Chapitre 3

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Ils étaient rentrés en milieu d'après-midi, et Satia devait s'avouer que cette pause lui avait fait du bien. Lucas avait tout prévu, encore une fois, et le pique-nique près des remous bondissants de l'Orris s'était révélé délicieusement intime.

De retour dans leurs appartements, ils avaient abordé des sujets plus sérieux. Satia refusait qu'Axel parte seul sur Massilia et Lucas était en train de céder à ses arguments pour l'accompagner. Pour Surielle, par contre, la situation était plus compliquée. La jeune fille s'était tirée correctement de ses études, mais ne savait pas quoi faire de sa vie. Sans compter qu'elle supportait mal la couleur de ses ailes et les regards lourds de sens sur son passage.

Ce cadeau lui sera utile un jour, fit Iskor.

J'aimerai bien savoir quand, rétorqua Lucas. Jusque-là, il n'a servi qu'à la mettre à l'écart des autres ailés. Et elle en souffre.

J'aimerai te... Oh.

Quoi ?

Un imprévu.

Surielle ? s'inquiéta Lucas.

Non. Les jardins du Palais. Vite, avant que ça ne dégénère.

–Un problème ? interrogea Satia.

Elle avait remarqué l'air absent de son époux et deviné qu'il était en conversation avec son Compagnon.

–Apparemment. Je m'en occupe, inutile de te déranger.

Satia croisa les bras, puis soupira.

–Très bien. J'espère que ça ne te prendra pas longtemps, je te rappelle que nous dinons tous ensemble, ce soir. Enfin, si Surielle daigne se montrer...

–Je ferai de mon mieux.

Sans plus attendre, Lucas descendit les escaliers de la tour, se contenta d'un simple geste pour signifier aux soldats en fonction qu'il n'avait pas besoin d'eux.

Iskor le guida au travers des jardins du Palais ; pour une fois Lucas ne prêta aucune attention aux buis minutieusement taillés, aux rosiers en fleurs ou aux parterres de bégonias. Qu'est-ce que son phénix avait bien pu trouver urgent à ce point-là ?

Ce n'est qu'en arrivant sur place qu'il comprit l'explosivité de la situation.

Fédric do Velen, le Commandant de la Garde du Phénix, chargé de la protection de la Souveraine et des Seycams, était sur place, avec une poignée de ses hommes. Trois silhouettes encapuchonnées de noir lui faisaient face, accompagnées de deux créatures exotiques que Lucas ne reconnaissait pas.

Plus étrange, l'herbe était noircie aux pieds des visiteurs.

Une chose était certaine, le commandant Fédric était un soldat, pas un diplomate. Que personne n'ait été blessé tenait du miracle.

Tu m'expliques, Iskor ?

Je préfère que tu juges par toi-même.

–Que se passe-t-il ici ? questionna Lucas en s'avançant vers Fédric.

Surpris, le commandant salua immédiatement.

–De simples intrus, altesse. N'ayez crainte, j'ai la situation en main.

Lucas reporta son attention sur les trois silhouettes en face de lui. Leurs visages restaient camouflés dans l'ombre de leurs larges capuches ; néanmoins des détails apparaissaient à qui savait regarder. Il fronça les sourcils.

Une silhouette avança d'un pas vers lui.

–Nous voulons seulement nous entretenir avec la Souveraine.

L'héritage des phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant