OUR ANCHOR T1 Broken [Terminé...

By Shirayukitaki

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La fille d'un des plus puissants Krig d'Australie disparaît. Dans son sillage, elle emporte bien plus que son... More

I - Broken
Avant-propos
Informations générales
Casting #1
Soundtrack Our Anchor
Première partie
1 | Warren
2 | Ashika
3 | Maze
5 | Ashika
6 | Maze
7 | Warren
8 | Joshua
9 | Raphaël
10 | Warren
11 | Lilibeth
12 | Ashika
13 | Maze
14 | Joshua
15 | Lilibeth
16 | Warren
17 | Ashika
18 | Raphaël
19 | Maze
20 | Lilibeth
21 | Warren
22 | Joshua
23 | Raphaël
24 | Maze
25 | Joshua
26 | Lilibeth
27 | Warren
28 | Ashika
29 | Maze
30 | Raphaël
31 | Lilibeth
32 | Joshua
33 | Warren
34 | Raphaël
35 | Maze
36 | Ashika ⚠️
37 | Warren ⚠️
38 | Maze
39 | Ashika
Debrief première partie
Casting #2
Deuxième partie
40 ||
41 || Joshua ⚠️
42 || Lilibeth
43 || Abel
44 || Raphaël
45 || Maze
46 ||
47 || Joshua
48 || Lilibeth
49 || Abel
50 || Warren
51 || Raphaël
52 || Yona
53 || Maze
54 || Abel
55 || Warren
56 || Joshua
57 || Lilibeth
58 || Yona
59 || Raphaël
60 || Achilles
61 || Joshua
62 || Lilibeth
63 || Warren
64 || Raphaël
65 || Yona
66 || Maze
67 || Warren
68 || Abel
69 || Lilibeth
70 || Joshua
71 || Raphaël
72 || Lilibeth
73 || Joshua
74 || Yona
75 || Warren
76 || Maze
77 || Raphaël
78 || Evy
79 || Abel
80 || Ashika
81 || Warren
82 || Raphaël
83 || Lilibeth
84 || Joshua
Fin || Remerciements
Our Anchor || Tome 2

4 | Warren

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By Shirayukitaki

J'étais assis au fond de la salle de réunion quand la plupart des humains se mirent à affluer. La pièce était assez grande pour accueillir les policiers. La plupart du temps, les réunions qui se déroulaient ici concernaient exclusivement ceux qui travaillaient dans la Brigade Noire. C'était leur code. Au sein de la police des humains, il y avait des Brigades qui portaient un code couleur tout particulier, que je n'avais pas choisi évidemment. Il ne valait mieux pas.

Aslander, notre Kaizer, avait construit tout un règlement au sein de notre territoire. L'Australie était une zone où les lycans contrôlaient le système bien plus que les humains, mais toujours dans l'ombre. Aslander était souvent en contact avec le Premier Ministre d'Australie. C'était évident après tout. Pour avoir un territoire qui fonctionnait de manière aussi substantielle que le nôtre, il fallait être rodé sur énormément d'aspects.

Mon lycan roula dans mon ventre à l'entrée de l'une des seules femmes qui se trouvait dans la Brigade Noire. Nous la connaissions depuis plusieurs années déjà. Je le sentis pousser contre ma peau, cherchant à prendre le dessus. Il avait la fâcheuse tendance à se trouver des excuses pour protéger ce qu'il considérait comme sien.

Je posai mon regard sur le jean moulant de la femme. Les bottes qui remontaient sur ses mollets lui donnaient presque l'allure d'un cow-boy. Je ricanai dans ma barbe et secouai la tête. Elle portait la même tenue que d'ordinaire. C'est-à-dire une tenue pratique pour aller courir après les méchants lycans qui la dérangeaient, ou les humains en général à vrai dire. Elle avait des cheveux bruns magnifiques qui cascadaient sur ses épaules. C'était rare. J'étais presque sûr qu'elle allait les couper bientôt. Son regard, à la fois sombre et intense, croisa brièvement le mien. Un de ses collègues la charria.

Je poussai un léger soupir et décroisai mes bras de mon torse, saluant le reste des hommes d'un signe de tête. J'avais avec moi quelques lycans qui s'occupaient aussi de l'entraînement de ces humains. Ils étaient après tout amenés à prendre les armes contre des créatures parfois bien plus mauvaises que de simples lycans. Aslander avait fait en sorte que notre coopération soit totale. C'était aussi pour ça que la réunion se passait ici aujourd'hui. Mes hommes avaient réussi à la mettre à l'envers aux flics humains. Ils faisaient souvent des paris entre eux, et je ne voulais pas en savoir toute l'ampleur.

Attendant que tout le monde prenne un siège, j'observai de nouveau la seule femme présente dans la salle. Je secouai la tête. Non, mon lycan la voyait comme la femme qu'elle était : une personne à protéger. Je déglutis. J'avais parfois très envie de me frapper.

Être un Krig avait ses avantages et ses inconvénients. Être un dominant avait bien plus d'inconvénients que d'avantages au final non ? Nous devions protéger les plus faibles. Nous devions faire autorité. Nous devions être assez pragmatiques. Nous devions aider les autres. Nous devions veiller à leur bien-être. J'avais toujours été surpris de m'inquiéter de son bien-être à elle. C'était très perturbant.

— Messieurs, grondai-je en m'installant en face de l'espace pris par les humains. Madame.

Des ricanements retentirent et la seule femme se fit embêter par ses coéquipiers masculins, comme à chaque fois. Je ne ratais pas une seule occasion de pouvoir l'asticoter devant ses pairs. Elle frappa son voisin en ronchonnant et tenta de me fusiller du regard. Ça ne fonctionna pas, puisque j'observai déjà le reste de l'assemblée.

— J'aimerais ouvrir cette séance en vous rappelant que la dernière enquête que nous avions en commun a enfin été bouclée. L'administratif est une vraie plaie pour tout le monde.

Des ricanements et des hochements de tête me répondirent. Je haussai mes épaules et jetai à coup d'œil à Balil. C'était un grand bonhomme bien musclé. Il était celui qui entraînait les humains pour leur réflexe. Il n'était pas fan, mais il l'était toujours plus que moi. J'étais mauvais avec eux quand ils n'y arrivaient pas. Surtout une en particulier.

— Cortax a pris pour une soixantaine d'années. Il ne vendra plus de lycans à des humains pendant un sacré bout de temps, ricana Balil.

Des grognements lui répondirent.

— Bien sûr nous tenions à présenter nos respects pour Sean Hartwid, ajoutai-je d'une voix plus calme, moins bourrue.

J'aperçus Mazakeen qui avait perdu légèrement en couleur. Elle poussa un long soupir. Son doux visage qui était presque en amande quand on y regardait bien. Elle aussi avait failli y passer, mais pas tant que je serais là pour surveiller son cul. Malheureusement, nous avions perdu Sean qui était le coéquipier de Mazakeen. C'était un petit jeune dans ce combat contre l'idiotie de la race humaine. Pas que la nôtre était bien mieux, mais nous pouvions nous défendre sur certains points. Lesquels ? Là tout de suite, je n'en avais aucun en tête. Je voyais seulement l'expression coupable de Mazakeen.

Il y eut une minute de silence en l'honneur de ce jeune homme qui avait sacrifié sa vie en tentant de suivre son devoir patriotique.

Je me raclai la gorge, conscient que ce jeune homme était apprécié par l'équipe que j'avais en face de moi.

— J'aimerais à présent aborder un autre sujet, ajoutai-je doucement. Il s'agit de l'entraînement vous concernant tous. Dan, ici présent, a créé un stage de deux semaines pour ce qui est de la formation self-défense à propos des métamorphes.

Il y eut quelques grimaces parmi la foule, mais la plupart hochèrent la tête discutant à voix basse des possibilités.

Dan se redressa et je lui laissai la parole. Il entama un long laïus sur le fait que la formation n'était pas obligatoire, mais serait bonne pour tout le monde. Ainsi, les équipes qui passeraient la première semaine, laisseraient la seconde aux autres. Le planning des équipes était assez souple pour nous permettre de garder la moitié de la brigade sous le coude. Nous avions assez de baraquements pour faire dormir tout le monde. Certains flics n'aimaient pas forcément rester ici la nuit. La plupart de mes hommes faisaient leurs patrouilles, dormaient et toutes sortes d'autres choses sous leur forme de lycans. Ça en effrayait plus d'un, certes. Je pouvais l'avouer. Moi, ça m'amusait. Par ailleurs, les baraquements avaient été construits pour ne pas complètement attaquer la nature. À cette époque de l'année, l'air était plutôt frais. Nos logements étaient pratiquement tous ouverts sur la nature. Les fenêtres étaient rares par ici.

Dan termina son discours en indiquant qu'une feuille d'émargement se trouvait à la sortie de la salle et que tout le monde devait se répartir selon les disponibilités de chacun. Je savais aussi que la Brigade accueillerait trois nouvelles têtes. Certains chevronnés, d'autres non.

Je me dirigeai donc vers Doyle, qui s'occupait souvent des intégrations des nouveaux. Il discutait avec Mazakeen d'un sujet plutôt sérieux, vu l'expression de cette dernière. Elle hochait la tête. Je la voyais de dos en ce moment et je ne pouvais m'empêcher de savourer la silhouette de son corps. Elle était toute en muscle, avec des rondeurs au niveau des fesses et des cuisses. Mon lycan grogna et me fit frissonner en regardant son cul parfaitement galbé.

Idiot.

Je m'arrêtai non loin de son flanc. Je la sentis se raidir avant de pivoter légèrement pour me jeter un coup d'œil. Je tendis ma main à Doyle. Il la serra avec force.

— Doyle, le saluai-je.

— Warren, répondit le lieutenant. Il semblerait que tu continues à faire parler de toi au département de la police.

— Tu crois ? minaudai-je.

Je pivotai mon corps vers Mazakeen et appréciai son regard mauvais. Elle n'aimait vraiment pas quand je faisais remarquer qu'elle était la seule femme et pourtant, c'était un respect que je lui accordais avec plaisir. Cela faisait assez longtemps pour qu'elle sache à quoi je jouais. Je lui rendais la monnaie de sa pièce. Surtout quand elle insistait pour utiliser mon rang au lieu de mon prénom.

— Mazakeen, la saluai-je.

Elle grogna quand je déposai une légère bise sur sa joue. Elle agita sa main pour me faire reculer, mais j'esquivai sa prise.

— Fais pas le malin, Krig, grogna-t-elle.

— Je n'ai fait que donner mon avis sur le fait de vous affubler de carabine. Nous ne sommes pas à la chasse, encore moins à la guerre.

— Les tazers n'ont aucun effet sur les métamorphes. Ou très peu, remarqua Mazakeen en posant ses mains sur ses hanches. Et nos flingues ne sont pas assez puissants pour tuer à bout portant un animal en rage.

— Comment sais-tu si tu as un animal en rage devant toi ou simplement une bête effrayée ?

Elle haussa ses épaules et jeta un coup d'œil désabusé à Doyle, son collègue. Ce dernier se frottait la barbe, conscient du risque.

— Warren n'a pas tort, remarqua Doyle. Tu ne préférerais pas savoir sur quoi tu tires ?

— Comment savez-vous de votre côté si c'est un enfant ou un adulte que vous avez en face de vous ? remarqua la flic, totalement dans son élément.

Ce fut à mon tour de hausser mes épaules.

— Nous le savons, admis-je, gêné de ne pas m'exprimer plus clairement. Nous le sentons.

Mazakeen soupira et resserra sa prise sur son flingue un instant avant de secouer la tête. Elle retira la main de son arme. Je me demandais ce que mes paroles avaient amené dans ses souvenirs. J'étais toujours aussi curieux la concernant, ce qui parfois me valait les moqueries des miens. Maze était sûrement la seule femme que je trouvais un tant soit peu intéressante. Le savait-elle ? Je n'en étais pas sûr. Étais-je prêt à ce qu'elle s'en rende compte ? Pas forcément. Trop de souvenirs douloureux entreraient en compte.

— Le Kaizer n'acceptera jamais de donner des fusils aux policiers, annonçai-je en me redressant.

— C'est une évidence, rétorqua Mazakeen sur la défensive.

— Je n'en voudrais pas non plus, ajouta Doyle. Si c'est pour avoir des parties de chasses lancées en pleine ville, il en est hors de question. Je connais des flics qui n'ont pas la même intelligence que d'autres.

— Ceux qui pensent encore comme ça sont des idiots finis, soupira Maze. Mais nous devons pouvoir nous protéger.

— Les Marshals sont censés porter des armes qui peuvent tuer toutes sortes de bêtes devant eux, argumentai-je.

— Les Marshals ne sont qu'une fraction de notre équipe, contra Maze. Et ils marchent sur mandat. Nous, on a plus de latitude.

Les Marshals étaient des sortes de tueurs à gages légalisés, dirons-nous. J'aimais les appeler comme ça, parce qu'au fond c'était ce qu'ils étaient. Ils étaient envoyés sur des arrestations plutôt musclées, mais surtout dangereuses. Il y en avait très peu ici, à Canberra. Je les connaissais tous personnellement. Sur les six Marshals, il y avait deux lycans, dont un de ma meute personnelle.

— Tout ce débat restera stérile tant que le Kaizer n'aura pas fourré son nez là-dedans, dis-je pour clore la conversation.

Doyle grogna en sortant son portable de sa poche. J'avais entendu la vibration à travers son jean. Mon lycan le regarda s'échapper. Mazakeen me lança un coup d'œil.

— Tu comptes me dire ce qui t'embête là-dedans ? remarqua-t-elle. Tu n'aimerais pas que je me fasse bouffer les fesses par un métamorphe parce que je n'aurais pas eu une carabine avec moi ?

Je fronçai les sourcils avant de pencher doucement la tête. Mon lycan était très attentif quand il s'agissait de Mazakeen. Comme s'il avait toujours eu un faible pour elle. Ce qui était très perturbant du reste.

— Je n'aimerais pas que tu culpabilises parce que tu aurais tué un gamin plutôt qu'un adulte, soufflai-je.

Je tournai le dos au groupe d'homme qui sortait, bloquant la vue de Mazakeen avec ma carrure.

— Comment te sens-tu ? repris-je en observant ses joues un peu creusées.

Elle avait aussi des cernes. Je pouvais sentir l'odeur de la fatigue, mais aussi une légère odeur de regret. C'était plus acide dans mes narines. Je n'aimais pas ça.

C'était la première fois que je la revoyais depuis la mort de son coéquipier.

Mazakeen m'observa en silence pendant de longues secondes avant de détourner son regard sur le milieu de mon torse. Elle se mordit la lèvre et soupira.

— C'est lui que tu aurais dû sauver, finit-elle par murmurer.

Je me revoyais prendre l'impact de l'attaque du métamorphe qui l'avait attaquée. Je me revoyais tuer l'animal sauvage qui avait voulu la tuer. J'avais pris le risque d'être blessé pour la sauver. Ce n'était pas la première fois et sûrement pas la dernière. Nous nous connaissions depuis assez longtemps pour avoir un certain respect l'un envers l'autre.

Je secouai la tête et posai ma main sur son épaule. Elle écarquilla légèrement son regard. Je me penchai vers elle et embrassai doucement son front. Sa peau était douce et chaude sous mes lèvres. Son odeur m'enveloppa.

— Tu seras toujours celle que je protégerais en premier, Maze, dis-je en pressant son épaule.

Je me redressai et la plantai là. Je n'avais jamais compris pourquoi cette femme avait tant d'importance à mes yeux. Était-ce pour l'attention qu'elle m'avait donnée quand j'avais été abandonné par mon ex-femme ? Était-ce la façon dont elle se comportait avec ma fille ? Était-ce l'importance qu'elle donnait à chaque vie qu'elle avait sous sa responsabilité ? Elle aurait pu être une Freiherr à part entière. Une Alpha.

Elle aurait pu être beaucoup de choses si elle s'en donnait les moyens.

Mais comme tout à chacun, la vie ne nous épargnait pas toujours de la même façon.

Je réussis à me rendre à l'accueil de la Réserve pour voir si tout allait bien. Ce fut la secrétaire qui me reçut. Une jeune humaine qui n'était pas là depuis bien longtemps. Malgré sa gêne visible, elle réussit à me faire un briefing sur les équipes et les gardes forestiers présents. Je l'en remerciai et me remis en mouvement.

De retour sur le complexe de mon Fief, j'aperçus un groupe de jeunes s'entraîner sous le regard tendu d'un de mes Ritters, autrement vu et appelé comme des dominants.

Calder était costaud, grand et blond. Un blond presque blanc, qu'il devait tout particulièrement à sa forme de lycan. Calder était sûrement l'un de miens qui passaient le plus clair de son temps sous sa forme animale. J'étais presque surpris de le voir avec ce jogging, torse nu, la peau luisante de ses efforts.

Calder avait grandi dans la réserve avec une meute de loups naturels. Ils en restaient très peu ici, mais cela avait suffi à mon Ritter pour évoluer et grandir avec eux. D'après Abel, mon lieutenant, Calder était plus lycan qu'homme. Pourtant, l'humain était bien présent. Seulement, il avait appris à réfléchir avant tout comme un animal.

Je m'approchai du groupe et reconnus les cadets. Ils avaient tous entre quinze et vingt-deux ans. Ils étaient une petite vingtaine. En général, mes Ritters, mes dominants, géraient une tranche d'âge. Cela permettait aux jeunes d'avoir les enseignements convenables. Dans ma meute, j'avais aussi d'autres loups sans rang particulier. Tous avaient trouvé un travail ici. Que ce soit professeur, médecin, infirmier ou même bibliothécaire.

En parlant de bibliothécaire, au loin, je vis Dario, une montagne de livres dans les bras. Il semblait avoir du mal avec cette pile.

— Il fait du tri, grogna la voix de Calder.

— Du tri ? relevai-je.

Calder haussa ses épaules avant de crier deux ou trois ordres. Les cadets se mirent en position de pompes. Ils les énumérèrent à voix haute. Calder s'installa sur le cul d'Ely, un jeune homme de dix-sept ans, qui n'était autre que l'un des neveux d'un autre Freiherr que je connaissais bien. Il le menaça de lui bouffer un bout de fesses s'il ne se remuait pas un peu plus. Je retins un rire.

Je laissai mon Ritter là et suivis de loin Dario. Ce dernier, à l'inverse de Calder, était un soumis. Ce n'était pas une personne faible, loin de là. Seulement, il ne cherchait pas à dominer, tout simplement. Il n'avait pas besoin de ça pour être au sein d'une meute. Voilà ce qui faisait de lui quelqu'un de précieux à mes yeux. Cependant, étant un Krig, j'avais surtout besoin de combattants. Si dans certaines meutes, il y avait plus de soumis, ici ils n'avaient pas vraiment leur place. Hormis ceux que j'avais choisis évidemment.

Dario avait une musculature fine, mais il s'entretenait. Il avait un visage anguleux et un regard très doux. Certains auraient pu croire qu'il était faible, mais pas du tout. Il avait été entraîné au même titre que tout le monde pour se défendre.

Je le suivis jusqu'à la grande pièce qui formait la bibliothèque. Il y avait beaucoup de rangées de bouquins, toutes aussi bien triées les unes que les autres. Dario était aidé par un certain nombre d'entre nous pour cataloguer tout ce bazar. Ashika adorait venir ici pour lire, mais aussi pour aider à tout classer.

Nous avions aménagé cet endroit avec l'aide de plusieurs lycans de notre meute. Chacun avait placé quelque chose à sa manière et étonnamment ? Il y avait un certain ordre. Comme si les liens qui nous permettaient de communiquer nous influençaient aussi dans la façon de voir les choses.

Bref, quand Dario faisait du tri, en général c'était un signe de stress chez lui. Je ne savais pas trop pourquoi il pouvait être stressé, mais cela inquiétait mon loup immédiatement.

Mes soumis n'étaient pas assez nombreux pour que je les perde de vue. Il y avait Dario. Il y avait aussi Jaya et Rhegan. J'étais très proche de ces trois-là.

Je vis Dario pousser le paravent qui le séparait de sa bibliothèque. Il grogna et tenta de pousser avec son pied, mais se déséquilibra et la pile de bouquins pencha dangereusement. Je fus à ses côtés au moment où les livres commencèrent à chuter.

J'en rattrapai une partie et empêchai Dario de tomber avec.

— Mince de mince, ronchonna-t-il.

Dario était l'homme le plus poli que je connaissais. Il était assez vieux pour avoir appris à ne dire aucune vulgarité devant les autres.

— Pardon, Warren, soupira-t-il. Je... j'ai la tête ailleurs.

— Je vois ça, remarquai-je.

Il poussa le paravent et les rangées de livres s'ouvrirent à nous. Je récupérai les quelques ouvrages qui étaient tombés par terre et le suivis à l'intérieur. Quelques jeunes se trouvaient là, lisant en silence dans les coins prévus à cet effet. Il y avait beaucoup de plantes vertes un peu partout, comme pour rappeler la nature qui se trouvait à deux pas.

J'appréciais aussi les petites lumières que Dario avait placés çà et là. La bibliothèque possédait des panneaux voltaïques qui lui permettaient de se réguler elle-même en énergie.

Mon soumis soupira en déposant sa pile de livres sur son bureau, là où tout le monde devait passer pour déposer son nom afin d'emprunter un livre. Le fonctionnement était très explicite et personne n'avait d'intérêt à voler des ouvrages ici.

— As-tu vu Calder ? remarquai-je pour détourner son attention.

J'observai rapidement son langage corporel qui était un peu renfermé. Comme s'il voulait me cacher quelque chose. Mon loup continua d'observer pendant que j'écoutais attentivement les paroles de Dario.

— Oui. Il est comme ça depuis ce matin.

C'était rare que Calder reste plus de quelques heures sous sa forme humaine. Je voulais voir si Dario avait fait attention à son environnement et c'était le cas.

— Tout ce temps ? m'étonnai-je.

Enfin, mon lycan trouva quelque chose sur son cou, juste au bord de son pull. Je retins un sourire. Dario et sa mystérieuse aventure tentaient d'être discrets. Ce n'était pas étonnant vu le rang de cette mystérieuse lycan. J'avais beau être moi-même très ouvert et très compréhensif envers mes les miens, tous n'étaient pas comme moi. Nous évoluions entre hommes la plupart du temps. Les femmes qui étaient Ritters dans ma meute se devaient de tenir la face et délivrer deux fois plus de bonnes prestations pour être bien vues. Et ce, malgré mes efforts pour qu'elles ne soient pas obligées de le faire.

— Il tient rarement aussi longtemps, remarqua Dario. Je pense que d'ici ce soir, il sera de retour sous sa forme de lycan. À vrai dire, je pense même parier sur la durée.

— La durée ? relevai-je, étonné.

— Le temps qu'il va rester sous sa forme. Plus il reste sous sa forme humaine, pire ce sera pour la suite. Tu le sais.

Je hochai la tête, conscient que même Dario meublait la conversation. Petite canaille.

— Tout va bien sinon ?

— Pourquoi ça n'irait pas ? soupira Dario.

— Je ne sais pas, dis-je en regardant ailleurs.

Dario allait dire quelque chose quand mon attention fut reportée sur les voitures qui commençaient à bouger. Visiblement, Dan avait récupéré tout ce qu'il devait pour les policiers. Maintenant, ils repartaient tous. D'ici la semaine prochaine, un premier groupe viendrait pour une semaine de formation en self-défense. Je souris.

Au fond, je savais très bien que mon lycan attendrait avec impatience ce moment.

— Je dois bouger, repris-je. Tu diras bonjour à Elisheva de ma part ?

— Oui, grogna Dario.

Je souris et il se mit à rougir en bafouillant une excuse idiote. J'éclatai de rire en sortant de la bibliothèque.

C'était vraiment trop facile.

J'étais prêt à me rendre directement chez moi, quand j'aperçus Mazakeen grimper dans sa voiture. Je levai ma main pour lui faire signe et elle me vit.

Mon portable vibra dans ma poche à ce moment précis. Je fronçai les sourcils et le sortis de ma poche. Je me figeai en voyant le nom et le prénom s'afficher.

Putain.

Je décrochai, sans trop comprendre pourquoi je lui laissais la possibilité à elle de me dire encore des choses.

— Ainsley, dis-je.

Je pivotai pour que Mazakeen n'en voit pas plus. Je l'entendis démarrer quelques secondes plus tard. La voix de mon ex-femme me perça presque le tympan.

— Je sais que tu ne m'aimes plus comme je t'aime, Warren, cria Ainsley. Mais c'est ma fille ! J'ai le droit de la voir et de lui parler ! J'en ai le droit ! Pourquoi essayes-tu sans cesse de tout saboter entre elle et moi ?

Je sentis mon corps se raidir.

Je savais très bien qu'Ashika faisait ce qu'elle voulait concernant sa mère. J'étais surpris qu'elle ne m'en ait pas parlé avant.

— De quoi parles-tu ?

Dans mon dos, je sentis Calder. Il posa sa main sur mon épaule et se plaça devant moi. La voiture de Mazakeen s'éloigna de mon champ de vision, mais je restais concentré.

— Tu me le demandes ? hurla Ainsley. Tu crois que je ne vois pas ton jeu ! Tu veux la retourner contre moi. Je le sais. J'aurais dû l'emmener avec moi... j'aurais dû...

— Calme-toi s'il te plaît, soupirai-je. Je ne comprends pas ce que tu racontes.

Oh, je savais très bien ce qu'elle voulait dire. Seulement, j'avais appris à ne pas aller de front avec Ainsley. Mon ex-femme avait tendance à mordre aussi fort qu'une lycan quand il s'agissait de m'attaquer moi.

De façon naturelle, j'avais tendance à la laisser faire.

Je n'aurais pas dû, mais cela faisait tellement d'années que ça durait.

Et comme un idiot, j'avais été amoureux. D'elle. De ce qu'elle m'avait fait ressentir à une époque.

Une époque qui était désormais bien trop loin pour que je puisse apercevoir un brin d'amour ou de loyauté.

— Je sais que tu l'empêches de venir me voir, Warren. Je le sais. En plus de me blesser moi, tu la blesses elle. Elle a besoin de moi. Elle a besoin de sa mère.

Je fermai un instant les yeux, cherchant une hypothèse pour comprendre cet appel. Visiblement, Ashika avait omis un détail plutôt important avant de partir avec Abel pour la ville.

Calder me regarda, grogna et me prit le téléphone des mains. Je fronçai les sourcils.

— Parfois, tu es vraiment conne pour une femme de ton âge, Ains', grogna Calder. Tu devrais tenter de regarder ton cul, voir s'il est propre avant de venir lécher celui de mon Krig.

Et il raccrocha.

Je haussai un sourcil.

— Ça m'a fait du bien, remarqua Calder en remuant ses épaules.

La minute suivante, un magnifique lycan se tenait devant moi, remuant doucement sa queue. Il s'assit devant moi, lécha sa patte pour un brin de toilette et finit par m'aboyer dessus. Je secouai la tête, ma main grattant son oreille.

— Merci ? dis-je à la bête.

Il jappa et me planta là.

Je soupirai et rangeai mon portable.

D'ici trois minutes, j'aurais droit à un autre appel.

Et à une liesse de culpabilité et de regrets.

Où était ma fille et qu'avait-elle fait ?  



*

*               *

*




Coucou à vous 👋 Depuis hier ça fait un bail dis donc haha 😙 Aujourd'hui on retrouve donc notre Warren qui nous parle plus en profondeur du Fief et un peu de la Brigade Noire ! Des infos seront données tout du long sur ces sujets puisqu'au coeur de cette histoire 😉

On en découvre aussi un peu plus sur la relation Maze/Warren et autant vous dire que vous allez bien kiffer... le peu que vous aurez haha 🤣 Cette histoire, que ce soit dans ce premier tome ou dans le deuxième n'est pas axée sur la romance, mais plutôt sur les liens entre différentes personnes et ça va vous changer un peu, en bien j'espère ! ☺️

On se retrouve mercredi pour la suite ❤️

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