Chapitre 14 L'ombre se révèle (1ère partie)

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          La femme essayait de calmer le frisson qui montait le long de son échine et descendait sur son bras.

— Qui êtes-vous ? demanda le nain, en approchant son visage, dans l'espoir de discerner le sien, en vain.

— Personne, répondit-elle.

— Nous accompagnerez-vous à Andor ?

— Seul le temps décidera de la marche à suivre, Rowan.

Le regard de l'homme inspectait, sous toutes les coutures, ce corps mince.

— J'ai la nette impression de vous avoir déjà vu quelque part, chuchota-t-il en fronçant les sourcils, soupçonneux.

Un autre frisson là secoua, mais le nain ne le remarqua pas.

— C'est impossible. Nous ne nous sommes jamais rencontrés. C'est Githrandiar qui m'a parlé de vous.

           Un grand coup de vent, provenant de la porte qui s'était ouverte, fit tomber sa capuche, révélant un visage plus qu'angélique. Fin, blanc, lèvres écarlates et bien dessinées, yeux plus verts que toutes les émeraudes réunies, mais surtout, c'était la couleur de la chevelure de la jeune femme qui choqua, instantanément, Rowan. De toute sa vie, il n'avait vu cette couleur qu'une seule fois. Un rouge sang dans la pénombre, et un rouge éclatant, à la lumière des bougies. Il approcha sa main du visage rêvé et glissa ses doigts sur cette joue.

— Est-ce que...

— Nous ne nous connaissons pas. Si c'était le cas, pourriez-vous me dire mon nom ? Je suppose que non, n'est-ce pas ?

           La femme se détacha du nain, brusquement, et se cogna contre le bar. L'homme voulut l'aider, mais deux yeux rouges accueillirent froidement sa tentative. Elle se détourna de Rowan et quitta la taverne, en ayant remis sa capuche en place.

           La pluie continuait à tomber. Githrandiar et Ange s'éloignèrent du village, dans la terre boueuse, l'un à côté de l'autre. Leurs capes voltigeaient derrière eux, avec le vent qui s'engouffrait à l'intérieur.

           Rowan resta dehors, son corps en offrande à l'averse. Il revint dans La Taverne aux Loups, et se réinstalla à la table. Il sortit un morceau de parchemin jauni et écrivit, avec une encre sèche, quelques mots. Il se leva et reprit son manteau. Tout en saluant le cyclope, qui lui répondit en clignant de l'œil, les bras croisés sur le torse, il quitta le bar tonitruant.

            Il regarda une dernière fois le chemin qu'avaient suivi les deux personnages, avant de se diriger à l'opposé d'eux. Un léger sourire naquit sur ses lèvres, habituellement si taciturnes.

           Il observa le ciel, où un faible éclat de lune émergeait des nuages noirs. Une paix, la première depuis de longues années, s'empara de Rowan. Il se sentait bien et détendu, pourtant il ne s'engagerait pas dans un périple aussi saugrenu, en compagnie d'un magicien dont le seul pouvoir consistait à guérir des blessures d'enfants. Et surtout d'une vampire, loin d'avoir atteint la sobriété par rapport au sang.

           Il n'était pas mort lors de la destruction de la chaîne montagneuse. Il n'avait pas envie de finir sa vie dans une perspective désespérée. Plutôt continuer à vivre malheureux. L'espoir faisait trop souffrir, et il en connaissait un rayon.

            Lui, le nain qui avait subi une mutinerie de son peuple, et pourtant, il n'arrivait pas à leur en vouloir. C'était peut-être ça l'amour ? Sauf que personne ne lui partageait ce sentiment.

            Seule la solitude l'accompagnera, car Elle ne s'était jamais présentée et lui, n'avait plus la force de la chercher. Lâcher prise est toujours plus facile que de se battre.

Entre-Monde - L'envolée des Ténèbres [En Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant