Chapitre 12 Hasard épineux (1ère partie)

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          Le soleil haut dans le ciel d'Elfira s'obscurcissait face au temps lourd et orageux. Des nuages noirs s'approchaient du château et encerclaient les tours dorées. Des milliers de balcons surplombaient le paysage séparé par les camps d'ombres.

           La cascade, qui coulait en sens inverse, était entourée de petits filets ambrés comme si une lueur venait de l'intérieur. Des fleurs en boutons parsemaient la surface rocailleuse. Elles se trouvaient aussi autour d'un bassin, surmonté d'un kiosque d'entrelacs, légèrement arrondis en haut. Les pétales lumineux accrochés au cœur dégageaient la même lumière que l'eau.

           Mais malgré les merveilles d'Elfira, des elfes effrayés courraient avec des corbeilles et des instruments de musique dans les bras.

           Seul l'un d'entre eux restait de marbre face à ce rythme inhabituel dans ce Royaume, pourtant, réputé pour son calme.

           Il descendit, telle une plume, les escaliers. Ses cheveux roux volaient au vent et son regard lançait des éclairs. Sa main serrait quelque chose. Des braises s'échappaient de son poing fermé.

           Quand il l'ouvrit, une belle fleur blanche au cœur en forme de flocon s'y trouvait. Ses yeux étaient clos. Des bruits de pas précipités l'entouraient. Tous les elfes couraient se cacher et aidaient les autres à fuir cet orage anormal.

           Le vent dans les arbres soufflait de plus en plus. Seuls la rivière et son courant restaient doux et agréables.

           Un homme aux cheveux noirs se dissimulait derrière des colonnes. L'elfe roux, une jeune femme, était vêtue d'une robe sans bretelles et d'un jupon arrivant au bas des genoux. La matière ressemblait au duvet des oiseaux.

           Elle s'arrêta devant une cascade. La fleur blanche prit feu. Les flammes dansaient dans sa paume, provoquant de légers picotements. À l'intérieur de sa main, la plante se transformait en une poudre grise. Elle la laissa tomber dans l'eau où un crépitement l'accueillit, mettant fin au brasier fleuri. Quand les pétales touchèrent la surface, ils disparurent pour laisser place à un nénuphar, surplombé d'un bouton solitaire, aux coloris chatoyants.

           Soudain, de sa botte, elle sortit un poignard qui alla se planter dans un chariot en bois, à quelques centimètres de la jambe de l'elfe qui l'épiait en se cachant.

— Pourquoi me suivez-vous, Quvhalion ? demanda-t-elle sans se retourner.

— J'aimerais connaître la raison de ta présence chez moi.

La femme fit face à son interlocuteur.

— Je me promène dans votre si joli Royaume, dont j'ai connu une clémence sans failles durant mes premières années dans ce monde.

— Arrête cette tempête qui arrive sur nous. Tu peux me regarder autant que tu le veux avec tes grands yeux verts surpris, mais je sais que tu y es pour quelque chose.

— Devinerai-je une peur sur votre visage, mon seigneur ? La force de mes pouvoirs prestigieux, que même votre piètre dieu ailé ne paraît pas disposer vous inquiète-t-ils ?

— Ne perds pas ton temps à me respecter. On sait tous les deux à quel point nous nous détestons. Nous sommes seuls, donc, faire semblant n'est plus obligatoire. Et puis, aucune magie ne recèle en toi, vampire ! cracha-t-il.

           Un rictus maléfique apparu sur le visage de la femme. Un sifflement s'échappa de sa gorge et entra en collision contre ses dents serrées. Le bruit rappelait le feulement d'un chat et d'un essaim d'abeilles. Elle se pencha et cueillit une autre fleur aux pétales dorés au soleil.

Entre-Monde - L'envolée des Ténèbres [En Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant