Agent Rand [INACHEVEE]

Chapitre 9

    Quatre mois plus tard.

    Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent pour le quarante-septième étage du gratte-ciel new yorkais. J'étais contente de revenir ici, après avoir profité pleinement de mes deux semaines de congés accordées, suite à la résolution d'une lourde affaire avec ma chère amie, Jolene. Je la cherchais d'ailleurs du regard dans les locaux, espérant la croiser avant de me rendre au bureau du capitaine Hanks, mais elle ne semblait pas être présente.

    - Bonjour à vous, Agent Sharp, me salua mon supérieur pendant que je fermai la porte de son bureau. Avez-vous passé de bonnes vacances ?
    - Super, dis-je en prenant place sur l'une des chaises en face de son bureau.

    C'était faux.
    Même si j'avais pris l'initiative de partir dans un pays nordique, loin de la civilisation massive et des chaleurs printanières qui revenaient, je n'avais pas arrêté de ressasser l'enquête que j'avais pourtant bouclée d'une rapidité non négligeable. L'état de santé de Jolene m'inquiétait, puisqu'en essayant de me protéger elle se laissait aller à des pratiques peu saines, bien que je la retenais de toutes mes forces.
    Hanks gesticula sur sa chaise, visiblement mal à l'aise.

    - J'ai décidé de vous placer sur l'affaire des arrangements politiques, m'annonça-t-il. Je ne vous jetterai pas à nouveau dans les cartels et les trafics d'organes, du moins pas pour le moment.
    - Où est Jolene ? questionnai-je, ne comprenant pas pourquoi elle ne recevait pas aussi ces instructions.
    - Vous ne travaillerez pas avec Jolene sur cette affaire.

    Mon sang ne fit qu'un tour.

    - Je vous demande pardon ?

    Me séparer de ma coéquipière ? De celle avec qui je venais de vivre l'une des pires enquêtes qui aurait pu se présenter à nous ? Celle avec qui je me suis retrouvée séquestrée pendant trente-six jours ? Non. Sans elle, je n'allais nulle part.

    - J'ai placé l'Agent Volca sur la cybercriminalité, là où elle était initialement. Je veux lui laisser le temps de se remettre, comme pour vous. Sauf que vous, vous êtes plus à l'aise pour déceler les magouilles et vous fondre dans la masse.    
    - Je n'ai jamais travaillé sans elle, je ne vais pas pouvoir tout faire moi-même !
    - C'est la raison pour laquelle j'ai nommé quelqu'un que vous connaissez bien pour vous aider dans cette affaire.

    Mon cœur loupa un battement. Il savait lui-même très bien à qui Hanks faisait référence.
    Pendant ces quatre mois, j'avais fini par l'oublier, complètement prise par mon devoir de cesser les crimes, de jouer le rôle d'une prostituée pour séduire les membres du cartel, de veiller sur Jolene et de ne pas me faire tuer.

    - Je sais qu'elle n'est pas très coopérative ni très raisonnée, mais elle s'y connaît bien en matière de politique et d'infiltration, se justifia-t-il.
    - Ça va, je saurai me retenir de l'étrangler...

    Je repensai alors à notre dernier échange. Il était rempli de haine, et rien que d'y songer, mes émotions revinrent à leur tour. Avais-je vraiment le courage de passer mes journées avec une diva qui avait un ego surdimensionné ?
    Hanks me fit une rapide présentation de l'affaire sur laquelle j'allais bosser, tout en me donnant le dossier fin dans lequel était rédigé toutes les informations déjà connues. Il me donna ensuite une nouvelle identité, qui me permettrait de me faufiler plus facilement dans la politique.
    Pour les enquêtes qui demandent des infiltrations, des identités factices nous sont données, ces dernières ayant été conçues avec toute une histoire qui nous apporter de la crédibilité. Pour connaître les détails de l'histoire de notre nouveau personnage, on devait scanner notre carte d'identité à l'aide d'une application sur nos téléphones professionnels, et toutes les données apparaissaient.