HOMELESS (Tome 1)

By astarofsky

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Les secrets sont-ils faits pour être cachés, ou pour être révélés ? Ivy a découvert le secret sur sa famill... More

Playlist
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5
Chapitre 6
Chapitre 7
Chapitre 8
Chapitre 9
Chapitre 10
Chapitre 11
Chapitre 12
Chapitre 13
Chapitre 14
Chapitre 15
Chapitre 16
Chapitre 17
Chapitre 18
Chapitre 19
Chapitre 20
Chapitre 22
Chapitre 23
Chapitre 24
Chapitre 25
Chapitre 26
Chapitre 27
Chapitre 28
Chapitre 29
Chapitre 30
Chapitre 31
Chapitre 32
Chapitre 33
Chapitre 34
Chapitre 35
Chapitre 36
Chapitre 37
Chapitre 38
Chapitre 39
Chapitre 40
Chapitre 41
Une FAQ spéciale personnages, ça vous dit ?
Ils sont là, plus beaux que jamais...
Le mot de la fin
Fearless et Eight

Chapitre 21

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By astarofsky

Mes yeux hagards quittent leur contemplation du plafond pour se poser sur mon réveil, à côté de moi. Il affiche six heures trente tapantes, signe qu'il est temps que je me lève, que je prenne ma douche et que je me prépare à aller au lycée. Alors que cette routine émerge dans mon esprit, un soupir las expire entre mes lèvres, imageant mon manque d'entrain à l'idée de me rendre en cours.

Je n'ai réellement pas envie d'y aller. Je suis épuisée, physiquement comme mentalement. Il m'a été impossible de fermer l'œil de toute la nuit. Et je pèse mes mots : j'ai vu chaque minute couler doucement sur le radio-réveil, à travers mes yeux restés humides. Une migraine, due aux larmes versées, me vrille le crâne depuis plusieurs heures déjà.

Dans un nouveau soupir, je me redresse sur mon lit, et tous mes muscles protestent. Je suis restée si longtemps recroquevillée sur moi-même que j'ai mal au dos. Lorsque mes pieds se posent sur le sol, mon regard suit le cheminement de feuilles éparpillées à terre.

Aussitôt, si soudainement que c'en est effrayant, la colère resurgit du fond de mon cœur, semblable à une flamme ravivée par le vent qui souffle. Je serre les dents, amère, bouillonnant de l'intérieur.

-Enfoiré, grogné-je, la voix tremblante.

Je n'ai même pas de remords lorsque j'insulte mon propre père. J'agis telle une adolescente en pleine crise, mais cela m'importe peu. La colère et la rage que je ressens envers lui sont bien plus fortes que ma conscience.

Je souffle longuement, lentement, afin de me calmer, avant de me diriger vers la salle de bains. Quelques secondes plus tard, l'eau chaude coule sur mon corps courbaturé et épuisé. Cependant, elle ne m'est d'aucune aide.

Dans l'autre sens, cette fois-ci, je traverse ma chambre, habillée, sans m'occuper de ce qui gît au sol. Malgré qu'ils soient détruits, je ne peux me résoudre à jeter tous ces dessins, tous ces croquis que j'ai réalisé à l'aide de mes petites mains, de ma tête et de mon cœur.

« Tu y penseras plus tard », me forcé-je à songer en dévalant les escaliers.

Il faut que je sorte, que je parte de la maison afin d'évacuer les dernières heures de mon esprit. Je sprinte jusqu'à l'arrêt de bus, comme si m'éloigner rapidement de la demeure suffisait à calmer le flots d'images et d'émotions qui se déversent en moi. La haine que je ressens à l'encontre de mon paternel ressurgit brusquement, et je trébuche sur le trottoir, déstabilisée.

Les mots qu'il a prononcé, avec ma mère, ce sombre soir d'été, remontent toujours à la surface, nouant ma gorge sous le coup de l'émotion. A bout de souffle, je m'arrête, la tête me tournant. Je n'ai rien avalé depuis hier midi, et mon repas n'était pas fameux ; j'ai refusé de dîner, hier soir, et voilà que je viens de partir, déjà en retard, sans prendre de petit déjeuner.

Le bus tourne au coin de la rue lorsque je parviens à l'arrêt. Essoufflée, je tente de chasser mes vertiges et respire lentement. Un bâillement s'échappe de ma bouche ; la fatigue me tombe dessus sans prévenir. « Ce n'est pas le moment », songé-je.

Quand j'arrive au lycée, c'est à peine si je parviens à garder les yeux ouverts. Mes membres me semblent lourds, j'ai la bouche pâteuse et l'idée de devoir passer la journée en cours me paraît insurmontable. Cependant, les visages de Nate et Gemma me viennent en tête ; s'ils me voient dans cet état, c'est sûr et certain qu'ils s'interrogeront, qu'ils tenteront de savoir ce qui m'arrive. Or il en est hors de question.

Alors je prends une grande inspiration, m'efforce à adopter un rictus que je souhaite naturel, et marche dans le couloir la tête haute, malgré les points noirs qui dansent devant mes yeux. Ce n'est que lorsque je suis arrivée devant la salle de maths que je me laisse tomber au sol, mes forces me lâchant.

-Tu sais que faire une nuit blanche la veille d'un contrôle de maths de deux heures, ce n'est pas une bonne idée ?

Je relève la tête avec peu d'énergie en entendant Nate s'asseoir à côté de moi, à même le sol.

-Qu'est-ce qui te dis que j'ai fait une nuit blanche ? parviens-je à rétorquer.

-Ta tête. Tu es blanche comme un linge, tu as les cernes les plus longues du monde et tu respires la fatigue.

Je hausse les épaules, espérant au fond de moi qu'il ne me demande pas comme je me porte. Ni la raison qui m'a empêchée de dormir.

-Tu vas tenir toute la journée ? s'enquit mon ami alors que le professeur se pointe au bout du corridor.

Toujours silencieuse, j'acquiesce lentement avant de me mettre debout. Rien que ce geste me demande un effort surhumain. J'ai l'impression de ne pas avoir dormi depuis des siècles. Ma tête pèse lourd sur mes épaules

Un voile se dresse devant mes yeux quand j'essaie de marcher, et je dois me retenir au mur le temps que le mirage s'efface.

-Ivy ?

Les paupières closes, je tente de maîtriser mon souffle devenu haché. J'ai froid, et terriblement envie de dormir. Si je le pouvais, je m'allongerais immédiatement sur le sol.

-Ivy, eh tu m'entends ?

Nate me secoue comme un prunier, et malgré mon mal être, je suis incapable de lui dire d'arrêter. Ma gorge est trop sèche et ouvrir la bouche me demande trop d'effort.

-Il est hors de question que tu ailles en cours, l'entends-je dire. Viens.

Les autres doivent être entrés dans la salle, à présent. A vrai dire, je ne pourrais en être sûre, puisque à partir du moment où je retrouve pleinement mes esprits, je suis assise par terre, près de l'entrée du lycée. Nate est près de là, au téléphone avec quelqu'un. Il a l'air soucieux, et malgré mon esprit embrumé, je parviens à comprendre que c'est de ma faute.

S'il est inquiet, c'est de ma faute.

Le garçon châtain revient vers moi, les sourcils froncés. Il passe une main sur mon front, palpe mes joues, me pose quelques questions auxquelles je réponds par la négative.

-Bruce arrive. Il va nous emmener chez moi, avant d'aller à la fac.

-Quoi ? Non, sincèrement, Nate, ça ne sert à rien.

Mon ami me dévisage durant de longues secondes sans prononcer un mot, peu convaincu par mes paroles. A vrai dire, je ne parviens même pas à me convaincre moi-même.

-Tu as besoin de repos, objecte-t-il.

-Tu n'es pas obligé de louper les cours à cause de moi, répliqué-je.

-Avec tout ce qui se dit sur ma personne en ce moment, tu crois sincèrement que je suis ravi d'aller au lycée ?

Le ton moqueur de sa voix me déride quelque peu, et mes lèvres se fendent d'un sourire.

-Je vais bien, Nate, déclaré-je. Vraiment.

-Vas dire ça à Bruce, grommelle-t-il en ramassant son sac. Il m'a presque fait une crise quand je l'ai eu au téléphone.

Les coins de ma bouche retombent automatiquement. Bruce aussi va se poser des questions. Il s'inquiète déjà suffisamment pour moi, je n'ai pas envie qu'il m'interroge de nouveau. Les mots qu'il a dit, le soir où je suis allée chez lui après avoir planté ma mère devant la maison, me reviennent en mémoire, et je me mets à trembler.

« Je ne les laisserai pas te détruire. » Se pourrait-il qu'un jour, il intervienne directement face à mes géniteurs ? Cette pensée me fait frémir de plus belle. Il ne faut pas qu'il sache, ni lui, ni personne d'autre. C'est une affaire personnelle.

-Tu viens ? m'appelle Nate. Bruce nous attend.

A contrecœur, je me relève et me dirige vers la voiture de mon ami. A cet instant, je maudis plus que tout au monde ma faiblesse grandissante ; je ne suis même plus capable de cacher mes émotions, ni d'empêcher les autres de s'inquiéter pour moi. Ce n'est pas bon signe.

Lorsque je monte à l'arrière du véhicule, Bruce se retourne et me fixe en silence, tentant de deviner ce qui se trame dans ma tête. Je m'efforce de le regarder dans les yeux sans flancher, pour lui prouver que ça va. Que je ne suis pas en miettes.

-C'est encore eux, hein ? demande-t-il à voix basse.

Son ton est dur, cassant, et sa mâchoire se serre au moment où je hausse les épaules. Je suis incapable de lui mentir, cependant, lui avouer mes faiblesses, mon mal être intérieur, est trop douloureux.

-Je vais me les faire, un jour, jure-t-il.

-Non !

Le glapissement qui s'est échappé de ma bouche résonne dans l'habitacle. Bruce me dévisage avec des yeux ronds, alors que les iris Nate, assis à sa droite, passent de lui à moi sans arrêt.

Bruce coupe le moteur et se tourne entièrement vers moi, sans se soucier du fait que nous nous trouvons au beau milieu du parking du lycée. Heureusement pour lui, à cette heure-ci, personne ne vient se garer ou ne cherche à sortir.

-Ils t'ont frappée ? m'interroge-t-il gravement. Dis-moi la vérité, Ivy.

-Non, marmonné-je.

« Pas physiquement, ai-je envie d'ajouter. Ils m'ont frappée moralement, mais pas physiquement. » Cependant, je garde le silence, espérant qu'il comprenne que je dis la vérité.

-Tu me le dirais, sinon, n'est-ce pas ?

Le brun cherche mon regard, mais je m'obstine à regarder par la fenêtre.

-Je n'ai pas envie d'y penser. Je veux juste me changer les idées, c'est trop demander ?

En disant cela, je ne souhaitais pas être dure ou froide ; compte-tenu du regard qu'échangent mes deux amis, c'est loupé, apparemment.

-Fais ce qu'elle dit, murmure Nate. Je m'occupe d'elle.

-Bien, comme tu veux.

Après m'avoir lancé un énième regard inquiet, Bruce démarre le véhicule et s'engage sur la route. Je ferme les yeux, et me laisse porter par le ronronnement léger du fourgon, jusqu'à m'endormir complètement.

Lorsque j'émerge, ma tête est enfouie sous une grosse couverture, la pièce dans laquelle je me trouve est plongée dans le noir. Bien que je me sois reposée, je me sens toujours barbouillée, fatiguée. Je repousse la couette avant de me lever et de sortir.

-Nate ? appelé-je en descendant les escaliers.

Une bonne odeur de cuisine remonte du rez-de-chaussée, et mon ventre se manifeste bruyamment. La musique qui se dégage de là-bas est plutôt entraînante, et je crois entendre quelqu'un chanter.

D'un pas las, je rentre dans la cuisine, où Nate est en train de préparer à manger, accoudé au comptoir, riant aux éclats. Dans le four, une vingtaines de cookies sont en train de cuir, tandis que de l'autre côté de la pièce, Gemma est en plein concert, une spatule à la main en guise de micro. Elle chante haut et fort, mais faux. Terriblement faux. C'est si mauvais que je ne peux retenir un rire.

-Eh, Ivy ! s'exclame Nate en me remarquant. Ça va mieux ?

Il laisse de côté sa préparation pour venir prendre ma température, comme il l'a fait ce matin. Je me dégage, les sourcils froncés.

-Combien de temps ai-je dormi ?

Allez savoir pourquoi, voir Gemma ici, alors qu'elle devrait être en cours, ne m'étonne même pas.

-Quatre heures, environ, répond mon amie. On mange pizza, si ça te dit !

Mon ventre gargouille de nouveau, et Nate se met à rire moqueusement.

-Vas t'asseoir sur le canapé, propose-t-il.

Je hausse les épaules et, au lieu de l'écouter, m'approche de ce qu'il prépare. A côté, des cartons de pizzas trônent sur la table basse, fumants.

-Qu'est-ce que c'est ? m'enquis-je en touchant la pâte étrange du bout du doigt.

Nate me tape sur la main et je laisse échapper un cri de surprise en me reculant.

-Pas touche ! Et vas t'asseoir, je t'ai dit.

