Ils se tenaient là, allongés, dans ce lit défait et pourtant chaud. Hayley était confortablement installée entre les jambes de Niall, qui était appuyé contre le mur. Il avait passé ses bras autour des épaules nues de la jeune fille. Il enfouissait son nez dans les cheveux détachés d'Hayley, et humait l'odeur naturelle qui s'en dégageait.
- Tu as peur ? interrogea-t-il Hayley.
- De quoi ?
- De la mort .. lâcha-t-il après un instant d'hésitation.
- Oui.
- Pourquoi ? continuait-il.
- Parce que j'ai jamais cru en Dieu. J'ai jamais cru qu'il y avait quelqu'un qui était là-haut et qui faisait la pluie et le beau temps. Parce que je comprends pas qu'il y ai des enfants qui meurent de faim, alors que Dieu pourrait les sauver. Alors j'ai peur. J'ai peur de ce qu'il y aura après. Et d'ailleurs, y en a-t-il vraiment un, un après ? Je sais pas si je vais avoir mal, si je vais souffrir longtemps. Je sais pas si, au contraire, je ne sentirai plus rien, mais par contre, je serais peut-être totalement anesthésiée, et alors je pourrais rien dire, rien voir. J'ai peur de l'inconnu, et j'ai peur de savoir que tu ne seras pas avec moi. J'ai peur de regretter mon geste, mais peut-être que je ne pourrais pas regretter, puisque je serais peut-être tout simplement morte. Tu vois, je sais pas ce qui va se passer. Je suis dans le flou complet, j'avance dans l'inconnu ...
- Pourquoi tu veux mourir alors ? Pourquoi ne pas simplement reprendre le traitement, et vivre ?
- Parce que la vie est faite de choses inconnues ... Alors, peu importe ce que je fais, je sais que j'aurais peur. Même si tu es à mes côtés.
[...]
Hayley avait rejoint Harry et Liam dans le salon. Ils jouaient avec Hope. L'enfant fit mine d'ignorer Hayley lorsqu'elle entrait dans la pièce. Liam lui souriait tristement. Il n'avait pas essayé de la faire changer d'avis. Il connaissait le caractère têtu de son amie. Seul Niall tentait encore.
- Ma puce, est-ce que tu veux bien me parler ? demandait Hayley à Hope.
- Oui, mais je veux Harry avec moi.
- Très bien. Ecoute, ce que je vais te dire est très important. (Hope acquiesçait, grave). Tu es guérie, ma puce. Tu es purement et simplement guérie. Tu vas vivre très longtemps, et très heureuse. Je veux que tu fasses des études, que tu trouves un mari et que tu ai des enfants aussi merveilleux que toi.
- Mon amoureux c'est Harry.
- Oui, riait-elle. Je sais. Je vais partir Hope. Tu as été la meilleure chose qui me soit arrivé. Tu as été un vrai petit rayon de soleil, qui illuminait mes journées quand j'étais à l'hôpital. Je suis persuadée que si nos chemins se sont croisés, c'est pour une bonne raison. Je pense qu'on devait se rencontrer. Et maintenant, je sais pourquoi. Je devais te rencontrer. Je devais te présenter à ces cinq imbéciles ici présents, dans cette maison.
- Harry est un imbécile, rigolait l'enfant. Je t'aime, Hayley. Tu es ma maman, tu m'as sauvé.
- Oh ma puce, ma petite princesse ... Tu vas terriblement me manquer. Chaque instant avec toi était comme un morceau de bonheur. Je garderai toujours avec moi le souvenir de tes petites joues roses, de tes jolies boucles. Tu es tellement belle, princesse.
- Je veux pas que tu partes, commençait-elle à pleurer. Je veux pas que tu partes ! Pourquoi tu me laisses ! Je t'aime !
- Cesse de pleurer, sèche tes larmes. Harry et les autres s'occuperont de toi, tu sais. Tu seras heureuse. Encore plus heureuse qu'avec moi. J'aurais aimé pouvoir t'adopter, petit coeur. J'aurais vraiment voulu. Tu aurais complété ma vie parfaitement. Comme tu le fais déjà.
Elle embrassait chaque joue de l'enfant en pleurs. Elle séchait ses larmes, remettait ses cheveux en arrière, et la donnait à Harry. C'en était trop pour Hayley. Trop d'un coup. Niall, puis Hope. Elle laissait couler ses larmes. Et s'en allait.