Chapitre 35 (4/4)

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Surpris, Alistair réalisa qu'il n'avait pas entendu son compatriote approcher. Malgré ses blessures et son bras en écharpe, il avait mis genou à terre, et son regard restait rivé au sol. Il était peut-être capitaine au sein des armées régulières, mais se trouvait trop bas dans les rangs de la noblesse pour se relever sans en recevoir l'ordre.

— Capitaine Wakao so Kiya... de Bereth. Vous commandiez la garde du représentant Kota sy Reysuri, envoyé par Dame Anko de Bereth.

— C'est exact, votre majesté.

Il s'éclaircit la voix, jeta un regard à Alistair, puis poursuivit :

— Mes hommes et moi-même avons été choisis par le colonel Ced so Drak parce que nous étions originaires de Meren, votre Majesté.

Shaniel arqua un sourcil parfaitement dessiné.

— Qu'es-tu en train de sous-entendre, capitaine ?

Plus nerveux que jamais, Wakao avait pâli.

— Nous avions reçu des ordres... j'ai refusé qu'on les exécute, je le jure ! Mais nous étions surveillés, j'en suis persuadé... pas par l'un des Maagoïs, ajouta-t-il après un coup d'oeil furtif vers Alistair. Quand nous avons su, pour l'embuscade, nous avons tout fait pour protéger le prince. Les ordres initiaux étant de le capturer, pas de le tuer, comment aurions-nous pu savoir qu'ils ne le reconnaitraient pas ?

Shaniel pinça les lèvres.

— Tu portes de graves accusations, capitaine Wakao. Si le Seigneur Kolgulir de Meren nous a trahi...

— Kolgulir est bien jeune, fit pensivement le Seigneur Jahyr en s'approchant. Et leur histoire est émaillée de conflits avec l'autorité impériale...

— Je veux une enquête approfondie, coupa Shaniel. Meren se défile dès que nous avons besoin d'eux. Kota !

Le représentant de Bereth s'avança à son tour, pour plonger dans un profond salut.

— Dis à Dame Anka que nous ne pouvons plus attendre. Soit elle nous soutient, soit elle est notre prochaine cible.

— Je lui transmettrai votre... ultimatum, répondit Kota.

Malgré une assurance de façade, sa machoire était crispée, nota Alistair. Il n'appréciait pas qu'on lui force la main.

— Ce n'est pas un ultimatum. Je souhaite juste que sa position soit claire. Rappelle-lui que nos alliés de la Fédération nous soutiennent, au passage. Tu peux te retirer, lieutenant Alistair. Merci pour ton témoignage.

Alistair s'inclina tout en murmurant les phrases de politesse requises. Il s'en tirait à trop bon compte ; les reproches pleuvaient sur Wakao mais c'était lui qui avait reçu le commandement de la mission. Shaniel aurait sa tête si ça lui permettait d'apaiser les Familles. Pour le moment, elle semblait s'intéresser au capitaine. Ils avaient eu une longue discussion, sur le chemin qui les avait amené au campement, et Wakao les avait aidés tout en connaissant le destin qui l'attendait : il aurait mieux valu pour lui qu'il ne revienne pas.

*****

Bien loin des tumultes qui secouaient les impériaux, Surielle savourait la joie de revoir sa mère. Après les tortures des derniers jours, elle avait besoin de ce réconfort. Elle n'était plus une enfant, mais retrouver un semblant de normalité était agréable. Seule ombre à ce tableau, l'absence de Rayad. Pour le moment, elle s'efforçait de ne pas y songer. Elle n'avait pas le temps de se morfondre ; Orssanc était certes libérée, mais la partie n'était pas encore terminée, loin de là. Le prochain objectif de Shaniel serait de libérer la capitale, Draakam, sur Druus, elle en était persuadée.

L'héritage des phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant