OUR ANCHOR T1 Broken [Terminé...

By Shirayukitaki

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La fille d'un des plus puissants Krig d'Australie disparaît. Dans son sillage, elle emporte bien plus que son... More

I - Broken
Avant-propos
Informations générales
Casting #1
Soundtrack Our Anchor
Première partie
1 | Warren
2 | Ashika
3 | Maze
4 | Warren
5 | Ashika
6 | Maze
7 | Warren
8 | Joshua
9 | Raphaël
10 | Warren
11 | Lilibeth
12 | Ashika
13 | Maze
14 | Joshua
15 | Lilibeth
16 | Warren
17 | Ashika
18 | Raphaël
19 | Maze
20 | Lilibeth
21 | Warren
22 | Joshua
23 | Raphaël
24 | Maze
25 | Joshua
26 | Lilibeth
27 | Warren
28 | Ashika
29 | Maze
30 | Raphaël
31 | Lilibeth
32 | Joshua
33 | Warren
34 | Raphaël
35 | Maze
36 | Ashika ⚠️
37 | Warren ⚠️
38 | Maze
39 | Ashika
Debrief première partie
Casting #2
Deuxième partie
40 ||
41 || Joshua ⚠️
42 || Lilibeth
43 || Abel
44 || Raphaël
45 || Maze
46 ||
47 || Joshua
48 || Lilibeth
50 || Warren
51 || Raphaël
52 || Yona
53 || Maze
54 || Abel
55 || Warren
56 || Joshua
57 || Lilibeth
58 || Yona
59 || Raphaël
60 || Achilles
61 || Joshua
62 || Lilibeth
63 || Warren
64 || Raphaël
65 || Yona
66 || Maze
67 || Warren
68 || Abel
69 || Lilibeth
70 || Joshua
71 || Raphaël
72 || Lilibeth
73 || Joshua
74 || Yona
75 || Warren
76 || Maze
77 || Raphaël
78 || Evy
79 || Abel
80 || Ashika
81 || Warren
82 || Raphaël
83 || Lilibeth
84 || Joshua
Fin || Remerciements
Our Anchor || Tome 2

49 || Abel

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By Shirayukitaki

Je retirai la jambe que je sentais sur ma hanche. L'odeur de sexe autour de moi était tout ce que je pouvais sentir, en plus de la moiteur de mon corps. Je me redressai dans le lit dans lequel j'étais et observai mon environnement. J'avais une gueule de bois monstre et deux femmes se trouvaient dans le lit. Je ne reconnaissais absolument pas où j'étais. Sûrement l'appartement d'une des filles. Je fis rouler mes épaules et grognai de douleur.

Lentement, je me mis debout sur le lit. Une des nanas maugréa quelque chose sur les heures indues. Je lui aurais bien répondu, mais je n'en avais rien à foutre de la réveiller à cette heure-là. Il devait être un peu plus de sept heures. Je bondis hors du lit et grattai ma hanche nue. Je remarquai quelques traces de morsures et fis la moue. L'un de mes plans culs était visiblement une lycan qui aimait bien laisser des traces de crocs. Je haussai mes épaules et partis à la recherche de la douche. Je poussai la température de l'eau à fond et poussai un grognement en sentant mon corps se détendre.

J'entendis la porte de la douche s'ouvrir.

— Je peux ? souffla la voix de la seconde nana.

L'humaine. Pas la première que j'avais baisée, mais elle se défendait bien, je devais l'avouer. Elle m'avait laissé lui faire deux trucs que j'aimais bien mais qui pouvaient paraître pervers pour certaines personnes.

Je me déplaçai légèrement, la laissant se glisser sous le jet d'eau. Mon érection du matin était la bienvenue visiblement puisque mon regard se posa sur le cul de la nana. Bien bombé et musclé. Je souris et glissai ma main sur sa nuque. Elle frémit doucement et son cul se tendit vers ma queue. J'agrippai ses hanches et pressai mon sexe contre elle. Elle haleta doucement et rien que ce bruit me fit grogner. Je la poussai à se pencher contre le mur et glissai mes doigts vers son sexe pour la trouver humide et chaude.

— Préliminaire ? grogna mon lycan.

La nana me jeta un coup d'œil par-dessus mon épaule comme si c'était la première fois qu'elle entendait ma voix. C'était possible. J'étais pas du genre bavard sur l'oreiller. Pendant quelques secondes, je la vis réfléchir puis elle se mordit la lèvre et secoua la tête.

Bonne réponse.

Sans plus de cérémonie, je la pénétrai assez fort pour que sa joue s'écrase contre le carrelage de la douche.

Je trouvai enfin ma seconde chaussette quand la nana sortit de la douche. Elle avait enroulé la serviette autour de son corps fin et m'observait.

— Je suppose que je ne peux pas négocier une prochaine fois, remarqua-t-elle.

J'enfilai ma botte et me redressai, secouant ma veste avant de la passer. Je m'approchai d'elle et me penchai lentement, mes doigts sur sa joue. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais déjà je la contournai pour sortir de l'appartement.

J'étais pas bavard. Point. Et je les prévenais toutes. Peu m'importait leur prénom, je ne cherchai pas de point d'attache. Ma meute me suffisait. Du moins, ce qu'il en restait vraiment. Je trouvai ma voiture en bas de l'immeuble ce qui fut un léger soulagement. Je ne me voyais pas rentrer à pied jusqu'à Tidbinbilla. J'allumai le GPS de la voiture et remarquai que j'étais à quelques kilomètres de Canberra. Je soupirai et me mis en route. Le trafic était régulier à ce moment de la journée. Je sifflotai à peine la musique qui passait à la radio. Passer du temps loin du Fief était aussi bon que douloureux. Comme si rester là-bas aussi longtemps pesait sur ma conscience. C'était compliqué et atrocement douloureux.

L'absence du rire d'Ashika.

L'absence des ordres de Warren.

Tout devenait douloureux.

Tout devenait souvenirs lourds de peine et de regret.

Qui aurait pu prévenir ce genre d'événement ?

Qui ?

Même après sept semaines sans Ashika, je ne parvenais pas à trouver de raisons qui auraient pu amener quelqu'un à lui faire subir ce genre de torture.

Je déglutis, tentant de repousser les souvenirs et les images qui étaient toujours aussi vifs à ce stade de notre deuil. Tout était vain quand j'y pensais.

Tout l'avait été au moment où nous l'avions perdue.

Nous avions perdu bien plus qu'une enfant.

Bien plus qu'un maillon important de notre meute.

Nous avions perdu Ashika, c'était un fait.

Mais les dommages collatéraux tels que Warren et d'autres conneries n'avaient fait qu'endommager un corps déjà mal en point.

Je dus stopper ma voiture à l'entrée de la Réserve quand j'aperçus deux lycans se tenant chacun d'un côté de la barrière. La Réserve délimitait le territoire du Fief. Elle était sous notre protection. Mais nous n'avions jamais posté de garde si loin de l'entrée même du Fief. La Réserve accueillait toutes sortes de visites et mettre des gardes à l'entrée n'avait jamais fait de la bonne pub. Et même si Warren avait toujours mit la protection de la réserve avant n'importe quel autre but, il avait fait en sorte de laisser les personnes visitées la réserve pour découvrir le merveilleux endroit que c'était.

Encore une nouvelle connerie de celui qui avait soi-disant repris les rênes du Fief.

Je claquai ma portière avec un peu trop de forces et passai devant la voiture qui abritait toute une famille humaine voulant avancer pour rejoindre leur groupe de visite.

Le père était celui qui discutait avec les « gardes ». Je retins un grognement en arrivant à leur niveau.

— Monsieur Kickett, me reconnut l'homme.

Je fis un rapide tri dans mes souvenirs.

— Monsieur Mccavoy, le saluai-je en lui serrant la main. Vous faites partie de la visite de huit heures et vous n'êtes toujours pas prêt ?

— Il semblerait que nous ne soyons pas sur la liste de ces messieurs. Monsieur Archeon a toujours mis un point d'honneur à respecter nos horaires, mais surtout nos entrées ici. Je pensais qu'avec l'aide que l'on apportait pour entretenir la Réserve, nous pouvions venir un peu plus tôt.

— Ne vous inquiétez pas, le coupai-je. Il y a eu un malentendu et ces messieurs ont reçu les mauvaises indications. S'il vous plaît, retournez dans votre voiture et je vais vous ouvrir la barrière.

— Puis-je garder mon badge pour entrer ? s'enquit l'homme en me tendant l'objet en question.

— Je vous en prie, faites. Vous êtes toujours le bienvenue ici, Georges.

Il hocha la tête et retourna dans sa voiture en ayant salué les deux idiots. Je me pinçai l'arête du nez, ne comprenait pas leur silence. Avais-je une si mauvaise tête ?

— Les ordres étaient clairs. Jusqu'à preuve du contraire, les visites dans la Réserve sont stoppées.

Lentement, je pivotai vers celui qui avait parlé. Je me rappelai plus son putain de prénom, mais il me faisait démarrer très mal ma journée et ça, il allait le regretter.

Je me penchai pour atteindre son nez. Je le frôlai du mien, mais il maintint le contact visuel entre nous. Preuve de respect ou d'inconscience je n'en savais rien.

— Tu vas lever cette barrière sans aucune protestation supplémentaire à moins que tu veuilles rejoindre tes ancêtres plus rapidement que prévu.

— Mais nous avons reçu des ordres, Abel, grogna le second.

Je les contournai sans un autre mot et allai dans la petite cabine. Personne ne s'y trouvait, je pus donc appuyer sur le bouton. La barrière se souleva et la voiture avança grâce à mon geste de la main.

J'attendis qu'elle se soit bien enfoncée dans la réserve pour pivoter vers les deux autres.

— Les ordres, c'est moi qui les donne ici. C'est compris ? crachai-je. Le prochain d'entre vous qui ouvre sa putain de gueule, je lui fais bouffer ses mains. Compris ?

Je revins vers eux et les défiai de dire le contraire.

— COMPRIS ?

Mon pied ne cessait de battre la mesure contre le sol. Ici, c'était le bureau de Warren en des termes plutôt humains. Il siégeait ici quand il réglait encore des problèmes pour la réserve, autant que pour le fief. Il avait aussi son bureau dans sa maison, mais l'endroit où nous étions censés pouvoir le trouver était ici.

Sauf qu'il n'y avait pas la photo d'Ashika sur le bureau.

Il n'y avait pas non plus les quelques fleurs qu'Imy déposait en début de semaine.

Il n'y avait pas non plus cette grande fresque sur le mur de droite où les photos de toutes les personnes ayant contribué au bien-être de la Réserve qui se trouvait habituellement là.

Les meubles avaient été changés de place et bien sûr, même la personne derrière le bureau avait été remplacée.

Ce n'était pas Warren qui se trouvait là.

Ce n'était pas mon Alpha. Et en ça, je ne devais aucun respect à l'homme qui se trouvait derrière le bureau.

Arkan tapota le bureau de Warren en soupirant. Il se frotta la nuque et sembla consterné pendant quelques minutes.

— Je ne pensais pas que je devrais aussi te gérer toi, Abel, soupira Arkan. Nous nous étions pourtant mis d'accord sur la marche à suivre. En prenant la relève de Warren, je m'attendais à ce que tu suives mes ordres. Nous ne devons pas nous mettre en porte à faux. Sinon, ce sera le chaos.

Je le regardai sans aucun commentaire. Arkan avait été mis dans cette position seulement parce que Warren n'avait pas eu d'autres choix que de s'exiler. Après ce qu'il s'était passé avec Maze, Warren avait réellement compris qu'il avait tout perdu. Sa fille. Son Anchor. Il ne manquait plus qu'à mettre un terme à sa vie. Mais pour ça, il devrait tous nous tuer avant et il en était bien incapable.

Dans le chagrin de Warren, une personne avait trouvé la bonne affaire. Arkan s'était immédiatement proposé pour prendre la relève. Warren n'avait rien dit et Aslander avait malgré lui accepté. À l'époque, Yuri et moi avions laissé faire pour la simple et bonne raison que notre priorité avait été Warren. Le garder hors de l'eau avait été un combat de chaque instant. Et encore maintenant, nous en éprouvions les dures répercussions. Si j'avais vu ce geste comme une aide inespéré il y a un mois et demi de ça, j'en venais à me dire que maintenant je pouvais prendre la place d'Arkan.

Mais ça ne fonctionnait pas comme ça. Aslander avait été forcé de mettre une personne avec un grade assez élevé pour maintenir la balance dans le fief. Nous avions énormément de jeunes sous notre responsabilité. Warren, qui était l'équivalent d'un Freiherr ou même d'un Herre à grande échelle, pouvait être remplacé par un lycan qui avait le même grade, voir un grade supérieur. Mais si je venais à prendre cette place, ou même Yuri, cela ne suivrait pas la hiérarchie qu'Aslander avait eu tant de mal à faire respecter de nouveau après la mort de feu son père. N'ayant pas ce rang et ne voulant pas prendre ce rang, ni moi ni Yuri n'avions tenté de remettre certaines choses en place. Yuri avait volé sous les radars et il avait tenté de garder un minimum de routine au sein de notre Fief.

Chaque lycan présent avait été au courant de la mort d'Ashika. Tous. Sans aucune exception. Tous l'avaient connu et tous, nous lui avions rendu hommage.

La rose que je tenais dans mon dos était un poids supplémentaire. Il n'y aurait aucun corps. La brigade noire avait été claire sur ce point. Nous n'aurions que nos souvenirs. Nous n'aurions rien d'autre.

Warren était à genoux devant une petite pierre qui portait le nom d'Ashika. Il la regardait comme si c'était son salut, mais ce n'était pas le cas. C'était simplement la fin.

Je serrai la rose dans ma main et une épine me piqua. Je ne fis rien pour retenir mon sang de couler.

Comme une plaie béante qui se trouvait dans ma poitrine, je laissai ma douleur s'infiltrer dans tous mes membres.

Jusqu'au plus petit.

Je déposai lentement la fleur à côté de la pierre qui représentait pour nous un endroit où nous recueillir.

Je relevai mon visage sur la vue magnifique de la Réserve. Warren avait souhaité déposer ça aussi tout simplement, car c'était l'un des endroits préférés d'Hachi.

Elle pouvait reposer en paix maintenant.

Petit ange qu'elle devenait.

Esprit qu'elle retrouvait.

Les sanglots de Warren me tirèrent encore de longs frissons, résonnant en moi jusqu'à me donner la nausée.

Je secouai la tête pour tenter d'écouter les commentaires d'Arkan. Si au début, nous n'avions perçu aucun changement dans l'organisation du Fief, les choses changeaient. Yuri avait pris ma place dans la forêt et depuis je pouvais le voir, le sentir. Je pouvais même voir à quel point Arkan faisait ça à sa façon. Toute son aide avait été très appréciée, mais il fallait que Warren revienne. Il fallait qu'il prenne des décisions importantes. Au-delà du fait qu'Arkan essayait de faire un travail décent, il n'était pas Krig. Et je pouvais le sentir à chaque fois qu'il parlait.

Il n'en avait pas la carrure.

Il n'en avait pas l'étoffe.

Rien de tout ça.

Warren Archeon était notre Krig. Lui seul pouvait nous ordonner de faire certaines choses.

— Je suis ici pour tenir le navire, Abel. Il faut que tu comprennes qu'on doit travailler ensemble. Yuri suivait ce que je lui disais.

— La Réserve doit continuer d'accueillir des visiteurs, remarquai-je en me redressant. Si tu arrêtes ça, alors l'environnement ne sera plus propice à entrainer des futurs Ritters, Freiherr et Herre. Nous devons garder un statu quo avec l'endroit où nous vivions. Warren a toujours...

— Warren n'est pas là, Abel, soupira Arkan. Et je fais de mon mieux pour vous éviter à tous d'être dispersés dans d'autres Fiefs. Tu sembles oublier qu'Aslander est celui qui a le droit de vous placer ailleurs. Si mes rapports lui montrent que vous ne tenez pas la cadence sans Warren, alors Warren sera définitivement remplacé et tu seras le lieutenant d'un nouveau Krig. Est-ce que c'est ce que tu veux ?

Je serrai les dents. Arkan semblait toujours toucher l'endroit sensible et cela m'exaspérait au plus haut point. Je savais très bien pourquoi j'étais resté aussi longtemps dans la forêt avec Warren. L'idée même qu'on m'oblige à suivre les ordres de quelqu'un d'autre me donnait la nausée.

— Tant que je suis ici, tu dois suivre les ordres que je donne. Les visites dans la réserve sont dangereuses. Des loups naturels ont été repérés chassant à la vue de tous. Il pourrait y avoir des incidents.

— Tous nos visiteurs sont des habitués, rétorquai-je cinglant. Jamais il n'y a eu d'incident, car nous étions là pour les suivre. Tu sembles oublier que tu as cessé les quelques patrouilles d'entraînement au sein de la forêt.

— Parce que nous n'avons pas les moyens humains pour l'instant de continuer. Tu dois comprendre que certaines choses doivent être revues. Certaines actions étaient tenues par Warren et il s'en sortait très bien, sans lui il y a des objectifs qui tombent à l'eau.

Depuis que Maze avait lancé ce mandat d'arrêt contre Warren, nos relations avec la Brigade Noire étaient au plus basses. Malheureusement pour moi, Arkan avait aussi subi quelques dérapages qui n'avaient rien arrangé.

— J'essaye de faire de mon mieux, Abel. Tu devrais faire de même. Certains créneaux de visites vont être stoppés.

— Que vas-tu faire des humains qui travaillent à la Réserve ? maugréai-je.

Arkan soupira et se frotta le front.

— Je n'en sais rien encore. Nous verrons ça dans les temps.

Cela ne me plut pas du tout et je lui fis sentir en quittant le bureau brusquement. Demain, j'avais un entraînement de prévu avec la Brigade Noire. Je devais me préparer mentalement à poursuivre ce que nous avions commencé et si durement acquis avec Warren et Mazakeen. Sans leur collaboration naissante à la création de la Brigade noire, nous n'aurions pas entraîné les flics humains. Nous n'aurions pas aidé la Brigade et il y aurait eu bien plus de morts. Et trop peu d'enquêtes résolues.

J'étais le premier maillon qui permettrait de renouer le contact. Je me devais de réussir au moins ça.

Le lendemain matin, j'avais réussi à réunir Balil et Dan pour l'entraînement de la Brigade. Le mois dernier il n'avait pas eu lieu, car ils avaient eu une semaine particulière, mais aujourd'hui ce n'était que pour la journée.

Balil regarda encore une fois l'heure sur sa montre et soupira. J'étais en train de faire les cent pas devant le dojo où on devait récupérer tout le monde pour que l'entraînement débute.

— Ab', soupira Dan, on les aurait entendus arriver.

— Mazakeen est en général la première à venir, je ne pense pas qu'elle...

— Ferme la Balil, crachai-je. Mazakeen ne devait pas être dans le groupe d'aujourd'hui.

— Mazakeen ou non, remarqua Dan, visiblement tous tes efforts ne servent à rien. Et je commence à penser que ce n'est pas plus mal. Ils ont fait de la merde, à eux de s'en mordre les doigts.

Je pivotai vers Dan et approchai mon nez du sien. Il se figea, mais resta droit devant moi. Je n'avais pas un rang supérieur au sien dans le vrai sens du terme. Warren nous avait nommé Yuri et moi lieutenants, mais ce n'était pas un vrai rang. J'étais autant Ritter que Dan ou Balil. Mais j'avais une place supérieure dans notre hiérarchie et cela me permettait d'avoir le dessus sur les autres.

— Je crois me rappeler que Mazakeen a sauvé une ou deux fois ton cul dans certaines missions. Accorde-lui au moins ce respect au lieu de cracher dessus.

— Dan a raison, Ab, grogna Balil. Nous ne crachons pas sur elle, mais elle est en train de le faire.

— Il y a peut-être eu une mauvaise communication sur la date, arguai-je.

Dan et Balil me regardèrent avec un air vaguement dégouté. Soudain, un des hommes d'Arkan s'approcha de nous. Il pencha sa tête et nous fit signe.

— L'entraînement avec la Brigade Noire a été annulé ! cria-t-il de loin. Tu étais pas au courant ?

Bordel de merde.

— Où est-ce que tu vas ? s'écria Dan.

Je bondis dans une des voitures et me mis en route, direction la Brigade. On se foutait pas de ma gueule ouvertement comme ça. Si Mazakeen voulait me la mettre à l'envers, elle pouvait me le faire comprendre en face à face.

Ma colère n'avait pas diminué d'un poil quand j'arrivais à Canberra. Elle avait même augmenté quand enfin, je m'arrêtai brusquement devant l'entrée du commissariat. Je coupai le contact et sortis à la recherche de l'inspecteur Fairfax.

Un mec me barra le passage à l'entrée, mais déjà je le repoussai pour longer le couloir. Plusieurs cris résonnèrent derrière moi, mais je n'en avais rien à foutre.

Elle voulait tout bousiller ou quoi ? D'abord des merdes sur le terrain, le mandat avec Warren, la balle que j'avais prise, et maintenant le dernier point d'alliance qu'on avait elle le piétinait comme ça ? Pas avec moi.

Mak apparut dans le couloir en entendant ma voix. Il fronça les sourcils, la main sur sa crosse de flingue. Je ricanai.

— Tu vas faire quoi, Mak? criai-je. Me tirer dessus ?

— Calme-toi, Kickett, rétorqua le flic tendu, et explique-toi.

— Elle est où ? Je dois lui parler.

— Pas là. Sur le terrain.

Je me figeai, sentant l'odeur de son putain de mensonge.

— Vous avez tous décidé de me faire chier aujourd'hui, c'est ça ? tonnai-je. Tu sais que je peux sentir ton putain de mensonge et tu le fais sous mes yeux ? Veux-tu mourir de ma main ?

— Abel !

La voix de Mazakeen claqua dans le couloir. Elle sortit du bureau de Mak pour passer de l'autre côté du couloir et ouvrir la porte du sien. Les membres vibrants, je la suivis du regard.

— Dans mon bureau ! Maintenant !

Je sentis mes narines frémir. Elle soutint mon regard pendant plusieurs secondes. Je me penchai vers MAK et reniflai son léger doute.

— Surveille tes arrières. Bouffez des culs, ça me connait.

— Tuer des gens aussi visiblement, cracha le flic.

Je relevai mes lèvres sur mes crocs visibles.

— Tu veux essayer ? gronda la voix de mon lycan.

— Ça suffit ! gronda Mazakeen. Si tu ne te tiens pas, tu peux dégager.

Je pivotai vers elle et me campai à quelques centimètres de son visage.

— Te fous pas de ma gueule, Fairfax. Depuis quand tu fais tout pour ruiner notre partenariat ?

— De quoi parles-tu ?

Je serrai les poings avant de frapper le mur à ma gauche.

— Entraînement. Ce matin.

— Parce que tu crois qu'on a envie d'y aller ? s'écria Mak. On pourrait se faire tuer rien que pour approcher le Fief ! Ouvre les yeux Abel !

Je jetai un coup d'œil à Mak avant de regarder de nouveau Mazakeen. Elle ne le niait pas. Preuve de la vérité des paroles de son collègue. Avais-je été si aveugle que ça ? Je n'avais pas été là pendant plus d'un mois certes, mais cela ne pouvait pas être si mauvais n'est-ce pas ?

— C'est bon vous pouvez dégager de là ! Y a rien à voir ! s'écria soudain Maze.

Je pivotai et vis l'attroupement de flics. Rien de bon ne se dégageait de la masse qui se trouvait là.

— On peut s'occuper de lui, Capitaine.

Je montrai les crocs et plusieurs mains se dirigèrent vers les flingues. Merde.

— Tu as le droit d'aller dans ce bureau seule avec moi, Mazakeen ?

Lentement, je vis son regard se poser sur moi. L'inquiétude se disputa à la colère. Seulement, je ne savais pas si cette colère était dirigée contre moi. J'avais toujours tenté de garder un contact avec elle parce que je savais ce qu'elle était pour Warren. La mort d'Ashika et les circonstances ne changeaient pas ça. Maze et Warren avaient travaillé dur pour que le Fief et la brigade marchent main dans la main.

— Si tu penses pouvoir parler calmement avec moi, oui, répondit Maze.

Ce n'était pas complètement un mensonge, mais pas complètement la vérité non plus. Elle se racla la gorge et tapota son oreille droite.

— Range tes poils, Abel, ça aidera. Et tes crocs aussi.

Je déglutis et me rendis compte que ma colère avait pris le dessus sur mon corps. Je me concentrai un peu pour récupérer des éléments humains avant tout. Mes oreilles, ma mâchoire et mes dents reprirent leur aspect et Mazakeen se détendit un peu.

Je passai avec elle dans son bureau sous les grognements mauvais de ces collègues. Elle referma la porte et s'y appuya.

— Tu ne peux pas débarquer ici comme le grand méchant loup, Abel, souffla-t-elle. On aura plus que de vieilles rancunes sur les bras.

— Pourquoi vous n'étiez pas à l'entraînement comme prévu ? Je pensais que tu étais assez intelligente pour garder un minimum d'alliance entre nos deux familles.

Ma voix était un peu acide.

