Je me réveillai aux aurores, avant même que le soleil pointe le bout de son nez pour dire vrai. Je n'avais pas dormi de la nuit au point que mes yeux cernés et pochés ressemblaient à ceux d'un cadavre. Le petit-déjeuner n'était pas encore servi, et il me restait bien deux heures avant que le réfectoire et le café n'ouvre. Je me contentai donc d'un chocolat chaud dans la cuisine que je ne finis même pas. Par peur d'être appelée plus tôt que prévu, je me dirigeais déjà vers les salles des jurés, là où nous serons passés aux cribles par d'effrayants professeurs — surtout Vlad —.
Les escaliers en bois avait été cirés pour l'occasion et aucun journaliste n'hantait les couloirs lorsque j'arrivais dans le bâtiment des salles de conférence. Une fresque murale représentant des anges occupait les murs parsemés d'affiches pour promouvoir nos différents clubs : art, broderie, informatique, chant ... il y en avait pour tous les goûts. Et malgré le peu de fois où je venais dans ce bâtiment, je n'arrivais pas à me détendre et profiter de l'élégante décoration des lieux. Les anges me semblaient être des démons m'annonçant un triste sort.
Et si les professeurs me disqualifiaient parce que j'appartenais à aucune espèce surnaturelle du campus ? S'ils me demandaient d'utiliser mes flammes devant eux pour faire mes preuves ? Mes mains tremblaient à cette idée.
— Salut.
Je reconnus le prince du royaume des elfes qui montait la dernière marche d'escalier. J'avais encore une fois oublié son nom, et il était hors de question que je lui demande à nouveau. Ses longs cheveux blancs étaient attachés derrière son dos et ses yeux violets pétillaient d'excitation. Il s'approcha lentement en se délectant de la fresque murale, émerveillé par les anges qui dansaient autour des nuages.
— Tu es venue assez tôt, remarqua-t-il en désignant l'horloge murale. Tu es stressée ?
Ce garçon participait lui aussi aux épreuves, hors de question qu'il sache mes faiblesses même si je n'avais rien contre lui.
— Non, ça va. Ce n'est qu'un entretien de toute façon.
— Certes, mais si on ne passe pas cet entretien, on peut dire adieu aux épreuves, me répondit-il aussitôt avec un sourire amical. Même si j'ai répété des heures et des heures les réponses que je pouvais leur donner, je ne peux pas me retenir d'appréhender.
Je me radoucis, mais pas suffisamment pour lui avouer que j'étais dans le même état que lui. Dans tous les cas, ce prince n'avait pas les mains qui tremblaient contrairement à moi. Et, il pouvait aussi utiliser sa magie !
— Les autres candidats ne vont pas tarder à arriver, me fit-il remarquer. Est-ce qu'il y en a certains que tu redoutes ?
Oh. J'avais bien une idée oui. Connor. Il y a quelques mois, il m'avait battu à plate couture avec sa lance divine. Luck avait réussi à en venir à bout avec sa magie, mais tout ça n'était que foutaise car ces deux là travaillaient pour la descendante d'Athena. Ils avaient planifiés le coup depuis le départ pour que nous fassions confiance à ce Luck ... et dire qu'Alec s'en méfiait, il avait raison.
Gwenn aussi me faisait peur. Enfin ... disons que je ne savais pas encore de quoi elle était capable, et que son intelligence n'égalait pas le moindre étudiant sur le campus.
— Je peux te citer les miens, si tu ne me fais pas confiance. J'avoue que je te parle de ce genre de choses alors que nous sommes des adversaires, mais ... j'aurais préféré que nous soyons plutôt des alliés.
Les yeux violets du Prince se fixèrent aux miens. Il paraissait sincère, mais Logan m'avait suffisamment mis en garde. Allié ou non, il fallait toujours se méfier de quiconque dans ce genre de compétition. Et Alec m'aurait très certainement dit la même chose.
— Désolée, si il n'y avait pas ces épreuves, je serais sûrement plus enclin à te répondre, lui avouai-je.
— Tu as raison de te méfier de moi, euh ... ton nom ?
— Riva, Ambre Riva.
— Je m'en excuse, je n'ai pas bonne mémoire pour un elf. J'espère qu'après ces épreuves, nous aurons la chance de discuter plus longuement.
— En fait, moi aussi je ne me souviens plus de ton nom.
— Aragorn.
Le prince m'adressa un tendre sourire avant de s'éloigner vers les affiches. Bon sang, il était si gentil que ça en devenait presque suspect. Et dieu seul sait que je ne demandais qu'à rencontrer des gens équilibrés, exactement comme lui. Diafosa m'avait décidément détraqué le cerveau avec tous ces complots et ces mensonges.
Plusieurs minutes passèrent durant lesquelles nous gardions le silence. D'autres étudiants qui souhaitaient participer aux épreuves commencèrent à s'entasser dans l'escalier. Je ne pensais pas qu'une épreuve aussi mortelle pouvait attirer autant de gens, et je comprenais désormais pourquoi une sélection était nécessaire. À dix heures tout pile, les portes en pierre de la salle de conférence s'ouvrirent lentement. Un homme élégamment vêtu d'une chemise marron et d'un chino noir nous salua d'un rapide coup de tête.
— Les entretiens vont commencer. Nous allons vous appeler par ordre d'arrivée. À vous de faire bonne impression aux jurés.
Ordre d'arrivée ? Alors, les listes ne voulaient donc rien dire ! Et je passais la première ?!
— Riva Ambre, des Tilion.
Je m'avançais d'un pas tremblant vers les portes qui faisaient trois fois ma taille. L'homme me jugea d'un regard moqueur, comme s'il connaissait déjà mon sort. Mais, je ne me laissais pas démonter et m'engouffrer dans la salle froide.
Lorsque j'arrivais dans la pièce, je fus aussitôt surprise de voir autant de journalistes assis à une même table. Ils gardèrent le silence et sortirent immédiatement des appareils. Étrangement, ils ne ressemblaient pas aux appareils photos que j'avais pu voir la première fois comme ceux des journalistes humains. Leurs appareils faisaient la taille d'une cacahuète et n'émettait aucun flash. Une ... mini GoPro ? Je n'en avais aucune idée, mais une chose était certaine : le monde surnaturelle tout entier m'observait.
— Ambre Riva, candidate numéro 18, installez-vous, m'invita une femme au chapeau melon.
Je reconnus notre nouveau professeur de défense, le docteur en histoire ancienne et Vlad dans son habituel costard flambant neuf. Le jury ne dit un mot pendant un long moment et préféra me détailler des pieds à la tête comme si j'étais leur prochain repas. Parmi eux, certains avaient été envoyé par le conseil surnaturel en personne, aussi devais-je faire profil bas pour ne pas révéler ma réelle identité.
— Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
Fastoche. J'avais préparé cette question la veille et savais parfaitement ce que j'avais à dire.
— Je m'appelle Ambre Riva et j'ai dix-huit ans. Si je suis à Diafosa, c'est principalement pour suivre un enseignement de qualité et ...
— Votre père était également un étudiant, me coupa alors violemment un professeur aux yeux écartés et à la longue moustache. Voulez-vous suivre les traces de votre paternel ?
Les journalistes ne perdaient pas une miette du spectacle et attendaient avec impatience le moment où je craquerais.
— En effet, si vous m'aviez laissé terminer, vous auriez déjà réponse à votre question.
Le moustachu se rembrunit sur sa chaise et me laissa poursuivre d'un geste mou de la main.
— Je me moque éperdument des antécédents de mon père, pour être honnête. Vous avez devant vous Ambre Riva, et non une pale photocopie de l'homme qu'il était. J'ai des motivations plus grandes, et seul mon rôle au sein de Diafosa m'importe aujourd'hui.
Je ne manquais pas le sourire en coin de Vlad. Évidemment qu'il savait, ce fils de ...
— Vous sentez-vous prête à affronter tous les dangers pour arriver à votre but ? me demanda une charmante professeure à la peau pâle comme la neige et à la voix de velour.
— Oui, je suis prête et j'ai conscience que je pourrais perdre la vie durant ces épreuves. Mais, ça ne me fait pas peur.
— Pensez-vous avoir les compétences suffisantes ? Il est vrai que vous avez brillé pendant plusieurs matchs de Capflag, mais les épreuves qui vous attendent n'ont rien avoir, remarqua à nouveau le moustachu.
— Est-ce que vous connaissez quiconque d'autre capable d'allumer un brasier en seulement une seconde ? Ou de sauter plus haut qu'un vampire ?
Des murmurs s'échangèrent parmi les professeurs. Mon arrogance ne leur avait certainement pas plu , mais les faits étaient là. Bon ... je n'étais non plus capable de ...
— Vous pourriez peut-être nous faire une démonstration ? proposa Vlad avec un sourire malicieux.
Mon cœur rata un battement. À quoi voulait jouer cette enflure ?
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Coucou !
Désolée pour le retard, j'espère que le chapitre vous plaira :3 ON BOUGE ENFIN LAAAAAA
A bientôt ! 🖤