Il ouvre un placard et en sort trois verres, avant de se diriger vers le salon, où Gemma est déjà installée. Elle brandit la télécommande dans un geste triomphant.

-Un film d'horreur, ça vous dit ? interroge-t-elle en arquant un sourcil.

Je m'empare d'une part de pizza, incapable de me retenir de manger plus longtemps. Nate se laisse tomber sur le fauteuil à ma droite.

-Ça me va, lâche-t-il. J'ai hâte de vous voir hurler de peur devant Paranormal Activity.

Je lui lance un coussin en pleine figure afin d'étouffer son rictus amusé.

-On verra quand tu te pisseras dessus, réplique Gemma.

-Eh !

Elle lui adresse un sourire triomphant, avant de se lever.

-Je vais juste au toilettes, vous ne commencez pas sans moi, hein ?

-Jamais ! réponds-je.

Dès qu'elle est sortie de la pièce, l'ambiance pourtant légère retombe brutalement. Nate me fixe durant plusieurs secondes, la mâchoire crispée.

-Qu'est-ce qu'il y a ? finis-je par demander, excédée.

Il soupire bruyamment.

-Tu es sûre que ça va mieux ?

Je hoche la tête vigoureusement.

-Ils t'ont fait du mal, c'est ça ? murmure-t-il encore. Tes parents, je veux dire.

Je me mords les lèvres, muée dans le silence.

-La vie, ça craint, soupire-t-il soudain.

Ma part de pizza reste suspendue dans l'air. Pourquoi dit-il cela maintenant ? Je fronce les sourcils, mon regard lui posant une question silencieuse.

-La vie, c'est comme une part de pizza, en fait, poursuit-il. Tu commences à la manger, c'est bon, ça fond sous le palais. Les aliments se mélangent ensemble, c'est délicieux. Et puis, au bout d'un moment, tu arrives à la fin. Là, tu sens plus la pâte sèche, la sauce tomate et le jambon ne sont plus là. Et ensuite, tu ne croques plus que dans un truc dur et sec, presque sans goût, alors que tu ce que tu mangeais juste avant réveillait tes papilles. Pour la vie, c'est la même chose. Tout va bien, comme le début de la part de pizza. Et un jour, il ne reste plus que la pâte.

Je réfléchis un instant à sa métaphore, les yeux fixés sur la télévision allumée. Je ne réagis pas, ne sachant quoi répondre. Si je ne connaissais pas Nate, je dirais qu'à cet instant, il doit être sous l'emprise de drogue, pour dire des choses comme celles-ci, car ses paroles n'ont pas de lien direct avec notre précédente discussion. Et pourtant, je n'y prête pas attention. J'imagine que j'ai trop l'habitude qu'il sorte des trucs comme ça, d'un seul coup.

-Je ne pensais pas que tu étais le genre de personne qui discrédite le bout de la pâte à pizza, lâché-je après quelques secondes.

Il éclate d'un rire cristallin, contre toute attente.

-Il faut reconnaître qu'après le reste de la pizza, la pâte, ce n'est pas le meilleur, souligne-t-il.

-Très juste. Mais quand on aime la pizza, on prend tout, répliqué-je, ce qui déclenche à nouveau son rire.

-Reconnais que c'est quand même difficile de manger un bout tout sec de pizza, lorsque tu as goûté au reste ! C'est comme passer du Paradis à l'Enfer.

Mes yeux roulent dans leurs orbites.

-Tu exagères, là.

Nate s'apprête à répliquer, mais Gemma est déjà de retour, et à peine s'est-elle assise qu'elle appuie sur la télécommande afin de faire démarrer le film.

De toute ma vie, je n'ai jamais autant rit devant un film – d'horreur, qui plus est. Les cris de peur et de surprise de Gemma étaient si drôles que j'en ai oublié le fait que Paranormal Activity est sensé faire peur. A chaque instant, elle sursautait, se terrait derrière un coussin du canapé lors des moments de tension.

Alors que le générique touche à sa fin, je me tourne vers Nate. Depuis un moment, il fixe son portable en fronçant les sourcils, l'air peiné. Doucement, je me penche vers lui, l'air de rien, afin de regarder par-dessus son épaule.

-Qu'est-ce que c'est ? demandé-je.


*****

Promis, je serai plus régulière à partir de la semaine prochaine. Sachez juste qu'en 2 semaines, j'ai à peine eu 5h pour pouvoir écrire, ce qui est très peu. J'essaie de faire au mieux !

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