Lors de la première semaine de reprise, Amos annula tous ses cours privés. Il voulait qu'Ellynn récupère complètement avant de reprendre leur entraînement. Elle avait ainsi profité de ces heures pour aller aux bains des Saules et détendre ses muscles endoloris. Son altercation avec Phix lui avait laissé un goût amer en bouche et elle abordait ce second trimestre avec une détermination renforcée.
Allongée confortablement entre les pattes de Gladius, Ellynn se laissa bercer par les ronronnements de son tigre. Elle attendait Amos dans l'arène et profitait des rayons de soleil qui étaient plutôt rares ces derniers jours.
- Tu es toute seule aujourd'hui ? HA !
Ellynn ouvrit les yeux et découvrit Amos qui l'attendait patiemment au milieu de l'arène. Elle se leva avec souplesse et le rejoignit en quelques enjambées.
- Amaryllis et Philys sont restés à la bibliothèque. Bravakis nous a...
- Le professeur Bravakis, la corrigea Amos.
- Le professeur Bravakis nous a donné une rédaction de trois pages à faire pour demain. Le sujet est passionnant, dit Ellynn en levant les yeux au ciel, Comment ne pas réveiller les Dragons des Plaines avec son pouvoir élémentaire ?
- Tu as déjà fini ton devoir ?
- Oui, mentit Ellynn.
- Bien. HA ! On ne la fera pas tard aujourd'hui, dit-il en jetant un regard autour de lui via les yeux de son Amicus. On va commencer par...
- Excusez-moi, l'interrompit Ellynn en s'éclaircissant la gorge. J'aurais aimé vous dire quelque chose...
Amos se tourna lentement vers elle et son furet la fixa de ses yeux vides intenses.
- Je suis prête.
Ellynn plongea son regard dans le sien et releva le menton, déterminée comme jamais.
- Je suis prête, professeur.
Un long silence suivit ses propos durant lequel Amos la regarda fixement, son visage indéchiffrable. Ellynn ne cilla pas et lui rendit son regard, Gladius grondant dans son dos. Il était crucial qu'il comprenne à quel point elle était décidée.
Puis, d'un geste souple et rapide, Amos se propulsa vers elle, son bâton fendant l'air à une vitesse défiant toutes les lois naturelles. Ellynn plongea sur le côté, évitant de quelques millimètres un coup porté à son épaule, fit une roulade et agrippa fermement un long morceau de bois posé au sol. Elle entendit le bruit du bois siffler dans son dos et elle se retourna juste à temps pour parer un nouveau coup de son mentor. D'un mouvement agile, elle se releva et évita une nouvelle rafale d'attaques qui ne lui laissait aucun répit.
Alors qu'elle esquivait le bâton qui s'abattait sur elle, Ellynn sentit le poing d'Amos s'écraser dans son ventre. Le souffle coupé, elle tomba à genoux.
- Tu es morte, HA !
Le bâton d'Amos était impitoyablement posé sur sa nuque, prêt à frapper. Si elle avait été en plein combat, elle n'aurait pas survécu à ce duel. Son mentor recula de quelques pas et lui laissa le temps de récupérer. Ellynn prit appui sur son bâton et se releva. Elle essuya d'un revers de la main la poussière qui s'était posée au coin de sa bouche et regarda Amos qui attendait patiemment.
- Encore ! dit-elle en reprenant sa posture de combat. Encore, professeur.
Un sourire en coin apparut sur le visage d'Amos.
- Enfin... murmura-t-il.
Amos se mit en position défensive, son attitude ayant perceptiblement changé. Il regardait Ellynn d'un œil nouveau. Tous deux se jaugèrent du regard, comme s'ils apprenaient à se connaître pour la première fois.
- Vas-y, dit tranquillement Amos en ne la quittant pas du regard, HA ! Attaque-moi.
Ellynn ne se le fit pas répéter deux fois et s'élança sur Amos qui esquiva sans difficulté son coup. Elle ne se découragea pas et réattaqua à plusieurs reprises sans succès. À chaque nouvelle frappe, Amos lui criait un autre conseil : Canalise ton énergie ! Tiens-toi droite ! HA ! Plus sec ton coup ! Sois plus souple sur tes jambes ! La puissance vient avec la vitesse, HA ! Tu contractes trop tes muscles ! Relâche-toi !
Elle ne compta plus le nombre de fois où elle mordit la poussière sur le temps d'un seul entrainement. Amos était impitoyable avec elle mais Ellynn en s'en fichait. Elle savait que le seul moyen de progresser était de s'entrainer durement, encore et encore. Et elle savait pertinemment bien qu'elle n'en n'était qu'au firmament.
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