Chapitre 26

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C'était Bothik, le Prêtre d'Orssanc, qui avait eu l'idée de leur infiltration. Les renseignements du Seigneur Jahyr l'avaient confirmé : les Stolisters disposaient de trois camps principaux. Le plus important, sur Druus, en occupant le Palais Impérial. Le deuxième, sur Ciryatan, le monde dédié à Orssanc, où ils imposaient le culte d'Orhim. Le troisième, sur Bereth, où Dame Anka leur avait accordé une mince place pour protéger son monde d'un bombardement. Les Stolisters savaient-ils que la loyauté de Dame Anka à leur égard était fragile ? En tout cas, d'après Jahyr, ils mettaient la pression sur la Famille dirigeante de Bereth.

D'un commun accord, ils avaient décidé d'opter pour le camp de Ciryatan. Le plus logique était que les Stolisters gardent l'Éveillé proche d'un lieu de culte. Surielle espéra qu'ils aient raison. Sur la carte de Ciryatan que le Prêtre avait déployée devant eux, Rayad lui avait expliqué que le Quatrième Monde était peu peuplé, et quelque peu tombé en disgrâce, ces dernières années, du fait de la traitrise de l'Arköm Samuel envers le trône impérial. Depuis l'invasion des Stolisters, ils n'avaient aucune nouvelle de la Famille censée représenter Ciryatan. Bothik penchait pour une extermination totale, comme les Stolisters avaient essayé avec le clergé d'Orssanc. A l'heure actuelle, leur révéla-t-il, il devait y avoir moins d'une cinquantaine de Prêtres encore en vie, aspirants compris.

Même Alistair avait paru surpris par l'opiniâtreté des Stolisters. Il n'était pas croyant, de là à tuer des gens simplement parce que eux vénéraient une divinité en laquelle il ne croyait pas, il y avait un pas qu'il ne franchirait pas.

Le gros des troupes Stolisters était stationné sur Druus ; ils s'attendaient clairement à un assaut sur la capitale, et Surielle savait que Rayad en était chagriné car il en avait fait son second objectif. D'un autre côté, cela leur laissait le champ libre sur Ciryatan. Leur camp était situé au Sud des Montagnes de la Source ; ils y embrigadaient des "volontaires" pour renforcer le culte d'Orhim. C'était donc leur objectif. S'immiscer dans le camp, trouver l'Éveillé, évacuer.

C'est la gorge nouée par l'appréhension que Surielle grimpa dans la Navette. On lui avait fourni des vêtements pratiques et confortables ; ainsi qu'une cape qui permettrait de masquer ses ailes. Surielle doutait de l'efficacité du camouflage. Il faudrait vraiment qu'ils fassent vite. Mettre la main sur l'Éveillé, repartir illico.

Jamais elle ne passerait pour l'un des locaux.

Pour éviter d'attirer l'attention, Rayad avait mis des lentilles. C'était vraiment étrange de le voir avec des yeux marron. Surielle avait encore du mal à s'y faire.

Alistair était avec eux, malgré le désaccord qui l'opposait à Rayad. Surielle avait cru que les deux hommes allaient en venir aux mains. Un instant, Surielle avait cru qu'Alistair ne céderait pas. Mais même s'il avait sa fierté, Rayad était le futur Empereur, son employeur, et s'il souhaitait rester au sein des Maagoïs, il devait se plier à la hiérarchie.

Elle doutait qu'il soit allé parler à son père. Le Commandeur lui avait paru bien plus strict que son père ou son oncle Aioros. Et Alistair était l'ainé. De ce qu'elle avait vu, Surielle devinait que son père attendait de lui une conduite irréprochable.

Ses parents lui manquaient d'autant plus. Son père s'était toujours montré compréhensif avec elle. Il parlait peu, mais chacune de ses attitudes transmettait ce qu'il attendait d'elle.

Le trajet lui parut très long. Alistair, maussade, ne décrocha pas un mot. Rayad était sombre, lui aussi. Alistair restait son meilleur ami ; il savait que l'avoir ainsi poussé dans ses retranchements pouvait lui coûter son amitié.

Cinq soldats Maagoïs les accompagnaient. Ils étaient placés sous les ordres d'Alistair. Surielle les trouvait menaçants.

Quant à Bothik, le Prêtre d'Orssanc... les yeux fermés, il semblait marmonner une prière à Orssanc, effectuait régulièrement ce qu'elle devinait être des gestes de protection.

L'héritage des phénixOù les histoires vivent. Découvrez maintenant