Chapitre vingt-quatre

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— Absolument pas.

Léna essayait de convaincre William de garder Noah en vie pour qu'ils puissent l'emmener voir une guérisseuse, bien que celle de la meute terrifiait quelque peu Léna. Mais la discussion n'allait pas dans le bon sens. 

— William !

Elle lança un regard sévère au loup, avant de se redresser pour prendre un meilleur appui en un grand geste théâtrale. Tout dans cette conversation avait l'air tout droit sorti d'un film dramatique. 

Ils se trouvaient dans la chambre de la jeune femme. William faisait les cents pas devant elle, les yeux baissé. Sa posture tout entière dégageait une colère non feinte, et cela enrageait Léna. Elle s'était assise sur son lit, étrangement fatiguée. Appuyée contre le mur, elle attendait qu'il récupère ses esprits.

— Je vais le tuer.

— Non, mon Dieu.

À croire qu'il ne comprenait rien de ce qu'elle lui disait. Il soupira, enfin éjecta tout l'air de ses poumons, avant de se frotter sa petite barbes de trois jours. William avait un regard sévère posé sur elle, comme s'il la trouvait stupide. 

Léna lui avait rapporté sa conversation avec la guérisseuse et depuis il ne se calmait pas. Elle lui avait demandé de capturer Noah, mais cette idée lui semblait impossible.

— Je vais l'affronter, lança sèchement Léna.

— Non plus, arrête. Ta louve refuse de se transformer, et surtout Noah est un homme alpha qui...

Elle fronça les sourcils, la colère qui grondait en elle s'intensifia. 

— Oh pardon, le coupa-t-elle, je n'avais pas réalisé que j'avais forcément besoin d'un homme pour me défendre. Après tout ce n'est pas du tout comme si je survivais seule depuis mon adolescence, voir ma naissance.

— Tu sais très bien que ce n'est pas...

— Oui, c'est ce que tu voulais dire. Et c'est ce que tu penses aussi.

En prononçant ces mots, elle le fusilla du regard et il eut la décence de rester silencieux. Léna secoua la tête, seigneur elle avait une douleur qui prenait naissance dans l'abdomen et envoyait des décharges dans le restant de son corps. Elle était dans cet état depuis

— Je suis désolé, soupira-t-il, c'est juste qu'il t'a déjà battu. Je ne doute pas de ta force Léna, je doute que tu veuilles le combattre. Tu vas retenir tes coups, et lui non.

Il leva ses beaux yeux perçant sur elle, et pendant un cours instant la jeune femme fut captivée. Puis elle se rappela de la gravité de cette conversation.

— Je ne vais pas l'épargner, affirma-t-elle.

— Oui, tu le ferais.

Elle commença à protester avant de réaliser que... en effet. Si Noah était vraiment ingérable, elle ne le tuerait pas. Léna n'avait jamais eu la force de le faire.

— Je le ferais, admit-elle.

Cette phrase sonna comme une défaite et elle poussa un long soupir.

— Léna, tu l'aimes.

Elle hocha la tête.

— C'est mon âme-soeur, valida la jeune femme.

Il eut un mouvement de recul, léger, comme un tressaillement et pendant une vague seconde elle s'en voulut. Et si sa vie avait été différente ? Et si elle était tombée amoureuse d'un William ? D'un homme sain, dans la mesure du possible, qui lui aurait tout donné. Ils auraient pu avoir des enfants, un avenir. Mais ce n'était pas sa destinée.

— Tu devrais peut-être aller te coucher, lui dit-elle.

William lui lança un regard et, sans rien ajouter, traversa la chambre pour passer par la porte qui communiquait entre leurs deux chambres.

Léna relâcha son corps, la tête appuyée contre le mur froid de sa chambre. Cela faisait deux jours que tout était glacé pour elle, la jeune femme tremblotait et ne parvenait jamais à se réchauffer. William avait peut-être raison, elle avait juste peur.

Peut-être que la glace était en elle. Son intuition lui envoyait un message, ou sa louve.

Sa louve.

En pensant à elle, Léna ferma les yeux pour essayer de communiquer avec. La jeune femme se concentra du mieux qu'elle le put, pendant quelques minutes. Le silence lui répondit.

Elle était seule. Complètement seule.

Une vague de colère la submergea à cette pensée. Léna pensait qu'avec le temps, elle s'habituerait. Que tout deviendrait plus simple, mais la situation ne faisait que s'aggraver. La jeune femme se mit de bout, elle voyait rouge. Toute sa vie elle avait été gentille, avait aimé même ceux qui la détruisaient, même son père, même Noah. Même sa mère. Toute sa vie, elle avait payé pour les crimes et les erreurs des autres. Comme dans un rêve, la jeune femme se vit attraper le verre posé sur sa table de nuit et le balancer contre le mur d'un geste fort.

Le bruit qu'il fit en s'éclatant la sorti de sa transe.

— Oh non, non, non, non.

Léna s'accroupit rapidement et commença à ramasser tous les petits morceaux éparpillés au sol. Dans son dos, elle entendit la porte s'ouvrir, et comprit que William était venu voir ce qu'il se passait.

— Je suis désolée, dit-elle précipitamment.

Elle ne se retourna pas, ayant trop peur de ce qu'elle verrait sur son visage. Et, pendant un bref instant, les larmes lui montèrent. L'injustice de sa situation ne lui échappait pas, et peut-être qu'il était temps qu'elle cesse d'encaisser.

— Léna...

Le ton du loup la fit craquer, et elle s'assit sur le sol. Des morceaux de verre coupant tout autour d'elle, le visage remplit de larmes qu'elle ne sortait jamais. William s'assit derrière elle, et passa les bras au dessus de ses épaules pour la serrer contre son dos. Ils restèrent là pendant quelques minutes, ou quelques heures. 

La chaleur qu'il lui procurait était bien plus que physique. Parfois elle en doutait, mais au fond il la soutenait toujours dans des épreuves qui n'étaient pas les siennes. Elle faillit sourire à cette pensée. Jamais elle ne s'était sentie aussi aidée.

Et soudainement, la jeune femme se sentit beaucoup moins seule. 

La meute Écarlate - Convoitise (Tome 1 - Terminé)Onde histórias criam vida. Descubra agora