Chapitre quinze - Partie une

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— Je ne suis pas en sucre, William.

Il la fusilla du regard, et ouvrit la bouche pour rétorquer. Et, étonnement, parut se rétracter. Léna n'en pouvait plus, depuis son agression il ne la laissait plus tranquille. Le loup la suivait partout, discret, comme une ombre.

Si elle paraissait souffrir ou éprouver de la difficulté il sortait toujours de nul part pour l'aider et sauver la situation. Et elle ne supportait plus.

Le pire dans tout cela ? Il était devenu gentil. Elle avait besoin qu'il la secoue, qu'ils se disputent, qu'il la considère en soit. Mais il ne semblait la voir que comme une enfant blessée.

D'autant plus que Léna aurait dû quitter la meute deux jours auparavant. Elle et William avait décidé d'un accord commun qu'elle resterait jusqu'à ce qu'ils identifient et abattent le tireur. De plus, conformément à sa demande, Denise était maintenant sous protection rapprochée. Bien qu'elle ne sache pas réellement, les loups pouvaient se faire discrets.

— Laisse moi le faire, lâcha-t-elle.

— Je peux le faire, regarde je suis déjà en train de le faire.

Elle marmonna quelques mots qui n'avaient rien d'agréable tout en s'appuyant sur l'ilot central de la cuisine. Seigneur, cette pièce lui avait manqué. Les gens sous-estimaient toujours les cuisines, mais Léna les adoraient. L'odeur qui s'en dégageait, les bons souvenirs qui s'y créaient. Au final, la simplicité du quotidien.

D'un regard en coin, elle vit William rangeait les bols qu'elle venait de laver en hauteur. Parce que, apparemment, elle n'avait même plus le droit de lever les bras.

Pourtant, la jeune femme se sentait bien.

Radieuse même, complètement guérie. Parfois, et étrangement même, son flanc la lançait légèrement, mais il lui suffisait de s'assoir en attendant que cela passe. William semblait l'oublier, mais elle n'était pas humaine.

— J'ai besoin d'aller à une rencontre demain, veux-tu venir ?

Elle leva les yeux vers lui, surprise.

Léna n'aimait pas l'avouer, mais William dégageait quelque chose qui la fascinait. De la couleur presque blanche comme neige de ses cheveux, à l'audace de la courbure de ses traits, sans oublier l'intensité de son regard d'un bleu glacé. Tout en lui évoquait le danger, que ce soit dans sa démarche ou dans sa façon de se tenir. Et pourtant, il était si doux avec elle.

— Une rencontre ? demanda-t-elle calmement.

Il hocha la tête.

— J'ai peur que nous entrions en guerre contre une autre meute bientôt. Comme tu le sais, il y a beaucoup d'enfants dans le village. Je pense que nous avons besoin d'une alliance avec une meute guerrière.

— Qui ?

— La meute pourpre.

Léna prit une profonde inspiration, et eut un mouvement de recul. Elle ne les aimait pas. Ils étaient barbares, reconnus pour la violence de leurs actions. C'était une meute opportuniste, et pour ce qu'elle en savait, ils pourraient aussi bien être à l'origine de son attaque.

— Tu veux t'allier à la meute pourpre ?

Les mots lui parurent irréels.

Et pourtant, il hocha la tête. Bien, elle avait donc bien entendu.

— ...Pourquoi ?

William fronça les sourcils tout en se tournant pour mieux la voir. Il posa les mains sur le plan de travail derrière lui.

— Je viens de te le dire.

Oui, d'accord.

— Je sais, reprit-elle, mais toi qu'as-tu à leur donner ?

— Ce qu'ils veulent, répondit-il, de l'argent. Tu sais que c'est une bonne idée Léna, si nous devons entrer en guerre nous avons besoin d'une alliance. Nous pouvons pas risquer de mettre les loups de notre meute en danger.

Elle hocha la tête.

— Je suis complétement d'accord, acquiesça-t-elle. Mais la meute pourpre ? C'est presque du suicide. Et s'ils nous trahissaient ?

Il eut un sourire qui découvrit ses crocs, et la lueur dans son regard glaça le sang de Léna.

— Oh, ils ne nous trahiront pas.

La voix de William transpirait de sincérité. Et elle savait qu'il y croyait fermement, elle ne pouvait juste pas supporter l'idée. Avec Noah, elle avait déjà fait face à la meute pourpre. Et, seigneur, elle avait haï cela.

Mais il voulait qu'elle vienne avec lui pour la rencontre ? La jeune femme adorait cette idée. Premièrement, elle allait pouvoir sortir de ce manoir. Deuxièmement, c'était une preuve de confiance sans précédent.

— Tu es arrogant, constata-t-elle.

Un nouveau sourire lui répondit, sincère cette fois-ci.

— Tu adores cela.

— Non, vraiment pas.

Il parut s'amuser encore plus. Puis il se redressa en haussant les épaules, avant de lui faire signe de le suivre. Curieuse de poursuivre cette conversation, elle lui emboîta le pas.

— La rencontre a lieu demain midi. C'est un repas dans un petit restaurant miteux de la ville la plus proche.

Oui elle voyait de quoi il parlait. Son père avait l'habitude d'organiser des réunions au même endroit.

— Tu n'es pas obligée de venir si ça te fait peur, lui dit-il.

Elle le regarda, incrédule et énervée.

— Oh non, rétorqua-t-elle. Je vais venir, et je serais là aussi pour t'aider à tout arranger quand tu regretteras cette décision.

— Je n'en doute pas une seconde. 

 

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La meute Écarlate - Convoitise (Tome 1 - Terminé)Where stories live. Discover now