La panique s'emparait du château des protecteurs. Des soldats débarquèrent de nul part et crièrent des ordres incompréhensibles. Tous se munissaient d'armes toutes plus dangereuses les unes que les autres. Des sabres, des massues, des arcs et des flèches, de grandes épées à dents et d'autres dont le nom m'échappait, mais qui aurait pu tuer quiconque.
J'assistai au spectacle avec le cœur battant à pleine vitesse. Avant que le soldat n'explose en mille morceaux, il avait évoqué les descendants, et ce simple mot avait provoqué des frissons dans mon dos. Leith et Alec étaient donc venus me chercher, mais à quel prix ?
Logan me tira de ma torpeur en m'aidant à me relever. J'étais encore allongée sur lui quand il prit soudainement conscience que je lui avais sauvé la vie.
— Merci, me chuchota-t-il néanmoins avant d'afficher un visage aussi froid que le marbre.
— Que fait-on ? demanda Anna. La plupart auront le temps de s'enfuir par le passage secret, mais on fait quoi d'Ambre ?
Mon père avait certainement le dernier mot dans cette histoire.
— On ne va pas la laisser seule ici ! s'insurgea Logan avait une soudaine animosité.
— Les descendants sont venus pour elle, le contredit mon père. Ambre, tu partiras avec les descendants.
Cette nouvelle me soulagea bien plus que je ne l'imaginais. J'avais hâte de retrouver Angie, Hélène, Ali et tous les autres sans oublier ma mère.
— Et si ce ne sont pas les descendants auxquels tu penses, mais Athéna ? le coupa le jeune dragon.
— Il n'y a que le descendant de Zeus pour faire une telle chose. Maintenant, trêve de bavardage et partons d'ici avant qu'il nous réduise à néant.
Mon père partit sans même se retourner dans ma direction et ne m'adressa pas un au revoir. Il poussa la cheminée qui laissa un passage long et étroit à travers les murs. Anna me fit un coucou de la main en mimant des mots d'encouragement. Même le Minotaure m'adressa un regard attendrissant. Une poignée de soldats les suivirent, et les autres rejoignirent les couloirs sûrement pour s'échapper par d'autres tunnels.
— Logan, dépêche toi ! hurla mon père lorsqu'il vit qu'il était encore à mes côtés.
Mon professeur hésita, ses sourcils formant une courbe étrange.
— Si tu as un problème, écrase cette bille, m'ordonna-t-il si bas que je fus la seule à l'entendre.
Il fourra la bille dans ma poche avant de tourner ses jambes dans la direction du couloir, mais je l'attrapai par la manche de son pull.
— Je veux que Sean retrouve son état normal.
— Quand il aura perdu ses pouvoirs, pas avant, me répondit-il du tac au tac.
Il partit sans ajouter quoi que ce soit me laissant bientôt seule dans le froid. Une rage folle me fit brusquement envoyer valser la table basse contre le mur. Deux mois. Deux mois où j'avais espéré pourvoir obtenir un semblant de réponse et pouvoir sauver Sean. Je n'avais réussis ni l'un ni l'autre.
Mon père avait joué avec mes sentiments en me promettant des choses qui n'avaient pour l'instant jamais eu lieu et j'avais été suffisamment naïve pour y croire. Il me manquait tellement, et je ne parlais pas de l'homme connu sous le nom du « Chef des Dragons ». Mon père optimiste, joyeux et honnête me manquait.
Je longeais désormais le couloir, m'attendant à voir débarquer Leith ou un autre descendant, mais je manquais de tomber à la renverse lorsqu'un soldat muni d'une sorte de marteau géant me bouscula.
— Dégage, traîtresse, pesta-t-il en rejoignant d'autres soldats qui restaient près d'un mur.
J'ignorais son commentaire et les rejoignis lorsque je remarquai le cuisinier des Dragons avec eux. Il m'avait donné deux pains une fois au lieu de la ration habituelle. Ce jour là, je menaçai de m'évanouir après l'entraînement intense de Logan.
— C'est pas possible ! rugit une voix masculine.
— Passons par un autre passage.
— Nous n'avons pas le temps !
Je me rapprochais près de la vingtaine de soldats agglutinés contre le luminaire, certainement l'objet qui activait le passage.
— Que se passe-t-il ? leur demandai-je.
— Le passage ne s'ouvre pas, me répondit le cuisiner.
— Ne lui parle pas ! Autant, c'est à cause d'elle ! cria un autre soldat à la chevelure blonde.
— Je n'ai pas saboté le passage, les coupai-je en soufflant bruyamment. Il n'y a pas un autre moyen de forcer l'ouverture ?
— La force de vingt hommes n'a pas suffi, ça m'étonnerait que tu puisses nous aider.
— Poussez-vous, leur ordonnai-je en appuyant mes mains contre le mural.
Le vent qui s'engouffrait dans le château était encore plus glacial que d'habitude. Le tonnerre grondait dangereusement et les volets claquaient dans un bruit assourdissant. Une tempête approchait menaçant de tout emporter avec elle.
La plupart des Dragons, si ce n'était la majorité d'entre eux, avait une force largement supérieure à la mienne. Mes jambes seraient d'aucune utilité pour casser ce mur, en revanche mes flammes pouvaient en venir à bout facilement.
Je reculai d'un pas et préparai une boule de flammes suffisamment grande pour y faire un trou de la taille d'un homme. La flamme se matérialisa avant même que je l'imagine dans mon esprit. Mes efforts avaient payé.
Pourtant, lorsque je m'apprêtais à la jeter contre le mur, un tremblement de terre nous fit tous tomber à la renverse. Des pierres faillirent nous écrabouiller lorsque le mur se brisa en morceau.
— C'est toi qui as fait ça ? me demanda un soldat en se relevant.
— N-non, je n'ai ...
Une lumière blanche nous aveugla soudainement, suivi d'un ultra son qui me fit ramener mes mains sur mes oreilles. Une brèche apparut de nul part, rayonnant d'un blanc éclatant accompagnée de l'odeur du soleil. Avant que je comprenne ce qu'il se passe, je me retrouvai bientôt dans les airs contre un torse chaud et musclé.
— Coucou, tigresse ! me salua Rhett avec son habituel regard en colère.
Un soldat donna alors l'assaut pour en finir avec le descendant d'Hermes, mais Rhett fonça alors tête la première dans la brèche. Mon ventre se tordit, des frissons parcoururent mon dos et ma tête menaçait d'éclater lorsque Rhett me posa sur mes deux jambes.
— Tu as maigri, remarqua-t-il en m'incitant à m'assoir sur la neige.
— Alec est ici ? lui demandai-je.
— Non, Leith a préféré venir seul, mais il fallait d'abord te faire évacuer les lieux avant qu'il fasse tout disparaître.
— Quoi ? m'exclamai-je. Il y a encore des ...
Je laissais ma phrase en suspend. Les descendants devaient croire à mon enlèvement, et si je leur révélai que des soldats n'avaient pas encore emprunté le tunnel pour s'échapper, alors ...
— Je sais tout, m'annonça-t-il de but en blanc. Les protecteurs voulaient nous faire croire qu'ils t'avaient enlever, c'est pour ça qu'ils ont laissé des indices minables.
Je soufflai de soulagement. Je n'avais pas envie de mentir à qui que ce soit lors de mon retour, même si garder les secrets des protecteurs pour moi était tout à fait normal. Je ne voulais pas qu'il arrive malheur à Anna, le Minotaure, Logan ou mon père. Même si les descendants allaient très certainement me soumettre à un interrogatoire, je ne leur révélerai rien qui pourrait nuire aux Dragons.
— Ça ne sert à rien de te le cacher alors.
— Leith n'est pas vraiment au courant. J'ai un peu joué le jeu pour te laisser du temps.
— Du temps pour quoi ?
— Pour devenir plus forte. Les Dragons ont du t'apprendre pas mal de trucs, non ?
J'hochai la tête.
— Plutôt oui.
— Parfait, tu en auras bien besoin en revenant à Diafosa.
— Pourquoi est-ce que tu ne l'as pas expliqué à Leith exactement ?
— Parce que ce n'était pas dans mon intérêt qu'il te retrouve aussi vite. Et ... quand il est inquiet, je peux faire ce que je veux, m'expliqua-t-il avec un grand sourire.
— Je n'ai pas envie que Leith se salisse les mains à cause de moi, ne pus-je m'empêcher d'ajouter.
— Il prévoyait ce coup bien avant qu'il te rencontre. Tu n'as fait qu'accélérer les choses, rien de plus.
Rhett me tendit une bouteille de soda qu'il sortit de son sac. Je n'avais pas bu de boisson gazeuse depuis deux mois, aussi je la lui arrachai presque des mains et la bu d'une traite.
— Le spectacle va commencer, m'avertit soudainement Rhett en mettant des lunettes de soleil.
Je me demandais de quoi il parlait surtout lorsque la nuit obscurcissait les alentours. Même si ma vue était suffisamment développée, je n'avais pas la capacité de voir dans le noir. D'ailleurs, aucun surnaturel n'était capable d'une telle chose à ma connaissance. La lune était absente ce soir et je discernais à peine la forme du château qui était à une cinquantaine de mètres de là où nous nous tenions, sur la colline voisine. Pourtant, malgré la tempête et la neige, je n'avais absolument pas froid.
— Tiens, m'interpella-t-il en me tendant une paire de lunettes.
Je lui adressais un regard curieux, puis Rhett souffla bruyamment avant de me poser les lunettes sur le nez.
— Le voyage du retour sera aussi long qu'à l'allée, m'expliqua-t-il en baillant.
— C'est clair que vous en avez mis du temps, me moquai-je même si j'étais heureuse de voir un visage familier.
— Le temps passe plus lentement lorsqu'on voyage entre les dimensions. Il nous faudra qu'un jour pour retourner à Diafosa, mais un mois supplémentaire se sera écoulé pour eux.
Je sifflai, impressionnée par ce que m'expliquait Rhett même si je n'y comprenais rien du tout. Puis, après quelques minutes à rester silencieusement l'un contre l'autre, un nuage de la taille d'une ville plana au dessus du château. Je ne l'avais même pas vu avant que je lève les yeux vers le ciel. Le tonnerre grondait toujours depuis l'attaque du château et des éclairs surgissaient par moment éclairant partiellement le visage de Rhett qui regardait avidement la montagne voisine, celle où se situait le repère des protecteurs. Même si on disait que Leith pouvait détruire un pays, je n'y croyais pas vraiment. Il m'avait déjà expliqué une fois être capable de matérialiser des éclairs sans son arme divine contrairement aux autres descendants de Zeus, mais comment est-ce que des éclairs aussi petits pouvaient venir à bout d'un continent ?
Un instant passa, puis une forme étrange m'interpella dans le nuage. On aurait dit un homme, mais seule la lumière des éclairs l'illuminait de temps à autre. Je retins mon souffle lorsqu'une onde magique pulsa dans les airs. La sensation était terrifiante. Mon corps était aussi lourd que la pierre et la peur me tiraillait l'estomac. J'avais l'impression d'être étouffée par une centaine d'éléphants qui s'amusaient à me sauter à la gorge.
Les éclairs se firent de plus en plus denses, au point que la colline et le visage de Rhett étaient aussi visibles qu'en plein jours. Je comprenais maintenant pourquoi est-ce qu'il m'avait passé cette paire de lunettes. J'aurais très certainement les yeux fermés sans elle.
L'onde magique continua de se décupler, dévorant sur son passage toute l'obscurité de la nuit. Puis, un grondement sourd fit trembler toute la vallée, encore plus violent que le précédent qui m'avait valu une belle chute.
Un rayon bleu gigantesque sortit alors brusquement du nuage puis s'abattît sur le château des protecteurs. Je me relevai brusquement pour me rapprocher du rebord de la colline, mais l'onde de choc m'empêcha d'avancer davantage.
— Youhou ! cria Rhett en levant les mains en l'air comme s'il était dans un manège à sensation.
Mes cheveux me barrèrent la vue et je luttais pour rester debout. Je lâchais l'affaire et me laissai tomber comme un déchet au sol. J'entendis à travers le vacarme le rire étouffé de Rhett.
Lorsque le rayon disparut, le château était en cendres.
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Coucou !
Le chapitre habituel du dimanche qui est très long, je sais que vous les préférez comme ça donc tant que j'en ai l'occasion je continuerais de le faire ✌🏼 J'espère que vous avez kiffé !
N'hésitez pas à me signaler les fautes d'orthographe of course.
À bientôt ! 🖤