Chapitre vingt

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Noah n'avait pas tant changé physiquement. 

Il était le genre de personne qu'on ne remarquait pas. Son aura de puissance était invisible aux humains, et seuls les loups pouvaient voir qu'il s'agissait d'un alpha. Et, là encore, la plupart d'entre eux étaient grands, musclés. Léna elle-même était une grande femme aux muscles dessinés.

Mais pas Noah.

La première fois qu'elle l'avait vu, ils étaient assis dans un café. Léna fuyait sa vie, son père, ce qui la tuait. À une époque où tout lui paraissait si difficile, si meurtrier, elle s'était arrêtée pour prendre un thé. Aussi loin de chez elle que possible.

Et, il était là. Seul, invisible. Léna ne l'avait pas remarqué, évidemment il avait su avant elle. Comme toujours. À une époque où tous l'ignoraient, Noah l'avait vu. Il avait marché jusqu'à elle pour s'assoir sur la chaise en face d'elle et simplement lui demander. :

" Tu ne le vois pas ?"

Elle l'avait à peine regarder, sirotant son thé en espérant que ce loup s'en aille sans qu'ils aient besoin de se battre.

"Toi et moi, avait-il continué en lui touchant l'avant-bras pour attirer son attention, tu ne le ressens pas ?"

Plus tard, il lui avait expliqué qu'il avait posé cette question car il pensait être fou. Léna avait alors levé les yeux pour poser le regard sur cet homme, et tout lui apparut comme une évidence. Elle réalisa qu'elle ne prenait pas la fuite, elle cherchait quelque chose, depuis toujours. Et elle venait de le trouver.

Lui, elle avait passé toute sa vie à le chercher lui.

C'est un sentiment étrange, indescriptible. Quelque chose qui naissait au plus profond d'elle. Ce jour là, elle eut l'impression de le connaitre depuis toujours. Et cet inconnu banale était devenu l'amour de sa vie.

Et pourtant, lorsqu'elle le regarda faire les cents pas dans sa cuisine, elle ne le reconnut pas. Physiquement il était toujours le même, mais son regard, sa posture, même sa démarche étaient complètement différents. 

La jeune femme resta quelques minutes silencieuses, consciente du danger de la situation. La tension faisait presque crépiter l'air. Et pourtant, elle resta immobile, abasourdie. Les larmes lui montèrent. Elle avait tout perdu, elle ne reconnaissait déjà plus rien en elle, et maintenant en lui non plus. Elle était perdue.

— Noah, dit-elle, qu'est-ce que tu fais là ?

Il ne la regarda pas, continuant de marcher. Il porta les mains au niveau de ses cheveux, comme pour les tirer.

— C'est toi, c'est toi, c'est...

— C'est moi, Noah.

Cette fois si, il posa les yeux sur elle. Léna prit une profonde inspiration, surprise. Son regard était vide, presque vitreux. Ses pupilles se posèrent à peine sur elle.

— C'est moi, reprit-elle, c'est Léna.

Était-il drogué ? Elle ne sentait rien sur lui, mais il avait très bien pu se piquer.

— Tu es là ? demanda-t-il.

Il paraissait perdu, comme un enfant. Il se tenait là au milieu de sa cuisine plongée dans l'obscurité. Mal habillé, à la chemise déchirée, les cheveux en pagailles, à la regarder avec de grands yeux apeurés. Comme un enfant.

— Pourquoi ?

— Pourquoi je suis là ? Je vis ici, Noah. Tu es chez moi. Mon prénom est Léna, je suis ta femme, et tu es chez moi. Tu t'en rappelles ?

La meute Écarlate - Convoitise (Tome 1 - Terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant