Chapitre 40 : Soins

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- C'est moi, Aodan.

Sanhild soupira, à la fois soulagée et agacée. N'avait-il pas mieux à faire que venir la voir dans sa chambre ? Elle ne pouvait cependant le laisser à la porte et elle ouvrit le battant.

- N'êtes-vous pas blessée ? demanda-t-il sans ambages en s'avançant avec inquiétude.

Elle leva les yeux au ciel devant tant d'imprudence et le tira à l'intérieur, sans lui demander son avis, avant de verrouiller à nouveau :

- Si, mais je crois que vous avez bien mieux à penser que vous enquérir de mon état. Ce n'est qu'une égratignure...

Elle s'aperçut au même moment qu'Aodan s'était empourpré, sans doute gêné de la voir en simple bustier et chausses. La bienséance n'aurait déjà pas voulu qu'ils se trouvent ainsi en tête-à-tête dans sa chambre. Pour sa part, la jeune femme ne s'en formalisait pas, davantage inquiète à l'idée qu'on fasse le rapprochement entre Sannarhia et son rôle d'Officieuse.

- Je... vais vous laisser, commença-t-il en reculant avec précipitation.

Puis, comme s'il venait de comprendre ce qu'elle avait dit et, ses yeux se posant sur la main bandée de la jeune femme, il s'immobilisa, alarmé :

- Comment ? Blessée, dites-vous ?

Pour toute réponse, elle lui tourna le dos, afin qu'il juge par lui-même. Le cuir lacéré, vu de près, devait parler pour elle.

- Ce n'est vraiment rien... protesta-t-elle, cependant pour ne pas l'inquiéter plus que nécessaire.

Aodan avait blêmi. Certes, pour le commun des mortels, ce genre d'estafilade pouvait paraître impressionnante. Il fronça les sourcils et reprit :

- Laissez-moi quérir le médecin, il en a fini avec Bregan et...

- Quelle formidable idée ! Si vous acceptez que je le tue dès qu'il aura terminé son office, alors, faites donc !

Avait-il déjà oublié que personne ne devait se douter de son identité ?

- Aodan, reprit-elle plus sérieusement, c'est très aimable à vous, mais je vais devoir me soigner seule.

- Dans le dos ?

Il n'avait pas tort. Sanhild haussa les épaules, ce qui lui tira une petite grimace.

- Avez-vous une autre idée ?

Il n'hésita qu'un instant malgré sa gêne apparente et sa tendance à ne pas oser la regarder en face.

- Avez-vous ce qu'il faut pour vous soigner ? Je vais m'en charger.

Stupéfaite, Sanhild lâcha un petit rire désabusé.

- Depuis quand prétendez-vous posséder des compétences en médecine ?

- Depuis... cet instant. Je ne vais pas vous laisser alors que vous m'avez sauvé la vie. Et j'ai lu assez de livres traitant de soins pour savoir qu'il faut recoudre ce genre de plaie. Vous n'y parviendrez pas seule.

La jeune femme fit la moue, dubitative.

- Et ensuite ? Seriez-vous doué en couture ?

- Loin de moi l'idée de vous comparer à une simple étoffe, mais Larinda m'a montré deux-trois points, lorsque nous étions plus jeunes... Ne le répétez pas à Bregan, sinon il se gaussera de moi jusqu'à la fin de mes jours !

La tentative d'humour d'Aodan ne suffit pas à détendre Sanhild. Etant donné la réaction du jeune homme envers son frère blessé, elle doutait qu'il ait jamais soigné quiconque. Cependant, même si son orgueil se trouvait malmené, elle devait reconnaitre qu'il avait sans doute raison. Elle ne s'en tirerait pas seule avec un résultat convenable.

OfficieuseWhere stories live. Discover now