Sous le regard sérieux de ses soldats, Jossov arriva sur son cheval, un pur-sang en armure dorée, l'homme regardant les troupes avec dédain et un orgueil plus que palpable.
« Nous sommes prêts à attaquer !», s'exclama un soldat tout en marchant vers lui.
Celui-ci ce pencha par respect, paraissant minuscule face au général sur son destrier. Puis ce dernier le regarda dans les yeux, mais il détourna ausitôt le regard, l'aura de Jossov était trop emplie de prestance pour se permettre de lui manquer de respect.
« Il nous faut nous dépêcher, le jour va bientôt se lever, ordonna Jossov en recoiffant sa longue chevelure noire-corbeau. Si nous attaquons les Archelans à l'aube, ils paniqueront et se feront massacrer par nos cavaliers et si ils fuient, nos archers les attendront dans les bois. Il nous faut juste êtres discrets.»
Le soldat s'inclina en félicitant Jossov. Il était aussi bon au combat qu'en stratégie !
« Combien d'archers avons-nous ? demanda Jossov avec un soupçon de malice tout en désignant le bataillon recouvert d'armures dorées.
- Nous avons trente-cinq archers, vingt-trois cavaliers et cinquante-neuf soldats lourds.
- C'est parfait ! s'exclama Jossov. Nous partons !»
Aussitôt qu'il ordonna cela au soldat, celui-ci transmit l'ordre aux troupes qui s'enfoncèrent profondément dans les bois.
Mais alors que Jossov s'abaissa pour esquiver une branche, il vit une flamme quelques mètres plus loin. Il afficha un visage dont le mécontentement ne put qu'être vu.
« Qui es l'abruti qui a allumé une torche alors que j'avais expressément ordonné d'être discret !», vociféra-t-il.
La flamme redoubla d'intensité. Jossov s'avança, enragé, mais recula aussitôt, faisant se cabrer son cheval.
La flamme n'était pas due à une torche, mais un archelan se tenait là, la flamme à la main, prêt à attaquer.
Presque aussitôt, celui-ci projeta des flammes au sol, embrasant les feuilles mortes et illuminant la nuit noire d'un brasier vif.
En voyant cela, Jossov comprit de suite qu'il y aurait de nombreux morts. Ils sont tombés dans la gueule du loup. Une embuscade embusquée !
L'archelan ayant provoqué tout ça s'avança vers Jossov, celui-ci tentant vainement de calmer sa monture terrorisée du mieux qu'il le pouvait. Sa monture s'écrasa lourdement au sol, son armure d'or n'améliorant pas les choses.
Jossov eut un rictus de douleur, sa jambe était sous son cheval. Cheval qui se démenait de toutes ses forces pour pouvoir fuir, mais il ne put se relever. Pire ! Les flammes commençait à lécher les plates dorées de son armure.
Quand Jossov réussit à se libérer du poids de sa monture, il ne put que se relever difficilement. Sa botte d'or avait accentuée l'effet d'écrasement au point où il ne put marcher adroitement.
L'archelan s'approcha de Jossov en déformant les flammes autour de lui, ces dernières semblant lui obéir au doigt et à l'œil. L'homme put l'observer plus attentivement. Ses longs cheveux blanc-cassé étaient parsemés de mèches rouges vives. Couleur en contraste clair avec la peau albâtre de son visage fin et ses yeux bleus azur. Mais ce que Josssov considéra le plus était sa longue robe immaculée arborée de motifs rouge cramoisis brodés avec une grande attention. Cela ne voulait dire qu'une chose : Cet archelan était un membre de la guilde Saki.
La vue de Jossov vira au noir sur son cri long et lancinant. Il se réveilla en sursaut.
Autour de lui la lumière vive du jour l'éblouissait, elle faisait un contraste notable avec son cauchemar plutôt nocturne. Son torse et son bras lui firent particulièrement mal en se relevant, cette douleur vive lui rappela ce qu'il c'était passé : L'embuscade, ses compagnons assassinés puis ces deux aventuriers, étranges et opposés mais pourtant très semblables.
Jossov les chercha autour de lui presque aussitôt. Il avait tellement de questions à leur poser. Mais il fut déçu. Il était en plein milieu d'un bosquet, deux tentes de soie rouge mais pourtant vides de gens. C'était étrange d'ailleurs, avant qu'il s'écroule il était dans les montagnes d'ivoire, un lieu fort aride, pourtant il est maintenant dans un bosquet, en plein milieu d'une forêt verdoyante ! Il était aux alentours de midi d'après la position du soleil, ses rayons réchauffant agréablement la moindre parcelle de végétation. Jossov caressa de sa main forte et rugueuse l'herbe : elle était douce et chaude.
L'homme se releva avec une difficulté notable. Ses blessures n'étaient rien par rapport à ce qu'il avait déjà subi plus jeune, mais il vieillissait... Le moindre coup lui était maintenant extrêmement douloureux.
Il attrapa sa hache d'arme comme par réflexe. Cela faisait une vingtaine d'année qu'il l'utilisait maintenant, et il ne préférait pas s'en séparer. Jamais !
Il observa plus attentivement autour de lui maintenant qu'il était debout : L'herbe grasse cachait en fait des armes éparpillées, de longues masses, des épées lourdes et même... une hache d'arme ! Jossov se jeta dessus comme un prédateur se jetant sur sa proie. Mais il fut déçu, elle était très lourde mais pourtant brisée au tranchant. De plus, elle était d'un matériaux étrange. Il était gris, sans reflets particuliers, il était même rugueux ! Jossov réfléchit quelques secondes. Quel métal pouvait avoir ses caractéristiques ? se demandait-il. Il resta quelques secondes fixe, mais il ne sut pas ce que c'était. La vieillesse ne l'arrangeait pas !
Mais soudain, un bruit d'explosion retentit, puis un autre, et encore un autre. Et cela allait en s'intensifiant et en s'accélérant ! Des nuées d'oiseaux s'envolèrent et de la fumée apparaissait. C'était très proche.
Par réflexe Jossov dégaina sa hache d'armes et couru vers l'origine de tout-ça.
Il s'enfonça dans le bois, jusqu'à ce qu'il entende des voix :
« Plus vite ! Plus vite ! ordonna quelqu'un avec une voix forte et un ton fatigué.
- Si tu insistes ! enchaîna quelqu'un d'autre, avec une voix bien plus puissante et portante. Je ne sais pas si ton cœur va tenir, le vieux !»
Le temps entre les explosions se réduisit, mais la force redoubla d'intensité comme le témoignait les ondes de chocs que ressentait Jossov. Celui-ci arriva vite à la lisière de la forêt, où le soleil refit son éblouissante apparition.
Après que les yeux de Jossov se soient habitués à la lumière, l'homme put voir la scène dans son ensemble : un paysage magnifique, des plaines à pertes de vues, les montagnes d'ivoire à l'Est tandis qu'a l'Ouest se dessinait le reste de la forêt. Comme coupant la plaine en deux, un long fleuve courait jusqu'à l'horizon. Jossov le reconnu, c'était le Veine-de-Jour. Il n'avait jamais compris pourquoi il était appelé comme cela, mais il l'aurait très bien appelé "Déchirure-d'horizon" s'il en avait eut le pouvoir.
Mais comme l'arrachant à ses pensées, les ondes de chocs l'atteignirent directement. Quand il vit celui qui était à l'origine de ces dernières il fut plus que surpris.
Kineta Daue, l'archelan qu'il l'avait sauvé, se battait contre un loup-garou noir comme la nuit à l'aide de sa maîtrise de la Terre. L'archelan virevoltait dans tous les sens, arrachant des grosse pierres du sol à plusieurs mètres de lui et les projetant vers le monstre. Mais malgré les mouvements intensifs de l'archelan, faisant voleter sa robe dans tous les sens, le loup-garou se défendait bien. Il esquivait rarement les pierres, préférant les réduire en poussière à l'aide de ses poings griffus. Sa force colossale lui permettait de créer des ondes de chocs lors de ses coups, bien qu'elles étaient petites.
En voyant les mouvements naturels et "humains" du monstre, Jossov comprit que celui-ci était le Kavura. Un lycanthrope avec une telle maîtrise ne pouvait être que lui. Daue et Shigeki étaient donc en train de s'entraîner, et non de se combattre réellement.
Après quelques minutes de combat violent, Shigeki et Daue s'arrêtèrent brusquement, épuisés. Une lumière vive émana du corps monstrueux de Shigeki, puis il redevint humain. Ses longs cheveux noirs retombant au niveaux de ses épaules. Le fait de le voir sans armure était étrange aux yeux de Jossov. Un combat si violent, et pourtant Shigeki n'était pas blessé, juste essoufflé.
Après avoir reprit son souffle Shigeki se retourna, se sentant observé, puis il vit Jossov derrière lui.
« T'es encore vivant ? On te pensais mort, ironisa maladroitement Shigeki.
- Pourtant je suis là ! enchaîna Jossov sans tenir compte de l'attitude non-respectueuse du Kavura.
- Comment avez-vous réussi à venir ici ? s'enquit Daue bien plus respectueusement.
- Je suis un ancien soldat, il m'en faut plus pour m'éliminer ! rit Jossov.
- Il est robuste papy ! affirma Shigeki.
- Venez manger avec nous ! l'invita Daue, comme pour mettre un terme au paroles de son apprenti.»
Jossov vint près d'eux, puis s'assis difficilement dans l'herbe, ses os craquant et grinçant sous la pression de ses muscles vieillissants.
Shigeki fit de même, s'asseyant auprès de lui. Puis Daue revint avec un sac de cuir. Il s'assit et en sortit le contenu: Un plat contenant des brochettes constituées de morceaux de viandes de différentes nuances de couleur, et sûrement de goût ! Shigeki en saisit une d'un geste vif, geste totalement en accord avec sa personnalité. Puis Daue en prit une et la donna au vieil homme. Celui-ci la prit, regarda attentivement la viande, puis ses compagnons : Shigeki croquait les morceaux à pleines dents tandis que Daue mangeait noblement. Jossov croqua alors la viande après quelques secondes d'attente.
Il fut alors totalement surpris. Ce n'était pas de la viande mais des légumes cuits, et le pire était que c'était délicieux !
« C'est tellement bon ! affirma clairement Jossov, non sans cacher son plaisir. Tu es cuisinier ? demanda-t-il en regardant Daue.
- Oh non, sinon vous mangerez actuellement du charbon, rit-il. C'est Shigeki qui sait cuisiner ici !
- Eh bien tu cuisines très bien, Shigeki ! complimenta Jossov.
- Asaki était cuisinier en même temps ! s'exclama Shigeki.
- Asaki ? Je ne sais pas qui c'est mais je parle de toi.
- Comme je suis le deuxième Kavura j'ai hérité de tous les pouvoirs et souvenirs du premier : Asaki, qui était cuisinier.
- Tu as donc tous ses souvenirs ?
- J'ai tous ses souvenirs sauf les intimes.
- Donc tu l'as vu mourir ?
- Asaki ? Oui, c'était un meurtre lâche et horrible.
- J'avais une trentaine d'années à cette époque, continua Jossov, j'était soldat du royaume de la fleur noire, jusqu'à ce qu'il disparaisse, après la bataille des cendres...
- Moi aussi j'y ai participé, enchaîna Daue, bien que j'étais du coté des archelans... Mais dites-moi, de quel grade étiez-vous ?
- J'étais général.
- Le général Falnhir ? s'étonna Daue.
- Oui, c'est bien comme ça qu'on m'appelait avant, mais je n'ai plus ce titre à présent... avoua-t-il avec un sourire cachant sa déception.
- Votre niveau de langage à bien évolué depuis ! Mais c'est donc vous qui avez tué Sanate Suri, mon meilleur élève...
- Oui, j'en suis navré, s'excusa Jossov, c'était un très bon utilisateur du Feu, c'est d'ailleurs lui qui a mit le feu aux poudres, sans vouloir faire de mauvais jeux de mots...
- Oui, c'est lui qui avait mit la forêt en feu avant l'embuscade de la guilde Saki, mais il est mort après un combat sanglant.
- Si cela peut vous rassurer, a part ce matin je fait toujours le même cauchemar où je le vois agoniser à cause de ma lame. Jamais je n'oublierai ses cris de douleurs, c'est horrible...
- Je ne vous en veux pas, vous étiez contraint à combattre, et vous avez changé depuis !
- C'est vrai ! Mais je voudrais changer de sujet, cela me rappelle trop de mauvais souvenirs...
- Oui, moi aussi ! avoua Daue. Si nous parlions de votre mission ?»
Jossov eut un frisson de peur. Il revoyait ses compagnons mourir sous ses yeux.
« Je... on devait attaquer un repère de bandit dans les montagnes.
- On le sait, affirma Daue, c'est nous qui avions payé Polar pour qu'il le fasse. Ce qu'on veux savoir c'est si vous seriez prêt à y aller de nouveau.
- Vous savez qui on doit combattre ? s'enquit Jossov.
- Nous ne savons pas qui exactement, intervint Shigeki, mais nous savons que ce sont des bandits organisés, donc surement des déserteurs. Ils ont pillés des ruines dans le nord du continent et ont récupérés un artefact datant de l'ère des insectes de cristal.
- Ce dont on a surtout peur est que ça soit lié au Malin ou à la Magie, enchaîna Daue, cela pourrait réveiller l'un ou l'autre, voire même les deux !
- Oui, c'est vrai que la Magie est à moitié réveillée, le moindre stimuli pourrait la réveiller pour de bon, ce serait dramatique !
- Effectivement ! confirma Shigeki. Je doute même que je soit d'une quelconque utilité, les différences de forces sont trop importantes !
- Pourtant ta force est colossale ! argumenta Jossov. D'ailleurs tu m'as impressionné lors de ton entrainement ! Rien ne pourrait te résister !
- C'est vrai que je suis très puissant...
- La Magie est malheureusement extrêmement puissante, coupa Daue, bien plus que Shigeki, mais bien moins que l'Arcane !»
Shigeki regarda Daue avec colère, ce dernier venait de refroidir son orgueil brutalement. Shigeki était loin d'être aussi humble qu'un archelan ou même qu'Asaki !
« Dans tous les cas, nous devons nous préparer à les attaquer ! tenta de se rattraper Daue avec un ton de voix rude.
- Oui, c'est vrai, confirma Shigeki, on va rester là, au calme, quelques jours. Le temps que tu te remettes de tes émotions...
- C'est vrai que j'ai bien besoin de me reposer ! C'est bien gentil de votre part !»
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Prononciations:
Daue Kineta : "Dahué Kinéta"
Shigeki Ukita: "Chiguéki Ukita"
Jossov Falnhir: "Djossov Falenhir"
Sanate Suri: "Sanaté Suli"
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Merci d'êtres arrivés jusque là ! J'espère que ce chapitre vous aura plu !
Je suis désolé si il a mis du temps à venir, j'étais fort occupé par les cours et angoissé du fait que je ne pouvais pas publier...
Bref, vous avez vus, j'ai mis les prononciations, je les mettais sur le blog mais tous le monde n'y vas pas, donc à chaque nouveau mot ou nom sa prononciation à la fin du chapitre.
D'ailleurs merci à vous, les chroniques arcaniques concernant le 1er Kavura ont dépassés les 900 vues ! C'est incroyable ! Merci à vous ! それは素晴らしいです！