[Eldarya] Le Secret des Moraï

By ZakariasKedaltekh

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Lancez vous dans l'exploration des Terres d'Eldarya, vivez une aventure épique, rencontrez de merveilleux per... More

Souvenirs, souvenirs...
Prologue - La Fête du Cristal
Chapitre 1 - Un cœur qui bat
Chapitre 2 - J'y réfléchirai
Chapitre 3 - Origines
Chapitre 4 - La Source de notre magie
Chapitre 5 - Une Perturbation dans le Maana
Chapitre 6 - Une Visite Impromptue
Chapitre 7 - Perte de contrôle
Chapitre 8 - La Filature
Chapitre 9 - Embuscade
Chapitre 10 - De l'Autre Coté du Masque
Chapitre 11 - Un Repère dans les Ténèbres
Chapitre 12 - La Mission
Chapitre 13 - Le Voile de la Réalité
Chapitre 14 - Ce qu'ils cachent sous Terre
Chapitre 15 - Le Complot
Chapitre 16 - Une Chute Dramatique
Chapitre 17 - Un petit Biscuit ?
Chapitre 18 - Pendant ce temps là...
Chapitre 19 - La Goutte de Trop
Chapitre 20 - Des Milliers de Papillons
Chapitre 21 - Quand les Rochers se Mettent à Courir
Chapitre 22 - Un Nouvel Ami
Chapitre 23 - La Meute aux Trousses
Chapitre 24 - Le Combat dans les Ruines
Chapitre 25 - Le Journal de Bord
Chapitre 26 - Parce qu'il faut bien mourir un jour
Chapitre 27 - La Fonte des Glaces
Chapitre 28 - La Seule Condition
Chapitre 29 - Le Chant des Dryades et le Dé à Coudre
Chapitre 30 : Rencontre Sylvestre
Chapitre 31 - Le Glas des Sylphes
Bonus du chp 31 - par Analah
Annonce et questions
Chapitre 32 - Demain dès l'Aube...
Bonus du chp 32 - par Analah
Chapitre 33 - Les Clapotis du Lac d'Argent
L'interview à Triple Voix
Chapitre 34 - Que les Étoiles m'en soient Témoins
Chapitre 35 - La Perfection Incarnée
Chapitre 36 : Le Commencement
Chapitre 37 : Des Cris dans la Nuit
Chapitre 38 - Cernunnos ou le Bon Augure
Chapitre 39 - L'Impact
Chapitre 41 - Le Plan
Chapitre 42 - Puis-je t'embrasser ?
Chapitre 43 - Le Secret des Moraï
Chapitre 44 - Le Coût de la Victoire
Épilogue - Ici ou dans une autre vie
Foire aux Questions
Vos Fanarts du Secret des Moraï

Chapitre 40 - La Tanière des Ombres

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By ZakariasKedaltekh

Bonjour à tous !!

Aujourd'hui marque donc le début de notre Marathon ! C'est parti pour une semaine intense de publication (et donc de lecture) pour clore cette épopée à travers ce monde fantastique.

Je ne peux que vous inviter à me faire part de toutes vos observations, vos ressentis, vos suppositions quant à la suite ! Tout, tout ce qui vous vient en tête ! Pensez à cliquer sur l'étoile aussi :p

Je vous embrasse très fort et vous laisse lire donc ce chapitre 40, intitulé La Tanière des Ombres.



************



En quelques longues foulées, Ezarel, Malachite et moi nous retrouvons au fond de cette gorge formée par les flancs des montagnes. La Tanière des Ombres, la porte vers les Moraï et la Source du Maana, se situe, selon les Sylphes, à cet endroit précis !

Le petit lac à l'eau cristalline prend sa source ici également. Il scintille sous les reflets rosâtres de la lune qui s'élèvent, menaçante, dans le ciel sombre.

-J-je ne vois rien ! constaté-je en jetant des coup d'oeil partout aux alentours.

-Il doit forcément y avoir quelque chose ! Cherche encore ! s'impatiente mon Elfe en scrutant intensément les environs.

Pourtant, c'est bien la vérité. Nous sommes arrivés au bout de notre chemin, mais il n'y a rien. Nous sommes simplement face à une falaise abrupte, mais il n'y a aucune entrée. Pas de cascade secrète, pas de caverne, pas d'inscription sur la roche. Rien de rien ! Je ne comprends pas ! Nous sommes-nous trompés de vallée ? Impossible, Elkihal a été formel. Il n'a pas pu faire erreur !

-... ïtikka ! Tu m'écoutes ? vocifère Ezarel en me secouant par les épaules.


La crainte de l'erreur commise m'enferme dans un nuage opaque de terreur, comme tirée vers l'inconscient. Je ne vais quand même pas tomber dans les pommes maintenant !

-Concentre-toi ! C'est la Tanière des Ombres, tu es l'Élue. Ce serait logique que son entrée ne puisse être dévoilée que grâce à tes pouvoirs.

Il a raison, je devrais donc passer une sorte de test pour bien confirmer que je suis l'Élue et ainsi éviter l'accès à la Source à n'importe qui ! Je hoche la tête et observe autour de moi. Par où commencer ? Me concentrer ? Il est drôle ! Me concentrer sur quoi ?

-Ouvre ton esprit, Waïtikka. Vois le monde comme il est. Je suis là, avec toi, me rassure-t-il en me prenant par la main. Tu n'es pas seule.

Je ferme alors les paupières tout en gardant fermement ses doigts prisonniers des miens. J'ai besoin de le garder comme ancrage dans la réalité. Je ne tiens pas à me laisser happer par ma terreur et la perte de contrôle qui en résulterait. J'inspire profondément et expire entre mes lèvres pincées. Je tente de capter le Maana qui m'entoure et pourquoi pas déceler une fluctuation différente quelque part, une lueur plus vive qui m'indiquerait un chemin, une porte. Mais seules les réverbérations de la bataille qui fait rage par delà les arbres me parvient. Quoi que je fasse, mon attention est toujours redirigée là bas, sur les hurlements de furie, les cris d'agonie et les grondements sonores. L'acier qui s'entrechoque forme presque une musique au rythme endiablé. Un rythme barbare, comme tribal annonciateur de mort et de misère.

Ma respiration s'accélère, se saccade. Je resserre mon étreinte sur la main d'Ezarel. La vue des corps en sang de mes amis me terrifie ! Je refuse qu'ils subissent tant de souffrance, je refuse mon incapacité à les aider !

-Calme-toi, respire. Je suis là, Waïtikka. Tu m'entends ? répète la voix calme et confiante de mon Elfe. Tu vas y arriver, concentre-toi sur la solution. Cherche la Tanière.

-Maître avoir dit toi seule à être menace pour lui, car toi seule être capable d'ouvrir la Source. Malachite savoir Waïtikka ouvrir la Source !

J'inspire à nouveau, j'ai peut-être une idée. Je suis la clef pour ouvrir la Source, c'est ça ? Une clef ne cherche pas à attirer la serrure à elle. Une clef va vers la serrure. Je diffuse alors une vague de mon propre Maana, espérant que la Tanière reconnaîtra ma signature et m'ouvrira alors ses portes.

Un raclement sonore retentit à coté de nous, si bien que je sursaute, mais m'évertue à rester concentrée. Je ne dois pas me laisser distraire. Cependant, lorsqu'Ezarel relâche la pression sur ma main, je rouvre brusquement mes yeux. Le regard fixe, droit devant lui, l'Elfe arbore une expression vide, la mâchoire pendante.

-Tu l'as fais, Waïtikka, sourit-il, incrédule. Tu l'as vraiment fait !

Mes poumons se serrent dans ma poitrine quand je suis son regard des yeux. Dans la paroi de la falaise, tout un pan de roche s'est affaissé pour libérer une crevasse. Mince et sinueuse, loin des larges cavernes qu'on trouve dans les livres et les histoires, mais il s'agit tout de même d'une ouverture. Je ne sais pas si c'est moi qui ait réellement réussi à l'ouvrir, mais qu'importe, ça ne peut pas être une coïncidence. Un sourire niais se dessine sur mon visage quand je percute seulement.

-Attends, Ez' ! Tu en doutais ? Tu doutais que je puisse l'ouvrir ? craché-je, outrée.

-Mais non ! exagère-t-il en balayant ma question d'un revers de main. Je me suis juste préparé à la fin du monde. C'est normal, non ?

-Tu ne crois pas que je puisse tous vous sauver, c'est ça ? Tu n'as pas confiance en la pauvre humaine inutile que je suis ? questionné-je réellement blessée par sa boutade.

Il prend alors conscience que ses mots ont peut-être été plus dur qu'il ne l'aurait voulu. Il a peut-être essayé de faire de l'humour, mais je ne l'ai pas pris comme tel. Tout ce que je vois, c'est qu'il s'attend à ce que j'échoue. Humour ou pas, il n'a pas confiance en moi. Ma vision se trouble lorsque je réalise que la confiance de la seule personne qui compte ne m'est pas acquise. Sa foi en moi est mon moteur pour avancer depuis quelques temps. Parce qu'il y croit, alors j'ose penser qu'on a une chance. Et là, il me dit que de toute façon, il sait que je suis qu'une nulle qui nous fera tous tuer ?

-Hey, j'essayais de te taquiner. La pression te met les nerfs à vif, c'est ça ? s'enquit-il, la voix douce.

Je ne détecte aucun ton moqueur dans sa voix. Je ne sais plus quoi penser. Est-ce que c'était vraiment de l'humour ? Ou tente-t-il juste de se rattraper ?

-Tu crois franchement que je t'aurais suivi jusqu'ici si je n'avais pas une confiance aveugle en tes capacités ?

-Je... je sais pas, avoué-je, perdue, au bord du précipice.

-Waïtikka... ça c'était de la rhétorique ! Il te faut vraiment des cours ! s'exaspère-t-il. Une fois que tu nous auras sauvé, il faudra que tu trouves du temps dans ta vie d'héroïne pour venir consulter mon esprit sage.

C'est plus fort que moi, je ricane comme une débile et étouffe un sanglot. Le doute s'évapore aussi vite qu'il m'était tombé dessus. Je me sens mieux. Je le déteste pour ça ! Il faudra que je pense à me venger.

-Ton esprit sage ? répété-je. Laisse-moi rire !

-Ouais, ouais, fiche-toi bien de moi, se redresse-t-il, sur la défensive. C'est toi qui te taperas la vaisselle du laboratoire, dans tous les cas. Mais pour l'instant, ce serait pas mal qu'on tente une percée dans la Tanière, non ?

D'un coup de menton, il attire mon attention vers la crevasse obscure de la paroi. Je m'approche alors, hésitante. Il y fait vraiment très sombre, qui sait ce qu'on trouvera là dedans. Mais le temps presse, je n'ai plus le loisir de prendre des pincettes avec ce qui m'entoure. J'entre en terrain Moraï. En toute logique, il ne devrait rien y avoir de néfaste pour moi !

C'est suivie de près par Ezarel et Malachite que je m'enfonce tête baissée dans la Tanière. J'aurais aimé avoir les deux cailloux à frictionner que j'avais au Sanctuaire, mais je vais devoir m'en passer. Bien rapidement, je suis obligée de ralentir l'allure. Nous nous sommes trop aventurés dans les entrailles de la montagne pour que les rayons de la lune pâle nous éclairent encore.

Nous nous retrouvons totalement plongés dans le noir. J'étends mes ailes pour tâter ce qui m'entoure, m'en servant de canne d'aveugle, mais ce serait plutôt d'un sonar dont j'aurais besoin. Je pousse un juron quand je chute dans un nid de poule. Peu profond certes, mais bien assez pour fausser mon pas et me valoir une vautre magnifique. Finalement, c'est bien qu'il fasse noir. Même si Ezarel m'a entendu et s'exaspère de ma maladresse, au moins il n'a pas pu graver cette image de moi, le visage dans la poussière et les fesses en l'air, dans sa mémoire.

-Attends, j'ai quelque chose pour nous éclairer, dit-il en faisant cliqueter quelques potions dans sa sacoche. Tu vas finir estropiée si tu t'obstines à avancer à l'aveugle.

Un "pop" retentit quand le bouchon de liège saute et des dizaines de petites étincelles roses s'éparpillent autour de nous, éclairant alors cette grotte d'une lumière chaleureuse. Ces pétales me rendent toute chose à chaque fois que je les vois. Un sourire déforme mes joues et je me remets en route avant que les autres ne s'en rendent trop compte.

Après quelques minutes de marche prudente, les pétales d'Églantines nous indiquent la fin de notre chemin. La grotte s'arrête ici, sur une alcôve élargie, comme une salle. J'ai l'impression qu'il manque quelque chose, comme si cet endroit était censé accueillir quelque chose, mais...

-Il n'y a rien ? questionné-je à voix haute. Sérieusement ? Encore une épreuve ? Que faut-il que je fasse pour vous prouver que je suis l'Élue ?

Ma voix porte et se répercute sur les parois froides de la grotte. Qu'attendent-ils encore de moi, ces fichus Moraï ? Je suis supposée ouvrir la Source du Maana ? La preuve a été donné que je suis bien l'Élue, que leur faut-il de plus ?

D'un geste du doigt, Ezarel ordonne aux pétales de se disperser afin d'éclairer le moindre recoin de cette alcôve, tandis que Malachite s'accroupit à l'entrée. Je cherche partout, un endroit dans les parois lisses qui ouvrirait un nouvel accès. D'ailleurs, je remarque que les pans de roche ici forment de véritables murs : droits, lisses, d'équerre. Si la crevasse était creusée grossièrement et sans grand raffinement, ici, on pourrait jurer d'une coupe au laser tant la perfection de la structure est irréprochable. Cela me rappelle l'intérieur des Pyramides d'Égypte. Elles datent de milliers d'années, à une époque où les outils utilisés se résumaient à des burins et des réglettes et pourtant, leurs pièces ont été conçues avec une précision extrême au centimètre près ! Un exploit magnifique quand on voit la masse de matériaux travaillés ! Cet endroit respire la même ancienneté que ces sites mythiques. Le Maana y est vivace et pourtant, je le sens stagnant, comme s'il était resté là, à dormir pendant des millénaires.

Et pourtant, il n'y a rien. Pas un indice. Pas un bouton. Pas une trappe.

-Je comprends pas, Ezarel. Qu'est-ce que je dois faire ? supplié-je, désespérée.

-Toi refaire comme à l'entrée ? suggère Malachite.

Je doute que la technique soit la même mais je n'ai rien à perdre à essayer. Je ferme alors les yeux et réitère l'opération de tout à l'heure. Comme je m'y attendais et ce malgré plusieurs tentatives, rien ne se produit. En manque d'idée et envahie peu à peu par le désespoir de l'échec, je m'adosse au mur et me laisse glisser jusqu'au sol. Accroupie, j'enfonce ma tête entre mes genoux pour étouffer ma respiration sifflante.

Et alors, je comprends pourquoi nous sommes bloqués ! Elkihal est notre guide, il a sans aucun doute la clef pour ouvrir tout ceci. Il est le Gardien du Secret. Sa présence est requise pour accéder à la Source et il est resté sur le champ de bataille !

-Je vais chercher Elkihal ! m'écrié-je en sautant sur mes pieds.

Je m'élance vers la crevasse quand Ezarel m'interpelle :

-Attends ! Qu'est-ce que c'est ?

J'interromps mon mouvement et m'approche de lui. Il inspecte la paroi contre laquelle j'étais appuyée. En effet, une longue traînée claire balafre la roche.

-C'est...

-Tu as essuyé la poussière qui recouvre les murs en te frottant dessus, constate Ezarel.

Puis il fouille dans sa sacoche sans me laisser le temps d'en placer une. J'accole ma main contre la paroi et entreprends de balayer les résidus du temps écoulé.

-T'embête pas, viens plutôt ici, m'incite Ezarel en se positionnant au centre de la petite grotte. Cache tes yeux et ton nez.

-Pourquoi faire ? questionné-je tandis qu'il sort une fiole d'Icare de son écrin de cuir.

Mais déjà, l'Elfe passe son bras autour de mes épaules et me force à venir me coller contre lui, le visage enfoui dans son torse. Je le sens engouffrer son nez dans mes cheveux et l'éclat de la potion retentit à nos pieds. Aussitôt un fort tourbillon de vent se lève et me secoue. Mes cheveux s'envolent dans tous les sens et je dois m'accrocher à Ezarel pour ne pas perdre l'équilibre. L'instant d'après, la tempête se calme, bien que je sente quelque chose de doux et léger se déposer sur mon épaule nue. L'alchimiste me relâche peu à peu et je relève les yeux pour voir les dégâts qu'il a bien pu causer avec sa potion diabolique.

L'air est saturé en particules de poussière, je toussote après en avoir respiré un peu trop. Ça m'apprendra à gober comme un poisson.

-Qu'est-ce que c'était ? m'amusé-je, curieuse.

-Une potion Tornado, parfait pour faire un balayage express. Regarde autour de toi, me sourit-il fièrement.

En effet, sa potion est terrible ! Les murs de la caverne sont tous à nu à présent, libérés de leur couche protectrice datant de plusieurs centaines voir milliers d'années ! Partout, des inscriptions sombres, des tracés, sans queue ni tête. Des courbes qui s'entremêlent, d'autres qui se contournent. On croirait voir les gribouillages d'un enfant. Qu'est-ce que ça signifie ?

Intriguée, je fais un pas vers une des parois. Est-ce creusé dans la roche ? Est-ce une encre, une peinture ? Quelle technologie a été utilisée pour faire ces... hiéroglyphes ? J'approche mes doigts de la roche mais m'arrête avant de la toucher. C'est étrange, je ressens comme de l'électricité statique au bout de mes phalanges. Des picotements s'invitent sous ma peau et s'accentuent à mon approche. Un avertissement ? Ou un signe de reconnaissance ? Qu'importe, ce n'est pas un coup de jus qui me fera reculer maintenant.

Retenant mon souffle, je pose le bout du doigt sur une ligne sinueuse du dessin. Pas de coup de jus, pas de courant, fausse alerte. Je réalise en faisant glisser mon doigt le long d'un dessin que la roche se teinte légèrement, comme par vague d'aquarelle sous mon passage, puis s'estompe quand je m'en éloigne.

-Qu'est-ce que... pensé-je à voix haute en redéposant mon index sur la surface froide de la grotte.


Cette fois-ci, je reste immobile et maintiens simplement la pression. Des ondes de lueur bleutée se répandent sur la roche comme sur de l'eau, augmentant leur diamètre et leur intensité. Les picotements reprennent de plus belle dans mes doigts, mais je persiste. Est-ce la clef ? Ai-je trouvé la Source ?

Soudain, un violent coup se répercute dans mon corps, depuis le bout de mon ongle, jusqu'à mon cœur. Je relâche la pression en même temps qu'un cri incontrôlé.

-Waïtikka ? s'inquiète Malachite.

-Je crois que j'ai fais une connerie, m'excusé-je aussitôt en me détournant vers Ezarel.

-Quoi, encore ?! me gronde-t-il, tandis que son regard se perd derrière moi.

S'il ne m'enguirlande pas, c'est qu'il y a mieux à faire. Je veux me retourner pour voir ce que mon toucher sur la paroi a provoqué, mais la réponse me vient depuis l'autre bout de l'alcôve. Les symboles, les tracés, les lignes et les courbes, toutes s'illuminent du même bleu que celui du Maana. Transcendant, fluorescent, intense. Puis comme une ampoule sur le point de rendre l'âme, des segments des gribouillages se mettent à clignoter, prêt à s'éteindre. Oh merde, j'ai du casser le système des Moraï. Ils vont me tuer, c'est certain !

-Waïtikka, est-ce que tu vois ce que tu as fais ? s'excite Ezarel.

-Je suis désolée, j'ai pas fait exprès, je te le promets ! plaidé-je aussitôt.

Mon Elfe me saisi le visage et me force à regarder les pans de mur. J'en reste bouchée bée, incapable de dire un mot. C'est à la fois du pur génie et à la fois la maîtrise d'un art comme on en voit rarement ! Les lignes et graffitis se sont éteints les uns après les autres, ne laissant que certaines portions luminescentes. Certaines portions judicieusement choisies puisqu'elles forment entre elles des dessins reconnaissables. Ainsi donc, des tableaux entiers, des messages se dissimulaient parmi cet amas de griffonnage ! C'est juste incroyable !

Je ne sais plus où donner de la tête tant il y a à voir. Il y en a partout sur les murs. Des dizaines de dessins se dévoilent à mes yeux. Des dessins sur les Moraï... J'observe partout autour de moi, nerveuse, de plus en plus inquiète.

-Attends, Ezarel, tu te fiches de moi ?

L'Elfe fronce les sourcils ne comprenant pas ma réaction.

-C'est magnifique, je le conçois et on aura tout le loisir de les admirer plus tard, mais on est supposé trouver la Source, ici, non ? m'emballé-je. Il n'y a que des dessins ! La Source n'est pas là, c'est ça ?

-J'en sais ri...

-Alors c'est quoi cet endroit ? L'indice pour la prochaine étape ? Il faut déchiffrer ça pour atteindre les Moraï ?

Je hurle presque, hors de moi. Nous n'avons pas le temps pour ces conneries ! Il nous faut la Source. Il nous la faut maintenant !

-Le temps de tout décoder et de trouver le Puits de Maana, ce sera trop tard, Ezarel ! Tu comprends ? crié-je devant son absence de réaction. C'est trop tard ! On a perdu...

-Calme-toi. L'Oracle ne t'aurait pas envoyée si elle n'était pas certaine de ta réussite.

-Arrête, elle n'est sûre de rien. Elle est peut-être même déjà morte. Nos amis au QG se sont sûrement tous fait éliminer par le Monarque et les autres dehors baignent probablement dans leur sang. Faut pas se voiler la face, Ezarel. Je n'ai rien fait pour nous aider, au contraire. Je nous ai tous précipités encore plus vite vers notre fin.

Les épaules de mon Elfe s'affaissent. Il serait temps de voir la réalité en face.

-J'espère que tu plaisantes quand tu dis ça, Waïtikka. C'est pas le genre d'humour qui me fait rire.

Je ne réponds pas et préfère détourner le regard. A quoi s'attendait-il ? Que je garde la forme et que je lutte vaillamment ? Balivernes. La lutte est vaine depuis le début, je m'en rends compte maintenant.

-Depuis quand es-tu si défaitiste ? s'insurge Ezarel. Depuis quand baisses-tu les bras à la moindre difficulté ? Depuis quand as-tu perdu confiance en tes amis ? En toi-même ? Depuis quand es-tu devenue aussi lâche, Waïtikka ?


Une main invisible m'enserre le cœur. J'ai mal. Les paroles d'Ezarel me blessent profondément. Je ne suis pas lâche, mais toute personne dotée d'un minimum de sagesse sait admettre la défaite quand elle est sous son nez.

-Waïtikka avoir promis, hésite Malachite.

Sa voix est tremblotante, presque suppliante. Je relève les yeux vers lui, l'implorant de se taire. Je n'ai pas besoin qu'il utilise mes propres promesses contre moi.

-Waïtikka avoir promis de ramener Malachite à Eel et de garder Malachite avec elle.

-Je sais mais...

-Une promesse est une promesse, achève Ezarel, plein d'aplomb.

A lui aussi, j'en fait une. Mon regard saute de l'un, à genoux, pleurant pour que je l'adopte officiellement, à l'autre, le regard plein de reproches de me voir briser une promesse qui lui tient très à cœur.

-Vous faites chier ! grogné-je, acculée, en me précipitant vers un mur. Aidez-moi à trouver un indice et que ça saute !


Ils ont raison, tant que la vie m'habite, je n'ai pas le droit d'abandonner. Ils ne sont pas les seuls à compter sur moi. Tout le monde, là dehors, tous ces Faeries m'ont confié leurs vies. Je ne peux pas les piétiner parce que je perds courage ! Allez ma grande ! Ressaisis-toi et fais preuve de bravoure, un peu !

La roche est barbouillée d'esquisses représentant des Moraï. Certains sont tels que je les ai vu dans le livre d'Ezarel, d'autres sont représentés de façon bien plus classique. Ils semblent capables de modeler leur apparence, comme ils modèlent le Maana. J'ai hâte de les rencontrer, ils doivent être absolument splendides ! Je tente de trouver un signe qui m'indiquerait à défaut d'ouvrir le Puits de Maana, comment ces êtres arrivent à créer les cristaux mais je ne trouve rien qui soit très explicite. Mon regard court sur la surface lisse quand je tombe sur une illustration. Elle, encore ici ? L'Irisée ! Les Moraï forment une ronde autour d'elle, comme la vénérant. L'Oracle est-elle leur déesse ?

Mais ces entités, ces déités fabriquent le cristal, l'Oracle n'a été qu'un réceptacle de cette magie pour éliminer une menace. Je ne comprends pas le rapport entre ces deux-là !

Et puis tout s'éclaire en moi. Juste là, un dessin, pour ne pas dire "le" dessin. Dissimulé entre tous comme un vulgaire brouillon, alors qu'il est pour moi la plus grosse révélation de tout mon voyage.

Un Moraï qui ouvre la Source. Un Moraï qui me montre la voie. Peut-être même le premier à l'avoir fait. Je comprends alors ce que je dois faire. Je sais ce que j'ai à faire pour ouvrir la Source.

La réponse devrait me soulager. Pourquoi suis-je encore plus désemparée ? Parce que je m'en sais incapable ! C'est bien trop gros pour moi. Je ne me sens pas la force d'accomplir cette destinée ! Est-ce pour ça que tous les autres Élus avant moi ont échoué ? Parce que cette dernière étape était bien trop dure pour eux aussi ? Sauf que là, aujourd'hui, l'échéance a déjà été bien trop repoussée. Il n'y aura plus aucune autre chance. Je n'ai pas le choix, je vais devoir le faire...

Ma respiration s'accélère. Mes côtes me font mal et mes poumons me brûlent. Ma vision se trouble lorsque je recule loin de la paroi. Une nouvelle crise de panique me submerge. Ce n'est vraiment pas le moment mais je n'ai rien à quoi me raccrocher ! Je percute violemment quelque chose et tombe à la renverse. Je ne prends même pas la peine de me raccrocher. Je chute tout simplement et reste au sol, les yeux fixés vers le plafond vierge de ces illustrations qui m'insupportent.

-Waïtikka avoir tête qui tourne ? questionne Malachite.

Il semblerait donc que je me sois prise les pieds dans son genou, puisqu'il est assis en tailleur au milieu de la pièce. Interpellé, Ezarel se détourne et s'enquit de ma situation. Je tente de lui expliquer, mais j'ai le souffle court et la terrible impression qu'évoquer à voix haute le procédé d'ouverture de la Source annihilerait le peu de courage qu'il me reste.

-Allons, allons. Ce n'est pas le moment de faire la sieste, clame une voix depuis l'ombre de la crevasse.

Je me redresse brusquement en me cognant contre Ezarel. Il nous faut un quart de seconde pour être à nouveau sur nos pieds. Tout en posant la main sur le pommeau de sa dague, l'Elfe étend subtilement l'index et un dernier pétale d'Églantine qui subsistait s'approche de notre invité. La faible lueur nous permet de discerner des contours, des cheveux blonds, une mèche brune, des yeux anis et un sourire chaleureux.

-Leiftan ! m'écrié-je en me précipitant vers lui.

Ezarel me retient par le bras, m'empêchant d'avancer. Qu'importe, il ne peut réfréner ma joie de retrouver l'Étincelant ! S'il est là, c'est qu'il a trouvé une solution ! Il a réussi à sauver Miiko et arrive certainement nous annoncer notre victoire évidente sur le Monarque ! Grâce à lui, mon périple s'en retrouve inutile, mais je m'en fiche pas mal. Leiftan arrive avec une alternative. Son sourire est confiant, nous avons gagné, nous avons vaincu ! Le soulagement me submerge, rapidement remplacé par l'excitation de lui montrer notre découverte. Lui qui pensait que les Moraï n'étaient qu'une invention des faibles d'esprit pour se donner espoir, il va en tomber des nues !

-Ton timing est parfait, Leiftan, grince Ezarel. Comment savais-tu où nous trouver ?

-Ez' ! Qu'est-ce que tu fais ? le fâché-je. Depuis quand on engueule le renfort d'arriver à temps ?

L'Elfe plisse les yeux et resserre son étreinte sur mon bras. Il me fait mal, mais par cette pression, je ressens également toute son appréhension. Qu'est-ce qui l'inquiète comme ça ? C'est Leiftan qui nous parle ! Tentant de trouver réponse au comportement de mon Elfe, des dizaines de théories farfelues m'assaillent. Et si ce n'était pas Leiftan, mais un changelin du Monarque ? Et si Leiftan s'était fait possédé ou embobiné dans sa quête d'un remède pour Miiko ? Et si ce n'était qu'une hallucination générée par les Moraï, pour encore me faire passer un de leurs tests, mettre ma loyauté à l'épreuve ? Si cette épreuve était décisive pour ouvrir la Source ? Je me dois de voir juste !

Toujours dissimulé dans les ténèbres, son visage seul éclairé par le pétale mourant, l'Étincelant nous observe en silence, le regard presque amusé. Il est habitué au comportement loufoque d'Ezarel. Je ne doute pas un instant que s'il s'agit bien de lui, Leiftan se fera un plaisir de réprimander l'Elfe une fois de retour au QG.

Une étincelle aux antipodes de ce que je lui connais traverse le regard du blond. D'instinct, je fais un geste de recul et me prépare à ériger une barrière. C'était l'éclair de fureur que l'on peut apercevoir dans les yeux d'un fauve prêt à passer à l'attaque. Puis son sourire doux et aimable se transforme, étirant ses lèvres en un rictus déformé. Ses sourcils se rehaussent en lui donnant un air supérieur insupportable que prennent les vieux pervers quand ils pensent avoir coincé la petite pucelle innocente ! Ses yeux plissés, réduits à deux fentes viles me scrutent et me brûlent le cœur. Je ne le reconnais plus. Ce n'est pas Leiftan ! Quelqu'un a pris son apparence pour nous piéger ! Ce ne sont pas les Moraï !

-Tes doutes sont délectables, Waïtikka ! Mais je t'assure que je suis bien Leiftan.

-Qu... bafouillé-je, choquée. Comment est-ce que...

-Je sais ce que tu penses ? termine-t-il à ma place. Il suffit d'être attentif. Ne t'avais-je pas dis que j'étais capable de beaucoup de choses qui te sont inconnues ?

-Mais alors, tenté-je complètement déboussolée. Si c'est bien toi, qu'est-ce que...

Avant que je ne puisse poursuivre, Leiftan fait un pas vers nous et la lueur bleutée de la pièce l'englobe tout entier. Mon cœur rate un battement lorsque mes yeux se déposent sur sa tenue. Ezarel me tire encore en arrière. Sur les épaules de Leiftan, deux imposantes spalières forgées dans un métal sombre renforcent sa stature, reliées l'une à l'autre en suivant la ligne de ses clavicules par une corde tressée rouge. Sur son torse, un plastron écailleux noir le protège et descend jusqu'à mi-cuisse. Des liserés rouges bordent la matière et se retrouvent également sur son pantalon, ses bottes et ses gants. Tous noirs, agrémentés de formes géométriques de la seule et unique couleur de ton armure. La couleur du sang. Alors qu'il change d'appui pour mieux m'observer, deux pans de ruban écarlate volettent dans son dos. J'ai beau le regarder droit dans les yeux, j'ai l'impression de voir ce masque. Le masque de l'Homme Mystérieux. Celui qui m'a aidé depuis que je suis arrivée à Eldarya !

Leiftan est l'Homme Masqué ?!

-J-je comprends pas, qu'est-ce que ça veut dire ? supplié-je.

J'ai besoin d'une explication. Il a certainement une raison, quelque chose qui justifie ce... cette... cette double vie ! Pourquoi Leiftan ne m'a pas dit plus tôt qui il était et quel double jeu il jouait ? Il m'a soutenu depuis le début. Ne me faisait-il pas assez confiance ?

-Tu n'es qu'un traître ! peste Ezarel en grondant.

Je crois que je n'ai jamais vu mon Elfe si proche de la fureur. Je veux dire, la vraie fureur avec une dose de haine que je ne lui connais pas. J'avais oublié qu'au QG, on vouait une antipathie prononcée pour cette personne mystérieuse qui semblait leur en faire voir de toutes les couleurs.

-Ezarel, attends ! Leiftan agit comme ça pour une raison, n'est-ce pas ? m'enquis-je vers le concerné. Je suis sûre qu'il est de notre coté, ça ne peut pas être autrement. C'est de Leiftan dont on parle, là !

Un rire rauque s'élève dans l'écho de la caverne et fait tressauter le buste de mon ami Étincelant.

-Tu devrais écouter notre petite humaine, Ezarel. Aie confiance, voyons, sourit Leiftan de toutes ses dents.

Il fait un pas en avant, les mains tendues, mais se ravise et lève les paumes en signe de rémission.

-Allez, lâche cette arme, suinte-t-il à l'adresse d'Ezarel qui vient de dégainer sa dague. Je suis de votre coté. Pourquoi aurais-je aidé Waïtikka à plusieurs reprises, sinon ?

-J'en sais rien et c'est bien ça le problème. Je ne te fais pas confiance. Je ne sais pas qui tu es, ce que tu es et ce que tu veux, crache l'Elfe. Tu arbores deux visages depuis tout ce temps alors ne me fait pas croire que ta seule vocation est d'aider Waïtikka !

Leiftan ne dit pas un mot, choqué par les paroles du chef de l'Absynthe. Il prend alors un air faussement vexé et se frotte l'arrière du crâne.

-Ah, et bien je crois que tu m'as démasqué ! ricane-t-il comme si nous discutions de futilités.

Puis son visage se fait dur, son regard assassin et sa mâchoire se serre. Il ouvre la bouche et scande :

-C'est vrai, c'est moi qui mène la barque depuis un certain temps. Admets que tu as perdu Ezarel, et abdique !

-Vas chier ! beugle Ezarel. Plutôt me peler les oreilles que me prosterner devant toi !

Sa main est toujours fermée sur mon bras et me compresse fortement en fonction de ses élans de rage. Leiftan est en train de le faire sortir de ses gonds. J'aimerais m'extraire de cette situation. Je refuse d'envisager que Leiftan ne soit pas de notre coté. Pourtant, j'ai peur que ce ne soit réellement le cas. Je ne peux pas me voiler la face davantage.

-Depuis tout ce temps, c'est toi qui œuvre contre nous ! crache l'Elfe. Contre la Garde d'Eel. Toi qui fait tout pour nous ralentir dans notre mission. N'as-tu donc pas à cœur notre contrée ?

-Disons plutôt que j'ai fais un choix. Aider la Garde, ce n'est pas vraiment dans mon sens...

-Mais pourtant... osé-je, perdue, tu n'as pas cessé de m'aider depuis que je suis arrivée dans ce monde ! Que ce soit en tant que Leiftan qui m'a toujours soutenu, ou en tant que l'Homme au Masque.

Leiftan sourit et se radoucit au son de ma voix. Que lui prend-il ? Quelle mouche l'a piqué ? J'aimerais le cerner.

-Attends, comment ça il n'a "pas cessé de t'aider" ? questionne Ezarel. Leiftan était quasiment jamais présent au QG et l'Homme Masqué t'a seulement aidé à sortir des cachots, il me semble !

Là, c'en est visiblement trop. Leiftan explose de rire. Il s'esclaffe exagérément pour accuser ma naïveté. Je me blâme moi-même pour mon comportement puéril et mon optimisme si excessif qu'il en devient suicidaire. Par ma crédulité, Leiftan parvient à retourner Ezarel contre moi. La peur m'envahit, je ne veux pas qu'Ezarel me juge indigne de confiance. Je ne veux pas qu'il se rende compte que je lui ai caché, à lui et aux autres, des informations concernant l'Homme Masqué. Je le pensais du coté de la Garde. Je pensais juste que Miiko ne le comprenait pas. Peut-être manque-t-il juste un peu d'éthique et que nous jouons quand même dans le même camp ? J'y ai cru. J'y ai vraiment cru ! Maintenant, nous voila dans de beaux draps à cause de moi...

Le rire de Leiftan fait écho dans la caverne et sous mon crâne. J'ai l'impression de n'entendre que lui !

-Elle est tellement candide qu'elle ne vous a rien dit ! tonne-t-il d'un ton machiavélique. Je lui ai fait croire que j'étais son ami et voila le résultat !

Je me sens tellement honteuse. J'ai honte de l'avoir cru si facilement, malgré les avertissements des Gardiens. J'ai honte de lui avoir obéi aveuglément quand il m'a demandé de ne rien dire à personne. J'ai honte de croire comme une enfant que tout le monde a une part de bonté en soit. Le monde est noir. Ses habitants sont pervertis et sombres à l'intérieur. Il serait temps que je grandisse un peu.

-C'est vrai, je t'ai aidé, oui. Tu es une bonne distraction, avoue-t-il. Si tu savais comme c'est jouissif de faire tourner la Garde en bourrique ! Je me suis beaucoup amusé. Surtout quand je voyais la tête de Miiko. Cette Kitsune est tellement facile à faire enrager, tu étais la candidate idéale pour la pousser toujours plus à bout. Et puis, tu n'es pas vraiment une menace. Regarde-toi, sérieusement.

Ses mots m'enserrent le cœur. Tout ces gestes amicaux, ces paroles réconfortantes ou ces coups de main pour retrouver un morceau de cristal égaré, ce n'était qu'un jeu ? Un jeu pour faire tourner chèvre les Gardiens d'Eel ? Et moi, je n'étais que son instrument, un outil ? J'ai vraiment été la dernière des imbéciles !

-Tu es si malléable ! J'ai vraiment adoré te voir évoluer au fil des semaines. J'aurais aimé te rencontrer dans d'autres circonstances. On aurait certainement pu s'entendre et faire cause commune...

Ça, j'en doute fort ! Quelque soit son objectif, son but ou que sais-je, s'il est à l'encontre de la Garde, je ne pense pas qu'on aurait pu s'entendre. S'opposer aux intérêts de la Garde, c'est s'opposer aux intérêts de tout le peuple Eldaryen ! Que veut-il à la fin ?

-Mais il a fallu que l'Oracle vienne y mettre son grain de sel... marmonne-t-il. Peut-être que l'issue de notre rencontre aurait pu être toute autre. Dommage que tu doives t'arrêter là.

Je fais un pas de recul. M'arrêter là ? J'ai dans l'idée que c'est pas pour faire du camping. Le regard malsain de Leiftan me flanque la chair de poule. J'ai encore du mal à croire que c'est la même personne qui se tient devant moi que celle qui m'a rassuré lorsque j'étais perdue après la prophétie de l'Oracle. Je le scrute, cherchant un sens caché à ses paroles. M'arrêter là... j'ose espérer qu'il propose juste que j'arrête sur le champ de lui mettre des bâtons dans les roues. On peut faire un compromis. On a toujours moyen de discuter.

-Oh, il faut que je te fasse un dessin ? Tu ne parviens pas à me prendre au sérieux ? ironise Leiftan devant mon désarroi avant d'effacer son sourire pour se revêtir d'une expression assassine. Je vais te tuer, Waïtikka. Ni plus, ni moins. Tu ne pourras pas y échapper.

-M-mais... on est pas obligé d'en arriver là, me dépêché-je d'ajouter, sentant Ezarel monter dans les tours. On peut touj...

-Le Cristal se meurt, Waïtikka ! me coupe-t-il. Bientôt il n'y aura plus de Maana dans Eldarya.

Ses sourcils froncés montrent bien que la situation le touche personnellement. La destruction proche du Cristal le met dans un état d'affolement supérieur au nôtre. Je ne saisis toujours pas. Nous œuvrons donc dans un but commun, sauver Eel d'une extinction certaine ? Ou alors cherche-t-il une autre solution pour sauver les Faeries ?

-Eldarya va être dépourvue de toute particule de Maana d'ici très peu de temps, reprend-il. Et c'est bien fait ! L'Oracle n'aurait pas dû vivre aussi longtemps.

Alors là, mes entrailles se nouent entre elles, si bien qu'un haut le cœur me force à mettre ma main devant ma bouche. Il se réjouit de la situation ? Ainsi donc, il ne cherche pas à améliorer notre condition ? Je suis perdue. Leiftan ne nous dit pas tout. Qu'est-ce qui suscite en lui tant de haine et de rancœur ?

-L'Oracle va s'éteindre d'ici peu et le Maana qui vous maintient encore en vie vous sera retiré. Vous savez, ajoute-t-il en prenant l'air pédant d'un professeur qui enseigne à ses pauvres petits élèves ignares, je n'ai jamais été d'accord pour donner le Maana aux Premiers Hommes. J'avais prévenu que c'était une mauvaise idée, mais ils ne m'ont pas écouté ! Qui étais-je pour leur dicter leurs actes, après tout ?

Ezarel et moi échangeons un bref regard. Ce type est complètement cinglé. Quelque chose a dû se casser chez lui pour que son esprit soit si malade. J'emmêle mes doigts à ceux de mon Elfe, m'accrochant à lui comme la seule bouée m'empêchant de me faire contaminer par la folie de Leiftan.

-Je veux épurer ce monde que vous avez souillé par votre humanité ! peste l'Étincelant en nous jetant des coups d'oeil vils. Je veux éradiquer tout ce qu'il reste des Premiers Hommes et leur ignoble progéniture ! Vous avez dénaturé notre monde, vous l'avez sali ! Nous étions si purs avant votre arrivée ! Il a fallu que vous charmiez nos femmes et que vous les fécondiez pour diluer notre pureté. Vous n'êtes que des parasites et l'hôte en a plus qu'assez de votre prolifération ! Les autres ne m'ont pas écouté, ils doivent s'en mordre les doigts maintenant !

-Les autres ? Tu veux dire... les Moraï ? questionne Ezarel, de plus en plus dubitatif.

Aucune réponse ne lui parvient tandis que notre geôlier continue d'arpenter la seule entrée de la crevasse. Qui ne dit mot consent. Ainsi donc, Leiftan était présent lors du don de Maana aux Premiers Hommes. Il y a vu un funeste avenir et a tenté de les prévenir ? Je ne peux malheureusement pas le blâmer quand je repense au Monarque qui tente d'asservir un Maana sombre pour je ne sais quel obscur dessein. Mais de là à détruire notre source de vie ? C'est un peu extrême.

-Tu étais donc là à cette époque ? récapitule Ezarel. Comment est-ce possible ? C'était il y a des milliers d'années !

-Des milliers d'années ? répété-je. Impossible, les Premiers Hommes sont arrivés il n'y a que quelques siècles. Tu te souviens, dans le journal de bord, le capitaine disait être parti quelques mois après les Frères Vivaldi ! Ça date d'il y a sept cent ans, tout au plus, je l'ai lu dans les livres d'histoire !

-Le cours du temps est différent ici. Dis-toi que ça ne fait que quelques jours que tu as disparu dans ton monde.

Mon monde... j'avais presque oublié que je n'étais pas d'ici. Mon monde, d'où je ne suis partie que depuis quelques jours ? Alors mes parents, ma famille, personne ne s'inquiète encore ? Je veux dire... réellement. Ils ont du se dire que j'étais rentrée à mon appartement directement après ma promenade. Peut-être que personne n'a encore remarqué mon absence. Et si je parviens à revenir, alors je reprendrais le cours de ma vie, comme si rien de tout ça ne s'était passé ?

-Inutile de rêver, ma jolie, intervient Leiftan. Tu n'y retourneras pas, de toute façon.

-Cesse de lire dans mes pensées ! lui hurlé-je dessus, malgré moi. Explique-nous plutôt comment tu as fait pour être présent à l'époque du don de Maana des Moraï et être là à présent sans avoir été impacté par le temps ? Tu as dit n'avoir jamais vécu ailleurs qu'à Eldarya. Je m'en souviens ! Tu m'aurais menti ? réalisé-je, écœurée. Tu es allé dans le monde des humains pour faire une sorte de bond dans le temps ?

-Non... hausse-t-il un sourcil. Où vas-tu chercher des idées aussi grotesques. Je n'ai pas vieilli, c'est tout.

-Très peu de Faeries ont la faculté d'immortalité. Et tu n'en fais pas partie, Leiftan, affirme Ezarel, de moins en moins sûr de ses dires. A moins que...

-Oui ? s'impatiente le blond, excité par la vérité qu'est sur le point de découvrir Ezarel.

-A moins que tu ne sois... halète l'Elfe, choqué par la fin de sa propre phrase. A moins que tu ne sois un Moraï ?

Mon cœur chute tout au fond de mon buste et vient se fracasser dans mon bassin. Leiftan, un Moraï ? Impossible ! Un éclat de rire tonitruant se répercute sur les parois de la grotte. Leiftan est hilare. Il cachait bien son jeu, jamais je n'aurais soupçonné qu'une telle personne se dissimulait sous son visage impassible, calme et chaleureux. Jamais je n'ai douté de lui. Pas un seul instant. Avons-nous été berné par cette légende ? Les Moraï ne sont-ils pas les être purs et bons que dépeignent les mythes ?

-Ah bravo ! Tu as réussi à le dire ! Je te félicite, s'exclame-t-il comme s'il congratulait un chiot apprivoisé.

Il ne dément pas. Il ne nie pas être un Moraï ? Non, impossible. Je refuse d'y croire. Les Moraï, ce n'est pas ça. Nous avons fondé tous nos espoirs sur eux ! Comment pourrions-nous réussir à sauver le Grand Cristal si les reliques de ces entités ne sont que des chimères ?

-L'Oracle n'était pas censée vivre jusque là ! Depuis le temps que les élus refusaient leurs destinées, elle aurait dû flancher depuis un moment. Mais elle s'est accrochée ! Ce n'était qu'une question d'années tout au plus, si les Faeries ne viraient pas dans la folie avant...

Mon cœur s'accélère en battements frénétiques. L'insalubrité de l'esprit de Leiftan est terrifiante. Il me fait peur. Comment peut-il être si pourri jusqu'à la moelle ? Comment des créatures aussi pures et magnifiques que les Moraï ont pu engendrer cette chose ? Cette entité emplie de haine et de dégoût ? Je resserre d'autant plus la main d'Ezarel et recule contre lui. J'aimerais tenter une percée vers la sortie, mais j'ai peur que mes jambes me lâchent avant même d'avoir fait une enjambée. Ezarel est sur ses appuis, prêt à réagir au moindre geste de Leiftan.

-Mais il a fallu que tu te pointes ! m'accuse l'Étincelant du doigt. Il a fallu que tu te ramènes ici et que l'Oracle te reconnaisse en tant qu'Élue ! Elle savait sa fin toute proche, c'est elle qui t'a appelée, j'en suis certain ! J'ai compris que le temps était compté à partir de ce moment. Même si tu n'étais pas dégourdie, tu risquais de restaurer le Cristal et ça c'est hors de question, tu m'entends ?! Il a fallu que je pousse encore plus le Maana à s'épuiser.

Il s'arrête alors et sourit, presque nostalgique et me dévisage un instant, en silence. Il souffle par le nez et balaye ses pensées d'un revers de main.

-Si tu savais comme j'ai regretté à ce moment-là de t'avoir donné un morceau de cristal. Si j'avais su, je me serais abstenu ! Mais, même si l'Oracle t'a appelée, je devais m'assurer qu'elle ne faisait pas erreur. Inutile de se précipiter si tu ne représentais aucune menace. Tu veux que je te fasse un aveu ?

J'hésite à répondre. Il me révélera ce qu'il a à avouer de toute façon. Il prend un plaisir certain à nous exposer les faits et nous expliquer les raisons de ses gestes. S'il pense que c'est une sorte de repentir, il se fourre un doigt dans l'œil bien profondément ! S'il croit que je vais compatir ou le comprendre pour approuver ses actes barbares, il se trompe lourdement !

-Les Cauchemars sur l'Île de Jade, c'est moi qui les ai envoyés, sourit-il en haussant les sourcils d'un air entendu. J'espérais que tu uses de tes pouvoirs d'Élue pour revenir au QG, mais tu as été maligne ! Le résultat était quand même probant puisque la potion de sironomagie a réveillé tes dons.

-Tu tombes plus bas que terre, Leiftan ! grince Ezarel.

-Tu veux que je te dises ? poursuit le Moraï. J'y ai pas cru ! Je pouvais juste pas le croire. Toi, une élue... c'était une blague de mauvais goût. Comment toi, qui n'es rien, peux être d'une si grande importance ?

Ma respiration se bloque lorsqu'il fait un pas vers moi. Sans prendre garde à Ezarel, l'ignorant depuis le début, il me saisit par les épaules et me secoue.

-Quand elle t'a annoncé la prophétie, j'ai compris que le doute n'était plus permis. J'ai même essayé de te convaincre que c'était sans intérêt, ricane-t-il, sombrant peu à peu dans une folie malsaine. Mais tu es tenace, toi aussi...

Je suis tétanisée. Mon corps ne m'obéit plus. Seule ma main m'autorise à serrer toujours plus les doigts de mon Elfe. Je sens la présence de Malachite derrière moi. Il ne dit rien, stoïque. Je sais qu'un seul mot de ma part, un seul geste aussi infime soit-il suffirait à le faire attaquer. Mais je ne veux pas me servir de lui comme d'une arme. Il est mon ami, au même titre que tout ceux qui combattent dehors. Il est hors de question que je l'utilise comme un objet sacrifiable alors que c'est précisément de cette condition dont je veux le libérer.

-Hum, dis-moi, reprend Leiftan, comment l'Oracle a-t-elle pu oser hisser une créature impure et aussi insignifiante que toi au même rang que moi ?

-Au même rang ? bafouillé-je, pétrifiée.

-J'étais un Élu, moi aussi ! beugle-t-il en me secouant. Mais tu penses bien que j'allais certainement pas aider le Cristal à se raviver alors que vous ne méritez pas de bénéficier de son Maana !

-Tu... tu étais un Élu ?! osé-je incrédule.

Comment l'Oracle aurait pu le désigner alors qu'elle peut ressentir le Maana ? Elle a dû faire erreur ! Qu'est-ce qui me dit que je suis un bon choix, alors ? Peut-être étais-je la dernière sur une longue liste de possibilités. Celle qu'on choisi toujours en dernier dans son équipe, quand vraiment, on a plus le choix.

-Ça remonte à un ou deux siècles, banalise-t-il en me relâchant avant d'entamer les cent pas, mais j'ai refusé d'accomplir ce pour quoi j'ai été nommé. Sauver le Cristal... et puis quoi encore ?

-C'est toi qui a essayé de le voler, n'est-ce pas ? grince Ezarel, suspicieux.

Il parle de ce fameux vol qui a eu lieu avant mon arrivée et qui s'est soldé par l'éclatement du bien le plus précieux des Faeries ? Oui, évidemment ! Quoi d'autre ! Kero m'avait raconté lors des cours d'histoire que quelques mois avec mon arrivée, un groupuscule avait tenté de s'emparer du Cristal. Bien entendu, la Garde s'est défendue et a réussi à repousser le commando. Mais le Cristal s'en est sorti avec de lourdes séquelles. Si son cœur a su rester intact, bien à l'abri de la forteresse, tout son corps s'est vu éparpillé aux quatre coins de nos terres. Leiftan serait responsable de ce désastre ? Est-ce lui qui a orchestré ce vol ? Pourquoi ? Que voudrait-il faire du Grand Cristal ? Connait-il un moyen pour l'isoler et rendre hermétique son pouvoir pour en priver tout le peuple ?

-Le "voler" ? Le "voler", tu dis ? s'exclame Leiftan. Mais tu n'y es pas du tout ! Je cherchais à le détruire pour abréger la lente agonie de l'Oracle.

Il s'interrompt et hausse les épaules.

-Je suis tellement charitable, ajoute-t-il, plein de modestie hypocrite. C'est vrai que j'ai raté mon coup, je l'admets. Mais j'avais bien endommagé le cristal, sa fin était proche tout de même.

C'est pire que tout ! Un gouffre s'ouvre sous mes pieds, prêt à m'engloutir toute entière.

-Mais ça tuerait tout le monde ! m'horrifié-je.

-C'est le but, petite sotte ! se justifie Leiftan d'un air blasé. Mais en vérité, tout le monde ne sera pas impacté par la disparition du Grand Cristal. Seulement les Faeries qui s'en abreuvent. Les descendants des Premiers Hommes en particulier auraient succombé. Pas les autres.

-Les autres ? osé-je.

-Les habitants originels d'Eldarya, confesse Ezarel, devinant peu à peu les intentions de Leiftan au vu de son expression.

-Très juste ! plussoie l'Étincelant. Moi et quelques autres aurions continué à vivre grâce à...

-Tu n'es pas lucide ! le coupe Ezarel. Ce que tu dis n'a pas de sens ! Pourquoi vouloir détruire le Cristal ? A part ton complexe de supériorité, quelque chose te gêne dans le fait de devoir raviver le Cristal ? Vivre avec des descendants des Premiers Hommes t'est si désagréable ?

Et c'est Ezarel qui dit ça. Le Grand Ezarel, cet auguste Elfe fier et qui ne se laisse pas approcher par le petit peuple ! Il doit sacrément mettre sa fierté de coté pour comprendre les agissements de Leiftan. J'en suis encore plus perdue.

-Pourquoi ne pas rallier l'Oracle et combattre à nos cotés ? Envisage un avenir commun au lieu de rester borné sur tes objectifs étroits !

-Tu veux me faire croire que tu passerais l'éponge ? questionne Leiftan en arquant un sourcil.

Ezarel plisse les paupières. Je vois sa mâchoire se serrer si fort que ses nerfs dansent sous ses joues. Le poing crispé, l'Elfe prévient :

-Tu passerais un long séjour dans les cachots à boire de l'eau de pluie et à manger les restes de la cantine ou les essais culinaires de Karuto ! Ne crois pas que tu t'en tirerais à si bon compte !

Leiftan fait mine de réfléchir à la proposition de bonne foi d'Ezarel. Je vois bien qu'il n'envisage pas réellement de se rendre, mais ça lui plaît de faire languir l'Absynthe. Pour une fois que ce n'est pas moi la bonne poire !

-Être du coté de l'Oracle, ça craint, grimace Leiftan avec un clin d'oeil à mon intention. Ce n'est pas dans mes intérêts personnels.

Un frisson me parcourt toute entière à cette déclaration. Être du coté de l'Oracle, ça craint. Oui, quand on sait que chaque élu a failli à sa tâche, on peut admettre que ça craint. Avoir une conscience craint. Être un minimum altruiste, ça craint aussi. Mais c'est tellement plus envisageable que l'alternative qu'a choisi Leiftan.

-Alors tu as choisi le camp du Monarque ?! feule Ezarel, complètement exacerbé.

Leiftan s'arrête un instant. Il lève sa main près de son visage et gratte ses ongles comme si la situation était tout ce qu'il y a de plus anodine. Après avoir mordillé son auriculaire, l'Étincelant se décide à nous faire face, un terrible sourire d'une largeur démesurée affublé sur son visage laiteux.

-Non, je n'ai pas choisi le camp du Monarque. Comment le pourrais-je ?

Je n'y comprends plus rien. Il vient de nous démontrer par tous les chemins possibles qu'il ne combattra pas à nos cotés. Alors quoi ? Il préfère rester neutre dans la bataille, observer et laisser faire ?

Sans raison apparente, le sourire de Leiftan s'affaisse et ses lèvres s'arquent pour former un rictus cruel et hautain.

-A genoux devant ton Maître !

Il nous faut un instant pour réaliser que c'est bien Leiftan qui a parlé. Ce ton ne lui ressemble pas, je n'arrive pas à saisir.

A coté de moi, Malachite avance d'un pas. Je tends le bras pour le retenir. Je ne veux pas qu'il aille l'affronter pour nous, je ne veux pas qu'il s'oppose à Leiftan. On ne connait pas ses capacités, je refuse que Malachite soit blessé ! Et alors, mon Golem se fige et comme si ses actes étaient dictés par un autre, il pose son genou à terre et incline la tête.

Mon cœur se décompose quand je comprends ce que cela signifie.

-Malachite, non, imploré-je, au bord des larmes.


Mais il ne réagit pas. Sa conscience est déjà bridée. Il n'est déjà plus maître de son corps. Un haut le coeur me fait frémir quand je jette un regard noir à Leiftan.

-C'est toi, n'est-ce pas ?! craché-je mon venin. Tu es le Monarque ?

Une vague d'incrédulité me percute par le coté. Ezarel ne croit pas un mot de ce que je viens de prononcer.

-Malachite a été créé par le Monarque. C'est lui-même qui me l'a dit, expliqué-je avec difficulté. Et tu m'as bien affirmé qu'un Golem ne pouvait désobéir à son maître, n'est-ce pas ?

-Exact, approuve l'Elfe en assimilant l'information.

-Comme je te l'ai dit, nous coupe Leiftan, ton chemin s'arrête ici. Ça m'a fait plaisir de te revoir, tu sais. J'aurais vraiment aimé que tu joignes mon point de vue, mais je suis persua...

-Plutôt crever ! coupé-je alors que des larmes glissent sur ma joue.

Leiftan s'interrompt et m'observe. Il semble étonné de ma réaction. A quoi s'attendait-il ? Que j'implore pour ma vie ? A quoi bon, je sais très bien que me tuer lui procurera un immense plaisir. Et plus je le supplierai, plus il se délectera de mon état.

-Hum, c'est bien ce que je pensais. Soit bien docile comme ce débile de Golem !

Une explosion se déclenche en moi. Très bien ! J'ai compris, tu n'es pas celui que je pensais. Il n'y a donc rien à sauver en toi, Leiftan. Mais il est hors de question que tu t'en prennes à mon Golem.

-Malachite n'est pas un pantin, ne le considère pas comme un outil, grondé-je. Il est doux et gentil, tout ton opposé ! Et ce n'est pas ta magie maléfique qui pourra le pervertir.

-Waïtikka, tente de me raisonner Ezarel.

La rage monte moi, je perds mon sang froid. Je sais que c'est une erreur à ne pas faire, mais Leiftan s'attaque aux personnes qui me sont chères. Autant dire qu'il ne s'en tirera pas comme ça !

-Je n'ai pas besoin de le pervertir, ricane-t-il. Le Golem est ma création. Par ce fait, il est obligé de m'obéir.

-Je ne te laisserai pas faire ! hurlé-je.

La colère et toute ma rancœur accumulée contre le Monarque ont enfin un visage sur lequel se déverser. Et ce n'est pas n'importe qui. Que ce soit Leiftan, mon ami, qui est celui qui veut ma mort me blesse profondément. Mais bien plus que ma peine, c'est ma rage qui résonne en moi et gonfle mon énergie. Comme une éponge, je m'engorge du Maana que je perçois. Ma vision se colore d'un bleu transcendant. Des particules volettent tout autour de moi. Je bouillonne de l'intérieur et serre les dents à m'en faire blanchir la mâchoire. Ezarel m'en voudra certainement parce que je suis en train de lui broyer la main. Mes nerfs sont tendus comme jamais.

Le Maana sature sous mon épiderme, tant et si bien qu'il me fait mal. Il va déborder et répandre mon corps en milliers de morceaux, partout dans cette alcôve. C'est alors que, m'efforçant de concentrer et diriger le flux d'énergie, je hurle à plein poumons, déversant toute ma fureur contre Leiftan. Une onde de Maana prend naissance autour de moi et projette l'ennemi contre les parois de la grotte.

J'ai tout juste le temps de réaliser ce que j'ai fais qu'Ezarel me tire déjà à sa suite. Le temps est comme ralenti ou ramolli. Je cours dans de la semoule. Leiftan gît sur le coté de l'entrée, encore sonné. C'est quand je passe à coté de lui que je comprends que nous prenons la fuite.

-Malach... grommelé-je. Malachite !

-Laisse tomber, Waïtikka, me scande Ezarel en nous engouffrant dans le noir. C'est déjà trop tard.

Mon cœur se serre comme un raisin qu'on écraserait dans sa main. Pourtant je ne réalise pas. Trop tard, pour le moment. C'est bien ce qu'il voulait dire, hein ? Je le récupérerai, c'est certain. Je reviendrai pour toi Malachite, je ne te laisserai jamais au mains du Monarque !





Note de l'auteur :


En effet, ni illustration, ni musique :x J'aurais bien dessiné la Tanière quand tout s'illumine, mais pour le coup, je ne savais pas comment m'y prendre x)

Mais bon... déjà, c'est chargé en info, là x) Mais on ne fait que gratter la surface ! Beauuucoup plus d'informations dans les chapitres suivant.

J'imagine que vous vous doutiez un peu de certains identités ! Peut-être même de cette dualité entre l'Homme Mystère et le Monarque ? Qu'en avez-vous pensé? Des suppositions quant à la suite ? Et à propos de ce qu'aurait découvert Waïtikka sur ce fameux dessin, vous avez des idées ?

Je vous dis donc à très bientôt, pour le chapitre 41, qui sera publié dimanche, à peu près à la même heure =)


Des bisous tout plein ♥


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