Chapitre 23 (1/2)

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Le diner s'était prolongé tard dans la soirée. Après le dessert, la grande table avait été enlevée, et des domestiques avaient apporté des fauteuils et de petites tables. D'autres serpentaient entre les convives, proposant douceurs, boissons chaudes et alcools forts. La lumière s'était faite tamisée, l'ambiance plus feutrée.

Surielle s'attendait à s'ennuyer, recluse seule dans son coin une fois Rayad parti pour faire le tour des convives, mais comme Shaniel l'avait prévu, plusieurs Seigneurs ou leurs représentants vinrent lui tenir compagnie. Certains intéressés sur le point de vue de la Fédération des Douze Royaumes à leur propos, d'autres qui nourrissaient des fantasmes et qu'elle s'empressa de recadrer vertement.

Alistair ne s'était pas attardé auprès d'elle, la félicitant tout en lui rappelant qu'il fallait mieux éviter de s'attaquer à l'intégrité physique de leurs alliés. Surielle avait détourné son regard du jeune noble qui se frottait la joue, sans éprouver aucun remords. Et avait rappelé à son cousin qu'elle n'était pas une politicienne. Alistair avait masqué son sourire dans une gorgée de vin.

Dame Esbeth venait de s'éclipser, en compagnie de son époux. Ils étaient les premiers Seigneurs à quitter la salle, c'était encore un peu tôt pour les convenances, mais sa grossesse lui assurait un passe-droit. Surielle l'avait enviée, avant de se rappeler que ce n'était pas le calme qui attendait Dame Esbeth, mais cinq enfants surexcités.

L'un des serviteurs s'approcha de Surielle, et elle s'empara d'un verre avec reconnaissance. Elle trempa ses lèvres dans le breuvage frais, goûta les arômes de fruits sucrés, espéra qu'il ne contenait pas d'alcool. Ce soir, elle se sentait en terrain miné, et préférait avoir toute sa tête.

Une jeune fille s'approcha d'elle. Surielle essaya de paraitre détendue malgré sa méfiance initiale. Vêtue de soieries orangées, un quartz rose retenu par une fine chaine en or reposait sur son front. Ses cheveux bruns mêlés de mèches rouges étaient relevés dans une coiffure sophistiquée que Surielle aurait été bien en peine de reproduire. La chaine s'y retrouvait, associée à des barrettes de perles. Ses grands yeux bleus étaient rehaussés de noir, un rose nacré couvrait ses lèvres pleines.

— Alors c'est toi, Surielle ?

— Et tu es ?

— La princesse Pazi d'Arian. La fille du Seigneur Evan d'Arian, ajouta-t-elle en s'apercevant que Surielle ne parvenait pas à la situer. Avec toutes les histoires que j'ai entendues sur toi, je ne pouvais pas rater l'occasion de te parler.

Surielle se demanda qui avait bien pu lui parler d'elle. De mémoire, elles ne s'étaient encore jamais croisées. Ne sachant que dire, elle but une nouvelle gorgée de sa boisson.

— Es-tu là pour repérer un futur mari ?

Surielle s'étouffa avec sa boisson et Pazi gloussa avant de lui tendre un mouchoir pour éponger les dégâts.

— Orssanc me vienne en aide, je croyais les ailés bien plus à l'aise avec ce sujet !

— Si tu tires tes connaissances du savoir impérial, rien d'étonnant, rétorqua sèchement Surielle.

— Alors éclaire-moi.

— Pourquoi tant d'intérêt ?

— J'aurais bientôt dix-huit ans, soupira Pazi, et je ne suis toujours pas fiancée. Le monde de mon père a été détruit, celui de ma mère, rasé. Te réserves-tu Alistair ? Je pense qu'une alliance avec les meilleurs défenseurs de l'Empire ne peut être que bénéfique à ma famille. Je me demande si mon père va garder son titre, tu comprends.

Malgré l'absurdité de la situation, Surielle laissa un sourire gagner ses lèvres.

— Alistair est mon cousin, révéla-t-elle. Et même si c'était possible, il ne serait pas sur ma liste. Mais j'avoue ne pas comprendre ton intérêt.

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