Leith et Alec venaient de quitter le chapiteau au moment où un organisateur posa sa main sur mon épaule. Pour la première fois depuis longtemps, je ne sursautai pas.
– C'est à votre tour, Mlle Riva.
Mes mains tremblaient encore et mes yeux n'avaient pas quitté l'endroit où se tenait plus tôt mon plus grand ennemi. Les Protecteurs avaient raison. Une personne comme Vlad ne devait pas rester en vie et diriger les descendants de cette école. Rien de bon n'arriverait que ce soit pour les étudiants ou même son propre fils.
Leith... comment pouvais-je lui venir en aide ?
Lorsque j'avais pris ma décision il y a des mois, seul le sort d'Alec m'importait. Je me souvenais encore parfaitement de cette nuit au crépuscule sur l'Olympe et de son regard vert émeraude perdu dans ses pensées. Il m'avait paru fragile, innocent et tellement souffrant. J'avais pris conscience de mes sentiments pour lui à cet instant et de tout ce que cela signifiait.
réduire à néant Vlad pour le libérer de cette malédiction, mais il n'était finalement pas le seul sous son emprise. Leith aussi en souffrait, et le fait qu'il soit lié par le sang à cette personne devait être d'autant plus douloureux. Comment pouvais-je faire du mal au père d'un ami ? Leith ne me le pardonnerait jamais, et pourtant, je n'avais jamais été aussi déterminée que ce soir à en finir avec lui.
– J'arrive, indiquai-je à l'organisateur qui me lança un regard curieux. J'ai juste besoin de quelques secondes pour me calmer.
Le vieillard hocha la tête et enleva sa main qui laissa un froid glacial.
– On vous a surement posé la question plusieurs fois, mais pourquoi désirez-vous devenir gardienne ? me demanda-t-il après une minute de silence.
– Figurez-vous que j'ai fait ce choix par dépit au départ. Ma réponse aurait été différente hier, mais aujourd'hui, je peux donner une réponse claire à cette question. Je vais devenir la gardienne des Tillion pour aider le président à se débarasser des vermines de cette école.
– Qu'entendez-vous par vermines ? Faites-vous allusion à ce groupe de rebelles qui ont attaqué l'école ? J'imagine que rester enfermée chez ces barbares n'a pas du être chose facile.
– Détrompez-vous, cela m'a permis d'ouvrir les yeux sur beaucoup de choses. Parfois, j'aimerais que nos ennemis soient aussi simples à détester, mais ce n'est pas toujours le cas.
L'homme à la barbe blanche se gratta le front, il ne comprenait pas où je venais en venir. Je n'avais qu'un seul objectif en tête, gagner cette dernière épreuve et ouvrir les yeux à Leith sur ce que tramait son père. Les Protecteurs n'étaient pas ses ennemis jurés contrairement à ce qu'il pensait. Et mon père se trompait aussi sur toute la ligne en s'en prenant à tous les descendants. Quelqu'un nous montait les uns contre les autres sans même savoir d'où venait l'origine de ces centaines d'années de conflit, et cette personne se pavanait sous notre nez depuis le début.
Un signal sonore, similaire à celui d'un gong, retentit dans le chapiteau indiquant le début de mon épreuve. Mon petit spectacle avec Vlad m'avait fait perdre ma concentration au prix d'une détermination sans nom. Je m'approchai des épais rideaux rouges et jaunes attachés par des cordes où trois organisateurs annotaient nos noms dans les airs.
– Il ne manquait plus que Mlle Riva, vous pouvez y aller. Bonne chance à tous et que le meilleur gagne.
Lorsque les organisateurs détachèrent les cordes pour nous laisser pénétrer le circuit, les lumières artificielles accrochées à plusieurs mètres me firent plisser les yeux. Le sable s'engouffra dans mes bottes, démangeant mes jambes déjà meurtries par les crampes. Je ne reconnus aucun visage familier parmi les prétendants au titre de gardien des Tillion, mise à part Connor et son maudit sourire.
– Comment on se retrouve, Ambre ? Décidemment, le destin s'acharne pour que nous combattions jusqu'à la mort, toi et moi.
– Tu as déjà perdu une fois, Connor, tu sais à quoi t'attendre.
Ma remarque lui fit perdre son sourire. Le descendant de la guerre ne portait qu'un pantalon en trellis de la même couleur que ses tatouages. Son torse nu, bien plus musclé que celui d'un loup-garou, était marqué par d'horribles cicatrices. Sa bien aimée lance, Setus, reposait dans son poing. J'aurais juré qu'elle profanait des menaces à mon encontre si elle avait pu parler.
– Calme-toi, Setus, lui murmura Connor. Moi aussi, je veux lui déchiqueter le visage.
Les organisateurs firent retentir l'alarme annonçant le début du combat. Je m'élançai sans perdre une seconde vers Connor et son arme divine pointée tout droit dans ma direction. Pour une fois, j'avais agi avant même qu'il n'ait le temps de bouger le petit doigt. Pour autant, il ne parut pas surpris par cet élan de risque, car il esquiva aisément mon poing enflammé qui menaçait de lui déboiter la mâchoire.
– Une nouvelle attaque avec tes flammes ? Plutôt malin de les utiliser en combat rapproché, mais tu ne fais pas le poids contre quelqu'un qui peut endurer la douleur.
Connor m'attrapa par le cou au moment où je m'apprêtai à lui asséner un coup de pied circulaire. Son genou frappa de plein fouet mon estomac qui se froissa comme du papier. Je vomis de la bile avant de me redresser, chancelante, et lui donner un violent coup de boule dans le nez avant qu'il n'ait le temps de me mettre K.O. Son sang gicla sur ma bouche, chose qui m'arracha un sourire.
— Nous ne sommes pas si différent, m'avoua Connor en crachant un molars au sol. Faire couler le sang te rend vi...
Je ne le laissai pas terminer et lui envoyai un jet de flammes bouillantes à ses pieds. Cette deuxième nouvelle attaque me demandait bien plus d'énergie que je le pensais sûrement à cause de son flux abondant. Comme je l'avais prédis, Connor sauta dans les airs pour éviter de finir carboniser avec Setus dans sa main. Je profitai de ce moment pour concentrer toute la force de mes jambes et me jetai sur lui avec mes griffes. Un cri lui arracha la gorge lorsque je sectionnai les doigts de sa main. Je me moquai bien de savoir si l'infirmière de l'école était suffisamment compétente pour les lui faire repousser. Le voir gémir au sol, Setus à terre dans un amas de poussière, me satisfaisait.
— Sale garce ! hurla-t-il en tenant sa main. Comment as-tu su ?
— C'est la troisièmes fois que nous combattons l'un contre l'autre. Je commence à comprendre comment tu réfléchis. Ton style de combat est simple et lent par rapport à Leith ou Alec. Il suffit seulement d'attendre que tu commettes une erreur pour te punir. Je t'emprunte Setus, si ça ne te dérange pas.
Je pris Setus dans ma main qui avait l'air bien plus lourde que la fois précédente. Connor se tordit dans tous les sens pour essayer de se relever, mais il était à bout de force. Son alliage en or brillait sous les lumières du chapiteau, faisant ressortir la beauté des joyaux qui parcouraient sa pointe. Je ne pourrais pas l'utiliser longtemps étant donné que je n'étais pas une divinité ni une descendante, mais elle me suffirait pour ce que je planifiai.
Je m'apprêtai à la lancée vers les derniers participants qui combattaient à quelques mètres d'ici. La puissance de l'impact me donnerait l'effet de surprise escompté pour en finir vite. Alors que je balançai mon bras en arrière pour prendre mon élan, un bras puissant m'écrasa la gorge.
— Tu crois que je ne peux pas combattre sans ma main ? Il faudra me tuer pour que tu gagnes ! rugit Connor dernière mon dos.
La chaleur menaçait de faire exploser mon crâne tant je retenais ma respiration. Si il continuait à m'étrangler ainsi, j'en mourrai sans même avoir pu me défendre. Je tentai de lui balancer un coup de pied, mais Connor avait l'avantage du fait de sa position et l'esquiva sans mal. Si cela ne marchait pas, il ne me restait plus qu'une seule solution. Je n'avais jamais essayé de faire une telle chose mais si j'avais réussi à matérialiser des flammes sur mes poings, je pouvais très bien le faire sur l'ensemble de mon corps.
Connor hurla en reculant de douleur lorsque mes flammes l'atteignirent enfin. J'avais réussi.
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Hello !
Voilà le chapitre du jour avec de l'action (encore). Va falloir que Connor abandonne un jour 😂
À bientôt ! 🖤