenue, monsieur Silva.

— Pas quand il s'agit de ma femme, répondis-je, taquin.

Ses courbes étaient mon enfer. J'avais envie de me plonger en elle avec la ferveur d'un fou. D'un possédé.

Mais la porte claqua et la voix de Joshua résonna :

— On n'a pas besoin de vous voir échanger votre salive, hein.

— File dans ta chambre, toi, grognai-je.

— Pf !

Lilibeth éclata de rire et me tapota gentiment le bras. Je soupirai, vaincu. Je ne pouvais même pas être tranquille sous mon propre toit ; c'était un comble !

Yona ne mangea presque rien. Moi-même je chipotai. Ce n'était jamais très bon signe et ça n'échappa pas à la femme à mes côtés. Joshua parlait pour nous tous.

Il feignait souvent que tout allait bien ces derniers temps. Il ne trompait pas grand monde.

Beth partit un peu plus tard pour rejoindre un groupe d'amies qu'elle n'avait pas vu depuis un petit moment. Il fallait aussi qu'on s'aère, c'était important.

Josh se mit dans la tête de faire couler un bain à Yona, pour qu'elle puisse enfin profiter de la baignoire après son mois dans le plâtre. Ce gamin, sérieusement...

Je me retrouvai dans le salon, peaufinant un projet pour Malcolm. Tout prenait peu à peu forme et ça me plaisait bien. Pour le temps que ça durerait de toute manière.

J'entendis Joshua à l'étage, sûrement au téléphone avec Loki que je n'avais pas beaucoup vu ces derniers temps. Il n'y avait rien d'étonnant à ça. Je savais que ni Ugo, ni Ayasha ne diraient quoi que ce soit.

Qui voulions-nous protéger ?

L'heure passa. J'entendis le léger clapotis de l'eau. Lorsque j'entendis la baignoire se vider, j'essayai d'écouter si Yona n'avait aucun problème à se changer. Mais ce fut le silence.

Je finis par me lever et me retrouvai derrière la porte de la salle de bain du bas.

— Yona ? Tout va bien ?

Elle respirait, ça, nous le percevions ; tout comme les battements de son cœur. Je n'attendais pas vraiment de réponse. Ou peut-être que si.

C'est là que je l'entendis.

Elle pleurait. Silencieusement. Essayant de faire le moins de bruit possible. Dur avec des lycans dans le coin.

Les marches craquèrent. Je levai la tête vers Joshua. Il ne dit rien lorsque j'ouvris la porte et que je me glissai dans la pièce.

J'aurais préféré que Beth soit là. Elle aurait été plus à l'aise. Plus à... sa place.

Il n'y avait que la lumière au-dessus du miroir qui était allumé. Yona était dans la baignoire vide, les jambes allongées, le regard rivé sur celle qui portait les vestiges d'une partie de ce qu'elle avait subie. Sa poitrine se soulevait lentement. Elle avait la chair de poule. J'attrapai une serviette et m'avançai vers elle. Je m'agenouillai au niveau du rebord.

— Yona ?

C'est comme si je n'étais pas là pour elle.

Comme si elle était déconnectée de cette réalité.

Elle semblait avoir froid ; elle tremblait. Mais elle ne bougeait pas.

De voir ces cicatrices sur sa peau, est-ce que ça faisait remonter des souvenirs ? Est-ce que ça lui faisait quelque chose au fond d'elle ?

Maryse avait dit qu'elle souffrait d'amnésie traumatique. Elle avait oublié. Était-ce réellement un mal ?

Si Beth avait été là, elle m'aurait dit de faire attention.

Elle m'aurait dit que continuer à lui parler aurait pu l'aider.

Elle m'aurait dit de ne pas la toucher.

Ma main effleura l'épaule de la jeune fille.

Et les hurlements déchirèrent l'espace entre nous. Elle se jeta sur moi, pensant que j'étais l'un de ses bourreaux, pensant que je lui voulais du mal.

Elle chercha à me lacérer le visage de ses ongles. Ses pupilles étaient dilatées par la peur qui la conditionnait, par le passé qui devait ressurgir par flashs.

Je réussis à la bloquer entre mes bras et elle hurla, si fort, si fort !

Ça se mêla à ses pleurs, à ses larmes.

Sa voix brisa tout ça.

Elle supplia.

Elle me supplia de ne pas lui faire de mal.

Ses pleurs me transpercèrent.

Elle n'était plus ici avec nous, mais dans cette maison, dans ce sous-sol.

Séquestrée. Battue. Violée.

Elle abdiqua.

Et devint un poids mort entre mes bras. 


*                  *

*


Et voilà ! Raphael a enfin dit la vérité à la meute, mais pas à Joshua... je sais pas c'est quoi le pire dans tout ça et notre cher Raph s'enlise bien trop facilement dans le déni quand ça concerne sa maladie ET son frère...

Il fallait bien que Yona craque et c'est Raph qui en a fait les frais... A voir comment elle va se remettre de tout ça ! 

Dans le prochain PDV, nous entrons enfin dans la tête de Yona...

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