Chapitre 32 (2/2)

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— Tu n'as qu'à la toucher, dit Eraïm.

— Vais-je disparaitre ?

Le dieu éclata de rire.

— Non, mon enfant. Ton rôle n'est que de la réveiller. Ce qui aura pour effet de te réveiller, également.

— Me réveiller ? s'inquiéta Edénar.

— Retrouver le contrôle de ton corps. Retrouver ta vie.

Edénar déglutit, croisa le regard de Surielle qui lui sourit. Il inspira un grand coup, s'accroupit près de la silhouette figée, allongée sur le sol. Sa détresse était évidente et toucha son cœur. Comment rester insensible ? En quelques jours, il avait découvert d'autres vérités que celle d'Elurio. Comment savoir qui avait raison et qui avait tort ?

Et puis un souvenir remonta à son esprit. Ce moment où Varyl l'avait amadoué, avant de se servir de lui, avant de faire en sorte qu'Orhim prenne possession de son corps. Puis de l'abandonner ici aux seuls soins d'Elurio, ne requérant sa présence que pour impressionner ses alliés. Leur devait-il vraiment quelque chose ?

La déesse Orssanc méritait de vivre, comme lui. Elle méritait d'avoir une chance. Cet Orhim ne lui avait témoigné le moindre égard, et s'il était vraiment un dieu, il en aurait eu les moyens. Alors, il pouvait bien se débrouiller. Edénar avait le droit de vivre sa propre vie aussi, non de la sacrifier à un dieu qui ne se souciait pas de lui.

Doucement, il toucha le front de la déesse du bout de ses doigts.

Un flot de lumière les éblouit ; un rugissement de pure rage retentit et l'air se chargea d'une odeur d'ozone.

Orssanc se redressa dans toute sa flamboyante insolence. Surielle en resta bouche bée. Le regard écarlate de Rayad, le teint sombre, une tenue guerrière en cuir d'un gris pâle, des bottes lacées aux genoux, et surtout, surtout ! Les grandes ailes rouges qui se déployaient dans son dos.

Alistair avait pâli et reculé d'un pas, impressionné.

— Heureux de te revoir parmi nous, dit Eraïm avec un sourire en prenant ses mains.

— Je vais tuer ce fumier ! Oser me faire ça, à moi ! Quelle ordure !

— Tu t'es laissée piégée, rétorqua Eraïm.

— Ne t'avise pas de prendre son parti ! fulmina la déesse. J'étais affaiblie. Il a seulement profité de l'aubaine.

Ses ailes s'agitaient dans sa fureur, créant un vent puissant.

— Calme-toi, dit Eraïm en croisant les bras. Tu les perturbes.

Pour la première fois, Orssanc réalisa qu'elle avait un public ; son attitude se modifia instantanément et son regard les scruta.

— Toi, tu es l'un des miens, dit-elle à Alistair. Mais il n'a aucun pouvoir. Comment a-t-il pu venir ici ?

— Grâce à lui, répondit Eraïm, les mains posées sur les épaules d'Edénar.

— Lui ? Impossible ! souffla Orssanc en s'approchant.

Le jeune homme se crispa mais ne se déroba pas à l'examen détaillé qu'elle fit de lui. Elle s'agenouilla alors, à leur surprise à tous, saisit la main gauche d'Edénar, la porta à son front, à son cœur, puis à ses lèvres.

— Reçois mes remerciements, Edénar, dit-elle.

— C'est Surielle qu'il faut remercier, rougit-il. Je ne suis venu ici qu'à sa demande.

La déesse se redressa et Surielle recula jusqu'à se heurter à Alistair.

— La petite protégée de mon frère. Merci. Que fais-tu avec l'un des miens ?

L'héritage des phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant