Entre-Monde - L'envolée des T...

By Draganelia

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Les ailes des ténèbres s'étendent sur Entre-Monde. Le sauveur promis par la prophétie n'est pas arrivé à Elfi... More

Avant propos
La Carte de l'Entre-Monde
Préambule
Prologue
Chapitre 1 L'enfant
Chapitre 2 La lettre
Chapitre 3 Les Aïdems (1ère partie)
Chapitre 3 Les Aïdems (2ème partie)
Chapitre 4 Undĕwial
Chapitre 5 Le Miroir (1ère partie)
Chapitre 5 Le Miroir (2ème partie)
Chapitre 6 Andor (1ère partie)
Chapitre 6 Andor (2ème partie)
Chapitre 7 Ange la Rebelle
Chapitre 8 La Reine des Ténèbres
Chapitre 9 Litanie de souffrance
Chapitre 10 Morsure
Chapitre 11 A feu et à sang (1ère partie)
Chapitre 11 A feu et à sang (2ème partie)
Chapitre 12 Hasard épineux (1ère partie)
Chapitre 12 Hasard épineux (2ème partie)
Chapitre 13 Le réveil des Gardiens ? (2ème partie)
Chapitre 13 Le réveil des Gardiens ? (3ème partie)
Chapitre 14 L'ombre se révèle (1ère partie)
Chapitre 14 L'ombre se révèle (2ème partie)
Chapitre 15 Ensorcelé (1ère partie)
Chapitre 15 Ensorcelé (2ème partie)
Chapitre 16 Une question de temps (1ère partie)
Chapitre 16 Une question de temps (2ème partie)
Chapitre 17 Tout est prêt... (1ère partie)
Chapitre 17 Tout est prêt... (2ème partie)
Chapitre 18 L'atout de la différence (1ère partie)
Chapitre 18 L'atout de la différence (2ème partie)
Chapitre 19 L'Arearth (1ère partie)
Chapitre 19 L'Arearth (2ème partie)
Chapitre 20 Quand la vengeance réunit (1ère partie)
Chapitre 20 Quand la vengeance réunit (2ème partie)
Chapitre 21 Chaîne sous la tempête (1ère partie)
Chapitre 21 Chaîne sous la tempête (2ème partie) [corrigé]
Chapitre 22 L'Île de la Nature (1ère partie)
Chapitre 22 L'Île de la Nature (2ème partie)
Chapitre 23 L'Arbre aux Cœurs (1ère partie)
Chapitre 23 L'Arbre aux Cœurs (2ème partie)

Chapitre 13 Le réveil des Gardiens ? (1ère partie)

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By Draganelia

          Il pleuvait abondamment en Glofinel. Le ciel noir ne laissait entrevoir aucun éclat de lune. Les humains se dépêchaient de rentrer chez eux où juste une faible lumière de chandelle luisait par les fenêtres de leurs maisons.

           Un homme, plus petit que les autres, marchait sur le chemin aux flaques crasseuses et à la terre marécageuse. Un seul endroit dans ce village était richement éclairé. Des cris et des rires se faisaient entendre loin, dehors : La Taverne aux Loups.

           Il toqua à la porte, où une lampe à bougie était suspendue au haut vent. Il se retourna comme s'il craignait d'être suivi. Une petite trappe s'ouvrit sur un œil jaune. La fenêtre se ferma et un cyclope apparut dans l'entrée. Le bruit de la résidence s'intensifia.

—Un nain. Ça faisait longtemps que je n'en ai pas vu dans les parages. Toi, tu as dû échapper à ta mise à mort, s'esclaffa-t-il. Confie-moi ce vêtement trempé qu'il puisse sécher.

— Non. Je le garde.

— Comme tu veux. Assassin ?

Le nain le regarda sans aucun sentiment dans les yeux. Le cyclope ri et gratifia une grande claque dans le dos de l'homme.

— Tu es le bienvenu, ici, mon ami, dit-il en se mettant devant l'entrée.

Il croisa les bras et observa les clients avec son unique œil.

— Tu as de la chance d'être arrivé ce soir, déclara-t-il.

— Pourquoi ? demanda le nain en regardant l'activité du bar.

— La pluie nous a oubliés pendant plusieurs semaines. Cet après-midi, encore, la chaleur nous étouffait. J'ai cru que j'allais mourir de soif. Mais par bonheur, l'eau nous est enfin tombée dessus. Si vous aviez vu les enfants... Si les flaques avaient pu être plus grandes, ils auraient nagé dedans. Malgré tout, certains ont bravé cette tempête de sable brûlante.

— Merci bien, répondit son client à cet interminable monologue, en se dirigeant vers une petite table vide.

— Une femme est venue dans l'après-midi, quand le soleil avait atteint son point culminant, continua le géant en ignorant l'interjection. Elle est entrée dans l'auberge comme si elle était chez elle.

— Une femme vous avez dit ? demanda le nain en se retournant.

— Oui, une petite dame au beau visage blanc et aux yeux verts.

— Merci, répondit l'individu.

Le cyclope arqua un sourcil avec un mauvais sourire.

— Recherché par la Secte ? ricana-t-il.

Le nain ne réagit pas et finit par s'asseoir à une table.

            Un homme jouait du piano sur des touches jaunies. Ses six doigts à chaque main courraient avec une rapidité déconcertante sur les notes. La musique lourde et pleine de mélancolie semblait monter vers le plafond en restant emprisonnée aux planches. La mélodie qui s'échappait de l'instrument résonnait gravement. Soudain, une voix masculine écorchée et caverneuse s'éleva légèrement dans l'air. Le son devint encore plus mortuaire.

Vois le sang

Perler sur les mutilations.

Vois les larmes

Se mélanger à la peur.

Vois les yeux

De ton ennemi

Disparaître dans la mort.

Notre Seigneur Noir

Nous donne chaire pour nourriture,

Nous donne os pour nos dents.

Inclinons-nous bas pour lui.

La vérité vraie,

C'est que le roi tout puissant

Est garnit d'or et de rouge.

C'est un ours aux grandes griffes.

Ho ! Vive le Seigneur Gundor !

Ainsi parlent ces bouchers

Comme il aime les décrire.

Les pluies pleurent après son passage

Chez les peuples en souffrance.

À la fin, plus personne ne dit mot.

Oui, les pluies pleurent après son passage

Et nous, nous fêtons sa victoire

Comme dans le passé et le futur.

Nous anéantirons tous ceux

Qui n'ont pas l'âme à partager

Ses grandes offrandes de sang.

           Deux métamorphes s'évaluaient dans un combat de bras de fer. Des gouttes de sueur perlaient sur leur front et glissaient sur leur biceps dénudés qui grossissaient sous l'effort. La poigne commença à plier doucement à gauche. L'une des mains se contracta en acier durant un instant ce qui perturba son adversaire. La rivalité reprit sa force égale. Mais très vite, la balance évolua. Il écrasa le bras de son opposant sur la table. Le liquide orangeâtre qui se déversait de la blessure se rependit sur le sol. Un lutin qui passait devant eux glissa sur la flaque tandis que le membre retrouvait son aspect d'origine. Des boucliers accrochés aux poteaux étaient bardés de haches.

           De nombreux chats dormaient sur les chaises et le bar. Les hommes qui voulaient s'asseoir les prenaient par le cou et les balançaient derrière eux, sans trop savoir où ils allaient atterrir.

           L'odeur de la bière et de la pipe planait dans l'air comme une substance idyllique, mais celle de l'hydrobiel embaumait davantage le lieu. D'ailleurs, certains en buvaient par le robinet d'un tonneau, couchés sur le sol. Le liquide doré coulait à flots dans leur bouche et ils l'avalaient avec avidité comme s'ils étanchaient une soif inassouvie.

           L'homme retira son manteau en projetant un cercle de goutte dans la pièce. Il s'assit sur une chaise et une femme très belle et corpulente lui apporta un verre à la couleur rouge et une miche de pain légèrement brûlée, sur le dessus.

           La table était d'un marron terni, où des morceaux de peinture s'écaillaient. Un vase rond, au long cou, avec une gracieuse tulipe aux pétales roses et blancs, égayait ce sombre tableau. À côté, des grains cuivrés ruisselaient sur les parois d'un sablier en bois. En face, une bougie dans un crâne éclairait la surface. La cire jaunâtre coulait entre les dents de la tête. Un léger nuage grisâtre flottait dans l'air et troublait la vue du plafond.

           L'homme enfonça ses ongles dans le pain. La croûte épaisse se brisa en s'éparpillant parmis les clients, mécontents. Sans s'en soucier, il plongea ses dents dans la miche et en arracha un gros morceau, qu'il mâcha avec énergie.

           Grand pour un nain, son visage en forme de cœur était embelli d'une chevelure lisse, lui arrivant au niveau des omoplates. D'une noirceur mortelle, des éclats indigo parsemaient sa toison accompagnée de mèches argentées. Ses yeux en amande, d'un bleu acéré, restaient fixés sur son repas. Une barbe de trois jours entourait ses lèvres fines, mais rigides, légèrement rosies par sa boisson. Les extrémités de sa bouche semblaient ne pas avoir été écartées par un sourire depuis longtemps. Sous sa tunique d'un gris crasseux, son corps était celui d'un jeune homme, aux muscles saillants. Il paraissait petit, dans ce bar d'êtres imposants. Et pourtant, on ne pouvait ignorer l'âme de guerrier qui hantait cet être ni l'aura mystérieuse et puissante qui vibrait à travers tous les pores de sa peau. La curiosité posait beaucoup de questions face à un pareil personnage, mais la crainte s'inspirait immédiatement. Un nain, d'une telle stature, ne pouvait évoquer qu'un mauvais présage. En Glofinel, croiser des êtres travaillant pour faire revivre une époque sanglante...

           Des petits claquements de chaussures s'étaient approchés de lui. Il tourna la tête pour voir une paire de jambes interminables. Une belle femme aux longs cheveux blonds, légèrement ondulés se tenait à ses côtés.

           Elle portait une robe très courte avec des plumes violettes. Sa poitrine était cachée par un tissu et deux bouts de rubans roses, à partir de sa taille et qui montait en croix, jusqu'à ses épaules. Tout le reste de son corps était dénudé. Des bandes noires barraient ses jambes à la couleur pêche.

— Vous voulez vous amuser ? D'après Un Œil, vous êtes un assassin. Ça tombe bien, j'aime bien les gens ainsi, révéla-t-elle avec un sourire carnassier.

— Cet endroit est merveilleux pour votre travail, donc, répondit-il en reprenant son repas.

— C'est vrai. Mais, ça fait longtemps que je n'ai pas vu un nain. Et j'ai pu remarquer que c'était les meilleurs coups. Surtout, quand ils ont bu une bonne dizaine de verres d'hydrobiel, ajouta-t-elle en s'asseyant doucement sur le bord de la table.

Elle posa sa main sur la joue du nain et commença à la descendre sur son torse. Il retira vivement les doigts boudinés de bagues, qui glissaient dangereusement vers un endroit intime.

— On aime se faire désirer à ce que je vois. J'affectionne tout particulièrement les hommes difficiles à convaincre.

— Je suis désolé, mais je ne suis pas intéressé, lâcha l'individu en espérant pouvoir manger en paix.

— Poli en plus. Ne t'inquiète pas, si tu me cherches, appelle la Sirène du Désir à la rescousse mon lapin, lui chuchota-t-elle en passant une dernière fois sa paume sur sa joue.

L'homme soupira quand la femme fut partie.

           Soudain, il se sentit épié. À droite, un groupe de créatures peu avenant le regardaient avec des yeux pleins de haine. De l'autre côté, un individu encapuchonné avec une chope dans la main et un brin d'herbe sec ne détournait pas le visage de lui. Seule sa bouche grâce à la lumière des bougies de sa table se rendait visible par moment.

           La clique se leva, doucement. Ils se séparèrent pour encercler le nain. Ce dernier ferma les yeux en signe d'exaspération. Il but d'un coup son bock, puis, croisa ses doigts et appuya son front sur ses pouces tout en fixant son épée. Sa main tenait, l'anse du verre, mais l'autre était serrée sur un poignard. Les hommes se rapprochaient de plus en plus de la table. Deux d'entre eux avaient déjà sorti un couteau. Le nain assis attendait, avec amertume, l'instant où il devrait repousser ses assaillants.

           Une silhouette noire apparut, subitement, devant lui et se posa sur une chaise en face. Le nain la regarda, surprit, en tenant, sans relâche, le poignard.

— Bonsoir mon jeune ami. Puis-je me joindre à vous ? déclara l'inconnu, un moment après.

Son compagnon de table mit du temps à se détendre. Il tourna la tête pour voir si l'homme au brin d'herbe s'y trouvait toujours. La place était vide.

           Quand il retrouva ses esprits, la seule phrase qui sortit de sa bouche fut murmurée dans un faible souffle.

— Qui êtes-vous ?

— Vous savez qui je suis, mais vous ne vous en souvenez plus, car ce qui se passe en Entre-Monde ne vous intéresse pas.

— Entre-Monde m'a délaissé, gronda le nain.

— Vous vous en êtes aussi détourné, arqua l'individu.

L'homme approcha son visage afin de mieux distinguer les traits de l'indésirable. Mais ce dernier enleva sa capuche.

            C'était un homme qui commençait à perdre de sa jeunesse. Il était vêtu d'une longue tunique, aux couleurs de la nuit. Son menton avait disparu sous une barbe noire, où la lumière crée des effets violets. Très grand, même pour un humain, il déposa une petite canne à côté de lui, surmontée d'une émeraude, retenue par deux ailes de hiboux. Ses yeux, d'un bleu océan, laissaient voir un vieillard aimant s'occuper de ce qui ne le regardait pas, changèrent. Ils devinrent sages et clairs.

— Que vient faire, Rowan Aura de Foudre, en Glofinel ? Aurait-il réussi à s'échapper de sa prison personnelle ? Que cherche-t-il ? Ou, devrais-je dire qui cherche-t-il ?

Rowan souffla. De toute évidence, cet inconnu le connaissait très bien et savait des choses. Peut-être même plus que lui.

— J'ai reçu une lettre de ma mère. Elle me disait de la rejoindre ici.

— Et donc ?

Le nain soupira de frustration.

— Et alors, ça fait trois jours que j'erre, comme un vagabond, parmi les humains... Tout en essayant de ne pas me faire repérer dans cet endroit mal famé. Et rien. Même pas un indice pour la retrouver. Aucune trace d'elle. Elle me dit de venir et elle n'est pas là.

— Qu'on ne vous reconnaisse pas ? répéta l'étranger.

Il se retourna et regarda les créatures qui s'étaient rassises en attendant le moment opportun.

— Glofinel est un endroit où les hommes les plus désespérés sont recrutés pour devenir des mercenaires. Et les gens ici, croient que vous êtes un rabatteur. Avec votre physique en plus, comment s'y tromper ? Dans tous les cas, c'est vrai que votre plan a parfaitement fonctionné, répliqua-t-il avec un sourire goguenard et amusé.

— Vous vous moquez de moi ? arqua Rowan.

— Non ! Je n'oserais jamais manquer de respect envers un grand homme. Mais attendez. Vous ne l'êtes pas.

— En tout cas, pas encore, spécula une voix féminine.

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