Mazakeen fronça ses sourcils et fit la tour de son bureau. Elle fit tourner quelques pages de son agenda et tapota l'endroit qu'elle venait de trouver.

— Annulé, remarqua-t-elle. Je crois que le coup de fil venait d'Arkan. Il a jugé nos relations trop précaires pour que des flics de la Brigade Noire débarquent chez vous. Et je ne peux que lui donner raison en voyant cette réaction-là.

Je fis rapidement le tri dans les différentes instructions du tableau. Au Fief, il y avait cet espace à côté du bureau de Warren. Un immense tableau ancien qui fonctionnait encore à la craie. Le Krig était celui qui le mettait à jour tous les matins. Si ce n'était pas lui, c'était Yuri ou moi. Tout le planning s'y trouvait. Pourquoi l'entraînement avait été encore présent dessus ?

— Abel ? releva Maze.

Je me frottai la nuque, extrêmement tendu.

— Vous avez tous les deux mis plusieurs années pour que le Fief et la Brigade fonctionnent en symbiose. Vous vous êtes battus pour cette entente et tu laissas Arkan dicter les nouvelles consignes ? Alors que tu es celle qui a saoulé Warren avec ça ? Ne veux-tu plus que tes hommes soient formés, Maze ?

Son regard se fit fragile et je remarquai enfin l'état dans lequel elle était.

Elle avait perdu du poids, c'était plus qu'évident à présent. Ses yeux étaient marqués d'un manque de sommeil prolongé. Elle avait de sales égratignures sur les jointures de ses poings et je pouvais sentir à son odeur la tristesse qui s'accrochait à elle.

La dernière fois que j'étais venu pour Magnus, je n'avais pas fait attention aux premiers signes, mais ils étaient plus qu'évidents après trois semaines sans la voir.

— Ne fais pas ça, murmura-t-elle.

— Bordel, mais qu'est-ce que tu fais ? m'écriai-je. Tu te laisses mourir ou quoi ?

— Tais-toi !

Son ordre claqua et je fis le tour de son bureau.

— Qu'est-ce que tu fous, Maze ?

Mes mains la secouèrent par les épaules et elle voulut me repousser, mais je ne lâchai pas prise. Elle ne pouvait pas mourir en sachant que je la surveillais. Hors. De. Question.

— Warren est au fond de cette putain de forêt et toi tu fais la même chose que lui, mais en restant sous mes yeux. Putain. Vous êtes...

— Tu es très mal placé pour me juger, Abel, cracha Maze en me repoussant vraiment.

— On a tous perdu Ashika, Maze, soufflai-je. On l'a tous perdue. On a tous échoué à notre façon. Mais bordel, tu es en train de lâcher l'affaire et en plus de ça, tu laisses les conneries s'accumuler.

— Il n'est pas mieux, rétorqua-t-elle brusquement.

Il ? Warren ? Bordel. Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous à vouloir crever ?

— Tu veux que je mette fin à tes souffrances, Maze ? Tu veux que je te tue ? Ce sera plus vite et plus propre, maugréai-je.

Elle ricana ! Elle ricana bordel !

— J'ai des choses à régler avant, remarqua-t-elle. Vois-tu, certaines d'entre nous gardent en tête leurs responsabilités.

La pique me toucha au bon endroit. Je dois l'avouer.

Mon corps perdit sa position d'attaque.

Maze n'avait pas voulu le dire ainsi, je le savais, mais elle était trop fière pour revenir sur ses paroles.

— On l'a cherchée, murmurai-je. On l'a tous cherchée.

— Et vous avez ABANDONNÉ ! hurla Maze.

— Tu cherches un fantôme, murmurai-je.

— Au moins, je cherche.

— Et tu vas te tuer à la tâche.

Pendant un instant, nous ne répliquâmes rien à l'autre. Un silence s'installa. Je repris mon souffle et secouai la tête. Je repassai de l'autre côté du bureau.

— Je voulais envoyer les hommes, souffla Maze. Mais Arkan est celui qui donne les ordres maintenant. Il a très bien spécifié que l'entraînement n'aurait pas lieu. Pourquoi ne t'a-t-il pas passé l'information ? Je n'en sais rien.

— D'autres informations que tu aurais eues, mais que je ne sais pas ?

La grimace de Maze ne me rassura pas pour autant.

Et merde.

Tout ça me faisait chier. 

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