Homme-Loup

By Helleana

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"Aujourd'hui, la science est arrivée à un tel point que l'Homme est en capacité de modifier jusqu'au génome h... More

Prologue
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La légende des Justiciers

27.

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By Helleana

Deux jours s'étaient écoulés sans qu'on ait eu le droit à notre visite quotidienne de cet homme qui enjoue tant mon kidnappeur. Donc lorsque la sonnerie se déclenche, l'homme ne regarde même pas les caméras et déverrouille la porte.

- Bon je suis désolé, je vais devoir faire une petite pause.

Je ne réagis pas, essayant de retrouver mon état comateux. Désespérément, comme tout le temps.

Vingt minutes plus tard, l'homme est déjà de retour et reprend son couteau. Mais au moment où la lame entaille ma chair, je crois entendre des bruits de pas dans le couloir. Je me frappe intérieurement. Je me suis promis de ne plus espérer parce qu'à chaque espoir qui s'envole, je me sens un peu plus mal.
La lame descend jusqu'à arriver à ce qu'il reste de mon pantalon noir. Soudain, du silence, à peine troublé par mes faibles gémissements de douleur ou bien les chaînes qui frottent sur le métal, on passe à l'explosion de bruit. Il y a des dizaines de détonations, des lames qui volent ou encore des fumigènes. Je cherche à me retourner pour voir si c'est vrai mais l'homme me dit de ne pas bouger si je ne veux pas finir en lambeaux. Pendant un instant j'envisage de lui dire que c'est déjà le cas. Mais je n'ai pas l'envie. Pas la force. Encore un faux espoir.

- SCOTT !!!

Cette voix qui hurle me fait sursauter et j'ouvre les yeux. Je m'aperçois que je me suis endormi à cause des fumigènes. Je regarde devant moi et au lieu de voir l'homme -mon frère- avec une de ses lames à la main, je vois Alan.

Cette découverte est tellement insolite que je secoue la tête dans l'espoir de me réveiller plus vite. Quel est le dieu, si quelque chose de ce genre là existe, sadique capable de me faire rêver de telles choses ? Ne voit-il pas que je suis déjà fini ? Que tomber plus bas est impossible ? Je pense que même la mort est plus douce, comparée à ce que je vis, ça ne serait qu'un sommeil enfin réparateur.

Mais lorsque le rond froid du stéthoscope du médecin se pose sur mon cœur et que je frissonne, je réalise que c'est vrai. Que mon cauchemar est terminé. Qu'il existe finalement une entité divine assez compréhensive de ma douleur pour me tirer de mon trou à rat. C'est seulement une fois que je commence à sourire de soulagement, que mon corps envoie un formidable message de douleur à mon cerveau, qui se met en veille. Je sombre dans une inconscience réparatrice. La condition du loup qui souffre.

*

Mes sens commencent à revenir peu à peu. Et bientôt je suis capable de comprendre ce que disent les gens autour de moi. Bientôt je suis en capacité de deviner que les visites me sont interdites à cause de mon étrangeté. Je suis capable de savoir que je suis dans le coma et que c'est pour ça que je suis incapable d'imposer le moindre mouvement à la douleur qui me tient lieu de corps. Seul Alan vient tout les jours. Au début, il était silencieux. Et puis d'un coup, il s'est mis à me parler.

La porte s'ouvre et je sens l'odeur musquée de Alan parvenir jusqu'à moi. Il tire un fauteuil et s'installe sur ma gauche. Il commence toujours par la même phrase.

- Hey Scotty ! L'infirmière m'a dit que tu pouvais m'entendre et même si je suis dubitatif, j'essaie quand même. Enfin ça, tu dois le savoir, je commence toujours comme ça... Alors aujourd'hui, il ne s'est rien passé de spécial. J'ai fait l'entraînement de tes hommes. Tu te souviens ? Les quatre hommes que tu devais entraîner ?
La semaine dernière, on a eu un gros problème. James, tu sais, celui qui cherchait toujours à te dévaloriser pour que l'on fasse un peu plus attention à sa médiocrité, il a eu un accident de voiture. Il avait été chargé de poursuivre une femme en voiture. Et il a perdu le contrôle. Le véhicule a dérapé et il a aussi perdu la vie. Un accident bête parce qu'il n'a pas fait attention aux priorités. Je me dis pas que je l'appréciais particulièrement mais ça faisait longtemps qu'il était dans l'agence et on finit toujours par les apprécier. Il a été enterré hier. Bruce, son frère était là. Le pauvre petit. Perdre son frère deux ans après sa mère... Du coup les deux derniers de la famille de James ont déménagé sur un autre état.

Alan parle encore pendant plusieurs minutes avant de se lever et de s'en aller.

*

Et puis un jour, alors qu'il parlait je retrouve brutalement comment me servir de mon corps. J'ouvre les yeux. Alan reste pendant un moment sans bouger avant de rire comme s'il était fou.

Des infirmières m'obligent à passer des tests. Scanners, radiographie, tests de réactivité mais la partie que j'ai préféré; manger. On m'a servit une pleine assiette de légumes et de viandes, de poissons en tout genre. Et bien que n'ayant pu manger qu'un tout petit peu, j'ai apprécié ce repas à sa juste valeur.
Mais malgré ma joie, les infirmières sont inquiètes. Mes cordes vocales semblent en bon état pourtant pas un seul son n'est sortit de ma bouche. Elles ont peur que je sois devenu muet à cause du choc psychologique. Je suis complètement incapable de confirmer ou d'infirmer cela.

Mais ma joie ne dure pas longtemps. Lorsqu'on me ramène dans ma chambre, les deux infirmières et le médecin que Alan a mis dans la confidence sur moi, remarquent très vite mon changement. Le semblant d'étincelle de vie qui s'était allumé dans mon regard a été soufflé et je suis redevenu sombre et triste. Ils ne savent pas ce qu'il s'est passé là-bas...

*

Derrière une vitre de verre, pensant que je ne les entends pas, le docteur et Alan discutent.

- Le Scott que vous connaissiez et celui là ne sont pas les mêmes. Ses blessures et surtout l'effort mental l'ont traumatisé et il se peut que plus jamais il ne redevienne comme avant. Plus de soixante-dix pourcent de son corps est couvert de blessures, certaines sont en cours de cicatrisation d'autres resteront à jamais. Il est en quelques sortes revenu d'entre les morts... Survivre à une telle torture a des conséquences irréversibles. Faites très attention à lui. Les hommes qui survivent à ce genre de choses sont changés et personne ne peut savoir comment ils vont réagir à une situation qui peut vous paraître normale. Et ce encore moins quand ils sont comme lui.

- J'ai confiance en lui.

Alan entre dans la pièce. Je suis de dos, torse nu, les ailes repliées sur mon dos et je regarde dehors. Je revois encore et toujours, en boucle, le visage de Hellen. Ce regard paniqué. J'ai l'impression d'être un monstre. Non pas l'impression. Je suis un monstre. On m'a conçu comme une chimère de l'enfer. Les ailes noires d'un démon. Les pupilles verticales d'un chat, comme un mauvais présage dans la nuit. Des oreilles pointues et d'autres choses de loup, la peur la plus profonde de l'homme. Et cette adaptation qui me rend si résistant, comme un cauchemar dont on ne peut pas se débarrasser. Alors pour tenter d'écarter tout ça, pendant quelque temps, je regarde la circulation nocturne, vingt-trois étages plus bas. La file rouge et la file jaune.Quelques voitures privées volent à mon niveau, mais disparaissent très rapidement. Le clignotement des enseignes. Tout ce que je n'ai pas vu et qui m'a manqué.

- Scott, écoute, je sais que tu n'es pas un psychopathe traumatisé comme l'a sous-entendu le doc.

Mes oreilles ne se tournent même pas vers Alan. Je sens ses émotions et comprends que ce fait qui pourrait paraître anodin, l'alarme. Je tente de parler mais aucun son ne sort de ma bouche ou plutôt gueule, puisque je suis un animal.

- Ça va ? Enfin je veux dire, tu n'as pas mal ?

Je secoue la tête et me retourne. Je vois l'infime mouvement de recul qu'il a en me voyant. J'ai envie de mettre ça sur le compte des cicatrices à peine fermées qui courent tout le long de mon torse mais je savais que c'est moi dans l'ensemble. Les mots revinrent d'un coup.

- Le docteur a raison. Il a fait de moi ce que je ne suis pas. Plus jamais ce sera comme avant.

Pour tenter de cacher la joie et la surprise qu'il a en m'entendant parler, Alan secoue la tête. C'est sans compter mon aura... Elle est présente depuis le début, mais ce n'est que sous la torture que j'ai remarqué combien elle était puissante. Et si elle me permettait au paravent de deviner les émotions les plus puissantes, je suis maintenant capable de noter le moindre changement d'humeur des personnes qui m'entourent, comme si je ressentais leurs émotions.

- Je ne te crois pas. C'est pas comme s'il t'avait greffé une queue ou des griffes. Finit-il par dire.

- C'est pire encore. Ces choses je les avait en moi. Il s'est juste débrouillé pour que je devienne tellement violent que ces choses sortent d'elles même. Je ne m'en rendais même pas compte !

- Mais quelles choses ?!

J'invoque ce qui m'a tant effrayé la première fois, à la fin de la première semaine. Lors d'une illusion, des crocs et des griffes étaient sortis de moi. C'est au moment où je me suis rendu compte que ces choses étaient en moi depuis toujours que j'avais perdu espoir.
Je dévoile mes crocs et mes griffes. Mes yeux devinrent dorés. Mes sens déjà surhumains s'accrurent encore. Je vois chaque particule de poussière qui danse dans la pièce. J'entends les infirmiers discuter au comptoir, à l'étage d'en dessous. Je sens le parfum à la rose de la dame qui va voir son fils, au bout du couloir, comme tout les jours. Dans ma bouche, mes canines s'allongent, me rendant plus dangereux encore. Et mes doigts se terminent maintenant par des griffes de loup.
Alan recule de plusieurs pas en me voyant comme ça.

Mi-homme, mi-loup

Je suis un Homme-loup.

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