Chapitre 36 (1/2)

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Déboussolés, Alistair, Edénar et Surielle rouvrirent les yeux sur un champ de bataille. Des corps jonchaient le sol où qu'ils posent leurs regards, des soldats étaient soignés dans le chaos ambiant, et surtout, surtout !

Un colosse semait la désolation sur son passage. Orhim.

Les yeux écarquillés, Edénar était saisi par l'effroi. Il se raccrocha à la paume de Surielle, rassuré de ne pas être seul face à cette situation sidérante.

Surielle balaya les alentours. Elle reconnaissait les lieux, même si elle n'y était que rarement allée. Le cœur du pouvoir de la Fédération, l'Assemblée. Les soldats avaient remplacé la plupart des Djicams, pourtant elle reconnaissait le Djicam Altaïr du Troisième Royaume, sa cousine Sidonie qui représentait le Neuvième... et à terre, le commandant Fédric de la Garde du Phénix, ses ailes encadrant un corps immobile. Surielle se figea. Son père était là, lui aussi. L'uniforme vert sapin était barré d'une large tâche sombre au niveau de son abdomen, et ses efforts pour se relever restaient vains.

L'angoisse s'empara d'elle et Surielle bondit à ses côtés, entrainant Edénar avec elle.

— Papa !

— Que fais-tu ici ? répondit Lucas, le souffle court. C'est dangereux.

Comme pour confirmer ses propos, Orhim se tourna vers eux. Un large sourire barra son visage.

— Oh. Vous êtes ici, vous ? Préparez-vous à mourir !

En quatre pas, il combla la distance qui les séparait, matérialisa une lame ébène dans sa main. Surielle dégaina en toute hâte mais Alistair fut plus rapide. Son arme en Kloris noir bloqua celle du dieu.

— Dans tes rêves ! lui retourna le jeune ailé.

— Pourquoi Iskor n'est pas avec toi ? s'inquiéta Surielle en reportant son attention sur son père.

Lequel eut un pâle sourire.

— Il est trop affaibli pour se téléporter. S'il le fait, il va mourir et je n'y survivrai pas.

— Mais tu as besoin de soins !

— Sans lui je meurs et avec lui je meurs. N'est-ce pas paradoxal ?

Il parlait de la mort avec une telle légèreté, mais Surielle avait les larmes aux yeux et le cœur serré. Son père ne pouvait pas mourir, pas maintenant, pas alors qu'elle avait tant besoin de lui !

D'un geste, Lucas caressa sa joue.

— C'est ainsi, Surielle. Ne sois pas si triste.

Edénar posa la main sur son épaule.

— Fais ce qu'il faut, Surielle. Je prendrais soin d'Alistair.

— Edénar, je ne peux pas vous abandonner ainsi, je...

— Je suis sous la protection d'Orssanc, l'interrompit le jeune homme avec douceur. Vas-y.

— Merci.

Le soulagement qu'elle afficha ravit Edénar. Il ne sursauta même pas quand elle murmura le nom d'Eraïm et disparut avec son père. Son attention était toute entière concentrée sur Alistair. Malgré ses ailes abimées, le jeune homme se défendait. Il tournoyait, virevoltait, utilisait toute sa vivacité contre l'imposante présence du dieu.

Pourtant, il restait impuissant à provoquer une faille. Edénar savait qu'Orssanc ne l'avait pas envoyé ici par hasard. Il avait été l'hôte de l'esprit d'Orhim, et même s'il n'avait que peu effleuré ses pensées, il savait comment il fonctionnait. Il comprenait l'incarnation du dieu dans son avatar, et se doutait que cette transformation avait eu lieu dans l'urgence, non dans le cadre du rituel qui aurait dû avoir lieu dans quelques jours. Il y avait forcément des failles à exploiter, et Edénar comptait bien trouver lesquelles.

L'héritage des phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant