Chapitre 6 (1/2)

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Un peu plus tard, Alistair déambulait dans les rues de Valyar, Shaniel suspendue à son bras.

–Souris un peu, Alistair ! maugréa-t-elle. Toi au moins tu n'as pas besoin d'une capuche étouffante.

Il se garda bien de répondre pour éviter qu'elle ne se lance dans un long monologue dont elle était coutumière. Alistair ne pouvait nier que sa présence apaisait sa mauvaise humeur. Qu'est-ce qui lui avait pris d'accepter ses avances ?

Jamais il n'aurait dû céder.

Elle jouait avec lui, il le savait bien. Shaniel ne se privait pas de se jeter sur chaque petit noble qu'elle trouvait à son goût. Et ne s'en cachait pas. Plusieurs fois son épée lui avait démangé les doigts.

Pourtant, quand elle venait le retrouver, il ne pouvait résister. Ses bonnes résolutions de ne plus se faire avoir partaient en fumée chaque fois qu'elle se glissait entre ses bras.

Alistair était presque certain que Rayad était au courant de la relation plutôt étrange qu'il entretenait avec sa sœur ; son père ne l'était pas et lui passerait une correction si jamais il l'apprenait.

Rayad était devant, aux côtés de Surielle. Alistair reconnaissait qu'il faisait des efforts, mais sa cousine semblait penser qu'ils n'étaient que des gêneurs. Se rendait-elle compte de la belle relation qu'elle avait avec ses parents, alors que Rayad et Shaniel venaient de perdre leur père ? Et ces ailes magnifiques... comment pouvait-elle passer à côté de leur attraction ? Elle ne se rendait absolument pas compte de l'éclat qu'elle renvoyait.

Sa présence l'avait ébloui, pire, il s'était senti attiré comme un papillon vers la lumière. Elle avait totalement éclipsé Shaniel, et n'avait même pas semblé s'en rendre compte. Si elle n'avait pas été sa cousine... Alistair se demanda si Surielle était consciente de l'effet qu'elle renvoyait aux autres ailés. Elle était flamboyante ; des dizaines de prétendants auraient dû se trainer à ses pieds. Que ça ne soit pas le cas était étonnant. Ou alors c'était la raison pour laquelle Surielle détestait ses ailes ?

Alistair avait toujours été fier de ses origines. Son père ne savait pas trop si c'était l'intervention d'Orssanc ou d'Eraïm, mais la couleur rouge avait été implantée dans les gènes de leur famille, les tests l'avaient confirmé.

Il y avait peu d'ailés au sein de l'Empire. Les Massiliens n'en étaient pas originaires, et seuls les anciens esclaves qui avaient refusé de revenir sur le sol de la Fédération, par crainte d'apporter le déshonneur sur leur famille, étaient restés.

Son père ne les fréquentait pas, et du coup Alistair non plus. Les joies du vol, il ne les avait partagées qu'avec ses frères plus jeunes. Il espérait que les troubles les épargnent. Leur famille avait suffisamment souffert et sa mère attendait son treizième enfant. Esbeth souhaitait une fille de tout son cœur et jusque-là, Orssanc n'avait pas exaucé ses souhaits. Alistair savait que son père priait pour que le futur enfant soit une fille et qu'Esbeth puisse enfin se reposer.

En tant qu'ainé, Alistair aimait passer du temps à jouer avec les plus jeunes. Il avait conscience que son comportement rejaillirait sur leur futur, et il avait à cœur qu'ils ne connaissent pas les mêmes difficultés que lui.

Rayad et Shaniel étaient les seuls enfants du couple impérial, aucun ne pouvait imaginer les joies d'une famille nombreuse.

Son regard revint sur les ailes flamboyantes de sa cousine. Un don des phénix, avait-elle dit. Pourtant, elle semblait incapable de maitriser le Feu comme son frère et sa sœur plus jeunes. Comment un don pouvait-il être source de tant d'amertume ?

–Qu'est-ce que tu as donc à la dévisager ainsi ? marmonna Shaniel.

Alistair sourit.

–Tu es jalouse ?

L'héritage des phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant