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Felicia :
Nous traversons la rue presque au pas de course. Un mauvais pressentiment se met à me ronger les entrailles. Je préfère rentrer chez moi le plus rapidement possible.
Nous sommes arrivons finalement entiers à la villa. J'appelle Estelle pour qu'elle vienne à la maison. Mes deux gardes du corps eux, se postent devant la porte après avoir vérifié toutes les fenêtres et portes de la maison. J'ai presque l'impression d'avoir été mise en quarantaine maintenant. Mais je sais que c'est pour me protéger. Je l'ai compris.
Estelle nous rejoint une heure plus tard. Nous sommes installés confortablement sur le canapé du salon et Estelle a mis la série Heroes. Elle a pensé qu'une petite série ne nous ferait pas de mal.
Du coup, on est en train de se regarder le cinquième épisode de la première saison. Ça parle de personnes normales qui, du jour au lendemain, découvrent qu'elles ont un pouvoir : voler, se rendre invisible, se régénérer... C'est plutôt fascinant.
Après plusieurs épisodes, je propose à mes amis de faire à manger tous ensemble. Je trouve que c'est plus conviviale. Et puis, avec tout ce qui se passe en ce moment, je n'ai guère envie de commander à manger. Ce serait dangereux.
Nous avons décidé de faire un chili con carne. A première vue, ça paraît un peu compliqué, mais en réalité, c'est faisable.
- OK. Alors Nash, peux-tu faire cuire les haricots rouges ? Estelle, tu fais cuire la viande, les oignons et le concentré de tomates. Pendant ce temps, je prépare la casserole, je mets la table.
Tout le monde s'affaire à sa tache. Je place les couverts et assiettes sur la table du salon. J'en profite pour faire la vaisselle de ce que Nash et Estelle n'utilisent plus pour libérer le plan de travail.
- Alors, il est bon notre chili con carne ?
- Oui, moi j'aime beaucoup, répond Estelle. Et toi Nash ?
- Hum... C'est très bon, pourtant d'habitude je ne suis pas trop plats épicés. Mais ça a bon goût.
Mes amis ont l'air d'apprécier, c'est une bonne nouvelle.
Après le repas, fidèles à nous-mêmes, nous retournons à la série télé commencé tout à l'heure. Vers 2 h 30, nous décidons d'aller nous coucher. Estelle dort avec moi dans mon lit à deux places. Nash, lui, dort dans la chambre d'amis. Demain nous avons cours, mais nous avons veillés très tard. Nous serons tous fatigués, mais j'ai tellement peur de fermer l'œil.
Passage obligé par la salle de bain avant de dormir. Je me démaquille tandis qu'à côté de moi Nash se brosse les dents. Estelle a déjà été emportée par Morphée.
- Merci de rester avec moi, je conçois que tu aies une vie en dehors. C'est vraiment gentil de ta part Nash.
Il me répond par un hochement de tête.
- Tu sais, je ne m'imaginais pas qu'un jour, je confierais mon passé à d'autres personnes et encore moins à des gens de mon âge. Je ne voulais pas du tout déménager du Nevada pour venir ici. Ma famille a beaucoup bougé ses dernières années. J'avais peur de me retrouver plus seule que jamais, de ne pas me refaire des amis. Certes, on m'a dit que j'étais jolie, mais apparemment maintenant ça ne suffit plus.
Nash qui a fini de se brosser les dents, m'écoute attentivement.
- Tu sais Feli, certains sont vraiment trop bêtes pour ne pas se rendre compte que tu es jolie, intelligente, drôle et j'en passe. Moi, je serais toujours là pour toi, jusqu'à temps que tu ne veuilles plus de moi, déclare-t-il après s'être essuyé la bouche.
- S'il te plaît, ne fais pas de promesses que tu serais incapable de tenir. En plus, il se peut que je déménage encore une fois, on n'est pas à l'abri, soupiré-je fuyant son regard.
- Je sais, mais je m'en fiche. Si ça peut te rassurer, je retire ce que je viens de dire. Mais tu peux compter sur moi, quand tu veux.
- C'est déjà mieux.
Je le serre dans mes bras. Les siens m'accueillent quelques minutes. Puis je quitte la salle de bain et vais me coucher. Demain, reprise du lycée.
- Felicia, ton réveil !
J'entrouvre les yeux, j'essaie de sortir petit à petit de mon sommeil. Estelle à la tête enfoncée dans l'oreiller, un pied par-dessus la couverture et les bras sous le coussin. Est-ce une position confortable pour dormir ? Je regarde ma table de chevet où trône l'engin de torture qui ne fait que crier depuis tout à l'heure. 6 H 30. Ça va piquer...
- Estelle, il faut que tu te lèves, il est l'heure. Je vais réveiller Nash. Sa mère passe dans 40 minutes, annoncé-je, refoulant un violent bâillement.
Je repousse la couette et pose mes pieds nus parterre. Dieu merci, j'ai de la moquette, ça fait moins froid. Je traverse le couloir pour arriver devant la chambre d'amis. Je toque puis entre dans la pièce. Nash est encore en train de dormir. Je décide d'ouvrir les volets et de venir le réveiller, il ne faut pas être en retard.
- C'est déjà l'heure ? m'interroge-t-il d'une petite voix, émergeant tout doucement.
- Oui Nash, c'est drôle, Estelle et toi, vous êtes pareils.
Je pars de la chambre pour aller préparer le petit-déjeuner dans la cuisine. Je m'installe à table, bientôt suivie par ma meilleure amie.
- Felicia, pendant que tu étais avec Nash hier, j'ai été faire un tour dehors en skate. Tu devineras jamais qui j'ai vu au café.
- Je ne sais pas, dis-je en versant des céréales dans un bol.
- J'ai vu Kyle. Comme il m'a vue aussi, il est venu me parler !
- C'est cool ça ! Vous vous êtes dit quoi ? demandé-je intéressée par sa soudaine rencontre.
- Et bien, il m'a dit qu'il était impressionné que je fasse du skate. Il m'a confié que lui aussi, il adore ça. On a un peu parlé, et il m'a donné son numéro de téléphone !
- Non... Sérieux ?
- Oui, je suis trop contente.
Estelle rougit et sourit bêtement après m'avoir raconté sa petite aventure. Je suis tellement contente pour elle. Elle semble vraiment attachée à lui.
Noah :
Je me promène dans le couloir, me dirigeant vers le casier que je partage avec Candice. Une fois devant, je l'ouvre et découvre avec surprise que son téléphone est dedans. Elle a dû l'oublier ?
Je le récupère le déverrouille et constate qu'elle a reçu un message. Je clique sur la conversation, je peux lire le dernier que Candice à envoyer.
- Noah, mon chéri, m'a demandé de faire la misère à Felicia. Selon lui, elle le mérite car elle n'a pas arrêté de me tenir tête. De toute façon, ce ne sera pas difficile, je fais ça depuis le début de l'année. Elle m'exaspère cette fille. En plus, elle a fait exprès de se mettre à côté de lui en sciences. Je suis sûre qu'elle veut me piquer mon mec. Elle n'a vraiment aucun scrupule. On va bien lui rappeler qui le patron. Ça aurait du être fait il y a bien longtemps déjà...
Cela a été envoyé à un dénommé Patron.
Je me dirige vers la cour où se trouve ma petite amie afin de lui rendre son portable. Je ne vais pas lui poser de questions sur ce message, je risquerais de rompre ma couverture.
Je la trouve assise sur un banc, un téléphone collé à l'oreille. Elle a donc un second cellulaire ? Je me cache afin d'écouter sa conversation, le volume est plutôt fort, je peux également entendre l'autre voix à l'autre bout du fil. Ah Candice ! Ce n'est pas malin !
- Oui, c'est moi patron. Que se passe-t-il ?
- Sa rentrée a été bonne ? l'interroge l'inconnu.
- Oui, patron, magique si vous voyez ce que je veux dire...
- Je crois que j'ai compris. Tu fais du bon boulot jeune fille.
- J'ai de l'aide de la part de ma couverture, ricane Candice, continuant de jouer avec son éternelle mèche de cheveux.
- Smith ?
- Exact. De toute façon, il la déteste autant que vous et moi.
- J'espère que tu ne lui a pas parlé de quoi que ce soit.
- Bien évidemment que non, patron. Nous avons un contrat, je le respecte, souligne-t-elle le sourire aux lèvres.
- Je vais devoir te laisser, ça fait déjà deux minutes. Fais attention à tes arrières, de nos jours, on ne peut faire confiance à personne.
- Bien patron.
Elle raccroche, j'attends plusieurs secondes et me dirige vers elle l'air de rien.
- C'était qui bébé ? demandé-je m'asseyant à côté d'elle.
- Personne Noah, ne t'inquiète pas.
- Parce que « Patron », c'est personne ?
- Tu ne me fais plus confiance mon amour ? s'enquit-elle le regard miséreux.
- Ce n'est pas le problème Candice.
- J'ai trouvé un job, rien de plus.
Je la scrute, suspicieux. Elle ment.
- Quel job ? Et depuis quand tu veux travailler ? Je croyais que tu étais allergique au travail ? Et puis ce n'est pas ton téléphone...
- Un job de serveuse, sympa. J'ai envie de me faire plus d'argent. En plus, le patron paye bien pour deux heures de travail le week-end.
- Tiens ton téléphone.
Je lui tends l'objet et elle me remercie rapidement, n'ajoutant aucun mot à se sujet. Nous nous levons, puis m'accroche au bras de Candice.