Je m'excuse pour ce dessin hideux. J'avais pas d'illustration pour ce chapitre, je viens de dessiner ça un peu à l'arrache. Je pense que je le referai plus tard. Promis.
Au QG.
Des pas résonnent dans les couloirs vides de la forteresse d'albâtre. Un homme court. De pièce en pièce. Il est à la recherche de quelqu'un. A bout de souffle, il refuse de lâcher l'affaire. Alors qu'il déboule dans la salle de restauration, dont la lumière semble tout droit sortie d'une autre époque, il découvre Ykhar et Alajea attablées sous une pluie de particules de poussière en suspension, formée grâce aux rayons de lumière tamisée.
Elles interrompent leur discussion enflammée quand l'Elfe les interpelle.
-Ezarel ?! Que t'arrive-t-il ? questionne la sirène.
Le jeune homme a du mal à reprendre sa respiration. L'atmosphère poudreuse de la pièce n'aidant pas. Quand il se sent enfin plus apte à aligner quelques mots sans bégayer, l'Elfe se redresse, l'air grave.
-Je cherche... ce crétin de Kero, crachote-t-il.
-Et tu te mets dans un tel état juste parce que tu ne le trouve pas ? suspecte Alajea.
-Je peux peut-être t'aider si ça concerne la bibliothèque, tente Ykhar.
Ezarel se laisse lourdement tomber sur une chaise à coté des filles. Étrangement, malgré sa tête renversée en arrière, les cheveux ébouriffés à cause de sa course folle et ses bras branlants, l'Elfe parvient à garder cet aspect de noblesse qui caractérise son espèce. Dans un râle inarticulé, il ramène son visage vers les demoiselles et plonge son regard dans les prunelles grises d'Ykhar. Après une contemplation inquisitrice digne d'un grand détective à en faire pâlir la Brownie, Ezarel soupire :
-Est-ce que j'ai le choix, hein ? Kero m'a donné accès aux archives et j'ai...
-Quoi ?! s'écrit Ykhar en bondissant sur ses pieds, en manquant de renverser sa chaise. Il... il a pas pu faire ça ?! Pas sans me consulter !
-Eh bien, il l'a fait, s'impatiente l'Elfe à la tignasse bleue. J'avais besoin d'aller consulter de vieux ouvrages.
-Pourquoi ? panique la Brownie.
Ezarel fronce les sourcils. La demoiselle l'agace déjà. Il sent qu'il va vraiment regretter de ne pas avoir trouvé Kero. Finalement il n'a plus envie de l'aide des demoiselles. Mais maintenant qu'il a abordé le sujet, Ykhar ne lâchera plus le morceau...
Il abdique enfin :
-Pour trouver la formule d'une potion très puissante. Elle n'était utilisée que par les plus maléfiques des mages. Mais j'estime que le temps est venu de ressortir cette vieille incantation. Elle permettrait d'absorber l'énergie de toute vie alentour pour la redistribuer au Grand Cristal. C'est une idée de génie, n'est-ce pas ?
Ykhar se sent faible. Une formule de cette ampleur ferait des ravages entre de mauvaises mains. Elle chancelle sur ses jambes devenues de simples tiges de coton. L'idée qu'Ezarel puisse accéder à une telle magie fait défaillir la bibliothécaire. Alajea se précipite pour la retenir dans sa chute et la rasseoir sur sa chaise.
-Tu-tu n'as pas f-fais ça, Ezarel ? Pitié, dis-moi que tu n'as pas encore utilisé la formule ? Pourquoi cherchais-tu Kero ? Tu l'as utilisé et tu as foiré ton coup ? Tu as invoqué un démon ? Tu as tué quelqu'un ? Qu'as-tu fais ? panique la lapine, prise d'une soudaine crise d'hystérie. Tu ne penses pas qu'on a suffisamment d'ennuis ? Pourquoi a-t-il fallut que...
-Ykhar, tente de pondérer son amie. Calme-toi, tu vois bien qu'il se fiche de toi.
La Brownie regarde son amie avec des yeux ronds comme des soucoupes, comme si elle ne comprenait pas un strict mot de ce qu'on venait de lui dire. Puis saisissant le sens des paroles d'Alajea, la lapine se retourne vers Ezarel. L'Elfe sourit de toutes ses dents, savourant l'effet de son bobard.
-Tu es trop crédule ! ricane-t-il. Cette teinte de verte te va à ravir, soit dit en passant.
Ezarel se lève de sa chaise sous les yeux interloqués des deux amies. Alors c'est tout ? Il vient, il fait sa vanne et il repart ? Tout cet affolement pour une blague ? Mais avant de tourner les talons, l'Elfe pose ses mains à plat sur la table devant lui et se penche en avant pour se mettre au niveau des filles.
-Où est Kero ? Vous devez bien le savoir.
Les filles s'échangent un regard entendu. Elles savent.
-Qu'est-ce que tu lui veux ? questionne Alajea en arquant un sourcil.
-Je t'en pose des questions ? ronchonne-t-il.
Mais alors qu'il assène son regard noir à la sirène, Ykhar croise les bras sur sa poitrine pour lui faire comprendre qu'elle demeurera de marbre s'il n'explique pas ses intentions. La mâchoire de l'Elfe se serre, on peut voir les vagues d'agacement sous ses joues. Après avoir levé les yeux au ciel, il avoue, vaincu :
-Je veux seulement vérifier avec lui si un des manuscrits que j'ai lu est fiable. Je ne veux pas faire d'erreur sur l'interprétation du texte.
-Tiens donc... pavane la lapine. Le Grand Ezarel a peur de se tromper ? Sache, Mr Je-me-crois-au-dessus-des-autres, que tout ouvrage se trouvant aux archives est fondé ! Tu peux considérer ces textes comme de saintes écritures !
La Brownie est visiblement fière d'en savoir plus qu'Ezarel sur ce coup. Elle se fait une joie de lui rabattre son caquet. Cependant, alors qu'elle s'attend à de cinglantes répliques de l'Elfe fier, celui-ci se caresse le menton, l'air pensif.
-Dans ce cas, j'ai peut-être une idée qui peut tous nous sauver, murmure-t-il.
Interpelées par pareille réflexion, les jeunes femmes réclament des comptes à l'Absynthe. Celui-ci ignore leurs multiples questions en remettant Keroshane sur le tapis.
-Je dois absolument discuter de ma découverte avec lui, insiste-t-il. C'est d'une importance cruciale.
-Tu... tu ne trouveras pas Kero avant un certain temps, confesse Ykhar, la tête basse.
-Comment ça "pas avant un certain temps" ? Où il est, ce poltron ?
Les filles s'échangent un nouveau regard ponctué par un haussement d'épaules d'Alajea.
-Il n'est pas au QG, explique la sirène.
-Pardon ?! s'exclame Ezarel. Et est-ce qu'on peut savoir où il est, alors ?
-On en sait rien, plaide Ykhar. Il nous a dit qu'il avait une course à faire et depuis, on a plus de nouvelle.
-Ça fait combien de temps ?
Ezarel est prêt à s'arracher les cheveux devant la désinvolture des deux jeunes femmes. Ne se rendent-elles pas compte de l'énormité de ce départ par les temps qui courent ? Kero n'est pas un guerrier. Qu'est-ce qui l'a poussé à partir comme ça ? Pour aller où ? Pour quoi faire ?
-Juste après que son Seryphon soit revenu avec la réponse de Nevra.
-Celle qui disait que Waïtikka était bien avec lui et qu'ils poursuivaient l'enquête vers la zone que vous avez délimité, enchaine Ykhar.
Ezarel n'en revient pas. Le jeune Brownie est tellement discret que l'Elfe n'a pas remarqué son absence depuis ces derniers jours !
-Il nous a demandé de le couvrir, si quelqu'un posait des questions, culpabilise la rouquine.
-Mais tu plaisantes ?! Vous l'avez laissé partir comme ça ? Sans savoir où il allait, ni même pourquoi ?
-Il a dit qu'il avait des choses à faire et qu'on avait pas intérêt à le retenir, couine Ykhar.
-Il s'est montré plutôt déterminé quand on a essayé de le dissuader, appuie Alajea en câlinant les épaules, à présent secouées de soubresauts, de son amie à longues oreilles.
Ezarel souffle par le nez pour se calmer. Il n'est même plus d'humeur à sortir une des blagues dont il a le secret. La naïveté et l'irresponsabilité de ces incapables le met sur les nerfs.
-Bon... réfléchit-il à toute vitesse pour faire de l'ordre dans ses idées. Je dois y aller. J'ai une piste que je dois vérifier.
-Quoi ?! se redresse la lapine. Tu pars aussi ?
-Que veux-tu que je fasse d'autre ? On ne peut compter sur personne, ici ! assène-t-il d'un regard lourd d'accusations.
-Tu n'as qu'à demander à Leiftan d'envoyer quelqu'un ! supplie Ykhar.
Les deux autres se taisent. Elle fait vraiment l'autruche ou elle a simplement le cerveau aussi embrumé qu'un Bériflore atteint du coryza ?
-Ma chérie, sourit Alajea. Tu sais bien que Leiftan est parti. Tu te souviens ? Il a eu une idée pour sauver Miiko, pour la réveiller.
-Hein ? Je... je ne m'en souviens pas. Quelle idée ?
-Il ne nous a rien dit, rappelle Ezarel. Il ne voulait pas nous donner de faux espoirs s'il se trompait.
Ykhar se remémore soudain des évènements de ces derniers jours. Entre les reconstructions au Refuge et les nuits blanches passées à chercher des solutions dans les livres de la bibliothèque, elle avait oublié que Leiftan était encore parti en mission pour Miiko. Elle ne peut s'empêcher de sourire devant le zèle du co-dirigeant de l'Étincelante. Il ferait tout pour sauver Miiko. Elle prie intérieurement pour que son idée se révèle juste et qu'il trouve le moyen de sauver la Kitsune. Même s'il ne répare pas le Cristal, savoir Miiko en pleine forme serait une source de réconfort pour tout le monde.
Alors qu'Ezarel commence à s'en aller vers la porte de la cantine, la Brownie réalise soudain les conséquences qui découleraient du départ de l'Elfe.
-Attends ! Tu nous laisse toutes seules, là ? s'insurge-t-elle.
Les épaules du l'homme aux cheveux bleus s'affaissent.
-Et Valkyon, il sent le gaz ?
La rouquine reste bouche bée. Elle n'avait même pas pensé au Faelien. Le rouge lui monte aux joues sous la honte de cet oubli.
-C'est à dire que... il... tente-t-elle de se rattraper. Ça veut dire qu'il n'y aura plus qu'un seul chef de garde au Quartier Général. C'est trop peu.
Las d'argumenter dans le vent, l'Elfe pivote sur lui même et se dirige vers sa chambre, l'Étincelante et l'Absynthe sur les talons. Concentré sur l'itinéraire à venir qu'il se trace mentalement, il n'écoute plus les pépiements des jeunes femmes, derrière lui. Probablement tentent-elles de le dissuader d'un départ précipité. L'Elfe n'en a que faire. Si sa découverte se révèle exacte, il sera en mesure de trouver toute l'aide dont Eel aura besoin pour sauver le Cristal, Miiko et débarrasser les créatures de la forêt de cette chose qui les perturbe.
A peine met-il un pied dans sa chambre qu'il s'empresse de refermer la porte au nez de ses poursuivantes. Il saisit deux sacoches semi-rigides en cuir et y enfourne quelques affaires. Des fioles, des potions, des herbes médicinales, sans oublier la cause de toute cette agitation.
Il s'approche de son bureau sur lequel est déposé un rectangle de cuir tanné. L'ouvrage semble attendre qu'on le saisisse. Ezarel peut presque sentir toute la puissance qui s'en échappe. Non pas qu'il renferme des formules d'une magie extrême, mais parce que le sens des mots qu'il contient porte le monde sur ces quelques pages. L'Elfe tend la main au dessus de la couverture de cuir usée et craquelée, sans pour autant la toucher. Ce manuscrit l'effraie-t-il ? Ezarel a peur en effet de découvrir que les textes soient véridiques. Cela remettrait tout en question ! Il redoute la vérité tout autant qu'il l'espère.
Il serre les doigts, hésitant, puis dans un élan qui se veut sûr de lui, Ezarel attrape le grimoire et l'enfourne dans une sacoche, bien calé entre plusieurs linges. Dans l'autre sacoche, des vivres et un peu de nourriture pour son familier.
Fin prêt, l'Elfe prend une profonde inspiration avant d'ouvrir sa porte. Les deux jeunes femmes l'attendent derrière et s'égosillent pour que l'Absynthe saisisse bien la gravité de la situation. L'Elfe rit jaune. Ce sont elles qui mettent la raison sur le tapis. Doit-il leur rappeler que ce sont elles les petites sottes qui laissent un des leurs se faufiler hors du QG au moment le moins opportun ?
Tachant de les ignorer, Ezarel sort du QG et longe la place du marché dont la plus part des étales sont vides. L'attaque au refuge a secoué tout le monde. Les dégâts ont été conséquents. Même si la garde a réagi vite, le Royaume d'Eel a subi de lourdes pertes cette nuit-là. Ces attaques éclairs, survenues de nulle part ont ébranlé les Faeries du Refuge. En deuil et trop occupées à reconstruire leurs maisons, les habitants n'ont que faire du marché et de l'économie. L'élan de solidarité les pousse à donner. Donner leurs ressources, mais aussi donner de leur personne.Une jeune demoiselle, inconnue au bataillon et frêle comme un Dalafa juste né, s'est élevée dans le chaos qui régnait quelques jours après les évènements. Elle a su parler d'une voix claire et attirer les foules. Elle a su réunir le peuple meurtri autour d'elle et lui a redonné courage. Autour d'elle, les Faeries rayonnent d'une lueur d'espoir sans égal. Certains évoquent déjà son nom dans les chansons. Parce que pour sûr, son ascension dans le peuple d'Eel restera dans leur mémoire. Son nom ? Paris.
Ezarel se fiche que le marché soit en berne en ce moment. Il sourit à la vue de cette camaraderie qui envahie les rues. Il se dit que tant que cette mentalité perdure, alors ils n'ont rien à craindre de ce qui rôde, là, dehors.
Alors que les arches qui mènent vers la Grande Porte du QG se dessinent au loin, Ezarel bifurque sur la gauche, à l'opposé du Jardin de la Musique. Après avoir arpenté un chemin de graviers blancs, il arrive près d'un immense bâtiment en bois. Une grande porte découpe le coté de la bâtisse alors que juste au dessus une ouverture laisse apparent plusieurs ballotins de paille et de foin frais. Une grange, à n'en pas douter.
Heureux d'avoir semé les deux pipelettes, Ezarel se glisse dans l'abri. La porte bancale grince lorsqu'il la tire à lui. A l'intérieur, il fait sombre, mais de puissants faisceaux de soleil percent par les puits de lumière sur la toiture. Des ronds éclairent l'allée centrale à intervalle régulier. Connaissant le lieu comme sa poche, Ezarel marche d'un pas certain, insensibles aux différents cris qui s'échappent des box avoisinants.
Arrivé à destination, l'Elfe aux cheveux bleus dépose ses sacoches au sol, saisit la selle légère suspendue juste à coté de la porte de l'alcôve. Le cuir fin est minimaliste. Le but étant de donner un simple point d'appui au cavalier et non pas de gêner les mouvements de la monture. Le harnachement sur le bras gauche, Ezarel soulève le loquet de la porte de ses doigts habiles puis fait un pas en arrière, attendant que la créature s'approche d'elle même.
Après quelques secondes, la monture sort le bout de son museau de la pénombre, à hauteur d'épaule.
-Tu dormais, hein ? ronronne Ezarel, attendri.
Puis s'agenouillant devant la créature à la fourrure épaisse, l'Elfe enfouit son visage dans l'encolure de la bête.
-Je suis désolé de te tirer des rêveries, mais on doit y aller, murmure-t-il.
La bête lui répond d'un léger grondement et baille de sa large gueule au nez de son maître. Ezarel grimace :
-Oh, tu sens pas la rose ! se pince-t-il le nez.
Dans l'ombre, il peut discerner son familier pencher la tête sur le coté. Zut, il aurait dû surveiller ses mots.
-Oui, oui, tiens, abdique l'Elfe en extirpant un magnifique spécimen de Rose Urticante de sa sacoche. Voila pour toi, régale toi !
A peine a-t-il tendu la fleur du bout des doigts que la mâchoire puissante de la créature la mastique, la déchiquette et l'engloutit. La faible lumière se reflète sur l'ivoire luisant des crocs de la bête. Ezarel se redresse et s'avance pour seller son destrier. C'est à ce moment que Valkyon déboule dans le hangar.
-Ezarel ! Est-ce que c'est vrai ? beugle-t-il.
-Oh non. Il a fallu qu'elles parlent, ces deux commères... grince l'Elfe entre ces dents.
Le Faelien arrive devant le box. Les poings sur les hanches, le visage crispé et les yeux qui lancent des éclairs, il tonne :
-Ykhar et Alajea sont venues me trouver...
-Tu m'en diras tant.
-Tu comptes partir ? Dans quel but ?
Alors qu'il resserre la sangle autour du ventre effilé du monstre à fourrure, Ezarel observe Valkyon du coin de l'œil.
-Écoute, commence-t-il, en fixant solidement les sacoches à la selle. J'ai une piste. Une piste qui pourrait peut-être nous aider. Je suis le seul à pouvoir vérifier tout ça. Le QG est entre de bonnes mains avec toi. Je sais que tu sauras le protéger jusqu'à mon retour et celui des autres.
L'Obsidien fixe l'Elfe. Il ne s'attendait pas à se faire complimenter de la sorte. Si Ezarel en vient à abandonner ses railleries habituelles, c'est que le sérieux de la situation l'exige. Aussi décide-t-il de faire confiance au jugement d'Ezarel. Même s'il se méfie toujours de ses coups fourrés, il sait que l'Elfe est d'un sérieux sans pareille.
Le grand baraqué aperçoit la silhouette de l'Elfe délicat se hisser sur cette bête qui le fait toujours frémir. Sans savoir pourquoi, même si l'Absynthe promet dans toutes les langues que son familier est tendre comme un Crylasm de 6 semaines, Valkyon ne peut s'enlever de la tête l'image de ce fameux familier manger des bébés Crylasms.
C'est pourquoi, quand Ezarel taquine le flanc de la bête et que celle-ci fait un pas en avant, laissant sa patte massive, velue et griffue sortir de l'ombre, Valkyon se dépêche de faire un pas sur le coté. Retenant sa respiration tandis que le cavalier et son destrier décrivent une volte autour de lui, Valkyon n'ose plus dire un mot. Ezarel rit joyeusement à la vue du malaise que lui inspire son cher ami à fourrure.
-Il ne te fera rien, tu sais. Il ne mange pas de faelien.
-J'aime pas les Volpionix, c'est tout. Il fait le gentil, mais si je lui tourne le dos, je suis sûr qu'il va m...
Valkyon recule vivement d'un pas lorsque la bête tend son museau pour renifler ses doigts. D'un effleurement de talon, Ezarel fait s'aligner sa monture en face de la longue allée de la grange. Baissant les yeux vers Valkyon, il sourit, sans moquerie, sans artifice :
-Je reviens vite. Assure la protection du Refuge.
-Explique-moi au moins ce que tu comptes faire ! réclame l'Obsidien, complètement paumé.
Ezarel relève la tête et regarde droit devant lui. Il affirme son assiette, plonge ses doigts dans l'épaisse crinière de la bête et, l'air grave, talonne ses flancs. Aussitôt, tous deux s'élancent à vive allure, comme projetés sur une rampe de lancement. Les pattes de la bête lacèrent la terre battue à chaque nouvelle foulée. L'Elfe sourit pour lui-même et scande avant d'être hors de portée de l'ouïe du faelien :
-Je vais chercher du renfort !
Alors que ses mots résonnent encore dans l'immense bâtisse, la bête déploie ses ailes membraneuses et, se projetant à l'aide de ses membres puissants, prend son envol dans le ciel rougeoyant de cette fin de journée.