Mon cœur tambourinait dans ma poitrine comme une bombe prête à exploser. Allongée dans un buisson, j'attendais un signe. L'odeur de la terre fraîche et humide me chatouillait les narines, et je luttai face aux moucherons qui volaient autour de mes oreilles tels des parasites. Aragorn n'avait voulu prendre aucun risque, et je partageais son avis avant qu'il ne nous pousse dans ces buissons. Il fallait que nous restions caché jusqu'à l'arrivée de Leith sans susciter aucun doute si d'autres participants nous voyaient. La moindre hésitation pourrait gâcher tout notre plan.
— J'ai mal au dos, gémit Sean accroupi à mes côtés.
— Ça fait un moment qu'ils sont partis. Et si cet aigle l'avait dévoré tout cru ?
— On parle de Leith, pas de n'importe qui, le contredit aussitôt le descendant de Dionysos.
Un cri strident fendit les airs, nous faisant ainsi garder le silence. Les battements d'ailes de l'aigle me soulagèrent d'un poids immense. Même Sean me décocha un sourire triomphant l'air de dire « je vous l'avais dit ».
— Vous pouvez sortir, nous chuchota la voix familière de Leith.
Je bondis la première hors de ces feuillages qui me grattaient la peau. L'aigle du Caucase était beaucoup plus mignon lorsqu'il n'essayait pas de vous lacérer le visage avec ses griffes.
— Ça a été plus long que prévu, mais on peut passer à l'étape deux.
— T'es sûr qu'on peut monter sur ce truc tranquille ? demanda le coéquipier de Sean.
L'aigle leur répondit par un petit cri qui ne le mit pas en confiance.
— Ne t'inquiète pas, il ne te fera rien, le rassura Leith. Allez-y maintenant.
Les caméras se mouvaient sur les arbres alentour pour ne pas manquer cette scène digne des plus grands films d'action. Apprivoiser une créature mythologique, et s'en servir pour l'épreuve n'était certainement pas commun. Tous les membres de notre alliance montèrent sur l'aigle qui ne bougea pas d'un poil. Sean et Aragorn me saluèrent solennellement avant que la créature ne s'envole dans la nuit noire, me laissant seule avec Leith.
— Maintenant à nous deux, dit-il avec un sourire proche de la jubilation.
— Je rêve ou tu es content ?
— Pourquoi est-ce que je serai triste ? me demanda-t-il comme si j'avais perdu la tête.
Je lâchai un soupir d'ennui.
— Oh je ne sais pas, peut-être parce qu'on s'apprête à combattre tous les participants de cette épreuve en même temps ?
— Justement, c'est ça qui est génial. Je ne tiens même plus en place tellement j'ai envie de me battre !
Leith se dirigea vers l'intérieur de la forêt d'une démarche déterminée, là où était proche la ligne d'arrivée. Je le suivis presque à reculons en regardant constamment derrière moi de peur d'être surprise par une autre équipe. Il nous fallait nous rapprocher le plus possible des autres participants qui occupaient les lieux, et je doutais presque qu'il y ait qui que ce soit dans cette immense forêt. Ce fut à ce moment que des bruits de lutte, comme des armes qui s'entrechoquaient, nous parvinrent. Le combat devait être très loin, mais au moins nous savions qu'il y avait bel et bien des équipes dans le secteur. La pénombre ne rendait pas notre chemin facile, mais Leith se repérait tel un ranger en dégageant les feuillages qui nous barraient la route.
— Parfait, les combats ont déjà dû commencer depuis un moment. Ça doit sûrement être pour ça que les organisateurs n'ont pas fait d'annonce.
— Tu parles des vidéos projetées ?
Leith hocha.
— Si ils devaient prévenir à chaque fois qu'une équipe est disqualifiée, à ce rythme ça n'en finirait jamais.
Les arbres commençaient à se faire moins nombreux. Le descendant de Zeus s'arrêta près d'un chêne immense dont le tronc était strié de rayures à la façon d'un zèbre.
— Allez, d'ici quelques heures à peine la première épreuve sera finie, m'encouragea-t-il.
Leith lança un regard vers le ciel nocturne.
— Qu'est-il y a ? lui demandai-je paniquée à l'idée qu'on nous attaque.
— Rien, je transmets juste à Sean que nous sommes prêts. Il va bientôt créer ses barrières.
— Les descendants communiquent tous par télépathie ?
Leith grimaça avant de hausser les épaules.
— C'est un peu plus complexe que ça. On ne peut pas vraiment parler, c'est plus comme des images ou des sensations. On sait quand l'un d'entre nous utilise trop ses dons, si il est vraiment en danger. Et cette capacité de communication est plus ou moins développée en fonction des personnes.
Je voulais en savoir davantage sur le sujet, mais il était temps pour moi de passer aux choses sérieuses. Je fermai les yeux pour me concentrer sur mon énergie magique, celle qui dormait au plus profond de mon être. Je réussis à l'atteindre lorsque je sentis une puissante énergie pulser au niveau de mon cœur, chaude et crépitante comme un volcan. L'énergie, volatile, se dispersait comme des confettis. Pour invoquer un mur de flammes, il fallait que je rassemble ces milliers de fragments magiques. Et autant vous dire que dans la vraie vie, c'était comme essayer d'attraper des milliers de moustiques éparpillés dans un champ. Après plusieurs minutes, mes mains commencèrent à trembler, de même pour mes jambes qui dansaient le rock au point de ne pas pouvoir me tenir debout.
Leith me rattrapa in extremis avant que ma tête ne heurte le sol.
— Comment est-ce que j'ai fait la dernière fois ? murmurai-je pour moi même.
— Tu étais dans le feu de l'action. Ton corps a réagi tout seul à ce moment là, m'expliqua calmement Leith qui me soutenait toujours.
Sa main fraîche me fit un bien fou lorsqu'elle se posa sur mon visage pour enlever une mèche de cheveux qui barrait mes yeux.
— Leith, je ne sais pas si j'y arriverais toute seule, lui avouai-je avec une honte non dissimulée.
— Je peux essayer de t'aider.
Il prit mes mains dans les siennes, chose qui calma instantanément mes tremblements. J'avais l'impression de retrouver des forces rien qu'à ce simple contact. Ses yeux bleus électriques brillaient dans le noir à la façon d'un astre. J'adorais voir leur couleur à travers ces longs cils lorsqu'il fendait les yeux comme un félin. Leith avait une façon de me regarder presque animale comme si à tout instant, il était prêt à se jeter sur moi. Sauf que contrairement à notre première rencontre, il n'y avait aucune animosité chez lui. Seulement du désir et de la bienveillance qui fit naître des milliers de papillons dans mon ventre.
Je fermai les yeux, certaine cette fois de pouvoir réussir à faire ce que je n'avais pas pu il y a quelques instants. Les milliers de confettis dansaient à m'en faire perdre la tête, mais elles se réunirent lentement pour ne former qu'un seul et même tas. Le feu s'embrasa, noir comme la nuit, et le chant des crépitements calma aussitôt les battements effrénés de mon cœur. Lorsque je rouvris les yeux, j'en restai bouche bée. Si auparavant j'avais déjà invoqué un mur de flammes haut de plusieurs mètres, ce n'était rien à côté de cette immense barrière de flammes qui coupait toute la forêt. En fait, il m'était impossible de voir le début ou même la fin de ce mur de flammes tant il était gigantesque. On aurait dit ces grandes murailles de Chine qui pouvait protéger un pays entier de toute attaque.
— Je ne m'attendais à ce que ce soit aussi ... imposant, admit Leith en regardant les flammes.
Rien n'était encore joué. Maintenant que le mur de flammes remuait en tout sens, il fallait que je le projette sur plusieurs kilomètres.
— Ok, accroche-toi, me demanda Leith.
— Quoi ?
Le descendant de Zeus fut alors parcouru de millier d'éclairs qui grésillaient dans un bruit strident. Il me prit dans ses bras comme une princesse — si je pouvais être qualifiée ainsi — et fila à une vitesse folle sur le chêne. Avec la vitesse, mes cheveux me fouettaient le visage et il m'était désormais impossible de discerner le paysage. Heureusement, cette course folle s'arrêta aussi vite qu'elle n'avait commencé. Leith me déposa doucement au sommet du chêne ou la vue nous donnait une parfaite vision de la forêt.
Le mur de flammes n'était pas aussi grand que le chêne où nous nous situions, aussi pus-je admirer la distance sur laquelle il s'étendait. Un soupir admiratif m'échappa. C'est moi qui avait fait ça ?
— Maintenant on sera mieux. Tu es prête ?
Je hochai la tête et tendis mes mains vers la ligne d'arrivée que j'arrivais désormais à voir. Une sorte de barrière verdâtre brillait au loin et plusieurs équipes se battaient près de ce halo. Il fallait certainement franchir cette sorte de barrière pour terminer l'épreuve. Un gémissement sortit de ma gorge lorsque je déplaçai le mur de flammes. J'avais l'impression de porter un camion trois tonnes sur le dos, mais heureusement grâce à l'élan et au vent, les flammes allèrent exactement là où je le voulais. Elles se déversèrent tel un tsunami sur les arbres qui plièrent face à sa force destructrice. Tout n'était désormais que chaos, et voir ce spectacle me fascinait bien plus que je ne voulais l'avouer.
Des centaines d'oiseaux partirent dans l'autre sens pour éviter les flammes, et j'entendis bientôt des cris d'horreurs qui venaient de la ligne. Les barrières de Sean se matérialisèrent bientôt sur les côtés pour éviter que quiconque ne puisse s'échapper. Je venais de créer un véritable monstre, un monstre qui resterait sûrement gravé dans la mémoire de tous les surnaturels.
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Hello 😏
J'ai trop aimé écrire ce chapitre et j'ai hâte que vous lisiez la suite des rebondissements. Je n'ai pas fini sur une note de suspens comme j'en ai l'habitude, sinon vous auriez fait une crise cardiaque 😂
J'espère que le chapitre vous aura plus !
À jeudi 🖤