Chapitre 15 Ensorcelé (1ère partie)

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         La belle pâleur du ciel bleu azur faisait piailler de plaisir les oiseaux de Blimane. Et les aïdems les accompagnaient en chantonnant. Autant de bonnes humeurs aujourd'hui n'étaient pas étranges, car le Jour d'Éliendra était la fête la plus attendue.

           Une fois par an, une cérémonie récompensait l'arbre le plus merveilleux dans Blimane. Celui qui remportera ce prix pourra voir sa création s'épanouir dans la clairière d'Éliendra. De plus, il sera nommé « le sage » et obtiendra la reconnaissance de tous. Ce titre reste dans la famille du gagnant jusqu'à la fin de leur vie.

           En ce jour, chaque aïdem entourait un arbre dans son jardin, en le garnissant d'eau et d'engrais naturels, qu'il avait fabriqués lui-même. Ces produits, qu'ils qualifiaient « or des plantes », provoquaient souvent des désastres.

           Le peuple de Blimane compte beaucoup d'histoires sur certains engrais des participants dont l'effet désiré connut l'échec. Ainsi, des arbres étaient morts sur le coup, ou avaient tellement grandi qu'ils étaient devenus aussi hauts que des montagnes. Certains fertilisants avaient également détruit des maisons et tué deux personnes. Malgré toutes ces catastrophes, Éliendra demeurait la fête préférée de tous les aïdems.

           Cette date, tant attendue durant l'année, rendait les résidents de Blimane méconnaissables. Un peuple d'habitude si calme et aux manies perfectionnistes tombait dans le stress et le désordre.

           Dès la première heure du Jour d'Éliendra, alors que la nuit habitait encore le ciel, Blimane se transformait en une fourmilière d'aïdems.

           Qu'une seule règle devait se respecter lors de l'Éliendra : interdiction d'entreprendre des recherches sur les engrais en dehors de cette période. Et les aïdems ne révélaient leur composition sous aucun prétexte, surtout s'il leur permettait de gagner.

           Éliendra offrait la reconnaissance, mais même lors d'une rude compétition, les aïdems n'oubliaient pas leur bon cœur, quitte à être disqualifiés. Éliendra représentait la beauté intérieure des aïdems.



           Un aïdem était, justement, agenouillé devant les racines d'un chêne, aux gracieuses feuilles vertes. Ses cheveux blonds et bouclés lui arrivaient dans le cou.

           De grands yeux, embellissaient son visage ovale. La lumière enchantait ses iris en variant les couleurs à son désir. Tantôt à l'aspect océanique, le bruit des vagues s'entendait presque. Tout en passant par le gris des rochers, la forêt s'émerveillait dans des éclats blancs reflétant le pollen se détachant des arbres. À la suite, le violet des améthystes en paillettes onirique venait égayer ce tableau d'un regard qui esquissait un monde d'élégantes saveurs.

           Son nez légèrement pointu donnait à son profil une image de sorcière tandis que ses lèvres, pleines et bien roses, devenaient même rouge-écarlate quand il les humidifiait. Ses oreilles, tout à fait triangulaires, frémissaient dans la brise matinale. Ses épaules maigrichonnes tenaient un torse dépourvu de muscle. Ses jambes, moins longues que le haut de son corps, étaient assez grosses.

            À l'aide d'un arrosoir garance, comme sa chemise, il faisait couler une eau transparente sur l'écorce, qui venait goutter sur les racines. Des écureuils courraient sur les branches épaisses et bien formées, à l'intérieur du feuillage. L'aïdem se leva en regardant la cime de son arbre, en souriant. Il tâta le tronc comme pour le féliciter. Il se dirigea vers l'échelle qui menait à sa cabane, quand il fit soudain demi-tour, précipitamment.

Entre-Monde - L'envolée des Ténèbres [En Correction]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant