Agent Rand [INACHEVEE]

Chapitre 7

Jolene et moi étions à l'hôtel, installées dans le grand salon luxueux. Elle se chargeait de visionner tous les enregistrements des caméras de vidéosurveillance autour du ranch pour retrouver la piste de notre mystérieux gladiateur. Les traces de pas dans les champs ne nous ont menées à rien, et on n'avait aucune trace d'ADN nulle part. Les bandes vidéos étaient notre seule piste praticable.
    Pour ma part, j'étais assise sur le canapé, le dossier de l'enquête éparpillé sur la table basse, lisant chaque ligne avec attention. Je comparais les crimes s'étant déroulés bien des années plus tôt, dans la même région, à ceux faits récemment. Il y avait eu plusieurs suspects arrêtés, mais le réel coupable a été abattu par balles lors d'une intervention et les crimes s'étaient stoppés.
     Jusqu'à aujourd'hui.

    - Il y a forcément un lien entre l'auteur de l'époque et celui d'aujourd'hui, pensai-je à voix haute.
    - Pourquoi vous pensez ça ?
    - Aucun détail n'est laissé au hasard et les modes opératoires sont totalement identiques. Cependant, j'ai remarqué que sur les cadavres on retrouvait un sigle distingué sur la fesse gauche des victimes. Pour les meurtres commis au début du siècle, c'était une sorte d'œil fait par brûlure, comme pour les tatouages des taureaux vous savez. Alors que pour les meurtres actuels, la signature est le symbole du signe astrologique du taureau et il est fait à ce qui ressemble à un cutter, ou du moins une lame, expliquai-je en lui montrant les photos.

Jolene les regarda attentivement, prenant les deux clichés dans chacune de ses mains, avant de dire :

- C'est vrai. Qui ça pourrait être ? Un ami ? L'un des enfants ? Neveu ?

    J'attrapai la feuille biographique de l'ancien assassin que j'avais déjà lue, mais je vérifiai que les informations que j'avais retenues étaient bonnes.

    - Il n'était pas marié et n'avait pas d'enfants, mais il a été prof de biologie à l'Université de Californie pendant plus de vingt ans.
    - Vingt ans ? Ça fait combien d'élèves a interrogé ?
    - Notre suspect principal à l'air d'être un homme, ça réduit déjà les recherches. Il va falloir se rendre à l'Université pour les interroger à nouveau sur cet homme et leur demander de nous donner la liste de leurs élèves entre 1987 et 2007. 
    - On s'en chargera demain, les Uni' sont fermées le dimanche.

    La porte de notre chambre d'hôtel s'ouvrit pour laisser entrer Rand et Levasseur qui étaient bien silencieuses. Elles enlevèrent leurs chaussures et leurs manteaux, puis Rand vint s'affaler à côté de moi sur le canapé, en laissant échapper un soupir.

    - Dites-moi que vous avez quelque chose, souffla-t-elle.

    Je lançai un rapide coup d'œil à Jolene qui me fit comprendre que c'était à moi de répondre.

    - On y travaille, répondis-je, froidement.

    Levasseur lui apporta une bière décapsulée avant de s'asseoir à côté d'elle. Elles burent plusieurs gorgées, visiblement assoiffées. Je remarquai alors le chemisier de l'ancienne professeure de droit qui était mal boutonné. Je comprenais pourquoi elles étaient si calmes ; elles avaient enfin éliminé la tension sexuelle qui les animait.
     Je sentis une forte jalousie bouillir au creux de mon ventre. Je secouai la tête pour effacer cette pensée de mon esprit et me concentrer sur mon enquête.

    - Je meurs de faim, s'exprima Levasseur. J'ai vu un fast-food à côté, ça vous tente ?
    - Ouais, carrément, lui répondit Volca.

    Elles se proposèrent pour aller chercher la commande, et nous demandèrent ce qu'on choisissait. On leur répondit, et elles quittèrent la chambre. Je me retrouvais seule avec Rand, cette femme qu'une partie de moi maudissait et qu'une autre admirait. Mais j'aurais dû m'en douter. J'aurais dû savoir que je n'allais pas être sa principale occupation, sa petite protégée. Qu'est-ce qu'une femme comme elle en aurait à foutre de moi ? J'étais une nouvelle recrue comme une autre, je ne sortais pas du moule et même dans tous les cas, son cœur s'était tourné vers Levasseur.